Déclaration de M. Philippe Séguin, président du RPR, à Paris le 25 mars 1998 et publiée dans "La lettre de la Nation" du 3 avril, intitulée "Pour défendre nos valeurs et promouvoir nos idées", sur les objectifs et les valeurs du RPR, sa ligne politique lors des élections cantonales et régionales 1998, son opposition à la politique du gouvernement Jospin, et la nécessité d'une union politique à droite sans le Front national.

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Circonstance : Rassemblement des jeunes du RPR à la Maison de la Chimie, à Paris, le 25 mars 1998

Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

Mes chers compagnons,

Il y a quelques mois, je vous avais réunis pour vous dire que j’avais besoin de vous.

Aujourd’hui, dans les circonstances politiques que nous traversons, j’ai plus que jamais besoin de vous.

La France vient de vivre quelques journées confuses, tour à tour extravagantes et débilitantes. Il nous faut en tirer les leçons et les conséquences.

Car il serait suicidaire de faire comme si le danger était passé, comme si tout était rentré dans l’ordre, jusqu’à la prochaine élection.

Nous avons reçu une double confirmation : confirmation de la crise politique et morale profonde que traverse notre démocratie et qui a atteint son comble ; confirmation du bien-fondé du choix que nous avons fait de la rénovation et de l’ouverture de notre mouvement.

L’heure est venue de rompre avec les ultimes hésitations et les derniers atermoiements.

Nous répondrons ainsi à l’appel du président de la République.

Car il en va aussi de l’avenir de notre démocratie et de l’avenir de notre peuple…

Notre mouvement a entre les mains de formidables atouts. Nous avons su garder notre sang-froid et nous sommes sortis de la tourmente la tête haute… Aux régionales, nous avons contenu la poussée adverse. Aucun président de région RPR n’a été élu avec la complicité du Front national.

Nous avions défini une ligne… Nous avions pris des engagements devant les Français. Cette ligne et ces engagements ont été tenus.

Cette ligne et ces engagements étaient clairs : aucune concession dans notre combat contre la gauche ; pas d’accord, pas d’alliance, pas de négociation avec l’extrême droite.

Parce que la gauche ne peut conduire nos régions et nos départements que là où elle conduit la France, c’est-à-dire au déclin…

Parce que l’accord avec l’extrême droite aurait conduit à une triple impasse. Impasse morale : c’est une évidence. Impasse politique : il n’y a rien à discuter avec ceux qui ont une vision passéiste et réactionnaire des choses. Impasse électorale, comme l’a montré de manière incontestable le deuxième tour des élections cantonales : on peut toujours additionner des conseillers régionaux ; on ne parviendra jamais à additionner les voix de l’opposition républicaine et celles de l’extrême droite sans déperdition de part et d’autre…

Nous avons montré que nous étions prêts à aller jusqu’au bout de nos choix. Et nous n’aurons pas eu, pour notre part, à donner des justifications en forme de contorsions.

Le RPR voulait un patron. Il l’a.

Et ce patron vous dit que notre mouvement a eu de la chance de pouvoir disposer tout au long de cette période difficile d’un secrétaire général de la trempe de Nicolas Sarkozy.

Notre mouvement a ainsi tenu, et bien tenu. C’est bien la preuve que nos efforts de ces derniers mois n’ont pas été inutiles.

Nous en sommes fiers et je ne vois pas pourquoi nous nous en cacherions.

Mais nous n’entendons pas nous laisser enfermer dans le piège qui consiste à limiter le débat politique au positionnement par rapport à l’extrême droite.

Nous devons avoir une stratégie qui réponde aux réalités de la France et aux attentes des Français.

Dans les périodes cruciales il faut en effet de la lucidité et du courage.

Et avant tout, de la lucidité. Le courage vient de surcroît, et d’autant plus naturellement que le diagnostic a été bien posé, la situation bien comprise et que le chemin à suivre s’impose…

Évitons donc tout contresens. Sur le marché, l’offre en contresens est actuellement surabondante. Gardons la tête froide.

Laissons d’abord de côté les leçons de morale.

Celles qu’on nous dispense, bien sûr, mais aussi celles que nous serions tentés de dispenser.

Ne nous contentons pas de condamner à tout va.

