Texte intégral
J.-P. Elkabbach Vous, numéro 2 du RPR vous rentrez maintenant de Porto Alegre. Le président de la République, paraît-il, vous avait dit - selon A. Ventura d'Europe 1 - : "Serge, si tu y vas, tu écoutes, tu parles, tu te montres, tu ramènes des idées". Qu'avez-vous glané d'essentiel pour le candidat Chirac ?
- "J'ai glané qu'il ne fallait pas laisser cette mondialisation débridée un peu tout écraser sur son passage et qu'il fallait aller vers une mondialisation humanisée et maîtrisée. "Humanisée", qu'est que cela veut dire ? Cela veut dire aller vers plus de social en matière d'éducation et de formation ; on a encore une très grande partie de la population qui est illettrée aujourd'hui. Cela veut dire interdire le travail des enfants. Cela veut dire aussi plus d'environnement. Aujourd'hui, la mondialisation est sûrement le secteur où, si nous laissons les choses aller, eh bien en matière d'environnement, on sait que cela ira plus mal. Il faut donc absolument..."
Vous avez entendu que le Président Bush a obtenu cette nuit une augmentation sans précédent des crédits de la défense et militaire, au détriment de la lutte contre la pauvreté et de l'environnement ?
- "C'est pour cela qu'il faut absolument mettre des garde-fou à la mondialisation. Les Français s'inquiètent, ont un malaise, ils considèrent qu'on ne sait pas où va ce monde. Plus d'environnement, cela veut dire que la France, au plan international, doit absolument être en avant sur ce combat, comme elle l'a été par le passé vis-à-vis des pays en voie de développement."
Vous pensez, comme F. Hollande - qui a fait comme vous le voyage au Brésil -, que la mondialisation doit figurer comme un vrai débat dans la campagne électorale française ?
- "J'en suis persuadé parce qu'aujourd'hui, les Français, comme je le disais, sont inquiets. Ils veulent absolument que les hommes politiques, les dirigeants des pays prennent les choses en main. Cela veut donc dire qu'il faut maîtriser cette mondialisation, ce qui veut dire des modifications dans le fonctionnement des institutions internationales, comme le FMI."
Les télévisions ont montré un S. Lepeltier en chemisette, sac-à-dos, fumant le calumet de la paix avec tous les marxistes, les anticapitalistes, les trotskistes de la planète... Cela veut-il dire que l'on flirte au Brésil avec ce que l'on fuit et combat en France ?
- "Cela veut dire surtout que lorsque l'on participe à un tel forum social, on doit y aller comme je l'ai fait, sans aucun a priori, avec beaucoup de curiosité sur ce qui se passe. C'est dans cet état d'esprit que j'y suis allé et je dois dire que j'ai beaucoup appris et que j'ai aussi passé le message que nous n'étions pas forcément pour une libéralisation tous azimuts qui écrase tout sur son passage."
Ceux avec qui vous avez parlé recommandent en permanence la rupture avec le système dans lequel on vit. Alors, vous aussi maintenant ?
- "C'est vrai que là-bas les slogans étaient très radicaux. Mais j'ai regardé qui participait et vous aviez en particulier de nombreux jeunes qui, tout simplement, aiment leur planète, qui veulent faire quelque chose sur cette terre pour la faire avancer, qui sont profondément sérieux dans le débat. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec tout ce qui a été dit là-bas ! Mais cela veut dire que nous devons discuter, réfléchir et faire des propositions pour notre planète."
Vous pensez que votre électorat le comprend ou le comprendra le moment venu ?
- "Notre électorat, mon électorat ne comprendrait pas que nous ne nous intéressions pas aux difficultés de la mondialisation."
Il parait que vous avez bu du maté, une boisson tonique, un alcool, une sorte de thé avec feuille infusée ?
- "C'est vrai, c'est peu âpre, mais les Brésiliens boivent cela quasiment à longueur de journée, ils le portent même avec eu lorsqu'ils se déplacent."
