Texte intégral
Merci aux uns et aux autres d'être venus à cette journée organisée de façon très rapide puisque nous n'avons pu vous prévenir qu'en fin de semaine dernière.
Il nous est apparu en effet très important, dans un contexte légèrement "flottant", d'examiner ensemble notre situation actuelle et ce que nous envisageons pour les semaines et les mois à venir.
Cette journée sera basée avant tout sur l'échange.
Nous allons durant cette matinée, Pierre Bédier, moi-même ainsi que d'autres intervenants, essayer de répondre à toutes les questions que vous pouvez vous poser, à court et à long terme.
Michèle Alliot-Marie s'adressera à vous cet après-midi. Vous pourrez également lui poser des questions et l'interroger sur ses réflexions concernant de nombreux thèmes.
Quel est donc aujourd'hui le contexte politique ?
Les événements internationaux ont changé la donne, la perspective et les préoccupations. Celles-ci ont changé de niveau.
Avant le 11 septembre, les préoccupations quotidiennes et de proximité étaient majoritaires. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus avoir les mêmes considérations. Nous avons tous subi un choc personnel ce 11 septembre. La fermeture, ce matin, de l'aéroport d'Orly, suite à des annonces d'attentats - Air France a décidé d'arrêter tous ses vols - est un exemple de réaction, de sensibilité extrêmement forte dont nous devons absolument nous préserver.
Notre rôle est avant tout de ne pas croire à une élection gagnée d'avance. Nous devons aujourd'hui mettre en place les conditions de la réussite.
Quelles étaient ces conditions, ce contexte politique d'avant le 11 septembre ?
Les élections municipales avaient été révélatrices d'une double crise de la majorité. Une crise politique d'abord : le Parti Communiste était doublé sur sa gauche par Lutte Ouvrière et d'autres mouvements. Vint ensuite une surenchère destructrice pour la majorité.
Concernant la situation des Verts, nous osons à peine en parler aujourd'hui, avec la candidature d'Alain Lipietz. Nous remarquons qu'ils représentent un électorat transversal, loin 2 d'être seulement un électorat de gauche : n'oublions pas que cet électorat se reporte en grande partie sur nous au second tour.
Je l'ai constaté moi-même à l'élection municipale de Bourges. Nous avions une situation claire : d'un côté une liste que nous pouvons appeler "Opposition républicaine" (c'est-à-dire RPR, UDF, DL et Divers Droite), de l'autre une liste Majorité plurielle (PS, PC, Verts) et enfin une liste Lutte Ouvrière. Nous avions là une situation de la plus grande simplicité.
Par contre, pour les élections cantonales, nous avions toute une palette de candidats, sauf en ce qui nous concernait puisque nous n'avions qu'un candidat commun pour le RPR, l'UDF et DL.
Il nous est donc apparu que, dans le même bureau de vote, des personnes ont voté Verts aux cantonales et pour ma liste aux municipales ! On a pu évaluer le phénomène à hauteur de 7 à 8 points, ce qui est loin d'être négligeable et m'a permis de passer dès le premier tour.
C'est l'une des raisons de la crise actuelle des Verts : ils possèdent un électorat qui est loin d'adhérer au développement d'idées intégristes de gauche.
Jean-Pierre Chevènement, quant à lui, exprime parfois ce que nous pourrions, ce que nous aimerions dire. Rappelons-nous néanmoins qu'il est comptable en grande partie du bilan de Lionel Jospin.
Il parle aujourd'hui de sécurité mais lorsqu'il était, il y a un an encore, ministre de l'Intérieur, a-t-il pris réellement les mesures qui s'imposaient pour résoudre les problèmes à ce sujet ? Lorsqu'il déclare que l'une des difficultés des petites et moyennes entreprises est due aux 35 heures, il faudrait lui rappeler qu'il était membre du gouvernement lorsque cette décision a été prise.
Ceci participe largement à la crise politique du gouvernement et de Lionel Jospin, qui est aussi une crise de fond.
Il y a quand même aujourd'hui une certaine non-maîtrise des événements par Lionel JOSPIN : une semaine après avoir présenté le budget de 2002, de nouvelles mesures sont annoncées. Par ailleurs des ministres réclament d'autres mesures pour répondre à la hausse du chômage : nous en sommes fortement surpris.
Le budget d'une année doit être présenté de façon sérieuse et cohérente. Il y a donc bien une non-maîtrise des événements et un manque de cohérence dans la politique elle-même.
Les Français et les Françaises connaissent-ils les intentions de Lionel Jospin pour notre pays ? En face, l'opposition, et surtout le RPR, est au travail. Cela a été bien ressenti au printemps dernier et à la rentrée. Nous sommes dans la mise en place d'un projet qui fera partie du rapport d'étape validé par le Conseil national le 30 juin et qui va être édité dans les prochains jours. Nous notons un complet changement psychologique de la population à notre égard et peut-être aussi - et cela y concourt - des médias. Voilà donc pour la situation avant le 11 septembre.
