Texte intégral
J.-P. Elkabbach - J. Chirac, vous l'attendiez ici, il est passé par là. Il vous a bien eus. Ce matin, c'est lui qui redevient le maître du tempo, c'est un fait.
- "Vous considérez qu'il nous a eus par cette déclaration de candidature pour le moins improvisée ? Cela ne m'a pas surpris outre mesure. Chirac est candidat depuis pratiquement son élection en 1995. Cela fait sept ans qu'il est en campagne électorale, de manière plus active encore depuis 1997. Cette candidature, très franchement, ne me surprend pas."
Est-ce l'argument officiel que vous vous êtes tous donné ?
- "Non, non, non."
Vous répétez tous à gauche : "On n'est pas surpris", "C'est improvisé", "C'est de la précipitation". Mais est-ce que vous pensez qu'il entre en campagne à temps ou qu'il le fait très tôt - ou trop tôt ?
- "Je n'en sais rien. J'ai simplement l'impression que tout cela est le résultat d'une espèce de panique qui a saisi la droite et le clan de J. Chirac. A partir de ce moment-là, je ne porte pas de jugement sur l'opportunité du moment, sur le choix qu'a été celui de J. Chirac. Chacun verra le résultat au terme de cette campagne qui s'achèvera le 5 mai prochain et, je l'espère, par l'élection d'un candidat que je soutiens, celui de la gauche et, je l'espère, bien entendu, L. Jospin."
Il est évident que je n'attendais pas que monsieur Forni me dise ce matin qu'il souhaitait la victoire de J. Chirac... Mais qu'on fasse une analyse objective : est-ce que ce matin, il a repris l'initiative ?
- "Pas du tout. Je l'ai entendu, écouté avec beaucoup d'attention hier soir, à la télévision. Derrière des propos très généraux, je dirais presque de circonstance, je n'ai vu aucune trace d'un programme, d'une perspective pour la France. J'ai le sentiment qu'il justifiait cette espèce de précipitation qui l'a saisi le matin en Avignon. Et puisque vous m'interrogez sur le choix du moment, je trouve, en dehors du moment, que l'endroit est sans doute assez mal choisi."
En Avignon ?
- "Oui."
Il le fait devant ses amis.
- "Oui, mais devant un parterre de chefs d'entreprise - si c'est cela la France, je n'en suis pas personnellement persuadé - dans une ville qui, à mes yeux, représente la compromission entre la droite et l'extrême-droite. Souvenons-nous de l'élection municipale d'Avignon et des élections législatives, qui avaient vu la victoire de la droite dans cette ville. Bref, je n'ai pas le sentiment vraiment que tout cela est un choix heureux, même si évidemment, j'ai beaucoup de respect pour les Avignonnais en général."
Il y a eu hier deux moments : d'abord la déclaration en Avignon - "Oui, je suis candidat" - et puis le soir, son rendez-vous sur TF1. Il paraissait ému comme un débutant. Comment vous l'avez trouvé ?
- "Entre temps, il y a eu un autre épisode que vous avez oublié : celui de la gare de Lyon. Moi, j'ai trouvé cela très pitoyable, parce qu'on voulait nous faire croire à une déclaration spontanée, quasi improvisée, décidée par J. Chirac seul. Et puis, on retrouve, gare de Lyon, quelques dizaines de jeunes RPR brandissant des banderoles ..."
Mais il y a eu quelques heures entre temps...
- "... qui réclamaient "Chirac Président". J'ai eu envie de leur dire à ces jeunes : se sont-ils rendu compte qu'il est président depuis sept ans ?"
Il rentre en TGV et au lieu de critiquer, de cogner, il préconise le respect de l'autre. Le respect de l'autre, cela va être un argument. Et le respect, c'est vrai, c'est probablement ce qui se perd dans la société : à l'école, au travail, au tribunal, dans la cage d'escalier, etc., un partout, en vacances, dans un stade, au Parlement. Est-ce que ce n'est pas un argument, le respect - le respect des Français, le respect de l'autre -, comme peut-être fut la fracture sociale ?
