Interview de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "La Tribune" du 18 mai 1998, sur la reprise de l'activité économique, notamment le redémarrage de l'investissement, intitulé "La reprise est changeante comme la météo".

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La Tribune
Comme le montre le dernier baromètre mensuel, depuis plus de cinq ans, le contexte économique n’a jamais semblé aussi favorable à l’évolution des PME. Partagez-vous cette opinion ?

Lucien Rebuffel
Oui, dans l’ensemble. La tendance est là, mais pour les PME la situation est contrastée selon qu’on a affaire au commerce, aux services et à l’industrie. La demande intérieure reste faible. Les commerçants ne semblent pas avoir la tête tournée. Les industries et les services orientés vers l’exportation, par contre, se félicitent de la reprise et y participent. Mais leur position par rapport aux grandes entreprises, dont elles peuvent dépendre, ne leur permet pas toujours de tirer profit pleinement de la situation : ils sont, en effet, en position de dominés par rapport à leurs donneurs d’ordres dominants.

La Tribune
Plus des deux tiers des patrons interrogés sont, au vu de leur niveau d’activité du premier trimestre, optimistes pour le reste de l’année. Pensez-vous comme eux que la reprise est là ?

Lucien Rebuffel
Oui, on entend généralement des appréciations positives mais, encore une fois, contrastées selon la taille, l’implantation, la technologie de l’entreprise, La reprise est changeante comme la météo : l’attitude reste donc à la prudence mais aussi à l’espoir.

La Tribune
Confirmez-vous que les entreprises ont repris goût à investir ?

Lucien Rebuffel
D’après les chiffres à notre disposition, oui, notamment dans l’industrie.

La Tribune
Ce redémarrage de l’activité va-t-il d’après vous s’accompagner d’une reprise de l’embauche ?

Lucien Rebuffel
Désormais, en raison notamment des mesures prises par les gouvernements successifs relatives à la diminution des charges sur les bas salaires, qui restent malgré tout insuffisantes, la France se rapprocherait, peu à peu, de la situation des autres pays développés alors que jusqu’ici, à taux de croissance égal, la France créait moins d’emplois. Il semble que cela ne soit plus vrai et que, en effet, l’emploi reparte à partir du taux de croissance de 1,5 %.

La Tribune
Pensez-vous que les PME se sont vraiment préparées au passage à l’euro ?

Lucien Rebuffel
Non pas encore. Tout le monde, y compris les organismes professionnels, a un rôle pédagogique à jouer. Malgré les difficultés j’espère que la chose se fera sans heurts majeurs. Par contre, ce passage a un coût. Il conviendrait que les PME bénéficient de prêts à taux réduit pour y faire face.