Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "France Info" le 25 janvier 2017, sur les chiffres du chômage, les primaires à gauche et sur les révélations du Canard Enchaîné sur Pénélope Fillon.

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Média : France Info

Texte intégral

FABIENNE SINTES
Notre invité ce matin est le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Canard Enchaîné évoque le cas de Penelope FILLON, l'épouse de François FILLON, le candidat des Républicains à la présidence de la République. Le Canard rapporte qu'elle a été assistante parlementaire de son mari à partir de 1998 puis de son suppléant à partir de 2002. Le Canard dit qu'on n'est pas certain qu'elle ait effectué un vrai travail parlementaire en contrepartie du salaire qu'elle a perçu. François FILLON, c'est votre voisin dans la Sarthe, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
C'est plus que mon voisin. C'est un Sarthois. Quand je me suis présenté, j'ai été élu dans une circonscription qui était la sienne avant qu'il ne parte à Paris. J'entends beaucoup parler de canards en ce moment.
GUY BIRENBAUM
Pas les mêmes.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas les mêmes.
JEAN-MICHEL APHATIE
Est-ce que vous saviez que Penelope FILLON était l'assistante parlementaire de François FILLON ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Non, ça je ne le savais pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Est-ce que c'est un problème ? Est-ce qu'il y a matière à s'indigner ou est-ce que c'est ce qu'on appelle des boules puantes qui n'ont aucune importance ?
STEPHANE LE FOLL
Il n'y a priori rien d'illégal.
GILLES BORNSTEIN
Sauf si l'emploi est fictif.
STEPHANE LE FOLL
Mais ça, je ne vais pas en juger. Ce n'est pas moi qui vais faire de commentaires sur le sujet. Après, ce n'est pas du tout la manière dont je vois les choses, la manière dont on doit fonctionner.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous voulez dire ? Il ne faut pas parler de ce genre d'information ?
FABIENNE SINTES
Ou ne pas utiliser sa famille ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Qu'est-ce que vous voulez dire ?
STEPHANE LE FOLL
Je dis que ce n'est pas la manière dont je fonctionne ou la manière dont je vois les choses. Je n'ai jamais demandé – et d'ailleurs ma femme l'aurait refusé. On essaye de faire de la politique, quand on s'engage on la fait. J'entendais Benoît HAMON ce matin qui disait : « On va interdire le fait de pouvoir embaucher quelqu'un dans sa famille », mais si c'est pour que d'autres embauchent des gens de sa famille… Ce n'est pas le sujet, c'est la manière. Si on fait de la politique avec quelqu'un qui est de sa famille, on en fait. On l'assume et puis c'est comme ça.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais ce n'est pas votre manière de faire.
STEPHANE LE FOLL
Je fais simplement ce constat-là. Ce n'est pas ma manière de faire. Après, il n'y a rien pour l'instant…
GILLES BORNSTEIN
Vous doutez de la réalité du travail de madame FILLON ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'en doute pas. Je ne sais pas. Je suis comme vous, j'apprends tout ça ce matin. Je connais la Sarthe assez bien, je connais aussi et Penelope FILLON et François FILLON. Je n'ai pas d'autres commentaires à dire et à faire ce matin.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous suggérez que ça manque d'éthique. C'est ça que vous voulez dire ?
STEPHANE LE FOLL
C'est chacun qui jugera. Ce n'est pas ma manière de faire, voilà.
JEAN-MICHEL APHATIE
Chacun jugera.
GILLES BORNSTEIN
Et le fait qu'elle ait été employée dans la revue de Marc LADREIT DE LACHARRIERE qui est un grand patron assez puissant, qu'est-ce que ça vous inspire ?
STEPHANE LE FOLL
Là encore, je ne vois pas au nom de quoi une femme d'un homme politique ne pourrait pas aller travailler dans un journal. Il faut aussi qu'on essaye d'être un peu raisonnable sur ces questions-là. Après, qu'est-ce que ça m'inspire ? Elle était employée, elle devait réaliser un travail. Ça ne m'inspire rien d'autre que cela. Après, je ne ferai pas vraiment beaucoup d'autres commentaires parce que je serais là dans la suspicion et je n'ai pas envie d'y être.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, vous n'avez pas envie d'y être. On a compris.
