Texte intégral
E. Martichoux Vous êtes proche de J. Chirac, vous êtes membre de Démocratie libérale et on vous présente même parfois comme un Premier ministrable d'un futur J. Chirac réélu. A propos du Président : il paraît qu'il est dans une très grande forme. Il faut dire qu'il ne dit rien, qu'il n'agit pas - il était en vacances - et sa cote dans les sondages ne faiblit pas. Bien au contraire.
- "On ne peut pas dire qu'il n'agit pas. Il est aujourd'hui très mobilisé notamment par la situation internationale que vous savez très tendue au Proche-Orient. Il y a beaucoup de sujets qui le préoccupent. Le temps n'est pas à la polémique. C'est un temps de rentrée, c'est un temps où il faut faire face à un certain nombre de difficultés. Je pense que le Président se doit d'agir avec responsabilités mais quelque fois aussi dans la discrétion."
Pas de polémiques parce que mécaniquement, finalement, on peut dire que J. Chirac profite des difficultés de L. Jospin ?
- "Je crois que personne ne peut tirer des choses positives de situations négatives. Nous ne sommes pas satisfaits de voir la violence revenir en Corse ; nous ne sommes pas satisfaits de voir la croissance fléchir en France ; nous ne sommes pas satisfaits de voir l'insécurité se généraliser. Mais nous avons bien observé ce qui se passe dans la société française. Nous sommes très à l'écoute de cette société et la polémique ne profite pas aux polémistes. Aujourd'hui, les Français refusent d'entrer dans une campagne électorale précipitée et anticipée. Il faut que chacun fasse son travail, c'est l'air du temps."
C'est à F. Bayrou que vous parlez ou pas ce matin ? Je rappelle un petit florilège de ses déclarations parues dans Paris Match et Nice Matin ce matin : il qualifie le chef de l'Etat d'archaïque, "Chirac et Jospin sont tous les deux sortants et flageolants", "tournons la page", "J. Chirac n'est pas mal intentionné mais va dans le sens du vent depuis 30 ans ; ce qui me frappe c'est qu'il n'a pas de ligne." Cela renvoie à l'idée que J. Chirac n'a pas d'idées sauf celles du dernier qui a parlé. Comment allez-vous composer avec des candidats aussi offensifs ?
- "Je vais vous surprendre mais je ne crois pas que la candidature de F. Bayrou soit illégitime. C'est normal qu'il puisse défendre ses idées. Nous sommes dans une démocratie et toutes les candidatures - si elles sont des candidatures d'élargissement et des candidatures d'addition - peuvent être utiles. F. Bayrou défend ses idées. C'est vrai qu'il faut mieux qu'il présente ses projets plutôt qu'il attaque les hommes parce que je crois que les Français veulent un débat d'idées. F. Bayrou doit être vigilant sur sa capacité aujourd'hui non pas à polémiquer mais à proposer des idées. Il a été ministre de J. Chirac, il a une expérience et il a des idées à proposer. Qu'il les propose ! Mais il est convaincu, lui comme nous, que c'est l'union de la droite et du centre qui peut battre la gauche. Nous avons besoin de travailler ensemble. Oui aux différences mais oui aussi à la cohérence."
C'est vrai que vous avez beau jeu de dire cela puisque F. Bayrou ne décolle pas encore dans les sondages. Votre intérêt est quand même tôt ou tard de neutraliser ces candidatures polluantes ?
- "Non, s'il y a addition, tout cela peut être constructif. Tout le problème est de se battre contre les divisions. Que F. Bayrou apporte les spécificités du centre et quelques convictions à faire exister : ce n'est pas illégitime. Mais chassons toutes les divisions et faisons attention à la société française. Regardez au printemps combien le Président a été harcelé, combien il a été attaqué."
Justement, comment expliquez-vous que finalement les Français ne tiennent pas rigueur des affaires, c'est-à-dire des révélations sur les billets d'avion personnels payés par un reliquat de fonds secrets par le chef de l'Etat, de la révélation par le Canard enchaîné de l'affaire du château Bity ? Cela n'affecte pas le Président dans les sondages : comment est-ce que vous le comprenez ?