- "Dans une campagne électorale, on doit respecter évidemment son adversaire. On a comme mission et comme objectif, en tous les cas aujourd'hui, à la veille de cette élection présidentielle, de restaurer la fonction présidentielle, parce qu'au delà de J. Chirac, ce que j'observe, c'est que cette fonction présidentielle depuis sept ans s'est affadie, à la fois sur le plan intérieur et sur le plan extérieur. Lorsque J. Chirac parle d'autorité de l'Etat, je rappelle qu'il est celui qui incarne aux yeux des Français l'autorité de l'Etat, qu'il est le premier d'entre nous, qu'il devrait montrer l'exemple. Et il me semble que depuis sept ans, ce n'est pas ce qu'il a fait, de sorte qu'il a, sans doute très largement, si tel est le cas, contribué à dévaloriser l'autorité de l'Etat, à la diminuer, à l'affaiblir."
Dans quoi estimez-vous qu'il n'a pas donné l'exemple ?
- "Je pense que cette espèce de tutoiement permanent, de côtoiement permanent entre les affaires judiciaires et la fonction présidentielle nuisent à l'image de notre pays."
Quand il dit par exemple : "Il n'y a pas chez les hommes politiques français d'un côté les corrompus, de l'autre des vertueux, tout le monde était à la même enseigne".
- "Ce n'est pas tout à fait exact. Je rappelle quand même que D. Schuller a fui la France en 1995."
Il dit qu'il ne le connaît pas personnellement.
- "Oui, oui, bien sûr, mais les Français se souviennent des images et des photographies reproduites dans la presse de monsieur Chirac aux côtés de Schuller. Mais là n'est pas la question... Je pense que cette espèce de confusion permanente qui été la règle depuis quelques années, qui fait que cette fonction n'est plus à la place qui devrait être la sienne et personnellement, je le regrette. Non seulement, je le regrette pour mon pays mais je le regrette aussi pour l'image que nous donnons à l'extérieur. Ce matin, dans les commentaires de la presse, ce qui m'a fait le plus mal, c'est la comparaison qui a été faite entre J. Chirac et R. Nixon. Je trouve que très franchement, ce n'est pas..."
Oui, c'est un journaliste étranger, mais il y en a d'autres qui disent son extraordinaire résistance, son courage, etc. Quand il veut être le candidat de la France et du renouvellement et qu'il y va par passion, est-ce que vous êtes convaincu des raisons de sa nouvelle candidature ?
- "Pas du tout. La passion peut l'animer. La question est de savoir à quoi elle sert, cette passion. Si c'est pour être un candidat permanent, un candidat éternel, cette passion ne sert à rien. L'intérêt de la passion, lorsqu'on se dévoue à la chose publique, c'est de la mettre à disposition de chacune et de chacun de nos concitoyens. C'est la conception en tous les cas qui est la mienne de la passion, et je dirais de l'ambition politique."
Est-ce qu'il ne vous empêche pas maintenant à gauche de le critiquer sur ce que vous dites être son absence de bilan ? Il vous a expliqué les raisons de la dissolution en 1997 et a exposé longuement son bilan de 1995 à 1997, avec A. Juppé, Premier ministre ?
- "Bien sûr. Il reprend à son compte le bilan de monsieur Juppé, je crois que c'est très bien et c'est normal. C'est le bilan de J. Chirac, c'est-à-dire en réalité, l'échec. Vous savez, Juppé, droit dans ses bottes, sur le bord de la plage attendant la marée montante de la croissance... Tout cela, les Français s'en souviennent. Ce bilan, c'est celui de J. Chirac. C'est le seul bilan qu'il soit capable de nous présenter."
Maintenant, voyons dans votre camp. Le candidat président Chirac prend en février une vingtaine de jours d'avance sur votre probable candidat Jospin ?
- "Mais non ! La campagne électorale va durer pendant plusieurs semaines. Nous, nous sommes au travail, le Parlement est en session, cette session va s'achever le 21 février prochain. L. Jospin est le Premier ministre de la France. Il a à accomplir une tâche qui est difficile, qui est parfois rude. Je pense qu'il a intérêt - c'est dans tous les cas, si j'avais un conseil à lui donner - le conseil que je lui donnerais d'aller jusqu'au bout de la mission qui lui a été confiée en 1997."
Mais est-ce qu'on ne peut pas dire que Lionel fait le Premier ministre - il doit le rester, il fait le Premier ministre - et qu'il est libre, Jacques, de l'autre côté ?
