Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs, Chers invités,
Si j'ai souhaité lancer avec vous ce matin, Monsieur le Président, la double opération "BNP pour lire et pour apprendre", c'est d'abord pour exprimer ma satisfaction devant une action de partenariat et de coopération heureusement engagée entre l'Etat et une grande entreprise française, en l'occurrence la Banque nationale de Paris.
Ce projet débute, en effet, sous les meilleurs auspices : votre engagement personnel au-delà de ce que nous allons faire ensemble en 1998, dans les cinq pays retenus pour la première étape, prolongera au moins jusqu'en l'an 2000 les bénéfices d'une action justement convaincante, parce qu'elle sera durable et significative dans ses effets concrets.
Dix autres sites dans le monde ont donc déjà été retenus de façon prévisionnelle. En d'autres termes, nous ne lançons pas aujourd'hui un événement, nous amorçons ensemble une véritable action de Coopération doublement profitable à votre image et au but que nous poursuivons inlassablement : donner de la langue française dans le monde, la plus haute idée possible, celle d'un grand vecteur moderne de formation, nécessaire pour les échanges économiques et culturels des pays où nous affirmons notre présence.
Les services du ministère des Affaires étrangères, en l'occurrence la direction générale des Relations culturelles scientifiques et techniques, ont de leur côté joué pleinement leur rôle. En quelque sorte, conseillers culturels de votre entreprise, nos experts ont su vous guider vers des propositions qui soient à la fois suffisamment ambitieuses pour l'objectif que nous nous assignons et réalistes pour produire des résultats immédiats. Pour ce faire, ils ont mobilisé notre réseau culturel qui garantira le succès du projet et veillera, soyez-en sûrs à éviter les écueils que l'action de terrain pourra ici ou là présenter.
Sans doute une banque comme la vôtre n'a t-elle pas été inattentive, Monsieur le Président, au profond mouvement de réforme auquel le Premier ministre a, en février dernier, convié notre Coopération internationale. Mon propos n'est pas d'en redire l'esprit et la lettre ce matin.
Je voudrais simplement vous rendre sensibles, s'il en était besoin, au fait qu'il répond justement à la nécessité de doter notre pays d'un outil de Coopération qui lui garantisse dans le monde d'aujourd'hui la présence et l'influence dont il a l'ambition et qu'attendent du reste nombre de ses partenaires. Mais il répond également à l'attente de la société française, elle-même engagée, projetée, sous des formes multiples, dans le monde de l'échange, qui méconnaît, nous le voyons bien, toutes les frontières du passé : géographiques, idéologiques, politiques.
Mon expérience personnelle, d'élu local, de responsable d'une collectivité territoriale, très tôt m'a convaincu de ce que notre pays, opérant avec la décentralisation l'une des mues les plus importantes de son histoire contemporaine, libérait du même coup une somme d'énergie considérable dont la disponibilité était totale pour l'action extérieure de la France.
Les faits nous donnent raison. Aux responsabilités que j'occupe aujourd'hui, il m'est évidemment plus facile d'accompagner ce mouvement en dotant notre administration d'une structure de dialogue et de projets qui tout à la fois régule, coordonne, amplifie l'investissement des collectivités, mais aussi des opérateurs non gouvernementaux, à l'international.
Toutes choses égales par ailleurs, c'est le même travail qu'il nous faut maintenant faire en direction de l'entreprise, l'autre grande force vive du pays et dont l'essaimage dans le monde entier lui garantit une grande part de son avenir.
Que l'on m'entende bien. Lorsque je dis "effort à entreprendre", j'ai bien conscience que nous ne partons pas de rien.
Votre établissement, Monsieur le Président, n'est pas en reste sur ce sujet. Vous pratiquez le mécénat depuis longtemps, et vous le concevez maintenant comme un élément normal de la culture d'entreprise.
Les pouvoirs publics, quant à eux, ont ces dernières années donné un sens nouveau à notre coopération culturelle. Quoique la France l'ait dans sa tradition diplomatique toujours privilégiée, elle a su en faire, et cela n'est pas toujours connu, et pas suffisamment valorisé, l'un des "produits" les plus attendus sur le marché international.
J'emploie à dessein ce terme emprunté au langage commercial, pour un bien immatériel et noble que par un réflexe justement culturel, nous récusons souvent.
Or que constate-t-on aujourd'hui ?
Lorsque la direction générale des Relations culturelles scientifiques et techniques investit 1 franc à l'extérieur pour la culture, la science et la technologie française, le taux de retour est au minimum de 2,40 francs, par le seul fait de la participation ajoutée de nos entreprises, voire des pays avec lesquels nous coopérons. Nos actions on le voit, non seulement sont attendues, elles sont recherchées. Et ces chiffres naturellement sont globaux, ils ne reflètent pas les contrastes entre des zones et des pays plus ou moins solvables.
