Déclaration de M. Kader Arif, ministre des anciens combattants, sur la coopération européenne en matière d'armement, à Paris le 26 juin 2013.

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Circonstance : 25ème Session européenne des responsables d'armement, à Paris le 26 juin 2013

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les auditeurs de la 25ème Session européenne des responsables d’armement (Sera)
Je suis très heureux de vous accueillir à l’hôtel de Brienne, au nom du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui m’a demandé de le représenter aujourd’hui. C’est un honneur pour moi de vous transmettre le message qu’il souhaitait vous adresser.
Les murs qui nous entourent sont chargés d’histoire. Ils virent passer Georges Clemenceau, comme artisan de la victoire de 1918. Puis le Général de Gaulle, d’abord comme secrétaire d’État à la guerre en juin 1940, puis comme chef du gouvernement provisoire de la France en 1944.
La première Session européenne des responsables d’armement renvoie aussi à l’histoire, puisqu’elle s’est tenue en 1989. Elle avait déjà pour objectif de favoriser une meilleure connaissance mutuelle, entre responsables, des questions d’armement, et d’encourager le développement d’une perspective européenne en matière d’équipements de défense.
Force est de constater que depuis lors, les liens entre pays européens se sont fortement renforcés, et que la formation relative à l’exercice des responsabilités dans le domaine de l’armement a beaucoup progressé. La Sera accompagne pleinement ce double effort.
Votre forum d’échanges de pratiques et d’expériences professionnelles, les débats d’idées qu’il génère, les visites de sites industriels, les semaines de formation d’experts de l’armement organisées de manière partagée entre pays européens – tout cela permet aux responsables d’armement civils et militaires des États membres, comme aux représentants des institutions européennes, d’enrichir la réflexion et de se projeter vers l’avenir.
La création de la Sera, il y a 25 ans, avait une dimension visionnaire : l’organisation conjointe de coopération en matière d’armement n’existait pas encore, pas plus que l’Agence européenne de défense. Aucun Traité de l’Union européenne ne mentionnait la coopération en matière d’armement. C’est dire à quel point ce forum, qui réunit 27 États membres ainsi que la Norvège, la Suisse et la Turquie, a été précurseur.
2013 est donc une année marquante pour la Sera. C’est aussi, dans le domaine de l’armement et de l’économie de défense, une année importante pour la France, avec la publication du nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, souhaité par le Président Hollande. C’est enfin une année charnière pour l’Europe de la défense, avec un conseil européen, au mois de décembre, qui sera consacré aux questions de défense.
L’Europe constitue l’une des clefs de voûte du nouveau Livre blanc, qui a d’ailleurs associé à sa rédaction des représentants de l’Allemagne et du Royaume-Uni. La France se donne pour objectif de pouvoir à tout moment assurer sa sécurité, répondre aux attentes de ses partenaires comme de ses alliés et préserver la paix dans le monde. Les récentes opérations militaires ont montré tout l’intérêt de travailler avec les autres nations. Le Livre blanc de 2013 confirme ainsi l’engagement de la France dans l’Union européenne et dans l’Alliance atlantique. Il précise que les pays européens doivent pouvoir définir les intérêts de sécurité communs qui sont essentiels pour l’Union. Il fait de la mutualisation des capacités de défense un principe d’action, à une période où la maîtrise des comptes publics est une nécessité partagée, qui doit être respectée si l’on veut préserver notre souveraineté.
La France considère en effet qu’une meilleure coordination doit permettre d’éviter, tout particulièrement en période de rétablissement des comptes publics, des lacunes et des doublons capacitaires. Il s’agit aussi, par-là, de favoriser des projets industriels structurants qui permettent le renforcement de la base industrielle et technologique européenne.
