Texte intégral
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est un jour d'émotion. Nous avons évidemment derrière nous de grands moments d'histoire, quand nous pensons à la suspension de la conscription de l'appel sous les drapeaux, qui a représenté un ensemble de valeurs très profondément liées à la République, dans notre pays.
Cette conception, je ne vais pas faire tout un parcours historique, avait en réalité son origine, ses racines dans des processus d'appel aussi des Français sous les armes, qui s'était déjà réalisée sous l'ancien régime. C'est avec le principe de ce qu'on a appelé la levée en masse, au moment où la République naissante était menacée de l'extérieur, en 92-93, que cette conception mêlant intimement la qualité de citoyen et la responsabilité de défense, s'est véritablement formée et elle a inspiré tous les grands moments de notre vie nationale. Comment, bien sûr, ne pas penser à ce qu'ont été les épreuves des générations antérieures pendant les deux guerres mondiales, et l'extraordinaire somme de courage et de sacrifice qu'a représenté dans les générations passées cet engagement pour la préservation de notre intégrité nationale et de nos valeurs démocratiques ? Il en est de même, en se rapprochant de nos générations actuelles, pour le million d'appelés qui ont servi en Algérie et où 30.000 ont laissé leur vie. Concernant la vision plus contemporaine que nous avions du service militaire, je crois que pour les générations qui sont maintenant à l'âge mûr, cela représentait d'une part une tradition que l'on suivait. C'était aussi une période-clé de passage à l'âge adulte, et d'intégration d'un sentiment de responsabilité personnelle. C'était aussi justement un outil d'intégration, ou en tout cas de rencontre entre des milieux différents de la société. Beaucoup d'entre nous en avons retiré une meilleure compréhension de la France telle qu'elle est, et c'était, jusqu'à ces dernières semaines, un élément de la prise de conscience de la vie en collectivité, et de la composante d'obligation que comporte le principe même d'être citoyen.
Nos principes de défense ont changé. Cela s'est révélé dès la fin de la guerre froide, cela a été transcrit à la fin du septennat de François Mitterrand dans le " livre blanc sur la Défense ", et puis cela a donné lieu à la décision de transformation de nos armées prise par le président Jacques Chirac et approuvée par les assemblées en 1996, 97. Dans cette période importante de refondation de notre système de défense, sur la base des défis de sécurité qui sont les nôtres aujourd'hui, dans cette période de transformation, je veux souligner le rôle clé qu'ont joué les appelés, jusqu'à ces derniers jours, un rôle clé pour le maintien de nos capacités opérationnelles, pendant toute la période de transformation et d'arrivée progressive des militaires professionnels. J'ai rencontré, lors de nombreux déplacement dans les zones opérationnelles, des jeunes appelés qui étaient volontaires pour y servir et qui y jouaient un rôle précieux. Cela a été un facteur déterminant d'efficacité de nos armées dans toutes les fonctions de soutien, et il faut là évoquer la très grande variété de qualification, de savoir-faire et d'expertise qu'ont apporté les jeunes appelés dans toute leur diversité, avec, très souvent, de leur part, le sentiment d'apporter déjà leur savoir-faire, leur dynamisme, dans le renouvellement des générations, une capacité d'adaptation et de remise en question permanente, qui a servi aussi notre système de défense. Il y a eu également, jusqu'à ces derniers temps, une contribution importante des appelés dans les actions de service public, auxquelles les armées étaient régulièrement appelées, enfin pour lesquelles elles étaient engagées, qu'il se soit agi par exemple des plans vigipirate, à différents moments où nous avions à renforcer notre sécurité, qu'il se soit agi aussi de l'intervention toujours très fortement appréciée, ressentie par les Français dans les périodes de catastrophe et d'épreuve qui ont frappé notre pays.
Les effectifs du système de défense professionnelle se sont bien mis en place.
