Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur la formation des adjoints de sécurité et sur la politique de sécurité en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa le 26 novembre 2001.

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Circonstance : Déplacement de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, en Nouvelle-Calédonie du 26 au 28 novembre 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je voudrais exprimer ma profonde satisfaction de me trouver parmi vous, aux côtés de ces jeunes femmes et de ces jeunes hommes qui ont choisi de devenir adjoints de sécurité. Cette cérémonie est pour vous un moment fort et solennel. Elle est pour moi également l'occasion de saluer la qualité de la formation qui vous est dispensée dans cette école de police.
Vous formez une bonne promotion. D'abord parce que vous avez été recrutés et formés au terme d'une sélection exigeante. En effet, près de 1 000 jeunes ont souhaité devenir adjoints de sécurité, 800 se sont présentés aux tests de sélection et 500 ont été retenus pour passer l'oral. Vous avez un bon niveau scolaire et je m'en réjouis. Il est la garantie d'un avenir professionnel réussi, peut-être au sein de la police nationale.
Ensuite, au delà de vos qualités personnelles, la force de votre promotion tient à sa composition : elle est à l'image de la Nouvelle-Calédonie, dont vous reflétez la diversité constitutive. Vos camarades gardiens de la paix, issus de la 22ème promotion de l'école de police de Nouméa, ont tenu à participer, aux côtés de vos parents et de vos amis, à cette cérémonie. Comme vous, ils sont originaires de toutes les régions du Territoire. C'est là le résultat d'une politique voulue, volontaire de gestion des ressources humaines que les signataires de l'accord de Nouméa avaient souhaité et qui porte ses fruits. Les pouvoirs publics ont ainsi mis en uvre des mesures de rééquilibrage au sein des services de police, afin que l'ensemble de la population puisse y être représentée. Vous êtes la preuve que cette politique est en bonne voie.
Cette politique est nécessaire à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie et repose d'abord sur des dispositions qui améliorent le recrutement.
Premièrement, en matière de communication, en associant les autorités locales et coutumières aux chefs d'établissements scolaires afin de mener des campagnes d'information sur le terrain, dans les tribus. C'est ce qui s'est fait lors du recrutement des adjoints de sécurité et des gardiens de la paix et c'est ce qui explique le nombre très élevé de candidats qui se sont présentés à ces deux concours.
Il faut aussi faciliter l'accès aux concours, en les délocalisant en Nouvelle-Calédonie, comme on l'a fait pour celui des gardiens de la paix ou celui des lieutenants de police ; en multipliant les centres d'examen dans les provinces et les îles pour éviter aux candidats des frais de transports coûteux ; en adaptant les sujets des épreuves de recrutement à la culture calédonienne et en composant les jurys de telle sorte qu'ils reflètent la diversité culturelle de la Nouvelle-Calédonie.
Ces concours doivent ouvrir à une formation de qualité, initiale et continue. Votre école en est un modèle. La formation initiale s'inspire de celle qui est dispensée dans l'hexagone mais elle est adaptée à la diversité culturelle de chaque promotion. L'équipe pédagogique apprend ainsi à ses élèves à se familiariser avec un milieu urbain qu'ils ne connaissent pas toujours, et par exemple à rechercher un logement ou à ouvrir un compte bancaire. Cette formation inclut également pour vous, adjoints de sécurité, un module nouveau d'agents de police judiciaire adjoints, afin de vous permettre de vous professionaliser plus rapidement.
La formation continue doit permettre aux Calédoniens de gravir tous les échelons de la hiérarchie policiaire. C'est nécessaire : il faut que le rééquilibrage, qui est désormais une réalité dans les corps de maîtrise et de réalisation, devienne effectif pour les officiers et les commissaires de police.
Je tiens aujourd'hui à rendre hommage à l'engagement, à la compétence et à la motivation de vos formateurs. Ils se font à juste titre une haute idée de leurs missions, qu'ils remplissent avec succès. Qu'ils soient ici remerciés du travail accompli. La mise en uvre de l'accord de Nouméa exige conviction et imagination. Vous en faites preuve et j'espère que vous inspirerez d'autres administrations. Dans ce domaine, la police nationale, mais aussi, et je m'en réjouis, la gendarmerie montrent le chemin.
D'ici trois ans 90 gardiens de la paix et 24 lieutenants de police seront recrutés grâce à ces concours délocalisés. Pour y parvenir la promotion du métier de policier, particulièrement au sein du monde mélanésien, sera renforcée. Le partenariat entre la police nationale et la mission " Cadres Avenir " va devenir plus étroit. Il a déjà permis de sélectionner et de préparer quatre policiers au concours interne de commissaires de police. Ils sont depuis quelques semaines dans l'hexagone où ils bénéficieront pendant deux ans d'un parcours de formation individualisée.
Pour ces recrutements, sera mise en place, en liaison avec l'éducation nationale, une formation complémentaire locale qui permette à des lycéens en fin de cycle de se préparer en une année au concours de gardiens de la paix ou à l'examen d'adjoint de sécurité.
Mesdames et Messieurs, demain vous rejoindrez vos affectations. A l'issue de cette expérience, vous pourrez choisir de rester dans la police. Un second concours de gardiens de la paix sera spécialement ouvert aux adjoints de sécurité. Vous y serez préparés, si vous le souhaitez, avec des formations adaptées.

Ceux qui n'auront pas choisis cette voie pourront bénéficier, après trois années d'expérience, d'une validation de leurs acquis professionnels par une mention complémentaire " Sûreté des espaces ouverts au public ". Cette mention vous permettra de trouver un emploi dans les métiers de la sécurité grâce à des accords cadres conclus avec les professionnels et avec certaines collectivités territoriales.
Assurer la sécurité de vos concitoyens est une noble tâche. La sécurité est en effet un droit premier, intangible sans considération de lieu, de temps, de race ni de confession. Il est au fondement de la cohésion sociale. Toute atteinte portée à la sécurité constitue une injustice, qui se double souvent d'une injustice sociale parce qu'elle touche plus fortement ceux qui sont démunis. La première des missions de l'Etat est de répondre à la demande qui s'exprime aujourd'hui dans la population. Vous tous serez impliqués directement dans l'effort conduit par le Gouvernement pour garantir à chacun de nos concitoyens ce droit essentiel.
Je vous souhaite une bonne installation dans vos nouvelles fonctions. Je suis persuadé que ce métier passionnant vous procurera des satisfactions professionnelles et personnelles. C'est un métier exposé. Les agressions que subissent aujourd'hui les policiers, la mort récemment de certains d'entre eux, nous l'ont montré une fois de plus, une fois de trop. Vous devez être assuré que toutes les mesures sont prises pour renforcer les effectifs et les moyens des forces de l'ordre. Nous ne pouvons accepter que celles et ceux qui veillent à notre sécurité, sans laquelle la liberté est un vain mot, se fassent tuer. Ils ont, comme vous-mêmes, choisi de se mettre au service de notre communauté ; c'est notre communauté toute entière qui doit aujourd'hui soutenir et les saluer leur engagement, comme je salue ici le vôtre. Nous attendons beaucoup de vous. Je suis persuadé que vous ne décevrez pas nos attentes.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 décembre 2001)