Texte intégral
Monsieur le Sénateur-maire,
Mesdames et Messieurs,
11 Novembre 1918. Le jour n'est pas encore levé. Un brouillard d'automne plane au-dessus des tranchées, il entoure les combattants transis et harassés d'un silence angoissant. Ici et là, ce ne sont plus que cratères de mines, trous d'obus, moignons d'arbres, villages réduits à des chaos de pierres et de boue, rayés de la carte à jamais. Depuis quatre ans, les poilus et leurs alliés combattent, souffrent et meurent avec le même héroïsme.
Mais cette aube qui pointe avec hésitation n'est pas comme les précédentes. Elle marque la fin d'une guerre abominable, de massacres indescriptibles. Il est 5 h 10, le Maréchal FOCH sort de ce wagon et traverse cette clairière, celle-là même dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui rassemblés. Il vient de signer avec les autres plénipotentiaires la convention d'armistice qui, débouchant sur le traité de Versailles, mettra un terme à la première Guerre mondiale.
Et à 11 heures précises, sur l'ensemble du front, c'est un déchaînement de clairons sonnant le cessez-le-feu. Très vite, les cloches de toutes les églises de France leur donnent la réplique.
Après un moment d'incrédulité, dans les tranchées, dans les villes, dans les villages, dans chaque foyer la joie éclate. Elle se répand partout, noyant les chagrins liés aux centaines de milliers de deuils : ici un mari, là un père, un fils ou un frère.
Après tant de souffrances dont ils n'espéraient plus la fin, les poilus s'extirpent de l'enfer. Ils renaissent, redeviennent des hommes avec des projets, un avenir et l'espoir d'un destin qui ne leur échappera plus.
La boue, le froid, la faim, les blessures, et la mort n'ont pas eu raison de leur courage, ni de leur volonté.
Nous ne rendrons jamais assez hommage à la vaillance, au patriotisme, l'héroïsme de ces hommes.
Ils ont été inflexibles, ils sont allés au-delà de la résistance humaine. Ils ont voulu et permis que l'héritage national soit transmis intact à la génération suivante. Ils nous ont donné l'exemple de la dignité, de l'honneur que ces mots résument : l'amour de la patrie.
De leur sacrifice allait naître un immense espoir. Cette guerre serait la dernière. Ses ravages, ses horreurs, son immense gâchis devaient servir de repoussoir. La barbarie n'aurait désormais plus droit de cité.
La société des nations allait régenter les rapports entre les peuples, les conflits ne seraient plus réglés par les armes, mais par la diplomatie.
Utopie ? Peut-être ! Espérance prématurée ? Assurément ! 22 ans plus tard, l'espérance semblait nous quitter.
Cependant, l'épreuve, l'une des plus dures de notre histoire donnera naissance, sous d'autres formes, au même élan de résistance d'un peuple qui ne se soumet pas. Un peuple dont l'histoire, depuis deux siècles, est ponctuée de luttes pour la liberté et les droits de l'homme.
Mais au cours de cette deuxième guerre mondiale, que de souffrances et d'horreurs ! Le camp de ROYAL LIEU, tout près d'ici, qui vit passer plus de cinquante mille internés et déportés, en porte témoignage.
Monsieur le Sénateur-maire, Mesdames, Messieurs, votre région a été le théâtre d'évènements historiques exceptionnels, douloureux, souvent riches de leçons pour les générations futures.
Aussi, le gouvernement, est-il attaché à ce que le souvenir en soit sauvegardé. Vous savez que l'édification sur ces lieux d'un mémorial national est à l'étude. Il traduira le respect et la solidarité de la nation dans son hommage à toutes les victimes de ces drames.
Ce monument marquera notre volonté de ne pas oublier. Mais, il sera également un symbole pour l'avenir, un signal pour guider notre action future, un rappel à ne pas recommencer les mêmes erreurs. Symbole de la folie des hommes, il stimulera notre vigilance.
Les enseignements des événements que nous commémorons aujourd'hui et de ceux qui suivirent, guerres, conflits, crises de toutes sortes, démontrent que la paix n'est jamais acquise. Elle ne peut être que le fruit d'efforts incessants.