Vous en avez rapporté ?
- "J'en ai rapporté."
Un peu de maté pour J. Chirac pour la campagne ?
- "Mais vous savez que lorsqu'il est allé au Brésil, il en a bu aussi."
Il doit aimer ça ! J'ai vu que vous avez bu du maté avec J. Bové et que vous avez beaucoup discuté avec lui. Faut-il aller si loin, à 15 heures de Paris, pour parler avec J. Bové ?
- "C'était surtout l'occasion de nous rencontrer, parce que quand on est dans un autre pays, on a l'occasion, on a un peu de temps, on est surtout dans une ambiance qui permet cette discussion. Il y a eu une vraie rencontre, nous nous sommes respectés. Et je crois que J. Bové l'a aussi exprimé de son côté, comme moi je l'ai dit. C'est quelqu'un dont je crois à l'honnêteté et à l'authenticité et la réciprocité était vraie. Cela ne veut pas dire que j'adhère à tout ce que dit J. Bové, naturellement."
Est-ce que vous allez conseiller au président de la République de le recevoir bientôt à l'Elysée ?
- "En tout cas, d'écouter ce que veut dire ce phénomène, ce que souhaite, ce qu'exprime J. Bové, parce que nous ne pouvons pas être indifférent à cela. Après, il appartient au président de la République de savoir s'il doit ou non le recevoir."
Monsieur Bové vous a-t-il demandé d'une manière ou d'une autre de l'aider pour ne pas aller en prison dans 15 jours ?
- "Non, pas du tout. Mais nous nous sommes dit que nous nous reverrions en France pour discuter des problèmes qu'il évoque régulièrement et pour envisager, dans certains cas, des solutions communes. Pourquoi pas ?"
Et qu'allez vous expliquer de ces tendres et nouvelles relations avec J. Bové aux dirigeants de la FNSEA qui ne peuvent pas le voir ...
- "C'est vrai qu'ils ne l'apprécient pas..."
... et que vous connaissez, ceux avec lesquels vous parlez d'habitude ?
- "C'est vrai qu'ils ne l'apprécient pas toujours. Mais comme avec les dirigeants de la FNSEA, je le fais moi-même dans mon département, il est de la responsabilité d'un homme politique de discuter de tous les sujets avec qui que ce soit, pour tout simplement trouver les bonnes solutions pour l'avenir."
A New York-Davos, les Américains ne paraissaient pas avoir la cote. A Porto Alegre, comment est l'image des Etats-Unis ?
- "L'image était pour le moins troublée et difficile. J'ai exprimé que le combat contre le terrorisme était un combat commun, sur des valeurs qui nous sont communes - liberté, égalité, démocratie - et c'est cela qui est important. Il ne faut pas mélanger les choses. Sur le terrorisme, nous devons être avec les Etats-Unis."
Quand vous êtes arrivé au RPR - vous êtes numéro 2 et secrétaire général du RPR -, comment avez-vous trouvé votre mouvement ? Il y a quand même un certain malaise, une certaine préoccupation, des tensions ?
- "Depuis plusieurs mois, nous sommes au travail. Nous sommes au travail sur le projet, nous avons beaucoup discuté, beaucoup réfléchi, beaucoup rencontré de Français pour proposer un projet que nous avons validé samedi. J'ai donc trouvé tout simplement un mouvement politique au travail et dans la volonté de proposer une autre politique."
Jusqu'à présent, sur tout ce qui concernait la mondialisation, vous étiez direct et assez vrai. Essayez de garder le même ton. Par exemple, D. Schuller est dans l'avion pour rentrer à Paris. Il arrivera dans quelques heures. Est-ce cela le fait nouveau dans la campagne qui va commencer ?
