Interviews de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, accordées à Radio France internationale le 25 août 1998, sur la préparation des élections en Guinée et sur le conflit en Guinée-Bissau, Dakar le 25 août 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Charles Josselin - ministre délégué à la coopération et à la francophonie

Circonstance : Voyage de M. Josselin en Guinée et au Sénégal les 24 et 25 août 1998

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

RFI : Le dossier Bissau guinéen évoqué d'ailleurs hier à Dakar où le ministre français de la coopération achevait une mini-tournée en Afrique de l'Ouest. Selon Charles Josselin, les pays africains doivent jouer un rôle de leader dans le conflit en Guinée-Bissau. Charles Josselin a été reçu hier soir par le président Abdou Diouf après avoir rencontré dans la matinée le général Lansana Conté. Lors de son étape guinéenne, les débats ont également porté sur la tenue des présidentielles de décembre. La France appuiera le processus électoral notamment par l'octroi d'une enveloppe de trois millions de francs français destinés à l'achat de matériel électoral. Cinq ans après les présidentielles contestées de 1993 et alors que l'opposition guinéenne exige la mise en place d'une commission indépendante, le ministre de la coopération se montre plutôt confiant.

Charles Josselin : J'ai rencontré le président de l'Assemblée nationale et le bureau de l'Assemblée nationale ; l'opposition y était présente. Certains de ses responsables m'ont remis un document dans lequel ils résument ce qu'ils espèrent pour l'organisation des prochaines élections. Laissez-moi le temps de le découvrir, puisque je n'ai pas encore eu le temps d'en prendre connaissance, et nous apprécierons les messages que nous pourrions faire passer à nos amis guinéens pour que ces élections se déroulent le mieux possible, c'est-à-dire dans la transparence, qu'elles donnent envie à l'opposition d'y participer. Cela me paraît important. Mais je crois que les Guinéens ont fait déjà du chemin pour enraciner la démocratie chez eux, en tout cas je le leur souhaite car les élections de décembre prochain vont être un signal fort que la Guinée va adresser au monde. J'espère qu'il sera positif.

RFI : Tant avec le président de Guinée-Conakry, Lansana Conté, qu'avec le chef de l'État sénégalais, Abdou Diouf, Charles Josselin s'est longuement entretenu de la situation en Guinée-Bissau. Les pourparlers de paix reprennent aujourd'hui au Cap-Vert et pour Charles Josselin, l'Afrique de l'Ouest doit jouer les premiers rôles à la table des négociations.

Charles Josselin : Nous préférons que ce soit les Africains qui s'impliquent dans la solution de ce conflit et que la CEDEAO, en relation d'ailleurs avec la communauté des États lusophones, puisse avoir un rôle un peu leader dans cette affaire. Il paraît logique, s'agissant d'un problème qui intéresse la sous-région que ce soient les États de la sous-région qui le prennent en charge.

RFI : La CEDEAO a en effet réussi à s'imposer dans une négociation jusqu'à présent dirigée par les seuls Lusophones. Ce n'était pas gagné d'avance car deux pays membres de la CEDEAO sont impliqués militairement à Bissau, la Guinée-Conakry et le Sénégal, et les militaires insurgés continuent de se méfier de l'instance post-africaine, ainsi que de la France soupçonnée d'avoir aidé militairement le Sénégal. Pour Charles Josselin, les pourparlers de paix sont donc l'occasion de dissiper les malentendus.

Charles Josselin : Beaucoup de choses vont être clarifiées, y compris sur le rôle supposé de la France dans cette affaire. Je sais que certains médias ici, ailleurs, peut-être même un peu au Portugal, ont eu tendance quelquefois à exagérer le rôle que nous aurions joué dans cette affaire. Je le redis : nous sommes surtout désireux de vois la Guinée-Bissau retrouver la paix et éviter d'être un sujet d'inquiétude pour tous ses voisins.