D’abord, parce que nous donnerions à penser que nous avons été assez naïfs pour ne pas prévoir que dans la difficulté, certains pouvaient s’affoler et, finalement, flancher. Cela devait arriver un jour. Nous savons, depuis toujours, que certains fondent la politique sur les transactions et non sur les convictions. Nous savons aussi – pourquoi le cacher ? – qu’il est dur d’admettre que la gauche puisse l’emporter avec des majorités, ô combien relatives, en exploitant sans vergogne une situation politique qu’elle a contribué largement à créer. C’est de la piraterie. Cela ne réjouit personne, sinon les intéressés.

Ensuite, parce que le plus grand tort de quelques-uns aura été leur extrême myopie politique, leurs raisonnements par trop expéditifs. Leur erreur aura été de penser en termes strictement régionaux, de ne pas comprendre que la juxtaposition de comportements qui, pris isolément, pouvaient leur sembler ne pas prêter à conséquences, créait en fait un problème national grave…

C’est cela qui aura été le plus préoccupant : non point seulement chez quelques-uns l’absence de désintéressement. Mais surtout l’absence de vraie conscience politique. L’incapacité à prendre la mesure des enjeux à moyen et long terme…

J’ai donc pris, conformément aux pouvoirs qui me sont conférés en période électorale, les décisions qui paraissaient s’imposer. Parce que telle était ma responsabilité. Personne ne pouvait le faire à ma place.

Ces décisions ont été difficiles. Je les ai prises par nécessité et non pour céder aux cris d’orfraie et au chantage médiatique des belles âmes professionnelles.

Car si je ne les avais pas prises, notre position aurait perdu toute crédibilité devant les Français.

Et toutes les digues auraient été emportées.

Pour autant, nous n’allons pas dresser des bûchers… Désormais, en application des statuts, ce sont les procédures normales et contradictoires qui s’appliqueront. Elles laisseront un peu de temps à ceux de nos amis qui auraient cru devoir participer de près ou de loin à des exécutifs prisonniers du Front national. Ils pourront prendre le recul qui leur a tant manqué.

Laissons de même les socialistes à leurs turpitudes.

Les manœuvres des socialistes sont évidemment condamnables. Et elles ont été justement condamnées par le président de la République.

Car nous sommes au cœur d’une certaine conception de la politique… Il n’y a décidément rien de commun entre la leur et la nôtre.

Jamais, d’ailleurs, nous n’avons autant ressenti, de manière presque physique, la vraie nature de la démarche des socialistes que lors de l’intervention de M. Jospin, jeudi dernier, sur le perron de l’hôtel Matignon. Une intervention qu’il voulait chargée de dignité constitutionnelle.

Jamais nous n’aurons été autant en mesure de voir, de toucher, de comprendre les formidables arrière-pensées de ceux qui mettent en garde contre l’extrême droite, tout en s’efforçant de favoriser sa fortune électorale.

M. Jospin a réclamé pour l’héritage de M. Mitterrand le bénéfice de l’inventaire. De cet héritage, il aura gardé le pire, et ce n’est pas rien. Le pire, c’est ce poison terrible distillé dans la démocratie française, en toute conscience, pour le profit que l’on sait…

Qu’importe si l’on prend ainsi tous les risques… Qu’importe si on laisse ainsi derrière soi des ruines, et le découragement de tout un peuple. L’essentiel n’est-il pas de gagner, de gagner à tout prix ? Et de gagner par des artifices, puisque l’on ne sait plus gagner sur des idées et moins encore sur un bilan.

Mais, passé un légitime haut-le-cœur, soyons justes et reconnaissons que l’essentiel est ailleurs. Les manœuvres socialistes n’expliquent pas tout. Elles encouragent, elles attisent, elles amplifient un mouvement qui a d’autres causes…

D’autres causes et d’autres effets, d’ailleurs… Car il n’y a pas que la montée de l’extrême droite : il y a celle, aussi, d’un vote protestataire d’extrême gauche. Il y a l’abstention toujours plus forte, et puis il y a cette masse impressionnante de votes blancs, ces électeurs qui font l’effort de se déplacer pour nous dire, nous dire à tous, le refus d’une situation qu’ils ne supportent plus…

Ces causes, sachons les hiérarchiser…

La crise politique grave que nous traversons ne se limite pas à sa dimension institutionnelle.

La crise institutionnelle aggrave la crise politique. Elle ne peut suffire à l’expliquer…

Certes, nos institutions sont en crise et, pire encore, nos compatriotes perdent confiance en elles.