A la fin de l'année prochaine, la fin de l'année 2002, nous aurons effectivement, comme c'était programmé, 118.000 militaires du rang et jeunes volontaires dans les cadres, dans les armées. L'objectif aura été pleinement atteint, non seulement avec les nombres, mais aussi avec la motivation et le niveau de qualification que nous souhaitions et qui nous assure donc que notre nouveau concept de défense, notre nouvelle organisation est pleinement opérationnelle et efficace. Pour les jeunes des générations qui suivent les derniers appelés, c'est le parcours citoyen qui se déroule. Il est maintenant lui aussi éprouvé. Il est consolidé avec l'initiation, question de défense, dans le cadre de l'Education nationale et ceci est bien fait, bien intégré par le monde enseignant, avec la journée d'appel de préparation à la défense, avec aussi, et ce sera aussi de plus en plus important dans les années que nous allons connaître maintenant, l'appel qui sera proposé aux jeunes des nouvelles générations pour accéder à la réserve et pour exprimer dans cette nouvelle réalité une nouvelle conception du rôle du soldat citoyen. Nous voyons bien que les risques particuliers auxquelles nous avons à faire face, dans la période où nous sommes, illustrent l'importance, le caractère précieux de cette réserve, qui, je le sais, intéresse potentiellement de nombreux jeunes Français : beaucoup nous le disent au moment du passage dans la journée d'appel de préparation à la défense.
Le Premier ministre a indiqué, la semaine dernière, les efforts supplémentaires que nous voulions accomplir. A nous de motiver les nouvelles générations de jeunes pour qu'ils remplissent, de cette nouvelle façon, des engagements de participation de citoyens à notre effort de défense. Même si les difficultés, les épreuves que nous traversons conduisent parfois à des interrogations, il n'y a pas de retour en arrière. Je ne crois pas que on puisse aujourd'hui refaire la situation en se disant que la conscription dans son modèle ancien serait une réponse adaptée. Je crois que le choix qui a été fait à partir du débat des années 90 est un choix juste et que la complémentarité entre une armée professionnelle qualifiée et entraînée et une réserve avec des volontaires suffisamment nombreux et bien intégrés au fonctionnement de l'armée professionnelle, est la bonne réponse. C'est celle qui est établie, et je dirais vérifiée dans son efficacité dans tous les grands pays, et vous noterez que la plupart des pays européens aujourd'hui ont suivi la voie que nous avons nous-mêmes choisie il y a plusieurs années, et dans laquelle nous avons réussi.
Mais, au moment où nous marquons de façon émouvante, et en tout cas avec le sentiment d'une étape historique importante qui est franchie, cette suspension du service national pour les générations actuelles, je voudrais souligner l'exemple de civisme et de bonne acceptation de leur rôle dans la société qu'ont donné une grande majorité de jeunes des générations qui viennent de passer. On entend trop souvent évoquer les jeunes comme éloignés des notions de civisme, de sentiment d'obligation vis à vis de la collectivité. On souligne, à mon avis avec trop de légèreté, une attitude qui serait exagérément individuelle et peu soucieuse de règle. Je crois, au contraire, que ce qui s'est passé toutes ces dernières années, avec la participation des jeunes appelés à cette période de transformation profonde, représente une attitude exemplaire dont nos concitoyens devraient être plus conscients. C'est donc en hommage à cette attitude de civisme, de volonté de responsabilité, et de capacité d'engagement qui a été celle des jeunes appelés pendant toute cette période, ceux que nous voyons partir aujourd'hui avec amitié, c'est en récompense en quelque sorte, en manifestation de notre estime, et de celle du gouvernement dans son ensemble pour cette participation à toute la période de transformation réussie de notre système de défense, que j'aurai le plaisir, à l'instant, d'attribuer la médaille de la défense à 14 appelés ici présents, particulièrement dignes de félicitations pour leur action.
Je souhaite que tous nos amis de la presse qui sont présents aujourd'hui acceptent de bien vouloir rendre compte de ce passage important et de souligner que au moment d'une étape historique, les jeunes qui ont accompagné le mouvement ont été d'excellents citoyens français.