- "Les Français pensent à la France et pensent à eux-mêmes. Ce qui les préocuppent, c'est la violence, la croissance, l'insécurité. La polémique des leaders politiques, ce n'est pas leur sujet. Au fond, aujourd'hui on arrive en fin de législature. Pour le Gouvernement, c'est le temps des résultats. On n'a pas besoin de polémiquer : les résultats de l'action du Gouvernement vont se voir sur le terrain. Les PME avec les 35 heures, la croissance qui fléchit gravement, c'est la réalité. Pour le Gouvernement, c'est le temps des résultats ; pour l'opposition, c'est le temps du projet. Nous devons travailler sur nos propositions pour l'avenir. On sort, avec J. Barrot, D. Perben et M. Garnier, un livre, le 13 septembre prochain, sur notre contrat pour l'alternance. Plus de 100 propositions concrètes pour l'avenir du pays. C'est là le travail de l'opposition : nous devons parler ensemble, nous devons nous préparer ensemble à l'alternance. C'est ce que nous demandent les Français : "Quelles sont vos solutions ?." Les polémiques au fond ne les intéressent pas. Le moment de la campagne électorale viendra mais il n'est pas venu."
Comment cela va-t-il se passer ? Le Président Chirac va se présenter le plus tard possible : il va officialiser sa candidature fin février ou en mars ?
- "Je n'en sais strictement rien. En tout cas, je crois qu'il n'est pas nécessaire qu'il ait une campagne anticipée. Il a demandé lui-même que l'année soit utile donc que le second semestre soit utile."
En attendant, que va-t-il se passer ? Une campagne de guérilla contre le Gouvernement ? Quelle tonalité voyez-vous jusqu'à ce que les deux chefs de l'exécutif se présentent officiellement ?
- "Si on me demande mon avis, je dirai à mes amis de l'opposition : "ne perdons pas notre temps dans les polémiques." La violence en Corse parle pour le processus de Matignon ; la situation de l'insécurité parle sur la politique gouvernementale. Notre problème aujourd'hui, à tous ceux qui soutiennent le Président - parce qu'ils pensent qu'il est celui qui peut faire gagner notre pays - est de travailler à leur projet, crédibiliser le projet, crédibiliser des équipes nouvelles, des femmes et des hommes capables d'assumer des responsabilités pour prendre la relève face au parti socialiste. C'est notre travail aujourd'hui. Quelles sont les idées politiques que nous avons ? Nous avons des convictions politiques au sein de l'humanisme libéral. L'humanisme libéral cela veut dire quoi concrètement ? Que proposons-nous pour les retraites pour la réforme de l'éducation, la réforme de la décentralisation, des réformes qui sont aujourd'hui embourbées, qui n'avancent pas parce que le Gouvernement a choisi l'immobilisme ? C'est à nous d'avoir des idées aujourd'hui et c'est ce que les Français nous demandent."
Votre stratégie est la suivante : "laissons le Gouvernement s'empêtrer dans ses difficultés." Comment voyez-vous l'entre deux tours ? Tous les candidats devront se rallier dans un mouvement unique au service de J. Chirac ?
- "Je pense que l'opposition devra envisager pour son avenir - mais pas son avenir en 2002 mais en 2005 ou 2010 - sa réorganisation. Au lendemain des élections présidentielles, nous devrons nous rassembler. Je souhaite, en fonction du résultats du premier tour et notamment si un candidat s'est dégagé largement en tête - ce qui me paraît être aujourd'hui le scénario le plus sérieux, ce que je crois être la situation du Président de la république aujourd'hui mais nous verrons bien le moment venu - qu'on se rassemble dans une famille politique coordonnée avec des différences certes mais coordonnée pour aller aux élections législatives dans l'unité. Je pense que notre programme de travail est simple : il faut travailler sur le projet jusqu'aux élections présidentielles. Au lendemain des élections présidentielles, il nous faut nous rassembler dans une grande formation cohérente pour gagner les législatives mais surtout pour être capables de gouverner dans la cohérence et de pouvoir donner une relève efficace au socialisme."
Comment allez-vous vous positionner, vous les chiraquiens de démocratie libérale, les chiraquiens de l'UDF dans cette campagne. ? Si on écoute M. Alliot-Marie qui était ici même hier matin, c'est d'abord le RPR - elle le répète dans Libération : "nous avons les moyens, les locaux, nous avons les réseaux et les militants." "UDF et DL peuvent prendre des initiatives qui seront peut-être utiles."
- "Je pense que le RPR est un parti fort, et est un parti nécessaire à la victoire mais à lui seul il ne peut pas gagner. Il est donc évident que le centre, le centre-droit, la culture libérale, la culture démocrate-chrétienne sont nécessaires à l'élargissement de cette famille gaulliste. Il est très important que nous soyons rassemblés. Un retour à une logique RPR serait un retour insuffisant. Il est clair que la victoire se fait dans l'élargissement et dans l'union. Je pense qu'on a besoin de tout le monde. C'est pour cela que je crois que la polémique est négative. Je crois qu'il faut des Douste-Blazy, il des Gaudin, des Barnier, il faut un public très varié de responsables qui ont des convictions en communs même s'ils ont des divergences les uns avec les autres."