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas envie d'y être mais en même temps, je le dis, ce n'est pas comme ça que je vois les choses et ma manière de faire de la politique.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça serait bien que François FILLON s'exprime là-dessus ou pas ? Vous attendez quelque chose de sa part ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que de toute façon, il y sera à un moment ou à un autre appelé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et ce sera bienvenu ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, oui. Il faut qu'il dise ce qui s'est passé, pourquoi et comment. Ce n'est pas le sujet, je l'ai dit, du fait que quelqu'un travaille parce qu'il est de la famille où c'est la femme d'un homme politique. Simplement le fait que ça se justifie et que ça s'explique, c'est tout.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes porte-parole du gouvernement, Stéphane LE FOLL. Comme chaque fois vers la fin du mois vous êtes amené à commenter les chiffres du chômage. On pensait que la tendance était bonne, que les emplois étaient créés en France. Septembre, octobre, novembre, le chômage avait baissé. Il augmente de nouveau en décembre, vingt-six mille personnes supplémentaires privées de toute activité en décembre. Décidément jusqu'au bout, la question du chômage aura été l'échec du gouvernement.
STEPHANE LE FOLL
Jean-Michel APHATIE, j'ai regardé ça ce matin. Sur douze mois, sept mois de baisse, cinq mois de hausse. Sept mois de baisse. Et au final, parce que ce chiffre mensuel finit par être une espèce de psychodrame tous les mois, au final – c'est comme ça qu'il faut qu'on regarde – c'est quelle est la tendance. Est-ce que ça a augmenté ? Est-ce que ça a baissé ? Ça a baissé de trois pour cent.
GILLES BORNSTEIN
Benoît HAMON lui-même dit ce matin que c'est un échec.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais Benoît HAMON a toujours contesté la politique qui a été conduite et largement le quinquennat. Je ne suis pas étonné de cette remarque de Benoît HAMON. Mais en 2016, pour la première fois depuis 2007, c'est une baisse de plus de cent mille, cent sept mille demandeurs d'emploi en moins. C'est la première fois depuis donc 2007. Donc ça, c'est un point et c'est une tendance. Après, je vous l'ai dit, sept mois de baisse, cinq mois de hausse. Tous les mois, on est là en train de guetter si ça baisse ou si ça augmente.
JEAN-MICHEL APHATIE
Avec une augmentation forte, très forte des personnes sans emploi en formation. Des formations dont on n'est pas certain qu'elles soient qualifiantes, quelquefois on se demande si c'est ce qu'on appelle…
STEPHANE LE FOLL
Comment vous le justifiez, le passage des « très forte » ? C'est comment ? Allez-y, dites-moi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce qui le justifie, ce sont les chiffres.
STEPHANE LE FOLL
C'est quoi les chiffres ?
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est dommage, tiens ! J'aurais dû les prendre.
STEPHANE LE FOLL
Parce que c'est le passage de A en C.
JEAN-MICHEL APHATIE
En D.
STEPHANE LE FOLL
En D ? Ce débat, on l'a eu à chaque fois.
JEAN-MICHEL APHATIE
A chaque fois. Et à chaque fois, vous l'avez nourri contre les gouvernements quand vous étiez dans l'opposition, c'est-à-dire que ce ne sont pas des créations d'emploi marchands, mais ce sont beaucoup de…
STEPHANE LE FOLL
Est-ce que vous m'avez entendu parler de…
JEAN-MICHEL APHATIE
Peut-être pas vous spécifiquement. Le traitement statistique du chômage, ce n'est pas nouveau.
STEPHANE LE FOLL
Cette question sur le D, elle est très intéressante. C'est que jusqu'à ce chiffre-là, il n'y avait pas de variation en augmentation du nombre d'inscrits en catégorie D. Je signale qu'on intègre dedans des gens qui vont se former. Après on peut dire : « Mais à quoi ça sert de se former ? » Si, il y a des formations qui débouchent sur des emplois. La preuve, c'est que la catégorie D sur les mois qui viennent de se passer est restée stable. Ça veut dire qu'il y a des gens qui y sont rentrés et d'autres qui sont sortis en retrouvant un emploi puisqu'il y avait la baisse de la catégorie A.
Il faut faire sur un mois attention là encore. La formation est nécessaire. Le fait qu'il y ait de la catégorie D, c'est important. Ça veut dire qu'il y a des gens qui rentrent en formation. Les autres mois, je le dis, stabilité de la catégorie D, baisse de la catégorie A. Ça veut dire que ceux qui sont rentrés en formation sont sortis et ont trouvé un emploi.