J'irai plus loin : l'Association française d'action artistique, opérateur culturel du ministère des Affaires étrangères, en six ans, entre 1992 et 1997 a su mobiliser près de 17 millions de francs pour des opérations montées avec le mécénat d'entreprise. Sur la seule année 1998, elle atteindra très probablement 10 millions de francs pour des actions identiques.
C'est dire l'effort accompli et l'intérêt qu'il rencontre auprès de nos grandes entreprises. Ces chiffres pourraient, à l'aune des échanges, paraître modestes. Ils se traduisent en réalité à chaque fois par des manifestations remarquées dont personne ne conteste ni l'intérêt, ni la valeur ajoutée.
Enfin, dans les pays en développement où, on le sait bien, les contraintes sont telles que les pouvoirs publics ont les plus grandes difficultés à mobiliser un budget pour la Culture, notre Coopération dans ces domaines opère tout autrement mais la logique est la même : parce que notre conception de la culture comme moteur des initiatives, dans tous les domaines de l'activité sociale, économique est crédible, je ne sache pas qu'un projet aujourd'hui ne bénéficie pas des cofinancements des grandes instances de Coopération internationale.
C'est le fait d'une vision des choses respectée par nos partenaires et d'un réseau d'expertise qui n'a pas d'égal dans le monde contemporain. Chacun en conviendra, nous lui devons beaucoup de l'exceptionnelle relation de confiance et de fidélité que nous avons avec ces pays.
Le gouvernement est convaincu que tout le sens de notre effort consiste à rendre ce réseau encore plus performant, encore plus disponible pour soutenir l'offre culturelle française dans le monde entier. En lui rendant hommage, Monsieur le Président, chacun voit que vous en défendez le principe. Car il faut le dire sans détour : si ce réseau a un coût, le profit que la France en retire est largement supérieur à la mise initiale et tous les acteurs directement attachés à notre développement international le savent bien.
Mais si la culture française au sens large est un produit qui se vend bien, c'est autant parce que chacun en voit la valeur. Je le dirai autrement : s'il est recherché, c'est pour les valeurs qu'il véhicule.
Vous même n'avez pas ciblé au hasard cette opération " BNP pour lire et pour apprendre". Vous avez souhaité l'associer à la promotion du français et à la formation des jeunes, en français, dans des places économiques où notre langue est tout à la fois aimée, partagée et concurrencée.
C'est la règle aujourd'hui, partout dans le monde. Mais notre expérience commune nous convainc qu'au lieu de s'en alarmer, mieux vaut y remédier par des actions hautement sensibles aux jeunes et aux futures élites, promptes à en saisir le sens : car ces contenus que nous faisons circuler, ces formations que nous offrons aux meilleurs, nous les retrouverons un jour ou l'autre tant elles impriment leur marque aux esprits. A condition naturellement qu'au-delà d'une manifestation de solidarité, dont les bénéficiaires nous sont reconnaissants, nous soyons capables de suivre cet investissement et de prouver que notre langue, notre système de formation comptent aujourd'hui parmi les solides atouts pour l'emploi et l'insertion.
Généralement, et c'est par là que je voudrais conclure, l'une des caractéristiques principales de notre action culturelle extérieure, c'est sa très grande attention aux contextes nationaux et régionaux dans lesquelles elle s'inscrit.
Sans doute le doit-elle encore une fois à son réseau, à la présence de ses experts, à leur écoute.
Sans doute le doit-on aussi à notre histoire, car la France, et c'est sa force, sait d'où lui vient son identité ; elle se souvient du lent travail au fil des siècles de réunion, de synthèse de ses identités multiples. Elle n'en néglige du reste rien dans l'intégration européenne où elle tient son rang.
En tout cas, notre Coopération internationale cherche toujours à oeuvrer dans le respect profond de l'identité culturelle de nos partenaires qu'elle cherche à valoriser, et dans le souci de ne rien négliger des intérêts qui les animent dans les espaces régionaux où ils évoluent.
Cela est rendu possible par un effort de déconcentration de nos moyens qui laissent à nos experts le soin de l'analyse, de l'initiative et du suivi direct de leurs projets.
C'est ce respect qui nous vaut tout à la fois la confiance de nos partenaires et la vôtre lorsque vous souhaitez approfondir vos échanges avec eux.
Ces efforts conjugués, il fallait que je vous en redise le prix et l'intérêt que la France y attache.