- "Non, je ne le crois pas. L'affaire Schuller, c'est en fait deux affaires au fond : une affaire judiciaire qui doit absolument suivre son cours ; il faut tout simplement que les magistrats fassent leur travail. Et il y a manifestement une affaire politique, une affaire d'exploitation un peu médiatisée, théâtralisée de cette affaire. Ce que je souhaite, c'est que lors cette campagne électorale, nous parlions des vrais sujets qui concernent les Français."
M. Alliot-Marie vient de dire que "le premier argument de campagne du PS, je la cite, débarque à Paris". Est-ce à dire que D. Schuller est un instrument de L. Jospin ?
- "Il y a manifestement des questions qui se posent. Cela fait tout même sept ans que Schuller est parti. Pourquoi n'est-on pas allé le chercher plus tôt ? Pourquoi est-ce que l'avocat qui a maintenant les choses en main est un ami très proche, un associé de Montebourg ? Toutes ces questions-là se posent. Mais, ce qui m'importe, c'est que cette affaire judiciaire avance dans la sérénité et non pas dans une ambiance théâtralisée et médiatisée."
Et qu'elle avance, quelles que soient ses conséquences ?
- "Qu'elle avance, quelles que soient ses conséquences, ce qui est nécessaire pour notre pays. Ce que les Français regrettent, c'est qu'en matière de justice, la justice d'une part soit trop lente - et on le voit bien avec l'affaire Schuller - et que la justice ne soit pas rendue de la même façon selon les cas et selon les lieux. Donc, c'est à tout cela qu'il faut s'attaquer, mais aussi dans la justice quotidienne, c'est-à-dire dans la justice qui concerne les Français dans leur vie quotidienne."
Monsieur J. Chirac annoncerait sa candidature assez vite, après le grand rendez-vous de l'UEM à Toulouse, le 23 février, c'est-à-dire moins tard que prévu. Si tel est le cas, lui donnez-vous raison ?
- "Je considère que c'est une décision profondément personnelle. Lorsque nous sommes nous-mêmes candidats à des élections, à un autre niveau - municipales, législatives - il y a un moment où on sent que nos concitoyens sont à l'écoute et qu'ils veulent que s'ouvre le débat."
Alors, est-ce que c'est le moment d'aller plus vite pour le candidat à la présidence ?
- "Je crois pour ma part que maintenant, assez rapidement, les Français ont besoin d'écouter les projets et je pense que les candidatures devraient être assez proches."
C'est-à-dire ?
- "Encore une fois, cette décision appartient au candidat, que ce soit le Premier ministre ou que ce soit le président de la République. Ils sont candidats probables et souhaitables."
Vous pensez que J. Chirac peut attendre la mi-mars ?
- "Je crois pour ma part qu'il faut un débat suffisamment long et je pense que la mi-mars apparaît aujourd'hui un peu tard."
En quoi J. Chirac va-t-il surprendre ?
- "Je l'ai rencontré récemment, je vous assure qu'il a vraiment beaucoup de sérénité et un esprit de combat pour montrer aux Français quel est aujourd'hui le vrai problème de la France, en particulier cette question de perte de l'autorité de l'Etat."
C'est-à-dire qu'il a plus de sérénité que les siens ?
- "Je le considère comme en pleine sérénité et, vraiment, en maîtrise de ce qu'il souhaite dire aux Français, encore une fois de ce sujet essentiel qui est celui de perte de l'autorité de l'Etat. Le ver est dans le fruit aujourd'hui. Il y a une déliquescence de notre société et J. Chirac veut répondre à cette préoccupation des Français."
Et vous pouvez dire que J. Chirac est peut-être le mieux placé pour promouvoir ou défendre J. Chirac ?
- "Je le crois, j'en suis absolument persuadé. Il l'a démontré tout au long de sa vie politique."
Donc, comme N. Sarkozy, vous l'encourageriez à ne plus tarder et à se déclarer ?
- "C'est sa décision personnelle."
Mais vous, S. Lepeltier ?