L. Jospin, mardi soir, a refusé de parler de la présidentielle. Vous le croyez décidé à se présenter ou encore hésitant ?
- "Je crois qu'il n'est pas sincère dans ses attitudes. Je crois que tout le monde dit l'avoir trouvé confus. Visiblement, il est tiraillé entre ses deux rôles : le gestionnaire et le candidat, la réalité de Matignon d'un côté et l'ambition de l'Elysée de l'autre. Il s'entête dans ses dogmes, il est enfermé dans ses certitudes et je crois que cela se sent, cela se voit à la télévision. C'est pour cela qu'on n'a pas besoin de filer la métaphore. Il est clair qu'il est mal à l'aise et qu'aujourd'hui, sa communication manque de fraîcheur."
Est-ce que l'homme L. Jospin est à la hauteur d'une ambition présidentielle ?
- "Je vous ai dit que je ne voulais pas polémiquer. C'est un homme d'Etat qui a des qualités - il faut le respecter - mais qui n'a pas la vision de la société de l'avenir. Je crois qu'aujourd'hui il joue un jeu dangereux à vouloir confondre ses responsabilités de Matignon qui sont des responsabilités du quotidien et une candidature à la présidentielle. Cela a été dans notre pays jusqu'à maintenant sans succès. Je crois qu'il faut être vigilant sur cette situation qu'a le Premier ministre aujourd'hui. Elle n'est pas positive dans l'intérêt du pays. Mais c'est un homme de qualité. Je crois simplement qu'il est un peu enfermé dans son parcours politique, dans ses visions très dogmatiques. C'est assez extraordinaire quand vous voyez que la violence explose en Corse et qu'il s'entête dans le processus de Matignon ; la croissance fléchit gravement, il ne veut pas modifier la loi sur les 35 heures et il veut procéder par décret sans concertation."
Il a évolué sur les 35 heures.
- "Oui mais par décret ! C'est toujours la République d'en haut, c'est cette vision de la société non décentralisée. Est-ce qu'aujourd'hui, dans une société moderne, au moment de la société numérique, de la communication territoriale, on avance par décret ? Tout cela est archaïque. Quand je vois que sur l'insécurité il se refuse toujours à renforcer le pouvoir des maires, il s'entête dans ses dogmes. Je crois que c'est là sa fragilité."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 septembre 2001)
- "On ne peut pas dire qu'il n'agit pas. Il est aujourd'hui très mobilisé notamment par la situation internationale que vous savez très tendue au Proche-Orient. Il y a beaucoup de sujets qui le préoccupent. Le temps n'est pas à la polémique. C'est un temps de rentrée, c'est un temps où il faut faire face à un certain nombre de difficultés. Je pense que le Président se doit d'agir avec responsabilités mais quelque fois aussi dans la discrétion."
Pas de polémiques parce que mécaniquement, finalement, on peut dire que J. Chirac profite des difficultés de L. Jospin ?
- "Je crois que personne ne peut tirer des choses positives de situations négatives. Nous ne sommes pas satisfaits de voir la violence revenir en Corse ; nous ne sommes pas satisfaits de voir la croissance fléchir en France ; nous ne sommes pas satisfaits de voir l'insécurité se généraliser. Mais nous avons bien observé ce qui se passe dans la société française. Nous sommes très à l'écoute de cette société et la polémique ne profite pas aux polémistes. Aujourd'hui, les Français refusent d'entrer dans une campagne électorale précipitée et anticipée. Il faut que chacun fasse son travail, c'est l'air du temps."
C'est à F. Bayrou que vous parlez ou pas ce matin ? Je rappelle un petit florilège de ses déclarations parues dans Paris Match et Nice Matin ce matin : il qualifie le chef de l'Etat d'archaïque, "Chirac et Jospin sont tous les deux sortants et flageolants", "tournons la page", "J. Chirac n'est pas mal intentionné mais va dans le sens du vent depuis 30 ans ; ce qui me frappe c'est qu'il n'a pas de ligne." Cela renvoie à l'idée que J. Chirac n'a pas d'idées sauf celles du dernier qui a parlé. Comment allez-vous composer avec des candidats aussi offensifs ?