Et j’imagine que le spectacle lamentable qui aura été donné plusieurs jours durant à nos concitoyens, tous ces vacarmes, toutes ces vociférations, tous ces arrangements, n’auront fait qu’aggraver les choses

Qu’auront vu les Français, en effet ? La pire politique qui soit, la politique politicienne, en effet, celle où on s’échange places, fiefs et sinécures dans l’ombre des couloirs, sans avoir consulté les électeurs. Une formidable régression.

Pour autant, ne nous y trompons pas.

Il faut évidemment moderniser notre vie politique, comme nous y a invités le président de la République.

Mais nous avons, pour notre part, le devoir d’aller au-delà.

Les réalités nous rattrapent. Pour les Français que nous avons à convaincre, le problème ce n’est pas seulement la nature des modes de scrutin, le cumul de mandats ou la transparence des marchés. Ces questions sont certes capitales ; mais elles restent le luxe des démocraties solides.

Le problème n’est pas de continuer à faire demain, un peu plus proprement, ce que nous faisons aujourd’hui.

Il ne s’agit pas de sauver les apparences, pour gagner un nouveau sursis…

Il s’agit, il s’agit enfin de traiter les choses au fond. Ce que l’on doit avant tout à la démocratie, ce sont ni des ravalements de façade, ni des pétitions de principe, ni même des professions de foi. Ce qu’on lui doit avant tout, c’est la vérité.

Il est temps de dire la vérité, qui est le nerf du salut public.

Cette vérité, il ne s’agit plus de l’annoncer. Il faut la dire.

Il faut dire que notre peuple ne comprend plus où on le conduit.

Il faut dire que l’État est dramatiquement affaibli – comme la Corse l’illustre jusqu’à la caricature.

Il faut dire que les classes moyennes, qui forment l’épine dorsale de notre société, sont découragées et que, tout doucement, elles renoncent.

Il faut dire que l’insécurité, les tensions sociales, ont atteint le seuil de l’intolérable.

Il faut dire encore que l’intégration, étouffée par l’immigration clandestine, est dans l’impasse et que la politique irresponsable de la gauche nous prépare à de nouveaux déséquilibres.

Il faut dire, encore et toujours, que notre justice est en crise et que notre démocratie en souffre.

Il faut dire enfin que le silence des politiques sur les thèmes très réels et douloureux qui écrasent notre société, indignent et exaspèrent les Français, que le poids des non-dits, l’oppression des tabous et du politiquement correct, que tout cela n’est plus tenable.

Nous devons voir les réalités telles qu’elles sont, et non fuir, fuir toujours, pour tomber tête la première dans les pièges les plus grossiers.

Cela fait des années que beaucoup de nos problèmes, pas tous nos problèmes, mais beaucoup, se résument à deux mots : la mondialisation et l’Europe.

Les Français ont peur de ce qu’ils perçoivent de la mondialisation. Ils ont peur de ce qu’ils perçoivent de l’Europe.

Ils ont peur que leur nation, que leur aventure partagée de plusieurs siècles ne se dilue dans un magma informe où ils ne maîtriseront plus rien.

Ils pensent que nous les livrons pieds et poings liés à une mondialisation et à une Europe qui leur paraissent synonymes de chômage, d’éclatement des structures traditionnelles, de disparition des grandes références…

Eh bien, le temps est venu de dire aux Français que nous comprenons leur angoisse. Mais que nous ne faisons pas que la comprendre. Que cette angoisse a des fondements réels. Mais qu’elle peut être surmontée. Et que les problèmes eux-mêmes peuvent être surmontés. À force de volonté.

Il ne s’agit plus seulement d’expliquer. On leur a tant expliqué – si mal il est vrai. Il s’agit de dire les choses telles qu’elles sont et, surtout, d’agir.

Pour peu que nous y soyons réellement décidés. Pour peu que nous levions le nez du guidon. Pour peu que nous soyons résolus à définir une politique, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui nous permette de tirer de la mondialisation le meilleur et d’en conjurer le pire. Une politique qui fasse de l’Europe une vraie puissance, et non une tyrannie abstraite : une puissance qui se donne pour objectif le bonheur des peuples qui la composent, qui défende avec réalisme leurs intérêts, qui soit attentive à leurs aspirations et à leurs besoins.

Tant que les socialistes seront au pouvoir, la France perdra du temps. Tâchons au moins de ne pas perdre le nôtre, et de préparer l’avenir.

