Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs du monde entier en France,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs de France à l'étranger,
Mesdames et Messieurs, ces ambassadeurs particuliers dont je dirai un mot, que sont tous nos amis de la gastronomie,
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
D'abord Monsieur le Président de la République je voudrais vous remercier de l'honneur que vous nous faites d'être ici. Je crois que c'est la première fois d'ailleurs que vous venez dans cette modeste chaumine, dont je veux en peu de mots vous conter l'histoire, l'ayant apprise moi-même seulement aux bouts de quelques mois de ministère.
Au début des années 1950, une famille généreuse eut l'idée de donner cet ensemble, de près de 30 hectares, au ministre des affaires étrangères de l'époque, qui était M. Robert Schuman, parce que cette famille avait beaucoup d'admiration pour l'engagement européen de ce ministre. Robert Schuman a reçu ce legs et ensuite ce legs a été transmis, non pas à l'État français mais - dans un mécanisme juridique que je ne cherche pas à comprendre - au ministre et pas pour un usage personnel.
Ainsi le ministre des affaires étrangères a ce domaine à sa disposition. Celui-ci avait servi à un certain nombre de réunions diplomatiques internationales, on parle des accords de La Celle Saint-Cloud, etc. Il s'est trouvé que ce domaine a un peu vieilli avec le temps mais a été rénové grâce à Marie-France qui a eu l'idée de faire venir toute une série d'artistes, de sculpteurs et de remettre, sans contribution des deniers publics, tout cela à neuf. Maintenant cela peut être utilisé pour le rayonnement français et l'amitié entre d'autres peuples et le nôtre. Voilà l'histoire de ce domaine.
Il y a ici des ambassadeurs et il y a ici, surtout, une réunion d'amitié, de convivialité autour de la gastronomie. C'est un grand honneur, Monsieur le Président de la République, que celles et ceux qui sont là reçoivent en vous accueillant.
Mes seconds remerciements vont aux ambassadeurs étrangers en France. Ils savent maintenant, c'est la deuxième fois que nous faisons cela, qu'à la fin du mois d'août, ils ont une épreuve particulièrement pénible, qui est de venir ici et de goûter le meilleur de la gastronomie française. Je veux saisir cette occasion pour leur dire que, bien évidemment, ils sont les bienvenus en France, que nous apprécions énormément de travailler avec eux, avec les pays qu'ils représentent et qu'ils sont, en particulier, chez eux au Quai d'Orsay, dès lors qu'ils n'abusent pas de cette formule. Mais ils sont en tous les cas très proches de notre coeur et nous sommes à leur disposition.
Il y a les ambassadeurs français à l'étranger, qui sont tous là, et qui ont eu deux excellents moments dans leur journée, dans leur semaine, puisque maintenant ce n'est plus la conférence des ambassadeurs mais la semaine des ambassadeurs et on apprécie la nuance.
Ils ont d'abord entendu vos instructions au début de la semaine lorsque vous avez tracé, comme c'est la tradition, les grandes lignes de la politique étrangère de la France, et ils se retrouvent aujourd'hui pour vous écouter. Entre temps, ils ont beaucoup souffert, mais ils l'ont fait avec plaisir parce que cette semaine a été excellente. Le second jour, je les ai transformés un petit peu par un exercice que l'on appelle en bon français «speed dating». Lors de cet exercice spectaculaire, vous aviez nos ambassadeurs chacun assis devant une petite table avec en face un entrepreneur de PME qui expliquait ce dont il avait besoin. Au bout de 15 minutes, il y avait un gong qui s'arrêtait et qui sonnait, et le chef d'entreprise devait changer de place. Comme cela nous avons eu 500 entrepreneurs dans l'après-midi qui ont confrontés leurs vues, leurs désirs, leurs souhaits, dans le cadre de la diplomatie économique avec les ambassadeurs.