- "Mais ce n'est pas parce qu'il y a une campagne électorale que la France cesse d'exister et que pendant des mois, elle cesserait d'être gouvernée. Il y a des obligations qui pèsent sur ceux qui assument des responsabilités comme celles de L. Jospin. Et je pense que son intérêt, et notre intérêt collectif, c'est de faire en sorte qu'à la tête du pays, il y ait un homme qui, convaincu de la justesse des choix qui sont les siens, aille jusqu'au bout, notamment dans le cadre de la session parlementaire."
C'est une question de jours, alors. Huit à dix jours...
- "Oui, bien entendu. Elle s'achèvera le 21 février prochain."
C'est ce que disait il y a quelques semaines le président de la République : il préside, il y a les intérêts de la France, il faut laisser le temps au temps. Et patrata ! A un moment, il faut aller vite. Est-ce que vous pensez que L. Jospin sortira un peu plus vite sa candidature ?
- "Pas du tout. Je pense que L. Jospin respectera le calendrier qui a été fixé : celui d'une session parlementaire qui s'achève le 21, d'une procédure interne au Parti socialiste. Je suis convaincu pour ma part que ce calendrier sera respecté. Ce n'est pas parce que Chirac cède à la panique que nous devons le suivre sur ce terrain-là. Nous sommes, nous, sereins et je pense qu'à partir du moment où il y aura une campagne électorale qui mettra face à face l'ensemble des candidats, chacun appréciera de la justesse du point de L. Jospin et du nôtre."
Depuis des mois, y compris lors de vos voeux au Palais Bourbon, vous ne cessez de vous en prendre directement à J. Chirac. Est-ce que c'est le rôle du président de l'Assemblée nationale de se comporter comme un militant de base et de frapper ?
- "Est-ce que vous pensez qu'un président de l'Assemblée nationale est un ectoplasme un peu en dehors du coup et en dehors de la société dans laquelle il vit ? Je suis président de l'Assemblée mais je reste un militant, et j'ai des convictions, et j'ai des convictions que je défends. Bien entendu, à partir du moment où je défends ces convictions, je porte des jugements sur ceux que je considère comme ayant failli à la mission qui était la leur."
[...]
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 février 2002)
- "Vous considérez qu'il nous a eus par cette déclaration de candidature pour le moins improvisée ? Cela ne m'a pas surpris outre mesure. Chirac est candidat depuis pratiquement son élection en 1995. Cela fait sept ans qu'il est en campagne électorale, de manière plus active encore depuis 1997. Cette candidature, très franchement, ne me surprend pas."
Est-ce l'argument officiel que vous vous êtes tous donné ?
- "Non, non, non."
Vous répétez tous à gauche : "On n'est pas surpris", "C'est improvisé", "C'est de la précipitation". Mais est-ce que vous pensez qu'il entre en campagne à temps ou qu'il le fait très tôt - ou trop tôt ?
- "Je n'en sais rien. J'ai simplement l'impression que tout cela est le résultat d'une espèce de panique qui a saisi la droite et le clan de J. Chirac. A partir de ce moment-là, je ne porte pas de jugement sur l'opportunité du moment, sur le choix qu'a été celui de J. Chirac. Chacun verra le résultat au terme de cette campagne qui s'achèvera le 5 mai prochain et, je l'espère, par l'élection d'un candidat que je soutiens, celui de la gauche et, je l'espère, bien entendu, L. Jospin."
Il est évident que je n'attendais pas que monsieur Forni me dise ce matin qu'il souhaitait la victoire de J. Chirac... Mais qu'on fasse une analyse objective : est-ce que ce matin, il a repris l'initiative ?
- "Pas du tout. Je l'ai entendu, écouté avec beaucoup d'attention hier soir, à la télévision. Derrière des propos très généraux, je dirais presque de circonstance, je n'ai vu aucune trace d'un programme, d'une perspective pour la France. J'ai le sentiment qu'il justifiait cette espèce de précipitation qui l'a saisi le matin en Avignon. Et puisque vous m'interrogez sur le choix du moment, je trouve, en dehors du moment, que l'endroit est sans doute assez mal choisi."
En Avignon ?
- "Oui."
Il le fait devant ses amis.