- "Je vais vous surprendre mais je ne crois pas que la candidature de F. Bayrou soit illégitime. C'est normal qu'il puisse défendre ses idées. Nous sommes dans une démocratie et toutes les candidatures - si elles sont des candidatures d'élargissement et des candidatures d'addition - peuvent être utiles. F. Bayrou défend ses idées. C'est vrai qu'il faut mieux qu'il présente ses projets plutôt qu'il attaque les hommes parce que je crois que les Français veulent un débat d'idées. F. Bayrou doit être vigilant sur sa capacité aujourd'hui non pas à polémiquer mais à proposer des idées. Il a été ministre de J. Chirac, il a une expérience et il a des idées à proposer. Qu'il les propose ! Mais il est convaincu, lui comme nous, que c'est l'union de la droite et du centre qui peut battre la gauche. Nous avons besoin de travailler ensemble. Oui aux différences mais oui aussi à la cohérence."
C'est vrai que vous avez beau jeu de dire cela puisque F. Bayrou ne décolle pas encore dans les sondages. Votre intérêt est quand même tôt ou tard de neutraliser ces candidatures polluantes ?
- "Non, s'il y a addition, tout cela peut être constructif. Tout le problème est de se battre contre les divisions. Que F. Bayrou apporte les spécificités du centre et quelques convictions à faire exister : ce n'est pas illégitime. Mais chassons toutes les divisions et faisons attention à la société française. Regardez au printemps combien le Président a été harcelé, combien il a été attaqué."
Justement, comment expliquez-vous que finalement les Français ne tiennent pas rigueur des affaires, c'est-à-dire des révélations sur les billets d'avion personnels payés par un reliquat de fonds secrets par le chef de l'Etat, de la révélation par le Canard enchaîné de l'affaire du château Bity ? Cela n'affecte pas le Président dans les sondages : comment est-ce que vous le comprenez ?
- "Les Français pensent à la France et pensent à eux-mêmes. Ce qui les préocuppent, c'est la violence, la croissance, l'insécurité. La polémique des leaders politiques, ce n'est pas leur sujet. Au fond, aujourd'hui on arrive en fin de législature. Pour le Gouvernement, c'est le temps des résultats. On n'a pas besoin de polémiquer : les résultats de l'action du Gouvernement vont se voir sur le terrain. Les PME avec les 35 heures, la croissance qui fléchit gravement, c'est la réalité. Pour le Gouvernement, c'est le temps des résultats ; pour l'opposition, c'est le temps du projet. Nous devons travailler sur nos propositions pour l'avenir. On sort, avec J. Barrot, D. Perben et M. Garnier, un livre, le 13 septembre prochain, sur notre contrat pour l'alternance. Plus de 100 propositions concrètes pour l'avenir du pays. C'est là le travail de l'opposition : nous devons parler ensemble, nous devons nous préparer ensemble à l'alternance. C'est ce que nous demandent les Français : "Quelles sont vos solutions ?." Les polémiques au fond ne les intéressent pas. Le moment de la campagne électorale viendra mais il n'est pas venu."
Comment cela va-t-il se passer ? Le Président Chirac va se présenter le plus tard possible : il va officialiser sa candidature fin février ou en mars ?
- "Je n'en sais strictement rien. En tout cas, je crois qu'il n'est pas nécessaire qu'il ait une campagne anticipée. Il a demandé lui-même que l'année soit utile donc que le second semestre soit utile."
En attendant, que va-t-il se passer ? Une campagne de guérilla contre le Gouvernement ? Quelle tonalité voyez-vous jusqu'à ce que les deux chefs de l'exécutif se présentent officiellement ?
- "Si on me demande mon avis, je dirai à mes amis de l'opposition : "ne perdons pas notre temps dans les polémiques." La violence en Corse parle pour le processus de Matignon ; la situation de l'insécurité parle sur la politique gouvernementale. Notre problème aujourd'hui, à tous ceux qui soutiennent le Président - parce qu'ils pensent qu'il est celui qui peut faire gagner notre pays - est de travailler à leur projet, crédibiliser le projet, crédibiliser des équipes nouvelles, des femmes et des hommes capables d'assumer des responsabilités pour prendre la relève face au parti socialiste. C'est notre travail aujourd'hui. Quelles sont les idées politiques que nous avons ? Nous avons des convictions politiques au sein de l'humanisme libéral. L'humanisme libéral cela veut dire quoi concrètement ? Que proposons-nous pour les retraites pour la réforme de l'éducation, la réforme de la décentralisation, des réformes qui sont aujourd'hui embourbées, qui n'avancent pas parce que le Gouvernement a choisi l'immobilisme ? C'est à nous d'avoir des idées aujourd'hui et c'est ce que les Français nous demandent."