Après l'effondrement du bloc soviétique, nous assistons depuis quelques années aux inquiétantes résurgences de conflits d'origine ethnique ou religieuse, de nationalismes exacerbés, d'idéologies extrémistes qui portent en elles les germes de nouvelles violences, de nouveaux débordements. Vouloir recueillir d'ores et déjà tous les dividendes d'une paix mal assurée serait donc pour le moins prématuré.
Les événements, les crises qui nous entourent ou qui menacent font de la construction d'un monde en paix une tâche prioritaire. L'Europe de demain, malgré les obstacles qu'il nous faut encore surmonter pour la réaliser, devra être en mesure de mieux garantir la paix, la justice et la liberté. Sa cohésion, son rayonnement, son action aussi, lui donneront les moyens de faire partager ses valeurs démocratiques et de faire respecter les droits de l'homme ou la légitimité internationale, chaque fois que cela sera nécessaire.
C'est dans l'union et la solidarité avec les nations qui nous entourent que nous trouverons les ressources pour assurer la paix de demain et la prospérité de notre pays, de notre continent.
La France pour sa part prépare avec détermination l'avenir. Un livre blanc sur la défense, rendu nécessaire par les évolutions du monde est en cours d'élaboration. Il prépare ainsi une nouvelle loi de programmation militaire qui fixera pour les années à venir l'effort que la Nation entend consentir pour se défendre.
Que de chemin parcouru en trois quarts de siècle ; voici que nous construisons aujourd'hui avec nos amis allemands, nos adversaires d'hier, devenus nos premiers partenaires économiques, un corps d'armée Européen. Il nous faut continuer dans cette voie en développant des liens de confiance et d'amitié, dans un esprit d'ouverture au reste du monde.Certes, la route qui reste à parcourir est encore longue, les efforts et les sacrifices à consentir nombreux, mais je suis convaincu que nous oeuvrons dans la bonne direction pour une France plus forte, dans une Europe plus unie et plus prospère.
Mesdames et Messieurs,
11 Novembre 1918. Le jour n'est pas encore levé. Un brouillard d'automne plane au-dessus des tranchées, il entoure les combattants transis et harassés d'un silence angoissant. Ici et là, ce ne sont plus que cratères de mines, trous d'obus, moignons d'arbres, villages réduits à des chaos de pierres et de boue, rayés de la carte à jamais. Depuis quatre ans, les poilus et leurs alliés combattent, souffrent et meurent avec le même héroïsme.
Mais cette aube qui pointe avec hésitation n'est pas comme les précédentes. Elle marque la fin d'une guerre abominable, de massacres indescriptibles. Il est 5 h 10, le Maréchal FOCH sort de ce wagon et traverse cette clairière, celle-là même dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui rassemblés. Il vient de signer avec les autres plénipotentiaires la convention d'armistice qui, débouchant sur le traité de Versailles, mettra un terme à la première Guerre mondiale.
Et à 11 heures précises, sur l'ensemble du front, c'est un déchaînement de clairons sonnant le cessez-le-feu. Très vite, les cloches de toutes les églises de France leur donnent la réplique.
Après un moment d'incrédulité, dans les tranchées, dans les villes, dans les villages, dans chaque foyer la joie éclate. Elle se répand partout, noyant les chagrins liés aux centaines de milliers de deuils : ici un mari, là un père, un fils ou un frère.
Après tant de souffrances dont ils n'espéraient plus la fin, les poilus s'extirpent de l'enfer. Ils renaissent, redeviennent des hommes avec des projets, un avenir et l'espoir d'un destin qui ne leur échappera plus.
La boue, le froid, la faim, les blessures, et la mort n'ont pas eu raison de leur courage, ni de leur volonté.
Nous ne rendrons jamais assez hommage à la vaillance, au patriotisme, l'héroïsme de ces hommes.
