Interview de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports, à BFM TV le 21 août 2014, sur la rentrée gouvernementale, les relations avec les écologistes et la politique de lutte contre le chômage.

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Média : BFM TV

Texte intégral

THOMAS LEQUERTIER
Et on va parler de la rentrée politique ce matin sur BFM TV, avec nous en plateau Najat VALLAUD-BELKACEM. Bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
AURELIE PLANEIX
Bonjour.
THOMAS LEQUERTIER
Ministre des Droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports, rentrée des classes hier du gouvernement, c'est maintenant que le quinquennat de François HOLLANDE se joue ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En tout cas on est à un moment important, parce qu'on est à un moment à la fois difficile, on connait la conjoncture économique et en même temps on est à un moment où le président de la République vient de réaffirmer sa feuille de route, son cap avec beaucoup de constance et en même temps je trouve, de courage parce que vous avez lu comme tout le monde son interview hier au Monde, les réformes auxquelles il compte désormais s'attaquer sont des réformes courageuses, qu'il s'agisse de celle des professions réglementées, qu'il s'agisse de relancer la construction dans ce pays, qu'il s'agisse même d'un certain nombre de mesures sur le marché du travail. Des réformes qui par le passé avait été évoquées de nombreuses fois mais sans cesse reportées, qu'il va falloir maintenant conduire si on veut vraiment préparer notre pays à sortir en meilleure situation qu'elle n'est aujourd'hui.
AURELIE PLANEIX
C'est un cap qui malgré tout est très critiqué dans un livre à paraitre lundi, Cécile DUFLOT n'y va pas de main morte avec le chef de l'Etat, elle dit qu'il n'est le président de personne, qu'il l'a beaucoup déçu, votre réaction ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez moi je fais partie de ceux qui ont regretté que Cécile DUFLOT, Pascal CANFIN aussi, quittent le gouvernement au moment du remaniement, ça a été leur choix, ça n'était pas la décision de Manuel VALLS qui au contraire leur avait tendu la main pour qu'ils restent, ils l'ont refusée, ils sont partis et aujourd'hui je regrette la posture choisie par Cécile DUFLOT visiblement dans ce livre que je n'ai pas lu entièrement mais dont je découvre quelques extraits ; je la regrette parce que c'est un manque de considération d'abord envers la fonction de ministre qu'elle a exercée, c'est un manque de considération envers ses collègues du gouvernement et puis je crois que c'est un manque de considération y compris envers les Français eux-mêmes, elle qui prétend les réconcilier avec la politique, ça n'est pas un coup en trouvant toutes les vertus du monde au gouvernement pendant qu'on y est, puis le coup d'après en lui trouvant tous les défauts du monde parce qu'on n'y est plus, qu'on va réussir à réconcilier les Français avec la politique.
THOMAS LEQUERTIER
Alors la critique des Verts on l'a vue, aussi des frondeurs de plus en plus présents, est-ce que ce n'est pas difficile de gouverner en ce moment pour François HOLLANDE ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vous confirme qu'exercer des responsabilités est toujours plus difficile que se contenter dans l'opposition de critiquer ceux qui les exercent, mais c'est un honneur, c'est une responsabilité extraordinaire qui nous a été confiée par les Français dont nous essayons d'être à la hauteur tout simplement…
THOMAS LEQUERTIER
Mais ces frondeurs est-ce qu'ils ne vous gênent pas un peu quand même ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que se passe-t-il au sein du Parti socialiste ? Il y a des idées, des colorations politiques qui font que sur certains sujets nous avons parfois des différences plus ou moins importantes, parfois des différences d'interprétation, parfois des vraies divergences de fond, pour moi tout cela n'est pas problématique en soi tant que nous restons une famille politique et pour rester une famille politique là encore je crois qu'il faut un respect mutuel, un respect du gouvernement envers la majorité parlementaire et de majorité parlementaire envers le gouvernement. Sur chacun des sujets que j'évoquais tout à l'heure, sur la question de la politique économique, la politique sociale par exemple, je pense par exemple aux mesures que le président de la République a annoncées pour alléger encore les impôts des bas revenus…