- "Oui, mais devant un parterre de chefs d'entreprise - si c'est cela la France, je n'en suis pas personnellement persuadé - dans une ville qui, à mes yeux, représente la compromission entre la droite et l'extrême-droite. Souvenons-nous de l'élection municipale d'Avignon et des élections législatives, qui avaient vu la victoire de la droite dans cette ville. Bref, je n'ai pas le sentiment vraiment que tout cela est un choix heureux, même si évidemment, j'ai beaucoup de respect pour les Avignonnais en général."
Il y a eu hier deux moments : d'abord la déclaration en Avignon - "Oui, je suis candidat" - et puis le soir, son rendez-vous sur TF1. Il paraissait ému comme un débutant. Comment vous l'avez trouvé ?
- "Entre temps, il y a eu un autre épisode que vous avez oublié : celui de la gare de Lyon. Moi, j'ai trouvé cela très pitoyable, parce qu'on voulait nous faire croire à une déclaration spontanée, quasi improvisée, décidée par J. Chirac seul. Et puis, on retrouve, gare de Lyon, quelques dizaines de jeunes RPR brandissant des banderoles ..."
Mais il y a eu quelques heures entre temps...
- "... qui réclamaient "Chirac Président". J'ai eu envie de leur dire à ces jeunes : se sont-ils rendu compte qu'il est président depuis sept ans ?"
Il rentre en TGV et au lieu de critiquer, de cogner, il préconise le respect de l'autre. Le respect de l'autre, cela va être un argument. Et le respect, c'est vrai, c'est probablement ce qui se perd dans la société : à l'école, au travail, au tribunal, dans la cage d'escalier, etc., un partout, en vacances, dans un stade, au Parlement. Est-ce que ce n'est pas un argument, le respect - le respect des Français, le respect de l'autre -, comme peut-être fut la fracture sociale ?
- "Dans une campagne électorale, on doit respecter évidemment son adversaire. On a comme mission et comme objectif, en tous les cas aujourd'hui, à la veille de cette élection présidentielle, de restaurer la fonction présidentielle, parce qu'au delà de J. Chirac, ce que j'observe, c'est que cette fonction présidentielle depuis sept ans s'est affadie, à la fois sur le plan intérieur et sur le plan extérieur. Lorsque J. Chirac parle d'autorité de l'Etat, je rappelle qu'il est celui qui incarne aux yeux des Français l'autorité de l'Etat, qu'il est le premier d'entre nous, qu'il devrait montrer l'exemple. Et il me semble que depuis sept ans, ce n'est pas ce qu'il a fait, de sorte qu'il a, sans doute très largement, si tel est le cas, contribué à dévaloriser l'autorité de l'Etat, à la diminuer, à l'affaiblir."
Dans quoi estimez-vous qu'il n'a pas donné l'exemple ?
- "Je pense que cette espèce de tutoiement permanent, de côtoiement permanent entre les affaires judiciaires et la fonction présidentielle nuisent à l'image de notre pays."
Quand il dit par exemple : "Il n'y a pas chez les hommes politiques français d'un côté les corrompus, de l'autre des vertueux, tout le monde était à la même enseigne".
- "Ce n'est pas tout à fait exact. Je rappelle quand même que D. Schuller a fui la France en 1995."
Il dit qu'il ne le connaît pas personnellement.
- "Oui, oui, bien sûr, mais les Français se souviennent des images et des photographies reproduites dans la presse de monsieur Chirac aux côtés de Schuller. Mais là n'est pas la question... Je pense que cette espèce de confusion permanente qui été la règle depuis quelques années, qui fait que cette fonction n'est plus à la place qui devrait être la sienne et personnellement, je le regrette. Non seulement, je le regrette pour mon pays mais je le regrette aussi pour l'image que nous donnons à l'extérieur. Ce matin, dans les commentaires de la presse, ce qui m'a fait le plus mal, c'est la comparaison qui a été faite entre J. Chirac et R. Nixon. Je trouve que très franchement, ce n'est pas..."
Oui, c'est un journaliste étranger, mais il y en a d'autres qui disent son extraordinaire résistance, son courage, etc. Quand il veut être le candidat de la France et du renouvellement et qu'il y va par passion, est-ce que vous êtes convaincu des raisons de sa nouvelle candidature ?