GILLES BORNSTEIN
Stéphane LE FOLL, sortons des chiffres. Question plus politique. Est-ce que cette augmentation mensuelle donne raison à ceux qui disent qu'en échange du CICE, il aurait fallu demander des contreparties aux patrons ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Et réponse rapide.
STEPHANE LE FOLL
Rapide. C'est quoi le CICE ? C'était un problème lié à la compétitivité.
GILLES BORNSTEIN
Les contreparties. Fallait-il demander des contreparties ?
STEPHANE LE FOLL
Vous me posez une question, il faut que je réponde rapidement, je n'ai même pas commencé à répondre que déjà j'ai une autre question. Le CICE, c'est quoi ? C'était une baisse de charges qui était calculée sur quoi ? Sur la masse salariale de toutes les entreprises. Six pour cent, on passe à sept pour cent. On avait calculé la compétitivité sur le nombre d'emplois pour essayer justement de garder des emplois. Combien y aurait-il d'emplois de perdus s'il n'y avait pas eu le CICE ? Des estimations, on n'en a pas tellement aujourd'hui. Est-ce que ç'a été directement une contrepartie à la création d'emploi ? On le sait, la création d'emploi dépend aussi de l'activité de manière générale. Voilà la question qui est posée et voilà la réponse que je vous apporte. […]
JEAN-MICHEL APHATIE
Le second tour de la Belle Alliance Populaire aura lieu dimanche.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous le saviez ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. J'ai cru entendre parler d'un second tour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous savez pour qui vous allez voter, Stéphane LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
J'étais venu je crois en fin d'année ici, au mois de décembre. Vous étiez déjà là, vous étiez tous là.
FABIENNE SINTES
Avec les mêmes questions vous voulez dire ?
STEPHANE LE FOLL
Il y avait déjà eu la même question et je vous avais dit à l'époque qu'il y avait des choix qui correspondaient à ce qu'a été mon engagement politique au fond, le fait que je sois resté aussi bientôt cinq ans dans ce gouvernement de Jean-Marc AYRAULT d'abord, de Manuel VALLS ensuite, de Bernard CAZENEUVE aujourd'hui. Je ne suis pas allé à Frangy, je n'ai pas quitté le gouvernement.
GUY BIRENBAUM
A Frangy, chez Arnaud MONTEBOURG.
STEPHANE LE FOLL
Quand Arnaud MONTEBOURG invite d'ailleurs Benoît HAMON.
GUY BIRENBAUM
Et il prend la porte.
JEAN-MICHEL APHATIE
Là, vous nous faites l'histoire politique du quinquennat, d'accord.
STEPHANE LE FOLL
Oui. C'est simplement pour dire que j'avais dit que je ne voterai pas au premier tour ni pour Benoît HAMON, ni pour Arnaud MONTEBOURG.
GUY BIRENBAUM
Et là ?
STEPHANE LE FOLL
Vous pensez bien que je ne vais pas changer d'avis.
GUY BIRENBAUM
Vous n'allez pas voter ?
STEPHANE LE FOLL
J'ai dit que je ne voterai pas ni pour Arnaud MONTEBOURG, ni pour Benoît HAMON.
FABIENNE SINTES
Attendez, on va reposer la question : pour qui votez-vous au second tour ? Comme ça au moins c'est clair.
STEPHANE LE FOLL
A la question que vous m'avez posée, je vous ai répondu pour qui je ne votais pas. La déduction se fait assez naturellement.
GUY BIRENBAUM
Mais non. Vous ne pouvez pas dire Manuel VALLS ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas compris.
JEAN-MICHEL APHATIE
La question est très simple et je pense que la réponse peut l'être autant. Pour qui allez-vous voter dimanche ?
STEPHANE LE FOLL
Pour les idées que j'ai toujours défendues.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça ne sort pas facilement.
STEPHANE LE FOLL
Portées pas par Benoît HAMON, je l'ai dit. Manuel VALLS…
GILLES BORNSTEIN
Mais c'est un gros mot, Manuel VALLS ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas un gros mot. J'ai déjà été traité de peu courageux par Jean-Michel APHATIE l'autre fois. Il n'y a pas de gros mot. Je n'ai pas fait de campagne dans cette primaire, vous l'avez compris ça. Je me suis expliqué sur ce que je pense. Je donne les raisons d'un vote mais je n'ai pas fait de campagne et je n'en ferai pas non plus pour le deuxième tour.
