Entretien de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, avec Itélé, Europe 1 et "Le Monde" le 13 juillet 2014, sur la situation au Proche-Orient et sur les djihadistes en Irak et dans la zone sahélienne.

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Europe 1 - Itélé - Le Monde

Texte intégral


- Israël - Territoires palestiniens -
Q - Sommes-nous à la veille d'un conflit généralisé au Proche-Orient ?
R - La situation au Proche-Orient est grave. Nous condamnons les tirs de roquettes qui se sont produits de la part du Hamas sur la population civile israélienne, mais nous demandons aussi à Israël de faire preuve de mesure dans sa riposte, et en particulier de respecter le droit international et de faire en sorte que les victimes civiles soient épargnées. La France appelle au cessez-le-feu.
(...).
- Irak -
(...)
Q - A-t-on raison d'avoir peur de l'État islamique, qui connaît une expansion sans frontière, jusqu'aux portes de Bagdad ?
R - C'est un mouvement relativement récent, mais qui est en fait le résultat d'une nouvelle génération, après Al-Qaida et Ben Laden : celle d'Abou Al-Baghdadi, qui est aussi dure et aussi ferme que la génération précédente, avec des éléments extrêmement motivés, mais aussi très techniques, très ouverts sur les nouvelles technologies, très proches des réseaux sociaux, qui sont capables de mobiliser, d'attirer des jeunes, qui sont souvent très éduqués et qui veulent une forme de djihad global prédateur sur la zone (...). Ils veulent se constituer dans ce qu'ils appellent l'État islamique. Ils l'ont affiché comme tel. Ce n'est pas un État, c'est une imposition de fait d'un mode d'organisation terroriste que nous condamnons. Et il y a des risques demain pour l'ensemble de la zone.
- Sahel -
(...)
Q - Vous avez dit que l'opération «Serval» au Mali avait rempli sa mission, qu'en est-il ?
R - Il y a toujours des risques majeurs de développement de djihadistes dans la zone qui va de la Corne de l'Afrique à la Guinée-Bissau et, en particulier, dans le nord de pays comme le Mali, le Tchad, le Niger. Le président de la République a donc souhaité qu'il y ait une réorganisation de nos forces dans la zone, si bien que nous allons initier une nouvelle opération qui dépasse largement «Serval» : l'opération «Barkhane». Elle va se mettre en place dans les jours qui viennent et elle concerne 3.000 hommes. Son objectif est essentiellement du contre-terrorisme, et ça se fait en partenariat avec les cinq pays de la zone sahélo-saharienne. Le but de cette présence, c'est d'empêcher que ce que j'appelle l'autoroute de tous les trafics, c'est-à-dire cette partie entre le sud de l'Algérie et le nord de ces pays, ne devienne une filière, un lieu de passage permanent de reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l'océan Atlantique, ce qui entraînerait ensuite des conséquences graves pour notre sécurité.
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juillet 2014