Soyez sûrs en tout cas de mon soutien lorsque vous les sollicitez.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2001
Mesdames, Messieurs, Chers invités,
Si j'ai souhaité lancer avec vous ce matin, Monsieur le Président, la double opération "BNP pour lire et pour apprendre", c'est d'abord pour exprimer ma satisfaction devant une action de partenariat et de coopération heureusement engagée entre l'Etat et une grande entreprise française, en l'occurrence la Banque nationale de Paris.
Ce projet débute, en effet, sous les meilleurs auspices : votre engagement personnel au-delà de ce que nous allons faire ensemble en 1998, dans les cinq pays retenus pour la première étape, prolongera au moins jusqu'en l'an 2000 les bénéfices d'une action justement convaincante, parce qu'elle sera durable et significative dans ses effets concrets.
Dix autres sites dans le monde ont donc déjà été retenus de façon prévisionnelle. En d'autres termes, nous ne lançons pas aujourd'hui un événement, nous amorçons ensemble une véritable action de Coopération doublement profitable à votre image et au but que nous poursuivons inlassablement : donner de la langue française dans le monde, la plus haute idée possible, celle d'un grand vecteur moderne de formation, nécessaire pour les échanges économiques et culturels des pays où nous affirmons notre présence.
Les services du ministère des Affaires étrangères, en l'occurrence la direction générale des Relations culturelles scientifiques et techniques, ont de leur côté joué pleinement leur rôle. En quelque sorte, conseillers culturels de votre entreprise, nos experts ont su vous guider vers des propositions qui soient à la fois suffisamment ambitieuses pour l'objectif que nous nous assignons et réalistes pour produire des résultats immédiats. Pour ce faire, ils ont mobilisé notre réseau culturel qui garantira le succès du projet et veillera, soyez-en sûrs à éviter les écueils que l'action de terrain pourra ici ou là présenter.
Sans doute une banque comme la vôtre n'a t-elle pas été inattentive, Monsieur le Président, au profond mouvement de réforme auquel le Premier ministre a, en février dernier, convié notre Coopération internationale. Mon propos n'est pas d'en redire l'esprit et la lettre ce matin.
Je voudrais simplement vous rendre sensibles, s'il en était besoin, au fait qu'il répond justement à la nécessité de doter notre pays d'un outil de Coopération qui lui garantisse dans le monde d'aujourd'hui la présence et l'influence dont il a l'ambition et qu'attendent du reste nombre de ses partenaires. Mais il répond également à l'attente de la société française, elle-même engagée, projetée, sous des formes multiples, dans le monde de l'échange, qui méconnaît, nous le voyons bien, toutes les frontières du passé : géographiques, idéologiques, politiques.
Mon expérience personnelle, d'élu local, de responsable d'une collectivité territoriale, très tôt m'a convaincu de ce que notre pays, opérant avec la décentralisation l'une des mues les plus importantes de son histoire contemporaine, libérait du même coup une somme d'énergie considérable dont la disponibilité était totale pour l'action extérieure de la France.
Les faits nous donnent raison. Aux responsabilités que j'occupe aujourd'hui, il m'est évidemment plus facile d'accompagner ce mouvement en dotant notre administration d'une structure de dialogue et de projets qui tout à la fois régule, coordonne, amplifie l'investissement des collectivités, mais aussi des opérateurs non gouvernementaux, à l'international.
Toutes choses égales par ailleurs, c'est le même travail qu'il nous faut maintenant faire en direction de l'entreprise, l'autre grande force vive du pays et dont l'essaimage dans le monde entier lui garantit une grande part de son avenir.
Que l'on m'entende bien. Lorsque je dis "effort à entreprendre", j'ai bien conscience que nous ne partons pas de rien.
Votre établissement, Monsieur le Président, n'est pas en reste sur ce sujet. Vous pratiquez le mécénat depuis longtemps, et vous le concevez maintenant comme un élément normal de la culture d'entreprise.
Les pouvoirs publics, quant à eux, ont ces dernières années donné un sens nouveau à notre coopération culturelle. Quoique la France l'ait dans sa tradition diplomatique toujours privilégiée, elle a su en faire, et cela n'est pas toujours connu, et pas suffisamment valorisé, l'un des "produits" les plus attendus sur le marché international.
J'emploie à dessein ce terme emprunté au langage commercial, pour un bien immatériel et noble que par un réflexe justement culturel, nous récusons souvent.
Or que constate-t-on aujourd'hui ?
Lorsque la direction générale des Relations culturelles scientifiques et techniques investit 1 franc à l'extérieur pour la culture, la science et la technologie française, le taux de retour est au minimum de 2,40 francs, par le seul fait de la participation ajoutée de nos entreprises, voire des pays avec lesquels nous coopérons. Nos actions on le voit, non seulement sont attendues, elles sont recherchées. Et ces chiffres naturellement sont globaux, ils ne reflètent pas les contrastes entre des zones et des pays plus ou moins solvables.