GILLES BORNSTEIN
Vous savez très bien que ça va être interprété comme un soutien du bout des lèvres.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'avez toujours pas dit, Stéphane LE FOLL, pour qui allez-vous voter dimanche ?
STEPHANE LE FOLL
Je vous ai dit que je n'irai pas voter pour Benoît HAMON.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un sketch ! C'est un sketch !
STEPHANE LE FOLL
Je me doutais bien qu'on aurait ce sketch.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne voulez pas dire : « Je vais voter pour Manuel VALLS. » C'est incroyable.
STEPHANE LE FOLL
Je ne veux pas qu'on laisse penser que sur cette question qui est posée, la seule question à laquelle je dois répondre, c'est le nom de la personne.
JEAN-MICHEL APHATIE
Evidemment, enfin !
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr, c'est tellement évident. Pourquoi vous la posez ? Vous allez la répéter parce que votre problème à vous n'est pas ce que je pense moi, ce que je dois m'expliquer devant les gens qui écoutent. Votre problème à vous, c'est simplement de pouvoir accrocher à une dépêche AFP le fait que j'aurai dit telle ou telle chose.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne pouvez pas dire, Stéphane LE FOLL : « Je vais voter Manuel VALLS. » Franchement, c'est très éclairant au fond. Vous ne pouvez pas dire : « Je vais voter Manuel VALLS. » C'est très éclairant sur le rapport que vous avez avec Manuel VALLS.
STEPHANE LE FOLL
Mais c'est une grande découverte que vous faites là ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Un peu.
STEPHANE LE FOLL
Vous pensez que moi, depuis le début, quand j'ai pris les choix et j'ai fait les choix que j'ai faits… Vous m'aviez d'ailleurs posé cette question et vous m'aviez dit : “Ce n'est pas courageux Ce n'est pas courageux. Moi, je n'ai pas été courageux et je vais l'être encore. Je n'ai pas été responsable, je n'ai pas été loyal, je n'ai pas été correct toujours et je le serai. Et j'ai aussi à faire valoir ce que je pense au fond de moi-même politiquement et je le dis.
Manuel VALLS a été Premier ministre, il a mené une politique pendant deux ans et demi comme Premier ministre, j'ai été membre du gouvernement de Manuel VALLS et je sais très bien que Benoît HAMON a fait d'autres choix sur la question sur la question du quinquennat, a fait des propositions qui sont dans le débat, que je ne partage pas mais vraiment pas.
Moi, je suis en responsabilité mais j'ai parfaitement aussi par l'attitude qui a été la mienne fait comprendre que je n'étais pas engagé dans cette primaire, comme d'autres. Parce que, je l'ai dit d'ailleurs, je prends aussi un peu de recul et un peu de liberté. Je voudrais dire aux deux protagonistes de ce soir que l'enjeu, et je l'avais rajouté, du rassemblement va être très important.
Et que s'il y a un débat, et il y a des différences, et je vous ai expliqué ce qui faisait que moi, il y avait un projet que je ne pouvais pas soutenir, il faut aussi que tout le monde reste avec l'état d'esprit qu'il y aura besoin de se rassembler.
JEAN-MICHEL APHATIE
On clôt cette séance en notant que vous ne dites pas que vous voterez Manuel VALLS.
GILLES BORNSTEIN
Justement, je vous propose qu'on regarde un peu le climat de la campagne qui n'est pas terrible. On va commencer par Malek BOUTIH.
- Propos de Malek BOUTIH :
« Je ne l'ai pas traité. J'ai dit qu'il était en lien avec les islamo-gauchistes. Oui, c'est vrai. Il caresse dans le sens du poil. Et ce n'est pas parce qu'on est l'élu de Trappes qu'on doit suivre les Trappistes. »
GILLES BORNSTEIN
Evidemment, il parlait de Benoît HAMON. Réponse de Manuel VALLS ce matin aux 4 Vérités sur France 2.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, réponse de Benoît HAMON. Benoît HAMON se défend du procès que lui fait Malek BOUTIH.
- Extrait de l'interview de Benoît HAMON aux 4 Vérités, document France 2 :
Benoît HAMON : Vous voyez le poison ambigu sur le communautarisme, c'est fondé sur rien. Absolument rien.
Caroline ROUX : Sur certaines de vos déclarations.