Oui, voilà le chemin. Le seul chemin possible. Le seul chemin à proposer aux Français.

Il faut qu’ils se décident à nous suivre. Ce n’est pas un problème d’alliance, de compromis ou de magouille. C’est une question de crédibilité. Tout repose donc sur nos efforts, sur vos efforts. Alors, il faut travailler. Nous n’avons plus beaucoup de temps.

J’ai toujours pensé que pour convaincre nos compatriotes, nous devions les traiter comme des adultes, et non comme des brebis égarées.

Cela est vrai en particulier pour les millions de Françaises et de Français qui en sont venus à voter pour le Front national. Ce ne sont pas des citoyens d’une espèce inférieure, une espèce qui serait par nature moralement condamnable. Beaucoup de ces hommes et de ces femmes viennent de nos rangs. Ils nous ont quittés parce que nous les avions déçus, parce qu’ils avaient acquis la conviction, au fil du temps, que nous, les politiques, nous avions renoncé à maîtriser les choses, et que tous, nous n’avions plus à leur proposer que la même médiocre pitance, une méchante soupe prétendument consensuelle. C’est d’ailleurs vrai aussi de beaucoup d’autres Français. De nos électeurs eux-mêmes qui doutent, même quand ils ne nous abandonnent pas. Et je n’oublie pas ceux qui égarent leurs votes sur la gauche et que nous n’avons jamais renoncé, nous ne renoncerons jamais à reconquérir.

C’est assez dire que nous ne devons ni travestir nos idées, ni transiger avec nos valeurs. Encore faut-il que nous ayons des idées, et que nous réaffirmions nos valeurs.

C’est à choisir cette voie que j’avais convié, il y a déjà plusieurs mois, l’ensemble de nos compagnons du RPR.

Cette voie, nous avons commencé à nous y engager. Il faut continuer, continuer plus que jamais, En y mettant le ton.

Ce ton qui, trop longtemps, nous a fait tragiquement défaut.

Ce ton, c’est celui des hommes et des femmes qui croient dans ce qu’ils disent.

La primauté de la Nation.

L’autorité de l’État, l’autorité tout court, sans concession, dans le respect de l’ordre républicain et de la légalité.

La recherche inlassable de l’équité fiscale et de la justice sociale…

La liberté, la famille, l’esprit de responsabilité, le sens du travail, une solidarité qui ne se réduise pas à l’assistanat, l’égalité des chances…

Et puis, surtout, la force et la dignité de la France.

Ce ne sont pas de vains mots. Ce sont nos valeurs, ce sont les valeurs du gaullisme. Allons-nous, une fois de plus, les abandonner, les laisser détruire par les uns, subvertir par les autres ?

Allons-nous garder notre drapeau dans notre poche, comme si nous avions peur de parler de ce que nous aimons, de notre patrie et de ses valeurs, sous prétexte que d’autres se les ont appropriées sans vergogne ?

Le gaullisme, le seul vrai gaullisme, celui de la démocratie et de la patrie unies dans une même volonté, c’est une force en mouvement. C’est ce ton, et c’est cette direction. Retrouvons ce ton, et désignons à nouveau, clairement, la bonne direction. Et nous entraînerons avec nous tous ceux qui ont l’amour sincère de la France. Quelles que soient leurs origines, quels que soient leurs votes. Si nous croyons en nous-mêmes, alors les Français croiront en nous.

Il n’est qu’un discours qui vaille : le discours de la fermeté et de la rupture avec les fausses doctrines et surtout, surtout, avec les idées molles.

Mes chers compagnons,

Le Rassemblement pour la République continue. Et, je vous le dis, il continuera demain.

Il a fait la preuve de sa solidité.

Il a démontré qu’il était incontournable dans le paysage politique français…

Il s’est imposé comme indispensable à l’avenir que nous voulons pour la France.

Nous nous refusons donc au suicide que constituerait sa disparition ou sa dilution.

Nous savons les difficultés que traversent actuellement nos partenaires. Nous ne nous en réjouissons pas, et nous leur souhaitons, en toute amitié, de pouvoir les surmonter.

Quoi qu’il arrive, nous serons toujours prêts à rechercher avec eux les formules nous permettant de poursuivre les combats que nous avons en commun.

Peu importe les modalités…

Elles n’intéressent que nous-mêmes. La seule chose qui compte, c’est l’objectif que nous nous fixons. Et la volonté réelle, la sincérité qui nous animent. Le reste viendra de lui-même.