- "Pas du tout. La passion peut l'animer. La question est de savoir à quoi elle sert, cette passion. Si c'est pour être un candidat permanent, un candidat éternel, cette passion ne sert à rien. L'intérêt de la passion, lorsqu'on se dévoue à la chose publique, c'est de la mettre à disposition de chacune et de chacun de nos concitoyens. C'est la conception en tous les cas qui est la mienne de la passion, et je dirais de l'ambition politique."
Est-ce qu'il ne vous empêche pas maintenant à gauche de le critiquer sur ce que vous dites être son absence de bilan ? Il vous a expliqué les raisons de la dissolution en 1997 et a exposé longuement son bilan de 1995 à 1997, avec A. Juppé, Premier ministre ?
- "Bien sûr. Il reprend à son compte le bilan de monsieur Juppé, je crois que c'est très bien et c'est normal. C'est le bilan de J. Chirac, c'est-à-dire en réalité, l'échec. Vous savez, Juppé, droit dans ses bottes, sur le bord de la plage attendant la marée montante de la croissance... Tout cela, les Français s'en souviennent. Ce bilan, c'est celui de J. Chirac. C'est le seul bilan qu'il soit capable de nous présenter."
Maintenant, voyons dans votre camp. Le candidat président Chirac prend en février une vingtaine de jours d'avance sur votre probable candidat Jospin ?
- "Mais non ! La campagne électorale va durer pendant plusieurs semaines. Nous, nous sommes au travail, le Parlement est en session, cette session va s'achever le 21 février prochain. L. Jospin est le Premier ministre de la France. Il a à accomplir une tâche qui est difficile, qui est parfois rude. Je pense qu'il a intérêt - c'est dans tous les cas, si j'avais un conseil à lui donner - le conseil que je lui donnerais d'aller jusqu'au bout de la mission qui lui a été confiée en 1997."
Mais est-ce qu'on ne peut pas dire que Lionel fait le Premier ministre - il doit le rester, il fait le Premier ministre - et qu'il est libre, Jacques, de l'autre côté ?
- "Mais ce n'est pas parce qu'il y a une campagne électorale que la France cesse d'exister et que pendant des mois, elle cesserait d'être gouvernée. Il y a des obligations qui pèsent sur ceux qui assument des responsabilités comme celles de L. Jospin. Et je pense que son intérêt, et notre intérêt collectif, c'est de faire en sorte qu'à la tête du pays, il y ait un homme qui, convaincu de la justesse des choix qui sont les siens, aille jusqu'au bout, notamment dans le cadre de la session parlementaire."
C'est une question de jours, alors. Huit à dix jours...
- "Oui, bien entendu. Elle s'achèvera le 21 février prochain."
C'est ce que disait il y a quelques semaines le président de la République : il préside, il y a les intérêts de la France, il faut laisser le temps au temps. Et patrata ! A un moment, il faut aller vite. Est-ce que vous pensez que L. Jospin sortira un peu plus vite sa candidature ?
- "Pas du tout. Je pense que L. Jospin respectera le calendrier qui a été fixé : celui d'une session parlementaire qui s'achève le 21, d'une procédure interne au Parti socialiste. Je suis convaincu pour ma part que ce calendrier sera respecté. Ce n'est pas parce que Chirac cède à la panique que nous devons le suivre sur ce terrain-là. Nous sommes, nous, sereins et je pense qu'à partir du moment où il y aura une campagne électorale qui mettra face à face l'ensemble des candidats, chacun appréciera de la justesse du point de L. Jospin et du nôtre."
Depuis des mois, y compris lors de vos voeux au Palais Bourbon, vous ne cessez de vous en prendre directement à J. Chirac. Est-ce que c'est le rôle du président de l'Assemblée nationale de se comporter comme un militant de base et de frapper ?
- "Est-ce que vous pensez qu'un président de l'Assemblée nationale est un ectoplasme un peu en dehors du coup et en dehors de la société dans laquelle il vit ? Je suis président de l'Assemblée mais je reste un militant, et j'ai des convictions, et j'ai des convictions que je défends. Bien entendu, à partir du moment où je défends ces convictions, je porte des jugements sur ceux que je considère comme ayant failli à la mission qui était la leur."
[...]
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 février 2002)