- "Personnellement, je pense que le débat qui est en cours aujourd'hui doit se poursuivre, et je suis persuadé que J. Chirac y participera vraiment le moment venu."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 février 2002)
- "J'ai glané qu'il ne fallait pas laisser cette mondialisation débridée un peu tout écraser sur son passage et qu'il fallait aller vers une mondialisation humanisée et maîtrisée. "Humanisée", qu'est que cela veut dire ? Cela veut dire aller vers plus de social en matière d'éducation et de formation ; on a encore une très grande partie de la population qui est illettrée aujourd'hui. Cela veut dire interdire le travail des enfants. Cela veut dire aussi plus d'environnement. Aujourd'hui, la mondialisation est sûrement le secteur où, si nous laissons les choses aller, eh bien en matière d'environnement, on sait que cela ira plus mal. Il faut donc absolument..."
Vous avez entendu que le Président Bush a obtenu cette nuit une augmentation sans précédent des crédits de la défense et militaire, au détriment de la lutte contre la pauvreté et de l'environnement ?
- "C'est pour cela qu'il faut absolument mettre des garde-fou à la mondialisation. Les Français s'inquiètent, ont un malaise, ils considèrent qu'on ne sait pas où va ce monde. Plus d'environnement, cela veut dire que la France, au plan international, doit absolument être en avant sur ce combat, comme elle l'a été par le passé vis-à-vis des pays en voie de développement."
Vous pensez, comme F. Hollande - qui a fait comme vous le voyage au Brésil -, que la mondialisation doit figurer comme un vrai débat dans la campagne électorale française ?
- "J'en suis persuadé parce qu'aujourd'hui, les Français, comme je le disais, sont inquiets. Ils veulent absolument que les hommes politiques, les dirigeants des pays prennent les choses en main. Cela veut donc dire qu'il faut maîtriser cette mondialisation, ce qui veut dire des modifications dans le fonctionnement des institutions internationales, comme le FMI."
Les télévisions ont montré un S. Lepeltier en chemisette, sac-à-dos, fumant le calumet de la paix avec tous les marxistes, les anticapitalistes, les trotskistes de la planète... Cela veut-il dire que l'on flirte au Brésil avec ce que l'on fuit et combat en France ?
- "Cela veut dire surtout que lorsque l'on participe à un tel forum social, on doit y aller comme je l'ai fait, sans aucun a priori, avec beaucoup de curiosité sur ce qui se passe. C'est dans cet état d'esprit que j'y suis allé et je dois dire que j'ai beaucoup appris et que j'ai aussi passé le message que nous n'étions pas forcément pour une libéralisation tous azimuts qui écrase tout sur son passage."
Ceux avec qui vous avez parlé recommandent en permanence la rupture avec le système dans lequel on vit. Alors, vous aussi maintenant ?
- "C'est vrai que là-bas les slogans étaient très radicaux. Mais j'ai regardé qui participait et vous aviez en particulier de nombreux jeunes qui, tout simplement, aiment leur planète, qui veulent faire quelque chose sur cette terre pour la faire avancer, qui sont profondément sérieux dans le débat. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec tout ce qui a été dit là-bas ! Mais cela veut dire que nous devons discuter, réfléchir et faire des propositions pour notre planète."
Vous pensez que votre électorat le comprend ou le comprendra le moment venu ?
- "Notre électorat, mon électorat ne comprendrait pas que nous ne nous intéressions pas aux difficultés de la mondialisation."
Il parait que vous avez bu du maté, une boisson tonique, un alcool, une sorte de thé avec feuille infusée ?
- "C'est vrai, c'est peu âpre, mais les Brésiliens boivent cela quasiment à longueur de journée, ils le portent même avec eu lorsqu'ils se déplacent."
Vous en avez rapporté ?
- "J'en ai rapporté."
Un peu de maté pour J. Chirac pour la campagne ?
