Extraits de l'article de M. François Léotard, ministre de la défense, dans "Var Matin" du 2 juillet 1993, sur l'importance des forces d'intervention françaises en Yougoslavie, en Somalie et au Cambodge.

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Média : Var matin

Texte intégral

Il faut maintenir un effort financier significatif et c'est une bataille difficile. Je considère qu'il faut que la mène en dépit de la crise financière traversée par la France et j'ai à convaincre le Gouvernement et le Parlement.

Ex-Yougoslavie

Le vrai changement, c'est incontestablement le sommet de Copenhague où la France a souhaité que soit effectivement appliquée la résolution 836. Le gouvernement français a fait un effort supplémentaire en envoyant de 800 à 1 000 hommes. Je précise qu'il s'agit d'un renfort provisoire puisque dans le même temps nous avons avisé l'ONU que nous reprendrions une partie du bataillon de soutien logistique de Zagreb. En d'autres termes il y aura un pic durant deux ou trois mois avec 800 à 1 000 hommes de plus mais à la fin de l'année nous retrouverons l'étiage des 5 000 hommes. La Hollande a décidé de dépêcher 400 hommes, et les Belges un petit contingent. Les espagnols et les Britanniques refusent de s'engager, les Grecs et les Italiens excipent de leur qualité de riverains pour rester sur la réserve, les Allemands avancent des raisons constitutionnelles pour motiver leur refus. Je regrette pour ma part que les décisions du sommet de Copenhague n'aient pas eu d'avantage d'écho.

Somalie

Les mandats de l'ONU expirent prochainement, en Somalie il sera certainement prolongé, mais nous demanderons à d'autres pays de consentir le même effort que le nôtre, déjà 1 600 Allemands arrivent en Somalie.

Cambodge

Je pars au Cambodge où l'ONU a réussi. Je serai accompagné du docteur Trucy, sénateur-maire de Toulon. Je vais y saluer les Casques bleus français qui y servent mais je vais aussi discuter avec le gouvernement cambodgien, avec le prince Sihanouk et son fils, pour connaître le rôle de la France après le départ de son contingent. Peut-être pourrions-nous y laisser quelques dizaines d'officiers qui participeraient à la constitution d'une armée nationale. C'est un rôle dans lequel la France excelle.

Ex-Yougoslavie

Le maintien du contingent français dépend du processus de paix engagé à Genève. Nous ne souhaitons pas y rester indéfiniment car nous ne sommes pas maîtres du calendrier. L'opinion publique a souvent été irritée par les procédures de l'ONU, ses prises de décisions, sa chaîne de commandement pas toujours très claire. Mais il faut qu'elle sache que si les enfants de Sarajevo ne sont pas assassinés et que si la ville a de l'eau et de l'électricité elle le doit à la France. Il faut que les Français soient fiers de leur armée et ici même je me dois de rendre hommage aux qualités humaines, à la rigueur, au professionnalisme de nos soldats engagés à Sarajevo. Je me suis rendu aux Invalides pour y saluer un grand blessé, un légionnaire amputé qui avait été pris sous le feu pour protéger des camarades. Savez-vous ce qu'il m'a dit : je ne vous demande ni reconnaissance, ni décoration monsieur le ministre mais je vous demande de hâter ma demande de naturalisation. À Sarajevo, c'est une véritable leçon de civisme, de courage, de don de soi que donnent les militaires français. Ce que le gouvernement a voulu, c'est qu'aujourd'hui notre présence soit significative à Sarajevo. On y comptera bientôt 2 300 soldats français pour l'essentiel du 21e RIMA et du 2e REI. Le secteur de Sarajevo sera bientôt sous commandement militaire français, du moins on peut espérer que l'ONU optera pour cette solution. Ce commandement sera assuré par un général qui n'est pas encore désigné.