Merci.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2001)
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est un jour d'émotion. Nous avons évidemment derrière nous de grands moments d'histoire, quand nous pensons à la suspension de la conscription de l'appel sous les drapeaux, qui a représenté un ensemble de valeurs très profondément liées à la République, dans notre pays.
Cette conception, je ne vais pas faire tout un parcours historique, avait en réalité son origine, ses racines dans des processus d'appel aussi des Français sous les armes, qui s'était déjà réalisée sous l'ancien régime. C'est avec le principe de ce qu'on a appelé la levée en masse, au moment où la République naissante était menacée de l'extérieur, en 92-93, que cette conception mêlant intimement la qualité de citoyen et la responsabilité de défense, s'est véritablement formée et elle a inspiré tous les grands moments de notre vie nationale. Comment, bien sûr, ne pas penser à ce qu'ont été les épreuves des générations antérieures pendant les deux guerres mondiales, et l'extraordinaire somme de courage et de sacrifice qu'a représenté dans les générations passées cet engagement pour la préservation de notre intégrité nationale et de nos valeurs démocratiques ? Il en est de même, en se rapprochant de nos générations actuelles, pour le million d'appelés qui ont servi en Algérie et où 30.000 ont laissé leur vie. Concernant la vision plus contemporaine que nous avions du service militaire, je crois que pour les générations qui sont maintenant à l'âge mûr, cela représentait d'une part une tradition que l'on suivait. C'était aussi une période-clé de passage à l'âge adulte, et d'intégration d'un sentiment de responsabilité personnelle. C'était aussi justement un outil d'intégration, ou en tout cas de rencontre entre des milieux différents de la société. Beaucoup d'entre nous en avons retiré une meilleure compréhension de la France telle qu'elle est, et c'était, jusqu'à ces dernières semaines, un élément de la prise de conscience de la vie en collectivité, et de la composante d'obligation que comporte le principe même d'être citoyen.
Nos principes de défense ont changé. Cela s'est révélé dès la fin de la guerre froide, cela a été transcrit à la fin du septennat de François Mitterrand dans le " livre blanc sur la Défense ", et puis cela a donné lieu à la décision de transformation de nos armées prise par le président Jacques Chirac et approuvée par les assemblées en 1996, 97. Dans cette période importante de refondation de notre système de défense, sur la base des défis de sécurité qui sont les nôtres aujourd'hui, dans cette période de transformation, je veux souligner le rôle clé qu'ont joué les appelés, jusqu'à ces derniers jours, un rôle clé pour le maintien de nos capacités opérationnelles, pendant toute la période de transformation et d'arrivée progressive des militaires professionnels. J'ai rencontré, lors de nombreux déplacement dans les zones opérationnelles, des jeunes appelés qui étaient volontaires pour y servir et qui y jouaient un rôle précieux. Cela a été un facteur déterminant d'efficacité de nos armées dans toutes les fonctions de soutien, et il faut là évoquer la très grande variété de qualification, de savoir-faire et d'expertise qu'ont apporté les jeunes appelés dans toute leur diversité, avec, très souvent, de leur part, le sentiment d'apporter déjà leur savoir-faire, leur dynamisme, dans le renouvellement des générations, une capacité d'adaptation et de remise en question permanente, qui a servi aussi notre système de défense. Il y a eu également, jusqu'à ces derniers temps, une contribution importante des appelés dans les actions de service public, auxquelles les armées étaient régulièrement appelées, enfin pour lesquelles elles étaient engagées, qu'il se soit agi par exemple des plans vigipirate, à différents moments où nous avions à renforcer notre sécurité, qu'il se soit agi aussi de l'intervention toujours très fortement appréciée, ressentie par les Français dans les périodes de catastrophe et d'épreuve qui ont frappé notre pays.
Les effectifs du système de défense professionnelle se sont bien mis en place.