- "Mais vous savez que lorsqu'il est allé au Brésil, il en a bu aussi."
Il doit aimer ça ! J'ai vu que vous avez bu du maté avec J. Bové et que vous avez beaucoup discuté avec lui. Faut-il aller si loin, à 15 heures de Paris, pour parler avec J. Bové ?
- "C'était surtout l'occasion de nous rencontrer, parce que quand on est dans un autre pays, on a l'occasion, on a un peu de temps, on est surtout dans une ambiance qui permet cette discussion. Il y a eu une vraie rencontre, nous nous sommes respectés. Et je crois que J. Bové l'a aussi exprimé de son côté, comme moi je l'ai dit. C'est quelqu'un dont je crois à l'honnêteté et à l'authenticité et la réciprocité était vraie. Cela ne veut pas dire que j'adhère à tout ce que dit J. Bové, naturellement."
Est-ce que vous allez conseiller au président de la République de le recevoir bientôt à l'Elysée ?
- "En tout cas, d'écouter ce que veut dire ce phénomène, ce que souhaite, ce qu'exprime J. Bové, parce que nous ne pouvons pas être indifférent à cela. Après, il appartient au président de la République de savoir s'il doit ou non le recevoir."
Monsieur Bové vous a-t-il demandé d'une manière ou d'une autre de l'aider pour ne pas aller en prison dans 15 jours ?
- "Non, pas du tout. Mais nous nous sommes dit que nous nous reverrions en France pour discuter des problèmes qu'il évoque régulièrement et pour envisager, dans certains cas, des solutions communes. Pourquoi pas ?"
Et qu'allez vous expliquer de ces tendres et nouvelles relations avec J. Bové aux dirigeants de la FNSEA qui ne peuvent pas le voir ...
- "C'est vrai qu'ils ne l'apprécient pas..."
... et que vous connaissez, ceux avec lesquels vous parlez d'habitude ?
- "C'est vrai qu'ils ne l'apprécient pas toujours. Mais comme avec les dirigeants de la FNSEA, je le fais moi-même dans mon département, il est de la responsabilité d'un homme politique de discuter de tous les sujets avec qui que ce soit, pour tout simplement trouver les bonnes solutions pour l'avenir."
A New York-Davos, les Américains ne paraissaient pas avoir la cote. A Porto Alegre, comment est l'image des Etats-Unis ?
- "L'image était pour le moins troublée et difficile. J'ai exprimé que le combat contre le terrorisme était un combat commun, sur des valeurs qui nous sont communes - liberté, égalité, démocratie - et c'est cela qui est important. Il ne faut pas mélanger les choses. Sur le terrorisme, nous devons être avec les Etats-Unis."
Quand vous êtes arrivé au RPR - vous êtes numéro 2 et secrétaire général du RPR -, comment avez-vous trouvé votre mouvement ? Il y a quand même un certain malaise, une certaine préoccupation, des tensions ?
- "Depuis plusieurs mois, nous sommes au travail. Nous sommes au travail sur le projet, nous avons beaucoup discuté, beaucoup réfléchi, beaucoup rencontré de Français pour proposer un projet que nous avons validé samedi. J'ai donc trouvé tout simplement un mouvement politique au travail et dans la volonté de proposer une autre politique."
Jusqu'à présent, sur tout ce qui concernait la mondialisation, vous étiez direct et assez vrai. Essayez de garder le même ton. Par exemple, D. Schuller est dans l'avion pour rentrer à Paris. Il arrivera dans quelques heures. Est-ce cela le fait nouveau dans la campagne qui va commencer ?
- "Non, je ne le crois pas. L'affaire Schuller, c'est en fait deux affaires au fond : une affaire judiciaire qui doit absolument suivre son cours ; il faut tout simplement que les magistrats fassent leur travail. Et il y a manifestement une affaire politique, une affaire d'exploitation un peu médiatisée, théâtralisée de cette affaire. Ce que je souhaite, c'est que lors cette campagne électorale, nous parlions des vrais sujets qui concernent les Français."