Je crois que, de part et d'autre, on a été extrêmement heureux, mais c'était un petit peu nouveau. Le Quai d'Orsay a tremblé sur ses bases. Le lendemain, pour être plus traditionnel, nous avons entendu, c'était un grand honneur, le secrétaire général des Nations unies. Nous avons parlé ensemble, et plus que parlé, de cette grande perspective qu'est la conférence de Paris, la COP21 que la France va avoir l'honneur d'accueillir à la fin de cette année et qui doit permettre - pour parler simple - au monde de continuer à vivre correctement. C'est un grand honneur, là aussi, que la France ait été choisie. Il faut dire que ce choix avait été facilité, Monsieur le Président de la République, par le fait que nous étions les seuls candidats. Je me rappelle fort bien et vous aussi, que lorsque je vous ai soumis la question de la manière suivante : «Jusqu'à présent toutes les conférences de ce type ont été des échecs. Pensez-vous que nous devrions être candidats ?» C'est là où on sent l'intuition du politique, vous m'avez dit «oui». Je vous ai demandé de répéter ; vous m'avez dit « oui ». Et moi, dont chacun connaît l'esprit discipliné, j'ai porté cette parole et nous avons été choisis.
Il y a eu, donc, des temps extrêmement forts dans cette semaine des ambassadeurs. En particulier hier où nous avons tracé la perspective du Quai d'Orsay pour les années qui viennent, les décennies qui viennent à partir d'un exercice de réflexion collective qui était mené depuis le début de l'année.
Aujourd'hui, il y a la récompense, si je puis dire, de se retrouver entre amis autour de repas excellents. C'est le quatrième remerciement à ces ambassadeurs très particuliers qui n'ont pas présenté leurs lettres de créances - ils le font tous les jours - mais qui sont des ambassadeurs à la fois de la France en France et de la France dans le monde. Ce sont nos grands chefs étoilés, nos grands cuisiniers, nos meilleurs ouvriers de France et toutes celles et tous ceux qui rendent possible la journée d'aujourd'hui et qui le font évidemment à titre bénévole.
Vous m'avez fait le grand cadeau, Monsieur le Président de la République, d'inclure dans mon portefeuille ministériel - ce qui n'était pas évident - le tourisme et la gastronomie. Je dois dire que pour moi cela a été vraiment quelque chose de très important et de positif parce que je rencontre des femmes et des hommes d'immense qualité. Ils ont ceci de commun avec les diplomates qui veulent le meilleur pour la France et qui savent que le meilleur ce n'est pas simplement pour la France seule mais pour l'ensemble du monde et qui essaient de pratiquer comme nous la convivialité.
Je n'ai que des remerciements à vous faire et que des remerciements à leur faire parce qu'ils font un travail magnifique. J'ai demandé aux diplomates qui l'ont fait, avec au départ hésitation et maintenant avec empressement, d'être les auxiliaires de notre gastronomie partout dans le monde.
Il faut se méfier des sondages mais quand ils sont bons, on peut en parler. La question adressée aux Français était la suivante : «Pensez-vous que la gastronomie fasse partie du patrimoine de la France ?» La réponse est oui à 96%. Il y a toujours 4% de personnes souffrantes... Ce n'est pas simplement un patrimoine traditionnel mais quelque chose de vivant, quelque chose qui donne l'image créative et conviviale de ce qu'est notre pays. Nous avons bien l'intention, sous votre impulsion, Monsieur le Président de la République, de continuer de mettre au premier rang la gastronomie et ce qui va avec : la convivialité et, ce qui n'avait pas toujours été le cas, le tourisme qui est un joyau, un trésor national. La France a de la chance de pouvoir partager ce joyau avec beaucoup d'autres.
Voilà en quelques mots, l'allocution d'accueil que je voulais prononcer. J'ajouterai un mot particulier. Comme vous l'avez remarqué, il a plu ces derniers jours. La question m'a été posée par Marie-France et par mon directeur de cabinet : «est-ce que l'on maintient ?» Vous m'aviez dit, Monsieur le Président de la République que vous viendriez. J'ai dit oui, non pas par esprit de paradoxe mais parce que je croyais que vous viendriez et qu'il ferait beau. Le pari est rempli.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 septembre 2015