Benoît HAMON : Non, non. Absolument rien de mes actes, de mes déclarations. C'est : “l'élu de Trappes est forcément ambigu avec le communautarisme Et donc, on distille un poison.
GILLES BORNSTEIN
Ce soir, ça va être du brutal ?
STEPHANE LE FOLL
Ce soir, il faut éviter que ce soit du brutal parce que demain, tout ça nécessitera, je l'ai dit quand même, qu'on ne perde pas de vue qu'il y a une élection présidentielle en 2017. Qu'il y a une droite avec François FILLON qui a un projet qui peut coûter très cher à beaucoup de Français. Très cher au sens où suppression de fonctionnaires, retraite à soixante-cinq, soixante-sept ans, passage de trente-cinq à trente-neuf heures payées trente-sept. Enfin, il y a des choses quand même qui sont lourdes de conséquences. Tout le monde doit bien avoir ça en tête d'abord. On n'est pas simplement dans un débat aujourd'hui…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous trouvez que Manuel VALLS fait une campagne trop agressive vis-à-vis de Benoît HAMON ?
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-MICHEL APHATIE
On va nommer les choses quand même, parce que là on tourne un peu autour du pot.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je pense qu'il faut qu'on évite de faire… On a un débat de fond et je partage sur le constat ce que dit Manuel VALLS sur le fond. Je l'ai dit. Là-dessus, je ne veux pas y revenir. Après il y a, sur des grandes questions liées à la République et à la laïcité des affirmations qui sont à faire, des choix qui ont été faits, d'ailleurs qui se sont exprimés à plusieurs reprises. Ensuite, chacun défend sa position.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous trouvez que le ton de Manuel VALLS est trop agressif ?
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas le ton de Manuel VALLS d'ailleurs.
GUY BIRENBAUM
Vous parlez de Malek BOUTIH ?
STEPHANE LE FOLL
Ce que j'ai entendu là, ce n'est pas de Manuel VALLS. C'est Malek BOUTIH que j'ai déjà entendu à plusieurs reprises dire des choses, et sur d'autres d'ailleurs en particulier sur le président de la République qui n'est pas non plus ce qu'on aurait pu entendre d'un député socialiste. Je trouve que là il y a des moments où il faut rappeler un peu certains à un peu de raison.
JEAN-MICHEL APHATIE
A propos de la primaire, Stéphane LE FOLL, j'ai deux questions simples qui apportent des réponses simples je pense. Pour qui avez-vous voté au premier tour ?
STEPHANE LE FOLL
[rires] Vous savez, je garde toujours la même cohérence, donc vous l'avez deviné.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais il y avait sept candidats. Pour qui avez-vous voté ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Il y avait sept candidats.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez voté pour Manuel VALLS ?
STEPHANE LE FOLL
Jean-Michel APHATIE, vous allez pouvoir poser dix fois ou vingt fois la question. Je vous ai dit ce qu'était ma motivation politique et au fond.
JEAN-MICHEL APHATIE
On appelle ça tourner autour du pot. Et j'ai une autre question toute simple : si Benoît HAMON est qualifié dimanche prochain, vous votez pour lui à la présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord, on n'est pas dimanche prochain. Et puis deuxièmement, on verra la présidentielle et les grands enjeux qu'il y a. Mais Benoît HAMON devra aussi, et c'est tout le débat qu'il y a ce soir, montrer qu'il est capable de rassembler. Il faut rassembler.
GILLES BORNSTEIN
Ce n'est pas un vote automatique ?
STEPHANE LE FOLL
C'est une primaire. Je participe à cette primaire.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas tout à fait la même question qui est posée. C'est une question politique. Jean-Michel APHATIE, ça peut faire rire. Moi, je garde l'objectif, je vous le dis, du deuxième tour de l'élection présidentielle jusqu'au bout. Je ne veux pas laisser penser que ce n'est pas l'objectif qu'on doit poursuivre. Moi, je le poursuivrai jusqu'au bout. J'espère que je me suis bien fait comprendre. […]
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Parti socialiste n'a pas réussi son examen d'expert-comptable dimanche. A propos des chiffres, on ne peut pas dire que c'était très clair. Regardez ce montage.
- Propos du comité d'organisation de la primaire de gauche :
Thomas CLAY, président de la Haute Autorité d'éthique : Nous serons entre un million et demi et deux millions de votants, sans doute plus proches de deux millions.
