Déclaration de M. Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel, sur les relations entre la France et le Brésil, notamment pour l'enseignement professionnel et la certification de la formation technique et professionnelle, Paris le 19 novembre 2001.

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Circonstance : Accueil des secrétaires d'Etat fédéraux de l'Education du Brésil à Paris le 19 novembre 2001

Texte intégral

Chère madame Raquel Figueiredo , présidente du conseil du secrétaire d'Etat chargée de l'Education nationale, d'Education pardon, de la République fédérative du Brésil.
Cher monsieur Ulysse PANISSET, président du conseil supérieur de l'Éducation qui vient de redécouvrir récemment ses racines jurassiennes, ce qui dans cette maison ne peut être que bien senti, eu égard aux origines du ministre lui-même.
Cher monsieur Ruy BERGER, secrétaire d'État à l'enseignement secondaire et technologique, mon ami, mesdames et messieurs les secrétaires d'État à l'Éducation de l'État du Brésil, mesdames et messieurs les directeurs de nos ministères, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l'Éducation nationale de la République française sont très heureux de vous recevoir ce soir dans cette maison, celle de l'enseignement professionnel, pour ce repas auquel participent les principaux responsables de mon ministère et des responsables du ministère des Affaires étrangères.

Notre rencontre de ce soir et dans les jours qui vont venir doit tout à la relation particulière que nous avons commencée à construire à partir de la conférence des ministres de l'Éducation nationale d'Europe et d'Amérique. Réunion au cours de laquelle il y a maintenant un an, nous avons appris ou réappris à nous connaître, Français et Brésiliens, dans nos visions concernant l'Éducation nationale. Il s'en est suivit ainsi que chacun d'entre vous le sait dorénavant, une relation personnelle entre monsieur Ruy Berger et moi-même qui a, je crois, facilité le déroulement de nos travaux.
Je pense que bien sûr, au Brésil comme en France, nous sommes politiquement divers, il peut arriver qu'on soit surpris de relations personnelles qui semblent défier les clivages politiques. Je n'aurais pas d'ailleurs la prétention de dire que les relations personnelles sont déterminantes dans la conduite des affaires publiques, mais elles peuvent faciliter les choses et l'intérêt national de nos deux patries, nous conduisent à vouloir accélérer de toutes les façons possibles, notre coopération.
Nous sommes deux peuples attachés à leur indépendance nationale. Comme nous ne nous payons pas de mots, mais nous nous situons dans le concret et le réel, nous savons que le premier des outils de l'indépendance, c'est la puissance.
Et la puissance, nous la tirons de la ressource d'intelligence de nos peuples. C'est particulièrement vrai pour les Français qui ne sont pas très nombreux, 60 millions. Gardez-vous amis Brésiliens des illusions du nombre !
Nous les avons vécues à nos dépens, à d'autres périodes de notre histoire. Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, ce qui compte dans l'ordre du monde comme il est, c'est la capacité que nous donnons d'élever le niveau général, intellectuel, culturel, technique de nos peuples.
Tout est là, vous avez manifesté, chers amis Brésiliens, un intérêt pour l'enseignement professionnel, c'est-à-dire pour l'ensemble des enseignements qui regroupent la technologie, les formations qualifiantes, les sciences et les techniques liées aux métiers qui montrent bien que vous avez compris comme nous où se trouve le cur des enjeux.

C'est bien que nous y fassions face ensemble. J'ai compris que dans leur diversité, les Brésiliens néanmoins se réclament d'un certain nombre d'idées communes, comme nous-mêmes les Français dans notre diversité : nous sommes partisans de qualifications les plus élevées possible, à chaque niveau de formation.
Nous comprenons que le temps est passé d'une vision purement académique de l'enseignement, et que le concret est une riche matière et un grand chemin vers l'abstrait. Et nous concluons que nous sommes partisans de certifications professionnelles garanties, reconnues partout et pour tous. Et comme nous avons fait ce choix, nous savons bien de quoi nous sommes dès lors séparés. En particulier des visions de nos amis nord-américains. Nous n'avons pas la même vision qu'eux de la formation technique et professionnelle.
La suite dira qui a raison, en tout cas nous réclamons pour nous-mêmes le droit de nous organiser comme nous l'entendons. Et nous les Français, nous ne voyons pas pourquoi nous en changerions compte tenu des succès que nous avons rencontré en agissant de cette façon.
Je peux risquer un mot plus technique, nous sommes tous assez averti dans ce domaine. Nous défendons vous et nous le modèle de la professionnalisation durable.
Nous ne croyons pas au système de la certification des compétences. Des connaisseurs lisent entre les lignes, comment on traduit ça en portugais, " lire entre les lignes " ?
La traductrice
La même chose exactement.
Jean-Luc Mélenchon
Ce sont de rudes combats qui ne sont pas toujours bien compris dans notre propre pays, il faut bien le dire. Ils ne recoupent pas toujours les lignes de partage politique habituel mais nous sommes bien certains que c'est ce chemin là qu'il faut prendre, compte tenu de l'élévation permanente des savoirs qui sont requis pour exercer les métiers.
Le Brésil comme nous est une Nation industrielle.
Sur ce genre de question, se joue son avenir, comme nous. Nous avons le droit de penser que si nous donnons les outils de la puissance, nous sommes mieux placés pour participer aux autres débats qui concernent l'ordre du monde et où là aussi, on peut remarquer que les Français comme les Brésiliens n'aiment pas trop figurer dans le rôle de perroquet.
Je n'en dis pas plus. L'accueil que vous faites à ce mot, montre que nous nous sommes compris. Je suis heureux de vous accueillir. Je veux vous dire que toute la délégation française qui vous accueille, partage ce plaisir. Je crois que nous travaillons bien ensemble, à un rythme soutenu. C'est une opportunité magnifique que d'accueillir l'ensemble des secrétaires d'État du Brésil.

Vous m'avez fait l'amitié cet après-midi de visiter avec moi un établissement français assez significatif de ce que nous voulons faire. J'ai moi-même visité plusieurs de vos établissements au Brésil. Je pense que ces échanges nous permettent de comprendre ce que nous faisons et je crois que plus nous nous comprenons plus nous avons envi d'avancer ensemble.
Vous allez bientôt participer au salon de l'Éducation, une manifestation privée où figure de nombreux protagonistes de l'Éducation nationale et notamment le service public. Vous vous ferez votre avis, vous êtes assez avertis pour le faire.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre que le ministre vous dise de vous intéresser beaucoup au service public qui est dans ce salon de l'Éducation. Tout le reste a bien du mérite mais ne nous égale pas encore. Voilà. Bonne visite, merci d'être avec nous, c'est un bonheur pour nous et je souhaite qu'il soit partagé ce soir par tous.
(Source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 30 novembre 2001)