Pour autant, qu’il soit clair que nous entendons nous refuser désormais à toute stratégie du plus petit commun dénominateur.

L’affaiblissement de la réflexion et du discours politiques a été incontestablement lié à une conception par trop réductrice de l’union.

L’union doit se faire demain dans le respect, dans l’encouragement de la diversité.

Il faut unir nos forces, non les amalgamer.

Il n’est plus temps de rogner, d’élimer, d’affadir.

C’est vrai en particulier quand il s’agit des enjeux fondamentaux.

Notre stratégie électorale sera désormais fondée sur l’exigence d’identité réclamée par les Français et non plus sur de simples considérations d’opportunité tactique.

J’ai été à votre tête pour la réconciliation. J’ai été à votre tête pour la rénovation. J’ai été à votre tête dans le combat des régionales. J’ai été à votre tête contre la compromission. Je le serai dans le combat pour l’identité.

Mais nous ne saurions nous en tenir là…

Nous avons pu croire qu’avec ces élections régionales et cantonales, nous marquions une pause obligée dans l’effort entrepris en juillet et confirmé par nos assises.

Il n’en est rien.

Pendant que le bateau tanguait, pour finalement sortir de la tempête sans grand dommage, de nombreux Français, de nombreux jeunes nous ont regardés.

Ils ont vu que nous n’étions pas de ceux qui fléchissent au premier coup de bambou.

Ils ont vu que nous refusions les combinaisons et les mauvais arrangements.

Ils ont vu que nous faisions ce que nous disions.

Alors ils se sont dit qu’on pouvait sans doute nous croire quand nous disions que nous voulions changer de méthodes et de comportements.

Que nous voulions renouer avec le langage des valeurs.

Que nous voulions renouveler la vie publique.

Alors ils se sont dit que oui, décidément, il y avait bien place entre l’extrême droite et la gauche « plurielle » pour une force politique qui ne pactise ni avec l’une ni avec l’autre. Qui défende une certaine idée de la France, loin du dirigisme, de l’économie administrée de la gauche. Loin des dérapages et des fausses solutions de l’extrême droite.

Qu’il y avait place pour ceux et celles qui refusent la division nationale, le climat d’affrontement, l’hypocrisie, la cupidité, pour ceux qui gardent leur fierté et leurs convictions.

Qu’il y avait place enfin pour tous ceux qui refusent le vichysme des temps de paix, l’esprit de renoncement et l’esprit d’abandon, la soumission à la loi du plus fort.

C’est plus qu’une lueur d’espoir. Tout ce gâchis n’aura pas été inutile. Cette crise est une chance.

Eh bien, ces Français, il faut aller à leur rencontre. Et leur dire de nous rejoindre.

Car il n’est plus temps de multiplier les commissions, ni les groupes de réflexion. Il faut aller porter nos idées, les mettre à l’épreuve sur le terrain, dans les circonscriptions, dans les villes, les cités, les quartiers, sur les marchés. À vous de commencer. Dans les universités, les IUT, dans les centres de formation d’apprentis, dans les entreprises, partout où le, jeunes sont présents.

Notre projet en main, notre projet qui comporte les réponses aux attentes des Français. Ce projet, nous devons le propager, l’expliquer. Et nous tenir prêts, aussi, à écouter. À écouter, mais aussi à entendre. Et à proposer, à la lumière de nos choix, des solutions, des solutions concrètes. Même si vous devez essuyer d’abord, parfois, ces quolibets, ces rebuffades, que nourrissent des années et des années de déceptions et de désillusions.

Non, ce ne sera pas facile. Il faudra se battre, jour après jour, marteler nos arguments, avec intelligence, volonté, imagination.

Mais c’est à ce prix que nous convaincrons solidement et durablement.

Et nous prolongerons cet effort par une grande campagne d’adhésion.

Ainsi que par un profond renouvellement de nos instances, de nos cadres, de nos candidats, renouvellement auquel vous avez toute votre part.

Il est temps, mes chers compagnons, que notre peuple se réveille et qu’il rejette les marchands de sable, les vendeurs de vent et les mauvais prophètes.

Nous rassemblerons, oui, nous rassemblerons tous ceux qui voudront nous rejoindre sur une même idée du destin national.

On ne bâtit rien de durable sur le renoncement. L’heure est venue de reconstruire.

Dans la vérité et la clarté.

Pour la République.

Et pour la France.