Jean-Christophe CAMBADELIS, Premier secrétaire du Parti socialiste : Plus d'un million cinq et que nous n'avons pas de bug, et que les choses se sont bien passées. / Il y en a un million sept.
Thomas CLAY : Ce matin à dix heures, un million six cent un mille et cent trente mille votants.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un million cinq, un million six, un million sept, on n'est certain de rien.
GUY BIRENBAUM
J'ajoute que le 23 janvier à dix-neuf heures, la Haute autorité a dit la chose suivante dans un communiqué qui est toujours en ligne au moment où je vous parle. Je suis sur le site là, en direct. « L'intégralité des chiffres par bureau, département, circonscription sera mis en ligne dans les vingt-quatre heures et accessible à tous. » Force est de constater que bien plus que vingt-quatre heures plus tard, il n'y a rien. Vous avez les chiffres, vous ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas les chiffres et je ne peux demander qu'une chose. C'est que par rapport à l'engagement qui a été celui de tous ceux qui ont organisé cette primaire, par rapport à l'engagement de ceux qui se sont déplacés et que j'ai vus quand je suis moi-même allé voter, parce qu'il y a des gens qui sont venus, je pense que maintenant il faut que…
FABIENNE SINTES
Vous êtes allé voter pour qui ? Pardon !
STEPHANE LE FOLL
La transparence et les résultats de la participation soient donnés. Soient donnés.
GUY BIRENBAUM
Et ça devait être hier soir à vingt-et-une heures.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je ne suis pas là non plus engagé dans l'organisation. Ça m'est arrivé fut un temps d'avoir à donner des chiffres. Je me souviens par exemple des chiffres de 2006 dans la primaire qui avait eu lieu à l'époque, et à d'autres occasions de congrès. Là, je suis obligé de faire ce constat et il faut maintenant que les choses soient claires.
FABIENNE SINTES
Mais amateurisme ou tripatouillage ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne vais pas rentrer dans ces débats et donner des qualificatifs. Ce que je peux dire, c'est que tout ça traîne et que ça ne donne pas, plutôt à l'envers, l'idée d'un grand professionnalisme.
GUY BIRENBAUM
On a même entendu monsieur BORGEL, le président du comité d'organisation, mettre en cause sur plusieurs antennes dont la nôtre, un permanent du Parti socialiste. Ce n'est pas super classe.
STEPHANE LE FOLL
Non. Ça, je ne peux pas dire que ce soit super classe. On ne renvoie pas sur un permanent.
GILLES BORNSTEIN
Qui a failli ?
STEPHANE LE FOLL
Là, vous me posez cette question ce matin. Je comprends mais je vais encore donner l'impression de ne pas y répondre, mais comment voulez-vous que je vous dise qui a failli ? Je ne peux pas. Moi, je fais le constat. J'étais devant ma télé dimanche soir, j'ai regardé les premiers éléments et je me souviens très bien des déclarations de la Haute autorité sur un million cinq, deux millions. Puis après, j'ai regardé aussi la soirée. J'ai bien vu qu'il y avait un chiffre de participation qui était autour de neuf cent quarante-trois mille. Et puis j'espère là maintenant, puisque c'est mercredi normalement, que tout doit être terminé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mercredi, tout doit être terminé, donc on espère que nous aurons les chiffres aujourd'hui. Pour en terminer avec la primaire, Ségolène ROYAL était l'invitée de RMC et elle dit, je vais essayer de retrouver sa citation précise.
FABIENNE SINTES
Elle dit : « Je soutiendrai le rassemblement et ça peut être MACRON. » Fermez les guillemets.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà. Ségolène ROYAL ce matin sur RMC. Est-ce que vous partagez son point de vue ? Est-ce que le rassemblement peut passer par Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Le collègue du gouvernement est au gouvernement. Il a parlé comme porte-parole pendant longtemps. Il a dit ce qu'il avait à dire aujourd'hui sur une primaire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je signale que vous parlez de vous à la troisième personne.
STEPHANE LE FOLL
Voilà. Et que là, je suis ce matin invité d'abord pour savoir ce que j'allais faire sur la primaire, je ne veux pas non plus commenter ce qu'a dit Ségolène qui a déjà exprimé largement ses sentiments. Parce que sur cette question, elle l'avait déjà fait.
JEAN-MICHEL APHATIE
Emmanuel MACRON ? Vous pourriez voter Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Mais Emmanuel MACRON est dans le débat présidentiel, je le confirme, oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord. Peut-être une question ?
