Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-russes et sur la question du nucléaire iranien, à Moscou le 17 septembre 2013.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe avec son homologue russe, à Moscou (Russie) le 17 septembre 2013

Texte intégral

D'abord, je veux remercier le ministre Sergueï Lavrov de son accueil. Je vais avoir le plaisir de me rendre fréquemment en Russie. J'étais avec le président Hollande, il y a quelques jours à Saint-Pétersbourg. Je suis ici aujourd'hui et je reviendrai d'ici quelques semaines en Russie pour ce qu'on appelle le format «2+2» entre les ministres des affaires étrangères et les ministres de la défense des deux pays, et puis pour beaucoup d'autres occasions.
À chacune de ces occasions, je mesure à quel point le partenariat stratégique entre la Russie et la France est important. C'est une amitié historique, mais l'histoire est revivifiée par l'actualité. Je reprendrai les termes qui sont ceux que Sergueï Lavrov a choisis, c'était une discussion utile, fructueuse, intéressante, comme à chaque fois d'ailleurs que nous avons l'occasion de nous parler.
Nous avons abordé les questions bilatérales et je veux faire tout à fait miennes les déclarations du ministre russe dans tous les domaines. Qu'il s'agisse de l'économie, de la culture, de la coopération scientifique, des échanges de différents ordres, les rapports entre la France et la Russie sont bons, et même souvent excellents. Et à chaque fois que nous pouvons de part et d'autre progresser, nous le faisons.
J'insiste beaucoup en particulier sur l'aspect économique. La France est un des grands investisseurs en Russie, et nous souhaitons que les investissements russes en France se développent. C'est un thème, je le rappelle, qui avait été abordé lorsque le président François Hollande était venu ici en Russie pour rencontrer le président Poutine. Les échanges économiques entre la Russie et la France sont importants mais doivent encore se développer.
Il en est de même sur le plan de l'éducation, sur le plan de la culture, sur le plan du tourisme, sur tous les plans et, effectivement, un certain nombre de projets doivent pouvoir avancer. Je sais que le président Poutine est très attaché au projet de centre cultuel à Paris. C'est un projet qui a connu des difficultés mais qui, maintenant, devrait pouvoir avancer. Donc sur le plan bilatéral les choses vont bien et nous sommes sur la même longueur d'ondes.
Il en est de même sur beaucoup de questions internationales, où nous avons des approches convergentes ou même identiques lorsqu'il s'agit d'aborder un certain nombre de grands problèmes mondiaux. Là aussi, je pense à ce qu'a dit le ministre russe qui a cité le Mali, nous sommes tout à fait reconnaissants à la Russie d'avoir apporté son soutien à l'action de la France dans cette partie du monde. Il en est de même lorsque nous abordons les questions qui touchent à la drogue. La Russie, dans le cadre de sa présidence du G8, s'est intéressée de près, tout comme nous, à cette question ; nous aurons l'occasion encore d'unir nos efforts.
Il y a beaucoup d'autres domaines. Il y a un domaine que Sergueï n'a pas cité mais je sais qu'il est dans son esprit, c'est l'action contre le changement climatique et la préparation de grandes décisions qu'il va falloir prendre sur le climat, contre la pollution. Vous savez que la France va accueillir en 2015 à Paris une grande conférence sur le changement climatique et j'ai proposé à nos amis russes que nous parlions de cela ensemble ; je sais que c'est aussi un de leurs soucis. Donc sur le plan bilatéral, nous avons une excellente coopération qui va se développer et beaucoup de points communs et d'analyses convergentes sur le plan international.
Nous avons parlé bien sûr des questions qui touchent la Syrie. Nous avons parlé à cette occasion et d'une manière générale de l'Iran puisqu'il y a des contacts entre nos amis russes et les responsables iraniens. J'ai écouté l'analyse que fait Sergueï Lavrov de ces sujets. Nous sommes, en particulier, bien évidemment ensemble dans les discussions qui existent maintenant depuis plusieurs années. On les appelle «5+1» ou «6», les cinq membres permanents du conseil de sécurité plus l'Allemagne et, de l'autre côté, l'Iran, à propos du nucléaire et ces conversations vont être prolongées, notamment dans un futur proche. Sur ce point, là aussi, nous avons des analyses communes et l'Iran a parfaitement le droit, bien sûr, comme chaque pays, d'utiliser l'énergie nucléaire civile. En revanche, le nucléaire militaire, c'est-à-dire la bombe atomique, présente un danger de prolifération que nous soulignons l'un et l'autre et par rapport auquel nos positions sont identiques.
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2013