A la fin de l'année prochaine, la fin de l'année 2002, nous aurons effectivement, comme c'était programmé, 118.000 militaires du rang et jeunes volontaires dans les cadres, dans les armées. L'objectif aura été pleinement atteint, non seulement avec les nombres, mais aussi avec la motivation et le niveau de qualification que nous souhaitions et qui nous assure donc que notre nouveau concept de défense, notre nouvelle organisation est pleinement opérationnelle et efficace. Pour les jeunes des générations qui suivent les derniers appelés, c'est le parcours citoyen qui se déroule. Il est maintenant lui aussi éprouvé. Il est consolidé avec l'initiation, question de défense, dans le cadre de l'Education nationale et ceci est bien fait, bien intégré par le monde enseignant, avec la journée d'appel de préparation à la défense, avec aussi, et ce sera aussi de plus en plus important dans les années que nous allons connaître maintenant, l'appel qui sera proposé aux jeunes des nouvelles générations pour accéder à la réserve et pour exprimer dans cette nouvelle réalité une nouvelle conception du rôle du soldat citoyen. Nous voyons bien que les risques particuliers auxquelles nous avons à faire face, dans la période où nous sommes, illustrent l'importance, le caractère précieux de cette réserve, qui, je le sais, intéresse potentiellement de nombreux jeunes Français : beaucoup nous le disent au moment du passage dans la journée d'appel de préparation à la défense.
Le Premier ministre a indiqué, la semaine dernière, les efforts supplémentaires que nous voulions accomplir. A nous de motiver les nouvelles générations de jeunes pour qu'ils remplissent, de cette nouvelle façon, des engagements de participation de citoyens à notre effort de défense. Même si les difficultés, les épreuves que nous traversons conduisent parfois à des interrogations, il n'y a pas de retour en arrière. Je ne crois pas que on puisse aujourd'hui refaire la situation en se disant que la conscription dans son modèle ancien serait une réponse adaptée. Je crois que le choix qui a été fait à partir du débat des années 90 est un choix juste et que la complémentarité entre une armée professionnelle qualifiée et entraînée et une réserve avec des volontaires suffisamment nombreux et bien intégrés au fonctionnement de l'armée professionnelle, est la bonne réponse. C'est celle qui est établie, et je dirais vérifiée dans son efficacité dans tous les grands pays, et vous noterez que la plupart des pays européens aujourd'hui ont suivi la voie que nous avons nous-mêmes choisie il y a plusieurs années, et dans laquelle nous avons réussi.
Mais, au moment où nous marquons de façon émouvante, et en tout cas avec le sentiment d'une étape historique importante qui est franchie, cette suspension du service national pour les générations actuelles, je voudrais souligner l'exemple de civisme et de bonne acceptation de leur rôle dans la société qu'ont donné une grande majorité de jeunes des générations qui viennent de passer. On entend trop souvent évoquer les jeunes comme éloignés des notions de civisme, de sentiment d'obligation vis à vis de la collectivité. On souligne, à mon avis avec trop de légèreté, une attitude qui serait exagérément individuelle et peu soucieuse de règle. Je crois, au contraire, que ce qui s'est passé toutes ces dernières années, avec la participation des jeunes appelés à cette période de transformation profonde, représente une attitude exemplaire dont nos concitoyens devraient être plus conscients. C'est donc en hommage à cette attitude de civisme, de volonté de responsabilité, et de capacité d'engagement qui a été celle des jeunes appelés pendant toute cette période, ceux que nous voyons partir aujourd'hui avec amitié, c'est en récompense en quelque sorte, en manifestation de notre estime, et de celle du gouvernement dans son ensemble pour cette participation à toute la période de transformation réussie de notre système de défense, que j'aurai le plaisir, à l'instant, d'attribuer la médaille de la défense à 14 appelés ici présents, particulièrement dignes de félicitations pour leur action.
Je souhaite que tous nos amis de la presse qui sont présents aujourd'hui acceptent de bien vouloir rendre compte de ce passage important et de souligner que au moment d'une étape historique, les jeunes qui ont accompagné le mouvement ont été d'excellents citoyens français.
Merci.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2001)