C’est dans cet esprit que la France souhaite marquer une nouvelle étape dans le développement de l’Europe de la Défense. Le Conseil européen de décembre totalement dédié aux questions de défense, que la France a initié, doit nous conduire à surmonter les insuffisances de l’Union en matière d’opérations extérieures. Il doit favoriser la mutualisation des capacités les plus essentielles pour les opérations les plus probables, en développant des matériels fabriqués en coopération. L’objectif pour l’Europe, dans ce monde très concurrentiel, est d’avoir une politique industrielle, de favoriser le développement capacitaire et d’encourager l’industrie de défense européenne à être performante et compétitive.
L’Union européenne doit devenir un acteur majeur sur les sujets de défense et de sécurité. C’est pour cette raison que nous devons notamment développer des capacités d’action autonome, notamment dans les domaines du transport stratégique, du ravitaillement en vol et des satellites de communication. Nous proposerons également à nos partenaires la mutualisation de la capacité à déployer et à exploiter les drones de surveillance.
Aujourd’hui, les outils prévus par le Traité de Lisbonne ont été mis en place, mais il faut améliorer la capacité à gérer la dimension militaire des crises. À cette fin, l’Europe de la défense s’est dotée des outils nécessaires au développement capacitaire et promeut résolument la conduite en coopération des programmes d’armement. C’est tout le sens de l’initiative Pooling and Sharing, le pendant de la Smart Defence de l’Otan.
La Sera s’inscrit pleinement dans cette exigence de coopération. Elle est un creuset d’échanges qui favorise les conditions pour des partenariats solides dans la mesure où elle permet d’accroître la connaissance mutuelle des problématiques de défense et d’armement.
Votre thème d’études de cette année : « 25 ans d’histoire de la Sera, quel futur pour l’Europe dans le domaine de la coopération en matière d’armement ? » vous invite à vous projeter à partir des acquis et des réalisations concrètes vers les voies permettant à l’industrie de défense d’affronter la concurrence internationale.
Il s’agit aussi pour la Sera de valoriser, à travers des visites industrielles, l’ensemble du tissu industriel et son savoir-faire. Vous avez ainsi visité cette année des PME ainsi que des pôles de compétitivité en France, en Belgique et en Finlande. L’Europe a des atouts considérables à faire valoir. Et parmi ces atouts figurent ses entreprises de taille moyenne, très actives sur l’innovation, mais qui ont besoin d’être accompagnées dans leur développement.
Ce travail de valorisation du tissu industriel constitue l’une de nos priorités. C’est ce qui a conduit Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, à présenter un pacte Défense PME qui réponde aux engagements pris par le Président de la République française en faveur des PME. Ce pacte vise à restaurer la compétitivité industrielle en augmentant les crédits de recherche et en favorisant le développement des technologies duales. Vont, dans le même sens du soutien aux PME, les conventions régionales entre le ministère de la Défense et les Régions, dont celle que j’ai signée avec la région Midi-Pyrénées le 19 juin dernier, au Bourget.
La dimension informelle de votre forum, qui réunit des représentants des structures étatiques mais aussi d’entreprises privées du secteur de la défense, sélectionnés selon des critères professionnels élevés, donne une place spécifique à la Sera dans le paysage de l’Europe de la défense, en constituant une véritable communauté européenne de l’armement.
Sa direction collégiale illustre l’appropriation nécessaire par chacun des membres de ce forum. La Sera n’est pas en effet l’apanage d’un État en particulier, elle ne peut fonctionner que par l’implication de tous. Je veux ainsi remercier tout particulièrement la Finlande et la Belgique pour avoir organisé cette année, avec succès, deux des quatre sessions. Je souhaite également remercier l’IHEDN qui assume, depuis 2010, le pilotage général de ces sessions.
Je voudrais enfin saluer l’intérêt qui s’attache aux travaux et aux recommandations de la Sera. Ce sont autant de contributions à une meilleure articulation des politiques publiques avec l’action des acteurs industriels. Je n’ai pas besoin de préciser que ces contributions nous sont très utiles dans la perspective des débats du Conseil européen de décembre.
Je souhaite donc à la Sera de continuer à jouer tout son rôle au service de la communauté d’armement et de défense.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.ihedn.fr, le 18 juillet 2013