Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord merci beaucoup d'avoir pris sur votre temps, je souhaitais avant de repartir pour la France pouvoir, échanger avec vous, c'est-à-dire la communauté française.
Je suis ici pour peu de temps puisque je suis arrivé hier après-midi, avec une partie de ma visite qui était une visite bilatérale même si elle était rapide. J'ai eu l'occasion de discuter avec le président de la République que je connaissais par ailleurs, qui malheureusement a été frappé par un deuil puisqu'il a perdu son frère, mais qui a tenu très gentiment à me recevoir néanmoins. Ensuite, j'ai vu un certain nombre de ministres, puis nous avons dîné avec le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères et d'autres.
Aujourd'hui, nous avons participé à ce qu'on appelle le 5 + 5 : cinq pays du nord de la Méditerranée et cinq pays du sud ont décidé de travailler ensemble sur un certain nombre de sujets. Alors au nord de la Méditerranée, vous avez outre la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte, au sud de la Méditerranée, vous avez l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Et périodiquement, aussi bien les chefs d'État que nous-mêmes, les ministres des affaires étrangères, nous nous réunissons pour voir ce que nous pouvons faire en commun. Les deux rives de la Méditerranée ont beaucoup à travailler ensemble, et c'était le sens de ma venue ici. Après quoi je vais dans quelques instants, après vous avoir salués, repartir pour la France.
D'abord, je veux vous remercier parce que même si aujourd'hui le ciel est doux, les arbres sont beaux, c'est vrai que c'est un superbe pays, mais en même temps, vous le savez aussi bien que moi, la vie n'est pas toujours aisée quand on est loin de la mère patrie, ce n'est pas toujours facile et en plus il y a un certain nombre de circonstances qui font qu'il y a des contraintes supplémentaires. Eh bien ces contraintes vous les assumez, vous le faites d'une façon qui est extrêmement méritoire, vous êtes vraiment, ne prenez pas cela mal, Monsieur l'Ambassadeur, mais vous avez là beaucoup de collègues ambassadeurs, puisque chacun et chacune d'entre vous êtes ambassadeur ou ambassadrice de France et je voulais tout simplement vous remercier au nom du gouvernement de votre pays pour ce que vous faites.
Alors la Mauritanie ! Pays qui a des potentialités considérables et en discutant hier avec le président de la République et le Premier ministre, qui sont des gens que je connais bien, je mesurais à quel point la Mauritanie, dès lors qu'un certain nombre de conditions seront réunies, va être un des pays qui compte dans l'ensemble de la région parce qu'elle est dotée de forces considérables.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes, il y en a, qui sont liés évidemment au manque de formation, au manque de capital, à des difficultés de toutes sortes. Il est une des difficultés principales, c'est la question de la sécurité.
Vous savez que nous sommes intervenus au Mali il y a maintenant près de quatre mois. J'ai eu l'occasion de traiter ce sujet avec mes collègues qui m'ont demandé d'intervenir là-dessus puisque la France est en pointe sur le terrain, et on mesure en quatre mois le chemin absolument incroyable qui a été parcouru grâce au dévouement, à nos hommes dont certains y ont laissé la vie et grâce aux décisions que nous avons prises.
Pourquoi est-ce que je vous parle du Mali ? Parce que c'est tout proche et ce qui a été, je crois, bien compris avec cette opération du Mali, c'est que, si nous n'étions pas intervenus, nous la France, les seuls à pouvoir le faire et à décider de le faire, non seulement le Mali, c'est indiscutable, serait devenu un État terroriste, mais aussi parce que tous les pays voisins dont celui-ci, mais pas seulement celui-ci, auraient été soumis à la même règle et aux mêmes risques. Nous sommes intervenus dans les conditions que vous savez, nous avons repoussé les terroristes vers le nord, rétabli l'intégrité du Mali, rétabli la sécurité et avec l'aide des troupes maliennes, des troupes africaines et d'autres encore, les choses ont énormément progressé et enfin les Maliens et beaucoup d'habitants de la sous-région sont en train de pouvoir respirer.
Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Au Mali d'abord, puis ensuite je reviens en Mauritanie. Nous sommes en train, ces jours-ci, de discuter aux Nations unies à une opération de maintien de la paix, c'est-à-dire que nous sommes en train de convaincre, et cela va être fait je n'ai pas d'inquiétude, l'ensemble des membres du Conseil de sécurité des Nations unies de choisir une certaine voie pour le Mali.
Ce ne seront plus les Français, ce ne sera plus la MISMA c'est-à-dire les troupes africaines, qui auront la responsabilité des interventions, mais ce sera l'ONU qui aura sur le terrain à assurer la sécurisation et la stabilisation. Nous, Français, nous allons petit à petit opérer une certaine décrue, car il a toujours été acquis dans notre esprit que nous n'avions pas vocation à rester éternellement au Mali.
Cela aurait été une faute car l'expérience prouve que pendant un certain temps, si on est une troupe étrangère massive, les gens vous apprécient, et puis au bout d'un certain temps, une réaction de rejet a lieu, vous êtes considérés comme une armée d'occupation et dès lors rien n'est plus possible. Donc il y aura ces forces des Nations unies, il y aura aussi bien sûr des forces françaises, nous n'avons pas fait tout ce travail pour laisser les terroristes revenir et donc nous aurons au minimum un millier d'hommes avec des armes adéquates pour réagir en cas de besoin.
Parallèlement à cette reconquête de la sécurité et de l'intégrité du Mali, nous faisons en sorte que plus de démocratie intervienne là-bas et, ce qui n'a pas été possible depuis très longtemps, nous faisons en sorte que le sud et le nord recommencent à parler et à travailler ensemble.
Il faut donc qu'une élection ait lieu, c'est tout à fait normal, elle aura lieu au mois de juillet au Mali et il faut que petit à petit chacun apprenne à dialoguer et puis il faut aussi la sécurité, c'est décisif, la démocratie c'est important, mais il faut aussi que l'économie reprenne et donc nous sommes en train de préparer la réunion d'une grande conférence au mois de mai consacrée au développement du Mali qui va apporter, de partout à travers le monde, des soutiens pour permettre à ce pays extrêmement pauvre de redémarrer. Mais bien évidemment il ne s'agit pas simplement d'appuyer le Mali, c'est l'ensemble de la zone du Sahel qui est concernée et donc d'autres dispositions sont prises pour le Sahel.
Alors vous me direz, pourquoi est-ce que vous parlez longuement du Mali ? Parce que c'était absolument manifeste dans les interventions de tous mes collègues et ils se manifestent à chaque fois que je m'adresse à des chefs d'État ou de gouvernement africains. Ce qui souvent nous frappe et nous émeut est qu'ils disent «merci la France et vive la France», c'est quelque chose que vous sentez probablement ici aussi.
Chacun a compris qu'il n'y avait pas un pays qui était séparé des autres, que si un otage est pris, malheureusement nous en avons encore dans tel ou tel pays, il peut aussi bien être pris dans un autre, que lorsque la drogue, la prise d'otages, les trafics d'armes, les trafics de toutes sortes, les terroristes s'installent dans un pays, eh bien, il n'y a pas malheureusement de frontières étanches, et donc la sécurité est indispensable en Mauritanie comme ailleurs.
D'ailleurs, je ne veux pas trahir de secret, mais le président mauritanien m'a affirmé hier que selon toutes vraisemblances, les Mauritaniens eux-mêmes enverraient près de deux mille hommes dans les structures des forces des Nations unies pour bien montrer la solidarité qui existe pour ce qui se passe tout à côté.
La Mauritanie, vieille terre d'amitié avec la France, terre à laquelle nous sommes attachés, où nous avons à la fois des attaches culturelles, des attaches affectives, des attaches économiques, des attaches de toutes sortes, une histoire bâtie en commun. Je vois de la part des Mauritaniens beaucoup d'amitié à votre endroit et réciproquement, vous êtes une communauté qui vit en symbiose avec la population mauritanienne et cela est très positivement ressenti.