Votre stratégie est la suivante : "laissons le Gouvernement s'empêtrer dans ses difficultés." Comment voyez-vous l'entre deux tours ? Tous les candidats devront se rallier dans un mouvement unique au service de J. Chirac ?
- "Je pense que l'opposition devra envisager pour son avenir - mais pas son avenir en 2002 mais en 2005 ou 2010 - sa réorganisation. Au lendemain des élections présidentielles, nous devrons nous rassembler. Je souhaite, en fonction du résultats du premier tour et notamment si un candidat s'est dégagé largement en tête - ce qui me paraît être aujourd'hui le scénario le plus sérieux, ce que je crois être la situation du Président de la république aujourd'hui mais nous verrons bien le moment venu - qu'on se rassemble dans une famille politique coordonnée avec des différences certes mais coordonnée pour aller aux élections législatives dans l'unité. Je pense que notre programme de travail est simple : il faut travailler sur le projet jusqu'aux élections présidentielles. Au lendemain des élections présidentielles, il nous faut nous rassembler dans une grande formation cohérente pour gagner les législatives mais surtout pour être capables de gouverner dans la cohérence et de pouvoir donner une relève efficace au socialisme."
Comment allez-vous vous positionner, vous les chiraquiens de démocratie libérale, les chiraquiens de l'UDF dans cette campagne. ? Si on écoute M. Alliot-Marie qui était ici même hier matin, c'est d'abord le RPR - elle le répète dans Libération : "nous avons les moyens, les locaux, nous avons les réseaux et les militants." "UDF et DL peuvent prendre des initiatives qui seront peut-être utiles."
- "Je pense que le RPR est un parti fort, et est un parti nécessaire à la victoire mais à lui seul il ne peut pas gagner. Il est donc évident que le centre, le centre-droit, la culture libérale, la culture démocrate-chrétienne sont nécessaires à l'élargissement de cette famille gaulliste. Il est très important que nous soyons rassemblés. Un retour à une logique RPR serait un retour insuffisant. Il est clair que la victoire se fait dans l'élargissement et dans l'union. Je pense qu'on a besoin de tout le monde. C'est pour cela que je crois que la polémique est négative. Je crois qu'il faut des Douste-Blazy, il des Gaudin, des Barnier, il faut un public très varié de responsables qui ont des convictions en communs même s'ils ont des divergences les uns avec les autres."
L. Jospin, mardi soir, a refusé de parler de la présidentielle. Vous le croyez décidé à se présenter ou encore hésitant ?
- "Je crois qu'il n'est pas sincère dans ses attitudes. Je crois que tout le monde dit l'avoir trouvé confus. Visiblement, il est tiraillé entre ses deux rôles : le gestionnaire et le candidat, la réalité de Matignon d'un côté et l'ambition de l'Elysée de l'autre. Il s'entête dans ses dogmes, il est enfermé dans ses certitudes et je crois que cela se sent, cela se voit à la télévision. C'est pour cela qu'on n'a pas besoin de filer la métaphore. Il est clair qu'il est mal à l'aise et qu'aujourd'hui, sa communication manque de fraîcheur."
Est-ce que l'homme L. Jospin est à la hauteur d'une ambition présidentielle ?
- "Je vous ai dit que je ne voulais pas polémiquer. C'est un homme d'Etat qui a des qualités - il faut le respecter - mais qui n'a pas la vision de la société de l'avenir. Je crois qu'aujourd'hui il joue un jeu dangereux à vouloir confondre ses responsabilités de Matignon qui sont des responsabilités du quotidien et une candidature à la présidentielle. Cela a été dans notre pays jusqu'à maintenant sans succès. Je crois qu'il faut être vigilant sur cette situation qu'a le Premier ministre aujourd'hui. Elle n'est pas positive dans l'intérêt du pays. Mais c'est un homme de qualité. Je crois simplement qu'il est un peu enfermé dans son parcours politique, dans ses visions très dogmatiques. C'est assez extraordinaire quand vous voyez que la violence explose en Corse et qu'il s'entête dans le processus de Matignon ; la croissance fléchit gravement, il ne veut pas modifier la loi sur les 35 heures et il veut procéder par décret sans concertation."
Il a évolué sur les 35 heures.
- "Oui mais par décret ! C'est toujours la République d'en haut, c'est cette vision de la société non décentralisée. Est-ce qu'aujourd'hui, dans une société moderne, au moment de la société numérique, de la communication territoriale, on avance par décret ? Tout cela est archaïque. Quand je vois que sur l'insécurité il se refuse toujours à renforcer le pouvoir des maires, il s'entête dans ses dogmes. Je crois que c'est là sa fragilité."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 septembre 2001)