M. Alliot-Marie vient de dire que "le premier argument de campagne du PS, je la cite, débarque à Paris". Est-ce à dire que D. Schuller est un instrument de L. Jospin ?
- "Il y a manifestement des questions qui se posent. Cela fait tout même sept ans que Schuller est parti. Pourquoi n'est-on pas allé le chercher plus tôt ? Pourquoi est-ce que l'avocat qui a maintenant les choses en main est un ami très proche, un associé de Montebourg ? Toutes ces questions-là se posent. Mais, ce qui m'importe, c'est que cette affaire judiciaire avance dans la sérénité et non pas dans une ambiance théâtralisée et médiatisée."
Et qu'elle avance, quelles que soient ses conséquences ?
- "Qu'elle avance, quelles que soient ses conséquences, ce qui est nécessaire pour notre pays. Ce que les Français regrettent, c'est qu'en matière de justice, la justice d'une part soit trop lente - et on le voit bien avec l'affaire Schuller - et que la justice ne soit pas rendue de la même façon selon les cas et selon les lieux. Donc, c'est à tout cela qu'il faut s'attaquer, mais aussi dans la justice quotidienne, c'est-à-dire dans la justice qui concerne les Français dans leur vie quotidienne."
Monsieur J. Chirac annoncerait sa candidature assez vite, après le grand rendez-vous de l'UEM à Toulouse, le 23 février, c'est-à-dire moins tard que prévu. Si tel est le cas, lui donnez-vous raison ?
- "Je considère que c'est une décision profondément personnelle. Lorsque nous sommes nous-mêmes candidats à des élections, à un autre niveau - municipales, législatives - il y a un moment où on sent que nos concitoyens sont à l'écoute et qu'ils veulent que s'ouvre le débat."
Alors, est-ce que c'est le moment d'aller plus vite pour le candidat à la présidence ?
- "Je crois pour ma part que maintenant, assez rapidement, les Français ont besoin d'écouter les projets et je pense que les candidatures devraient être assez proches."
C'est-à-dire ?
- "Encore une fois, cette décision appartient au candidat, que ce soit le Premier ministre ou que ce soit le président de la République. Ils sont candidats probables et souhaitables."
Vous pensez que J. Chirac peut attendre la mi-mars ?
- "Je crois pour ma part qu'il faut un débat suffisamment long et je pense que la mi-mars apparaît aujourd'hui un peu tard."
En quoi J. Chirac va-t-il surprendre ?
- "Je l'ai rencontré récemment, je vous assure qu'il a vraiment beaucoup de sérénité et un esprit de combat pour montrer aux Français quel est aujourd'hui le vrai problème de la France, en particulier cette question de perte de l'autorité de l'Etat."
C'est-à-dire qu'il a plus de sérénité que les siens ?
- "Je le considère comme en pleine sérénité et, vraiment, en maîtrise de ce qu'il souhaite dire aux Français, encore une fois de ce sujet essentiel qui est celui de perte de l'autorité de l'Etat. Le ver est dans le fruit aujourd'hui. Il y a une déliquescence de notre société et J. Chirac veut répondre à cette préoccupation des Français."
Et vous pouvez dire que J. Chirac est peut-être le mieux placé pour promouvoir ou défendre J. Chirac ?
- "Je le crois, j'en suis absolument persuadé. Il l'a démontré tout au long de sa vie politique."
Donc, comme N. Sarkozy, vous l'encourageriez à ne plus tarder et à se déclarer ?
- "C'est sa décision personnelle."
Mais vous, S. Lepeltier ?
- "Personnellement, je pense que le débat qui est en cours aujourd'hui doit se poursuivre, et je suis persuadé que J. Chirac y participera vraiment le moment venu."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 février 2002)