Maintenant, il faut un redémarrage. Hier j'ai signé avec le gouvernement mauritanien ce qu'on appelle un document cadre de partenariat, qui signifie simplement que nous avons projeté ensemble de ce que nous allons faire dans les années qui viennent et j'ai signé aussi, avec l'Agence française de développement et le ministre de l'économie mauritanien, une série de conventions qui, dans le domaine de l'énergie, dans le domaine de l'éducation, dans d'autres domaines encore, vont apporter de l'aide financière, plus de 30 millions d'euros à nos amis mauritaniens et déboucher sur un certain nombre de réalisations à la fois pour nos services publics et pour nos entreprises.
Nos entreprises, car nous avons ici pas mal d'entreprises de tailles diverses. Certaines ont des contentieux avec l'administration mauritanienne dont j'ai saisi le président et le ministre de l'économie en leur disant que nous, nous étions tout à fait désireux bien sûr de développer notre présence ici, mais qu'il y avait des règles à respecter, et que l'on ne pouvait pas décider une année différemment de l'autre, que la fiscalité ceci, la fiscalité cela, et donc que je souhaitais, nous souhaitions, nous gouvernement français que les contentieux soient rapidement levés et j'ai cité les entreprises concernées. J'ai demandé à Monsieur l'Ambassadeur qui est très diligent, de veiller à cela, il a rendez-vous avec le ministre de l'économie dès mon départ, et de Paris si cela est nécessaire je relancerai les choses. Parce que vous avez besoin de travailler, il faut que les règles du jeu soient claires et soient précises.
Il y a aussi ici des hommes et des femmes de service public, je sais qu'il y a tel ou tel problème qui peut se poser dans le lycée liés à des différences de traitement entre ce qui se passe ici et ce qui se passe dans d'autres situations également difficiles. Il y a évidemment beaucoup d'autres serviteurs de la chose publique mais, quelque soit le service auquel vous êtes rattachés, en particulier bien sûr l'ambassade, eh bien je vous remercie de ce que vous faites, parce que la présence française, que ce soit sous forme privée ou sous forme publique, c'est vous.
Donc nous avons là un beau pays, un pays avec, je pense, un avenir fort qui attend beaucoup de la France, qui aime la France, qui est aimé de la France. Je crois que les relations de gouvernants à gouvernants sont bonnes, fluides, que la confiance existe, et, à partir de là, je crois que nous pouvons bâtir des choses importantes ensemble. Cela ne veut pas dire que tout va être réglé du jour au lendemain parce que cette région est compliquée, difficile. Nous ne sommes pas loin du Maroc, pas loin de l'Algérie, nous avons passé encore quelques heures à parler du Sahara. Il y a, tout proche, du côté de la CEDEAO, d'autres problèmes, bref cette région n'échappe pas à toute une série de questionnements. Mais je pense tout de même qu'ici, ce pays et la France ont un bout de chemin à faire ensemble.
Voilà en quelques mots ce que je voulais vous dire. Évidemment, vous pouvez avoir le sentiment que vous êtes loin du pays, mais je voudrais que vous sachiez, et je m'adresse à chacune et à chacun d'entre vous en disant cela, qu'avec l'ensemble de l'équipe du Quai d'Orsay, dont mon directeur de cabinet qui est là et qui a passé une partie de sa jeunesse ici en Mauritanie où il a des souvenirs, nous sommes ici à votre disposition, avec Michel Vauzelle aussi qui assume la responsabilité des parlementaires de ce 5 + 5 et qui en même temps est le président de la grande région Provence-Alpes-Côte d'Azur auquel rien de ce qui est méditerranéen n'est étranger.
Bref, vous devez avoir le sentiment que vous êtes loin des yeux, loin du coeur, mais vous êtes près du coeur et ce n'est pas à vous de nous remercier de ce que nous allons continuer de faire, mais c'est à nous, à moi, ministre des affaires étrangères de la République, de vous remercier de ce que vous faites pour la France.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 avril 2013
Tout d'abord merci beaucoup d'avoir pris sur votre temps, je souhaitais avant de repartir pour la France pouvoir, échanger avec vous, c'est-à-dire la communauté française.