Après le 11 septembre, qu'en est-il ?
3 Un véritable changement de perspective ainsi qu'une focalisation sur d'autres préoccupations se sont produits.
Il y a d'abord une évidence : les questions internationales seront au cur de la campagne présidentielle, beaucoup plus qu'elles ne l'auraient été.
D'autres préoccupations, déjà présentes, vont être renforcées. Pour reprendre l'exemple des difficultés à l'aéroport d'Orly ce matin, les sujets de sécurité interne ou internationale vont être un des enjeux majeurs de cette élection présidentielle et des élections législatives qui suivront.
La question de l'emploi sera également un sujet majeur : il faudra considérer le fort changement de perspectives économiques, d'anticipation des acteurs économiques, qui est en train de se produire aujourd'hui. L'emploi va donc redevenir - ou être plus encore - une préoccupation des Français, donc des campagnes présidentielles et législatives.
Le 11 septembre a abouti aussi à une légitimité renforcée des deux têtes de l'exécutif. Mais de par la manière dont Jacques CHIRAC a pris en main les événements, de par son appropriation de plus en plus forte de l'opinion, le président de la République s'est vraiment comporté comme nous le souhaitions.
Rappelez-vous que le 11 septembre au soir, nous étions les uns et les autres impuissants devant notre poste de télévision. Lorsque qu'il est apparu sur l'écran, nous avons compris que la situation était prise en main. Nous savions que quelqu'un serait là pour tenir le pays, engager les discussions, les mesures à prendre et les relations au niveau international pour obtenir les meilleures décisions.
Au niveau charisme, présence et dimension de chef d'Etat, nous avons bien compris que les Français sauraient reconnaître celui qui est aujourd'hui en charge de nos affaires.
Les élections sénatoriales auraient pu modifier sensiblement l'image de ce nouvel équilibre. Or, nous l'avons constaté agréablement dimanche dernier, celles-ci ont marqué un échec total de la stratégie du gouvernement. Le Rassemblement Pour la République, premier groupe du Sénat, était en fait le plus attaqué par cette loi que Christian Poncelet a qualifiée de "scélérate".
Ses deux objectifs conjoints - la proportionnelle dans les départements à partir de trois sénateurs et la parité appliquée aux listes proportionnelles - n'avaient pour seul but que d'affaiblir l'opposition, c'est-à-dire la majorité sénatoriale, et par là même le premier groupe d'entre elle : le Rassemblement Pour la République. Où en sommes-nous ?
Nous imaginions perdre cinq à sept sénateurs, la meilleure des hypothèses étant à moins cinq. Nous sommes à moins deux: Nous n'avons perdu que deux sénateurs sur une centaine dans les conditions les plus difficiles qui soient, avec une loi qui obligeait nos compagnons à se diviser sur le terrain.
4 Il y a donc eu échec total du gouvernement mais non changement de l'atmosphère générale. Si nous avions perdu les élections sénatoriales de façon beaucoup plus importante, il est certain que le gouvernement et le Parti Socialiste se seraient saisis de cette question pour démontrer qu'il y avait bien une modernisation de la société en cours et qu'elle aboutirait à leur victoire aux élections futures.
Tout cela ne doit pas nous amener à nous reposer sur nos lauriers, bien au contraire. Deux raisons nous poussent à renforcer notre action.
Premièrement, le contexte actuel peut très vite se modifier, nous devons en être conscients. Les préoccupations du quotidien sont susceptibles de redevenir en quelques jours la préoccupation essentielle : la guerre du Golfe avait constitué un choc terrible mais les choses avaient repris rapidement leur cours normal.
Il nous faudra donc avoir les réponses correspondant à tout contexte et à toute modification de celui-ci. Ces réponses peuvent être très évolutives, instables. Par conséquent, n'imaginons pas que notre situation soit aujourd'hui assurée.
Deuxièmement, le temps que nous perdrions aujourd'hui ne se rattraperait jamais. La campagne présidentielle sera très courte, peut-être même une des plus courtes que nous ayons connue. Nous supposions que les candidatures s'exprimeraient assez tard mais le contexte actuel fait qu'elles se déclareront vraisemblablement encore plus tardivement. Nous n'avons naturellement aucune assurance quant à cela, puisque c'est aux candidats concernés - en particulier à celui que nous souhaitons voir se déclarer - de le décider.
