Déclaration de M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, à Washington le 11 avril 2014, sur la mobilité de la communauté internationale en faveur de la paix et de la relance du développement en République centrafricaine.

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Texte intégral

Je remercie la Banque mondiale, et en particulier Makhtar Diop, d'avoir organisé avec nous cette table ronde importante sur la République centrafricaine et pour son action en faveur de ce pays.
La communauté internationale est aujourd'hui mobilisée en faveur de la RCA comme l'a montré hier le vote de la résolution 2149 créant une opération de maintien de la paix en Centrafrique, la mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation en Centrafrique, la MINUSCA, prévoyant le déploiement prochain de 12.000 casques bleus, avec également une composante civile importante visant à consolider la paix et à relancer le développement du pays.
La situation en République centrafricaine appelle, en effet, une réponse concertée et pérenne de la communauté internationale à la hauteur des défis multiples auxquels ce pays est confronté : le retour à la sécurité, mais aussi l'aide humanitaire d'urgence et la remise en marche des facteurs du développement.
Le niveau de participation à cette table ronde - merci à tous d'être là - témoigne de la mobilisation en cours, qui doit se concrétiser rapidement et doit encore être renforcée.
Je souhaite adresser mes remerciements plus particulièrement aux deux représentants parmi nous pour cette réunion de la République centrafricaine, Mme Limbio, ministre du plan, de l'économie et de la coopération internationale, et M. Yakoro, ministre des finances et du budget, qui vont vous dire dans un instant les défis multiformes auxquels leur pays doit faire face, et les efforts qu'ils font, sous le leadership de la présidente de transition Mme Catherine Samba Panza, pour sortir le pays de la crise.
Sans prendre trop de temps dans ce mot d'introduction, je souhaite simplement répéter ici quelques mots du discours fort qu'a prononcé la présidente de transition Mme Samba Panza la semaine dernière à Paris devant les membres du Comité d'aide au développement de l'OCDE, au lendemain de sa participation du sommet UE-Afrique à Bruxelles. Je cite Mme Samba Panza : «Les urgences sont partout dans tous les secteurs de base, à commencer par la sécurité, la santé, l'éducation».
Pour répondre à ces défis, la France, comme vous le savez, souhaite agir avec la communauté des nations, dans le cadre de l'Union européenne - l'Europe est vous le savez pleinement engagée en RCA, avec les troupes de l'EUFOR-CA comme avec ses appuis multiformes -, dans le cadre des Nations unies - la résolution votée hier constitue un nouveau pas essentiel -, avec la Banque mondiale - qui organise cette table ronde avec nous -, avec le FMI - que je remercie de son réengagement auprès de la RCA -, avec la Banque africaine de développement... et avec tous les pays et organisations internationales de bonne volonté. Les enjeux de la RCA sont tels qu'ils nécessitent l'attention de tous.
L'action de la France pour la relance du développement vise, en se concentrant sur des actions à impact rapide pour la population, à répondre aux principaux défis auxquels la RCA est confrontée, au-delà de la sécurité et de l'aide humanitaire : le rétablissement des services sociaux de base, le retour progressif d'une activité économique, la prochaine campagne agricole, la prochaine rentrée des classes... Parallèlement, notre aide vise à accompagner le processus de stabilisation démocratique et à apporter un appui à l'administration pour le rétablissement des fonctions gouvernementales de base, ceci en étroite concertation avec l'Union européenne et les autres partenaires.
Comme annoncé lors de la conférence de Bruxelles du 20 janvier dernier, la France a prévu de consacrer 35 Meuro en 2014 à des actions d'aide humanitaire et de relance du développement, et plus de 60 Meuro sur 2014-2015. Ainsi, au-delà des appuis en matière de sécurité, l'action de la France en RCA s'articule autour de 4 priorités :
- Premièrement, la poursuite de notre aide humanitaire d'urgence, en particulier dans les secteurs de la sécurité alimentaire et des services sociaux de base ;
- Ensuite, un appui dans le secteur économique et social : l'Agence Française de Développement a prévu des actions pour un montant total de 25 Meuro, pour de nouvelles actions à décaissement rapide dans un premier temps (travaux à haute intensité de main d'oeuvre) et se déployant dans les secteurs de l'agro-développement, de la santé, de l'éducation. L'essentiel de ces actions sera mis en oeuvre via les ONG et les acteurs locaux ;
- Troisième priorité, un appui à la consolidation du processus démocratique : notre appui se fait ici par une contribution au démarrage de l'Autorité nationale des élections (ANE), par un soutien au ministère de l'administration territoriale, par une aide au rétablissement de la chaîne pénale, par un appui aux médias et à la société civile, par un appui aux ONG ;
- Quatrième et dernier point, un appui à l'administration pour le rétablissement de l'autorité de l'État et la remise en marche des fonctions fondamentales du gouvernement. Ceci se fait à travers une aide budgétaire et des actions de renforcement des capacités de l'administration, via la mise en place en urgence d'un dispositif d'assistance technique dans les ministères-clés (coordination de l'aide, finances publiques et administration territoriale). L'objectif est en particulier de permettre le paiement des salaires des fonctionnaires, mais aussi le retour rapide du soutien des grands partenaires sur la base de la feuille de route ajustée des autorités de transition.
Enfin, la France, comme elle le fait aujourd'hui, relaie l'appel à l'aide de Mme Samba Panza, son appel à plus de solidarité, dans la durée, de nous tous. Aujourd'hui, la réponse de la communauté internationale est encore bien en-deçà des besoins. Nous souhaitons vivement que cette table ronde permette de préciser les besoins et d'identifier les outils que l'on peut utiliser pour une action collective qui, au-delà de la sécurité - qui reste une condition du développement -, au-delà de l'aide humanitaire - qui reste plus que jamais nécessaire -, permette à la République centrafricaine de retrouver, au terme d'une transition inclusive, la stabilité et les ressorts d'un développement autonome et durable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2014