Je suis ici pour peu de temps puisque je suis arrivé hier après-midi, avec une partie de ma visite qui était une visite bilatérale même si elle était rapide. J'ai eu l'occasion de discuter avec le président de la République que je connaissais par ailleurs, qui malheureusement a été frappé par un deuil puisqu'il a perdu son frère, mais qui a tenu très gentiment à me recevoir néanmoins. Ensuite, j'ai vu un certain nombre de ministres, puis nous avons dîné avec le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères et d'autres.
Aujourd'hui, nous avons participé à ce qu'on appelle le 5 + 5 : cinq pays du nord de la Méditerranée et cinq pays du sud ont décidé de travailler ensemble sur un certain nombre de sujets. Alors au nord de la Méditerranée, vous avez outre la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte, au sud de la Méditerranée, vous avez l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Et périodiquement, aussi bien les chefs d'État que nous-mêmes, les ministres des affaires étrangères, nous nous réunissons pour voir ce que nous pouvons faire en commun. Les deux rives de la Méditerranée ont beaucoup à travailler ensemble, et c'était le sens de ma venue ici. Après quoi je vais dans quelques instants, après vous avoir salués, repartir pour la France.
D'abord, je veux vous remercier parce que même si aujourd'hui le ciel est doux, les arbres sont beaux, c'est vrai que c'est un superbe pays, mais en même temps, vous le savez aussi bien que moi, la vie n'est pas toujours aisée quand on est loin de la mère patrie, ce n'est pas toujours facile et en plus il y a un certain nombre de circonstances qui font qu'il y a des contraintes supplémentaires. Eh bien ces contraintes vous les assumez, vous le faites d'une façon qui est extrêmement méritoire, vous êtes vraiment, ne prenez pas cela mal, Monsieur l'Ambassadeur, mais vous avez là beaucoup de collègues ambassadeurs, puisque chacun et chacune d'entre vous êtes ambassadeur ou ambassadrice de France et je voulais tout simplement vous remercier au nom du gouvernement de votre pays pour ce que vous faites.
Alors la Mauritanie ! Pays qui a des potentialités considérables et en discutant hier avec le président de la République et le Premier ministre, qui sont des gens que je connais bien, je mesurais à quel point la Mauritanie, dès lors qu'un certain nombre de conditions seront réunies, va être un des pays qui compte dans l'ensemble de la région parce qu'elle est dotée de forces considérables.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes, il y en a, qui sont liés évidemment au manque de formation, au manque de capital, à des difficultés de toutes sortes. Il est une des difficultés principales, c'est la question de la sécurité.
Vous savez que nous sommes intervenus au Mali il y a maintenant près de quatre mois. J'ai eu l'occasion de traiter ce sujet avec mes collègues qui m'ont demandé d'intervenir là-dessus puisque la France est en pointe sur le terrain, et on mesure en quatre mois le chemin absolument incroyable qui a été parcouru grâce au dévouement, à nos hommes dont certains y ont laissé la vie et grâce aux décisions que nous avons prises.
Pourquoi est-ce que je vous parle du Mali ? Parce que c'est tout proche et ce qui a été, je crois, bien compris avec cette opération du Mali, c'est que, si nous n'étions pas intervenus, nous la France, les seuls à pouvoir le faire et à décider de le faire, non seulement le Mali, c'est indiscutable, serait devenu un État terroriste, mais aussi parce que tous les pays voisins dont celui-ci, mais pas seulement celui-ci, auraient été soumis à la même règle et aux mêmes risques. Nous sommes intervenus dans les conditions que vous savez, nous avons repoussé les terroristes vers le nord, rétabli l'intégrité du Mali, rétabli la sécurité et avec l'aide des troupes maliennes, des troupes africaines et d'autres encore, les choses ont énormément progressé et enfin les Maliens et beaucoup d'habitants de la sous-région sont en train de pouvoir respirer.
Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Au Mali d'abord, puis ensuite je reviens en Mauritanie. Nous sommes en train, ces jours-ci, de discuter aux Nations unies à une opération de maintien de la paix, c'est-à-dire que nous sommes en train de convaincre, et cela va être fait je n'ai pas d'inquiétude, l'ensemble des membres du Conseil de sécurité des Nations unies de choisir une certaine voie pour le Mali.
Ce ne seront plus les Français, ce ne sera plus la MISMA c'est-à-dire les troupes africaines, qui auront la responsabilité des interventions, mais ce sera l'ONU qui aura sur le terrain à assurer la sécurisation et la stabilisation. Nous, Français, nous allons petit à petit opérer une certaine décrue, car il a toujours été acquis dans notre esprit que nous n'avions pas vocation à rester éternellement au Mali.
Cela aurait été une faute car l'expérience prouve que pendant un certain temps, si on est une troupe étrangère massive, les gens vous apprécient, et puis au bout d'un certain temps, une réaction de rejet a lieu, vous êtes considérés comme une armée d'occupation et dès lors rien n'est plus possible. Donc il y aura ces forces des Nations unies, il y aura aussi bien sûr des forces françaises, nous n'avons pas fait tout ce travail pour laisser les terroristes revenir et donc nous aurons au minimum un millier d'hommes avec des armes adéquates pour réagir en cas de besoin.
Parallèlement à cette reconquête de la sécurité et de l'intégrité du Mali, nous faisons en sorte que plus de démocratie intervienne là-bas et, ce qui n'a pas été possible depuis très longtemps, nous faisons en sorte que le sud et le nord recommencent à parler et à travailler ensemble.
Il faut donc qu'une élection ait lieu, c'est tout à fait normal, elle aura lieu au mois de juillet au Mali et il faut que petit à petit chacun apprenne à dialoguer et puis il faut aussi la sécurité, c'est décisif, la démocratie c'est important, mais il faut aussi que l'économie reprenne et donc nous sommes en train de préparer la réunion d'une grande conférence au mois de mai consacrée au développement du Mali qui va apporter, de partout à travers le monde, des soutiens pour permettre à ce pays extrêmement pauvre de redémarrer. Mais bien évidemment il ne s'agit pas simplement d'appuyer le Mali, c'est l'ensemble de la zone du Sahel qui est concernée et donc d'autres dispositions sont prises pour le Sahel.
Alors vous me direz, pourquoi est-ce que vous parlez longuement du Mali ? Parce que c'était absolument manifeste dans les interventions de tous mes collègues et ils se manifestent à chaque fois que je m'adresse à des chefs d'État ou de gouvernement africains. Ce qui souvent nous frappe et nous émeut est qu'ils disent «merci la France et vive la France», c'est quelque chose que vous sentez probablement ici aussi.
Chacun a compris qu'il n'y avait pas un pays qui était séparé des autres, que si un otage est pris, malheureusement nous en avons encore dans tel ou tel pays, il peut aussi bien être pris dans un autre, que lorsque la drogue, la prise d'otages, les trafics d'armes, les trafics de toutes sortes, les terroristes s'installent dans un pays, eh bien, il n'y a pas malheureusement de frontières étanches, et donc la sécurité est indispensable en Mauritanie comme ailleurs.
D'ailleurs, je ne veux pas trahir de secret, mais le président mauritanien m'a affirmé hier que selon toutes vraisemblances, les Mauritaniens eux-mêmes enverraient près de deux mille hommes dans les structures des forces des Nations unies pour bien montrer la solidarité qui existe pour ce qui se passe tout à côté.
La Mauritanie, vieille terre d'amitié avec la France, terre à laquelle nous sommes attachés, où nous avons à la fois des attaches culturelles, des attaches affectives, des attaches économiques, des attaches de toutes sortes, une histoire bâtie en commun. Je vois de la part des Mauritaniens beaucoup d'amitié à votre endroit et réciproquement, vous êtes une communauté qui vit en symbiose avec la population mauritanienne et cela est très positivement ressenti.