AURELIE PLANEIX
Justement qui sera concerné ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
…nous trouvons bel et bien des convergences parce que nous sommes animés par le même intérêt qui est celui des Français tout simplement. Donc les bas revenus, de quoi s'agit-il ? Vous savez que le Conseil constitutionnel a censuré la mesure que nous avions prévue pour abaisser les cotisations salariales, eh bien nous faisons en sorte que cette mesure soit reprise sous une autre forme qui est celle d'un allègement qui serait désormais structurel, nous l'avions déjà prévu pour 2014 mais il vaudra aussi pour les années qui suivent pour les bas revenus et faire en sorte tout simplement que les ménages les plus modestes puissent soit ne pas avoir du tout d'impôt à payer, soit en payer très peu. Nous avons d'ailleurs déjà cette année obtenu un certain nombre de résultat puisque vous l'avez vu, plus de quatre millions de ménages ont vu leur impôt baissé grâce aux mesures que nous avons adoptées.
THOMAS LEQUERTIER
Alors justement, François HOLLANDE est en déplacement à La Réunion sur le thème de l'emploi principalement, l'emploi c'est aussi l'enjeu de cette rentrée pour le gouvernement, l'inversion de la courbe du chômage n'a pas eu lieu, elle n'a pas lieu ni en ce moment, et elle va avoir difficilement avoir lieu dans les mois qui arrivent, est-ce que ce n'est pas un gros handicap pour vous, pour le gouvernement, pour François HOLLANDE pour rester quelque part un peu crédible ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est la priorité numéro un la lutte contre le chômage, pour les Français comme pour ce gouvernement et François HOLLANDE n'a eu de cesse de le répéter et toutes les politiques que nous avons mises en oeuvre depuis 2012, qu'il s'agisse du crédit d'impôt compétitivité emploi pour redonner des marges de manoeuvre aux entreprises, qui est en train de se mettre en oeuvre concrètement maintenant, donc il y a aussi une question de temporalité qu'il s'agisse des emplois aidés que nous avons pu aussi construire, les emplois d'avenir, les contrats aidés etc, pour faire en sorte de ramener vers l'emploi ceux qui en étaient les plus éloignés, en particulier les plus jeunes. Cela produit des résultats, pas suffisant, c'est certain, mais parce que la conjoncture n'est pas au rendez-vous, parce que la demande en Europe est trop faible, nous le savons, parce que nos entreprises n'ont pas encore atteint le niveau de compétitivité qu'on aimerait les voir atteindre et c'est pour cela que nous avons adopté le pacte de responsabilité, 40 milliards d'euros tout de même qui vont être mobilisés…
THOMAS LEQUERTIER
Qui tarde à arriver.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui qui a été annoncé en janvier 2014, nous sommes huit mois plus tard et ça y est, on va enfin pouvoir…
THOMAS LEQUERTIER
Est-ce que ce n'est pas huit mois de perdu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais ça c'est, encore une fois c'est le temps de l'action politique. Je vous accorde que pour les Français souvent il y a une confusion entre le moment où une annonce est faite et le moment où elle rentre en vigueur, mais il y a des procédures à respecter dans ce pays, nous allons vite et le président de la République a d'ailleurs annoncé qu'il souhaitait accélérer. Donc sur le pacte de responsabilité, les choses vont entrer en vigueur très vite grâce à la loi de finances qui va être adoptée dans les toutes prochaines semaines et puis pour le reste, je crois que vraiment sur cette question du chômage, la question ce n'est pas simplement celle de créer de l'emploi, c'est déjà important, c'est aussi celle de lutter contre la précarité des bas salaires. C'est pour cela que nous avons annoncé la réforme à venir du RSA activité et de la prime pour l'emploi qui vont être fusionnés et qui vont permettre d'aider les travailleurs pauvres en quelque sorte de façon beaucoup plus simple et efficace que par le passé.
THOMAS LEQUERTIER
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM d'avoir été avec nous ce matin sur BFM TV et en direct. Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2014