GILLES BORNSTEIN
Oui. Un élément d'actualité sur VIVARTE, l'entreprise qui est en difficulté. Je vous propose d'écouter son PDG Patrick PUY. C'était ce matin au micro de RTL. Il fait le décompte des emplois qui vont être supprimés.
- Document RTL :
Patrick PUY, président-directeur général de VIVARTE : Beaucoup de chiffres ont été donnés à tort. Il y aura sept cent sept suppressions de postes, quatre cent quatre-vingt-quatorze dans les magasins au nombre de cent quarante-deux de LA HALLE AUX CHAUSSURES qui seront fermés et le reste dans les sièges.
STEPHANE LE FOLL
Dans les sièges ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans les sièges des différentes sociétés, j'imagine, du groupe VIVARTE.
GILLES BORNSTEIN
C'est une holding. On a vu les chiffres du chômage ce matin. Est-ce que le gouvernement doit en faire plus sur ce dossier-là ?
STEPHANE LE FOLL
Le gouvernement doit faire tout pour que des gens qui perdent leur emploi d'abord soient accompagnés et puis pour éviter que des plans aillent au-delà de ce qui est nécessaire pour qu'une entreprise se redresse et qu'on ne soit pas dans des choix…
GILLES BORNSTEIN
Donc financiers comme on dit.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Financiers, spéculatifs. C'est ça l'enjeu. Quand on est confronté à un groupe comme celui-là, on a connu MORY TNT aussi avec les difficultés énormes, parce que ça nous est arrivé déjà quand vous ne vous en souvenez plus mais que l'entreprise DOUX, quand je suis arrivé, a eu d'énormes difficultés qu'on a réussi à redresser depuis, mais en même temps on a perdu 1000 emplois. Donc on est obligé de faire des choix difficiles. Mais on doit le faire avec l'objectif de maintenir le maximum d'emplois et d'aider et d'accompagner tout de suite ceux qui ont une formation et retrouvent un emploi, ceux qui peuvent le perdre. Ca vaut aussi pour Amiens et WHIRLPOOL où il doit y avoir un engagement de l'Etat et il y a un engagement de l'Etat au copté des salariés et de ces régions, de ces villes qui sont en difficultés.
FABIENNE SINTES
Une dernière question et c'est pour la route, on entend certains qui veulent propose Jacques CHIRAC en Prix Nobel de la Paix, qu'est-ce que vous en dites ?
STEPHANE LE FOLL
On entend certains, c'est ….
FABIENNE SINTES
Par exemple Jean-Pierre RAFFARIN ce matin.
STEPHANE LE FOLL
Et ce serait sur la partie Irak ? Parce qu'il y a une raison, sur le Prix Nobel de la paix ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui sans doute, c'est pour sa défense du multilatéralisme, la politique étrangère quand il était président de la République.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
FABIENNE SINTES
Cachez votre joie.
STEPHANE LE FOLL
Non mais écoutez, vous me posez une question pour savoir si moi je vais aller dans le sens de Jean-Pierre RAFFARIN pour savoir s'il faut donner le Prix Nobel de la Paix à Jacques CHIRAC. J'ai essayé de comprendre le sens de la proposition, elle est sur le multilatéralisme. Bon. C'est vrai que les Prix Nobel de la Paix… je vois par exemple ce qui s'est passé avec le président colombien sur …
JEAN-MICHEL APHATIE
Les FARC.
STEPHANE LE FOLL
Les FARC, une tentative d'arrêter une guerre…
FABIENNE SINTES
Ou sur Barack OBAMA si vous voulez allez par là.
STEPHANE LE FOLL
Ou Barack OBAMA qui dès le début a eu son Prix Nobel, non je considère que ce n'est pas illogique, maintenant vous me dites comme ça…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce n'est pas logique non plus ?
STEPHANE LE FOLL
Ca a une justification, elle n'est pas non plus si évidente que ça. Ce n'est pas faire offense à un travail qu'a été celui de Jacques CHIRAC !
JEAN-MICHEL APHATIE
On attendra la fin de cette année si nous avons le temps. Merci Stéphane LE FOLL pour la précision de vos réponses concernant votre vote à la primaire de la Belle Alliance Populaire.
STEPHANE LE FOLL
Merci de m'avoir invité.
FABIENNE SINTES
Qui votera pour l'homme dont on ne peut pas prononcer le nom. Merci beaucoup.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il ne faut pas.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 janvier 2017