Maintenant, il faut un redémarrage. Hier j'ai signé avec le gouvernement mauritanien ce qu'on appelle un document cadre de partenariat, qui signifie simplement que nous avons projeté ensemble de ce que nous allons faire dans les années qui viennent et j'ai signé aussi, avec l'Agence française de développement et le ministre de l'économie mauritanien, une série de conventions qui, dans le domaine de l'énergie, dans le domaine de l'éducation, dans d'autres domaines encore, vont apporter de l'aide financière, plus de 30 millions d'euros à nos amis mauritaniens et déboucher sur un certain nombre de réalisations à la fois pour nos services publics et pour nos entreprises.
Nos entreprises, car nous avons ici pas mal d'entreprises de tailles diverses. Certaines ont des contentieux avec l'administration mauritanienne dont j'ai saisi le président et le ministre de l'économie en leur disant que nous, nous étions tout à fait désireux bien sûr de développer notre présence ici, mais qu'il y avait des règles à respecter, et que l'on ne pouvait pas décider une année différemment de l'autre, que la fiscalité ceci, la fiscalité cela, et donc que je souhaitais, nous souhaitions, nous gouvernement français que les contentieux soient rapidement levés et j'ai cité les entreprises concernées. J'ai demandé à Monsieur l'Ambassadeur qui est très diligent, de veiller à cela, il a rendez-vous avec le ministre de l'économie dès mon départ, et de Paris si cela est nécessaire je relancerai les choses. Parce que vous avez besoin de travailler, il faut que les règles du jeu soient claires et soient précises.
Il y a aussi ici des hommes et des femmes de service public, je sais qu'il y a tel ou tel problème qui peut se poser dans le lycée liés à des différences de traitement entre ce qui se passe ici et ce qui se passe dans d'autres situations également difficiles. Il y a évidemment beaucoup d'autres serviteurs de la chose publique mais, quelque soit le service auquel vous êtes rattachés, en particulier bien sûr l'ambassade, eh bien je vous remercie de ce que vous faites, parce que la présence française, que ce soit sous forme privée ou sous forme publique, c'est vous.
Donc nous avons là un beau pays, un pays avec, je pense, un avenir fort qui attend beaucoup de la France, qui aime la France, qui est aimé de la France. Je crois que les relations de gouvernants à gouvernants sont bonnes, fluides, que la confiance existe, et, à partir de là, je crois que nous pouvons bâtir des choses importantes ensemble. Cela ne veut pas dire que tout va être réglé du jour au lendemain parce que cette région est compliquée, difficile. Nous ne sommes pas loin du Maroc, pas loin de l'Algérie, nous avons passé encore quelques heures à parler du Sahara. Il y a, tout proche, du côté de la CEDEAO, d'autres problèmes, bref cette région n'échappe pas à toute une série de questionnements. Mais je pense tout de même qu'ici, ce pays et la France ont un bout de chemin à faire ensemble.
Voilà en quelques mots ce que je voulais vous dire. Évidemment, vous pouvez avoir le sentiment que vous êtes loin du pays, mais je voudrais que vous sachiez, et je m'adresse à chacune et à chacun d'entre vous en disant cela, qu'avec l'ensemble de l'équipe du Quai d'Orsay, dont mon directeur de cabinet qui est là et qui a passé une partie de sa jeunesse ici en Mauritanie où il a des souvenirs, nous sommes ici à votre disposition, avec Michel Vauzelle aussi qui assume la responsabilité des parlementaires de ce 5 + 5 et qui en même temps est le président de la grande région Provence-Alpes-Côte d'Azur auquel rien de ce qui est méditerranéen n'est étranger.
Bref, vous devez avoir le sentiment que vous êtes loin des yeux, loin du coeur, mais vous êtes près du coeur et ce n'est pas à vous de nous remercier de ce que nous allons continuer de faire, mais c'est à nous, à moi, ministre des affaires étrangères de la République, de vous remercier de ce que vous faites pour la France.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 avril 2013