J'irai plus loin : l'Association française d'action artistique, opérateur culturel du ministère des Affaires étrangères, en six ans, entre 1992 et 1997 a su mobiliser près de 17 millions de francs pour des opérations montées avec le mécénat d'entreprise. Sur la seule année 1998, elle atteindra très probablement 10 millions de francs pour des actions identiques.
C'est dire l'effort accompli et l'intérêt qu'il rencontre auprès de nos grandes entreprises. Ces chiffres pourraient, à l'aune des échanges, paraître modestes. Ils se traduisent en réalité à chaque fois par des manifestations remarquées dont personne ne conteste ni l'intérêt, ni la valeur ajoutée.
Enfin, dans les pays en développement où, on le sait bien, les contraintes sont telles que les pouvoirs publics ont les plus grandes difficultés à mobiliser un budget pour la Culture, notre Coopération dans ces domaines opère tout autrement mais la logique est la même : parce que notre conception de la culture comme moteur des initiatives, dans tous les domaines de l'activité sociale, économique est crédible, je ne sache pas qu'un projet aujourd'hui ne bénéficie pas des cofinancements des grandes instances de Coopération internationale.
C'est le fait d'une vision des choses respectée par nos partenaires et d'un réseau d'expertise qui n'a pas d'égal dans le monde contemporain. Chacun en conviendra, nous lui devons beaucoup de l'exceptionnelle relation de confiance et de fidélité que nous avons avec ces pays.
Le gouvernement est convaincu que tout le sens de notre effort consiste à rendre ce réseau encore plus performant, encore plus disponible pour soutenir l'offre culturelle française dans le monde entier. En lui rendant hommage, Monsieur le Président, chacun voit que vous en défendez le principe. Car il faut le dire sans détour : si ce réseau a un coût, le profit que la France en retire est largement supérieur à la mise initiale et tous les acteurs directement attachés à notre développement international le savent bien.
Mais si la culture française au sens large est un produit qui se vend bien, c'est autant parce que chacun en voit la valeur. Je le dirai autrement : s'il est recherché, c'est pour les valeurs qu'il véhicule.
Vous même n'avez pas ciblé au hasard cette opération " BNP pour lire et pour apprendre". Vous avez souhaité l'associer à la promotion du français et à la formation des jeunes, en français, dans des places économiques où notre langue est tout à la fois aimée, partagée et concurrencée.
C'est la règle aujourd'hui, partout dans le monde. Mais notre expérience commune nous convainc qu'au lieu de s'en alarmer, mieux vaut y remédier par des actions hautement sensibles aux jeunes et aux futures élites, promptes à en saisir le sens : car ces contenus que nous faisons circuler, ces formations que nous offrons aux meilleurs, nous les retrouverons un jour ou l'autre tant elles impriment leur marque aux esprits. A condition naturellement qu'au-delà d'une manifestation de solidarité, dont les bénéficiaires nous sont reconnaissants, nous soyons capables de suivre cet investissement et de prouver que notre langue, notre système de formation comptent aujourd'hui parmi les solides atouts pour l'emploi et l'insertion.
Généralement, et c'est par là que je voudrais conclure, l'une des caractéristiques principales de notre action culturelle extérieure, c'est sa très grande attention aux contextes nationaux et régionaux dans lesquelles elle s'inscrit.
Sans doute le doit-elle encore une fois à son réseau, à la présence de ses experts, à leur écoute.
Sans doute le doit-on aussi à notre histoire, car la France, et c'est sa force, sait d'où lui vient son identité ; elle se souvient du lent travail au fil des siècles de réunion, de synthèse de ses identités multiples. Elle n'en néglige du reste rien dans l'intégration européenne où elle tient son rang.
En tout cas, notre Coopération internationale cherche toujours à oeuvrer dans le respect profond de l'identité culturelle de nos partenaires qu'elle cherche à valoriser, et dans le souci de ne rien négliger des intérêts qui les animent dans les espaces régionaux où ils évoluent.
Cela est rendu possible par un effort de déconcentration de nos moyens qui laissent à nos experts le soin de l'analyse, de l'initiative et du suivi direct de leurs projets.
C'est ce respect qui nous vaut tout à la fois la confiance de nos partenaires et la vôtre lorsque vous souhaitez approfondir vos échanges avec eux.
Ces efforts conjugués, il fallait que je vous en redise le prix et l'intérêt que la France y attache.
Soyez sûrs en tout cas de mon soutien lorsque vous les sollicitez.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2001