Ils ont été inflexibles, ils sont allés au-delà de la résistance humaine. Ils ont voulu et permis que l'héritage national soit transmis intact à la génération suivante. Ils nous ont donné l'exemple de la dignité, de l'honneur que ces mots résument : l'amour de la patrie.
De leur sacrifice allait naître un immense espoir. Cette guerre serait la dernière. Ses ravages, ses horreurs, son immense gâchis devaient servir de repoussoir. La barbarie n'aurait désormais plus droit de cité.
La société des nations allait régenter les rapports entre les peuples, les conflits ne seraient plus réglés par les armes, mais par la diplomatie.
Utopie ? Peut-être ! Espérance prématurée ? Assurément ! 22 ans plus tard, l'espérance semblait nous quitter.
Cependant, l'épreuve, l'une des plus dures de notre histoire donnera naissance, sous d'autres formes, au même élan de résistance d'un peuple qui ne se soumet pas. Un peuple dont l'histoire, depuis deux siècles, est ponctuée de luttes pour la liberté et les droits de l'homme.
Mais au cours de cette deuxième guerre mondiale, que de souffrances et d'horreurs ! Le camp de ROYAL LIEU, tout près d'ici, qui vit passer plus de cinquante mille internés et déportés, en porte témoignage.
Monsieur le Sénateur-maire, Mesdames, Messieurs, votre région a été le théâtre d'évènements historiques exceptionnels, douloureux, souvent riches de leçons pour les générations futures.
Aussi, le gouvernement, est-il attaché à ce que le souvenir en soit sauvegardé. Vous savez que l'édification sur ces lieux d'un mémorial national est à l'étude. Il traduira le respect et la solidarité de la nation dans son hommage à toutes les victimes de ces drames.
Ce monument marquera notre volonté de ne pas oublier. Mais, il sera également un symbole pour l'avenir, un signal pour guider notre action future, un rappel à ne pas recommencer les mêmes erreurs. Symbole de la folie des hommes, il stimulera notre vigilance.
Les enseignements des événements que nous commémorons aujourd'hui et de ceux qui suivirent, guerres, conflits, crises de toutes sortes, démontrent que la paix n'est jamais acquise. Elle ne peut être que le fruit d'efforts incessants.
Après l'effondrement du bloc soviétique, nous assistons depuis quelques années aux inquiétantes résurgences de conflits d'origine ethnique ou religieuse, de nationalismes exacerbés, d'idéologies extrémistes qui portent en elles les germes de nouvelles violences, de nouveaux débordements. Vouloir recueillir d'ores et déjà tous les dividendes d'une paix mal assurée serait donc pour le moins prématuré.
Les événements, les crises qui nous entourent ou qui menacent font de la construction d'un monde en paix une tâche prioritaire. L'Europe de demain, malgré les obstacles qu'il nous faut encore surmonter pour la réaliser, devra être en mesure de mieux garantir la paix, la justice et la liberté. Sa cohésion, son rayonnement, son action aussi, lui donneront les moyens de faire partager ses valeurs démocratiques et de faire respecter les droits de l'homme ou la légitimité internationale, chaque fois que cela sera nécessaire.
C'est dans l'union et la solidarité avec les nations qui nous entourent que nous trouverons les ressources pour assurer la paix de demain et la prospérité de notre pays, de notre continent.
La France pour sa part prépare avec détermination l'avenir. Un livre blanc sur la défense, rendu nécessaire par les évolutions du monde est en cours d'élaboration. Il prépare ainsi une nouvelle loi de programmation militaire qui fixera pour les années à venir l'effort que la Nation entend consentir pour se défendre.
Que de chemin parcouru en trois quarts de siècle ; voici que nous construisons aujourd'hui avec nos amis allemands, nos adversaires d'hier, devenus nos premiers partenaires économiques, un corps d'armée Européen. Il nous faut continuer dans cette voie en développant des liens de confiance et d'amitié, dans un esprit d'ouverture au reste du monde.Certes, la route qui reste à parcourir est encore longue, les efforts et les sacrifices à consentir nombreux, mais je suis convaincu que nous oeuvrons dans la bonne direction pour une France plus forte, dans une Europe plus unie et plus prospère.