C'est pourtant en amont - nous le constatons dans les élections locales, municipales, cantonales ou régionales - que se créent les conditions de la victoire, les fondations de la crédibilité et de la légitimité. Le rôle du Rassemblement Pour la République est déjà, dans cette phase, essentiel pour occuper l'espace de temps précédant la candidature.
Quel doit être notre rôle ? Voici évidemment l'objet de cette journée.
Au niveau national, il faudra d'abord être attentifs à ce que pourra nous demander le candidat : des outils techniques, informatiques, des locaux, des financements,etc C'est là notre rôle au sein du Centre National et nous y travaillons.
Nous devons également mobiliser tous les relais associatifs sur le plan national. Les Secrétaires nationaux travaillent à prendre les contacts et obtenir les futurs relais du candidat aux niveaux associatif et socioprofessionnel.
Votre rôle, au niveau local, doit être d'assurer une présence très forte, un renforcement de la mobilisation. Il faut désormais impérativement multiplier les réunions, les dîners-débats et ne pas hésiter à multiplier les appels à candidature. Il faut sensibiliser nos militants, nos sympathisants et bien évidemment le reste de la population : il s'agit de ne pas enfermer notre candidat au milieu des seuls militants ou sympathisants du mouvement.
Michèle Alliot-Marie a d'ores et déjà entamé un tour de France pour lequel elle se rend dans de nombreux départements. En tant que Secrétaire général, j'ai moi aussi entamé un tour de France. N'hésitez pas à nous solliciter : Michèle Alliot-Marie, moi-même et toute l'équipe du Centre National sommes prêts à vous consacrer du temps.
5 Nous constatons une mobilisation très forte.
Nos manifestations sont à chaque fois une grande réussite par rapport à des périodes où il était difficile de faire venir à nous, pour des réunions publiques ou des dîners-débats, quelques-uns de nos amis.
Lorsque l'on attend 150 personnes, 200 sont présentes et si l'on en espère 200, 300 se déplacent. La réussite d'aujourd'hui est un constat que nous faisons sur le terrain : la mobilisation est en marche. Elle est dans les esprits et tout ce que nous ferons sera inévitablement une sorte de levier pour la faire progresser.
Quel est par ailleurs le rôle de l'Union en Mouvement ? La question nous est beaucoup posée.
Elle est d'abord le lieu d'accueil des partisans de Jacques Chirac qui n'appartiennent pas au RPR ou ne se revendiquent pas Gaullistes.
L'Union en Mouvement a trois fonctions.
Elle aura en période électorale d'abord la fonction très importante de garante du code de bonne conduite, c'est-à-dire de signaler tout "franchissement de la ligne blanche" par l'un ou l'autre candidat. Elle aura là un poids psychologique sérieux.
Sa deuxième fonction sera d'être le lieu de coordination du Projet. Le Rassemblement Pour la République a aujourd'hui son Projet. D'autres mouvements, d'autres groupes travaillent sur des projets afin de les présenter aux futures élections. Une synthèse sera nécessaire : l'Union en Mouvement peut en être le lieu.
Troisièmement, l'Union peut être aussi le lieu - si les autres formations en manifestent la volonté - d'un certain "label d'union" pour les élections futures, en particulier législatives. Ceci permettrait à Jacques Chirac, par ce label, de ne pas être le candidat du seul Rassemblement Pour la République.
Notre souhait est naturellement d'y participer et, en répondant à vos questions, nous vous dirons comment nous voyons les choses sur le terrain.
Il faut aussi savoir et être conscients que l'union, finalement, se fera pour les élections législatives avec l'UDF et avec Démocratie Libérale et qu'elle dépendra des conditions de réussite de l'élection présidentielle.
Tel était mon propos en guise d'introduction, avant de vous donner la parole pour que vous nous interrogiez sur vos préoccupations, dans vos départements ou dans vos communes.
Les conditions sont meilleures qu'il y a deux ans. Une mobilisation est cependant nécessaire dès aujourd'hui. Nous constatons sur le terrain qu'elle est possible et qu'elle entraînera inévitablement la légitimité et la crédibilité de notre candidat aux élections présidentielles, mais aussi par extension de tous nos candidats aux élections législatives.
6 Dès votre retour, je le disais à mon propre secrétaire départemental, il faut rouvrir les permanences. Si elles n'avaient pas retrouvé leur rythme de vie, il faut y organiser des réunions pour bien montrer que tous se mobilisent.
Il faut d'ores et déjà organiser votre travail des semaines à venir, tout en se rappelant cette citation de Saint Augustin que Didier Quentin m'a soufflée un jour : "Tout reste possible tant qu'il reste l'inquiétude".
Un peu d'inquiétude doit subsister en nous et je vous assure que la victoire sera l'année prochaine au bout du compte. Merci à tous.
(Source http://www.rpr.org, le 18 octobre 2001)