Texte intégral
Radio France - 2 mai 1994
C'est une vraie victoire que ces élections aient eu lieu, qu'elles aient permis à chaque citoyen, à chaque citoyenne d'Afrique du Sud, quelle que soit la couleur de sa peau, d'y participer librement. Cela, c'est un extraordinaire succès, dont je me réjouis parce que cela va changer toute la donne en Afrique du Sud et, je crois, dans tout le Sud de l'Afrique également.
Le projet de Constitution intérimaire qui va maintenant régir l'Afrique du Sud repose sur l'idée d'un partage du pouvoir avec un Président et un vice-Président. Je pense que ce sera M. Mandela et M. de Klerk. Ces deux hommes ont su faire depuis plusieurs années de leur capacité à maîtriser ensemble les problèmes redoutables qui se posent à l'Afrique du Sud. Je suis convaincu qu'ils vont continuer à le faire. C'est dans leur coopération, dans une solution de mesure et d'équilibre que l'Afrique du Sud peut véritablement trouver les solutions à ses problèmes.
Réponse du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, à une question d'actualité (Assemblée nationale, 4 mai 1994)
Monsieur le Député, fort heureusement dans la vie internationale il y a, de temps en temps, des moments de joie.
Ce qui s'est passé en Afrique du Sud est un moment de grande joie et je suis sûr que tout le monde est d'accord ici.
C'est un moment de grande joie pour tous ceux qui aiment la démocratie, la vraie et pour tous ceux qui aiment l'Afrique.
Ces élections multiraciales libres ont mis un terme au régime de l'apartheid et c'est un événement qui mérite la qualification d'historique.
Je vous rappelle que tous les gouvernements français depuis plusieurs décennies, ont condamné l'apartheid de manière claire et ferme, sans aucune espèce de restriction. Il est dommage que, face à cet événement historique, on voie resurgir des approches partisanes.
Ces élections ont été une réussite parce qu'elles se sont déroulées dans le calme, parce que la participation a été très élevée, parce que les quelques défauts d'organisation relevés ici ou là n'ont en aucune manière porté atteinte à leur sincérité et à leur validité.
Nous ne connaissons pas encore les résultats définitifs, mais il est tout à fait assuré que l'ANC a remporté une large victoire, que le parti national a réalisé un score remarquable puisqu'il a mobilisé des voix dans toutes les communautés de l'Afrique du Sud et que l'Inkatha a franchi la barre des 5 % qui lui permettra de participer à la vie publique de la future Afrique du Sud.
Ce résultat est d'abord dû au peuple sud-africain, à son courage, à son sang-froid, à sa maturité. Il est dû aussi à deux hommes de stature exceptionnelle que j'ai eu l'occasion de rencontrer lorsque je me suis rendu en Afrique du Sud au mois de janvier dernier : le président Mandela et le président de Klerk, qui ont bien mérité le prix Nobel de la paix qui leur a été attribué à tous deux.
Vous me demandez, Monsieur le Député, ce que compte faire la France. Permettez-moi de vous rappeler ce qu'elle a déjà fait.
J'ai rappelé sa condamnation de l'apartheid.
J'étais moi-même en Afrique du Sud il y a quelques semaines. Nous avons envoyé des observateurs pour participer au processus électoral.
Le Premier ministre a décidé depuis plusieurs mois déjà d'augmenter considérablement notre coopération avec l'Afrique du Sud. La Caisse française de développement a été autorisée à intervenir dans ce pays.
Lorsque je me suis rendu sur place, j'ai proposé aux responsables que j'ai rencontrés qu'entre la France et la nouvelle Afrique du Sud démocratique s'instaure un véritable partenariat, non seulement économique mais aussi politique et culturel parce que cette nouvelle Afrique du Sud comptera dans toute l'Afrique australe, dans tout le continent africain.
Cette notion se matérialisera, je l'espère ; nous l'avons proposé et le principe en avait été accepté lors du prochain sommet franco-africain qui aura lieu en France au mois de novembre par la présence de la nouvelle Afrique du Sud aux côtés de la France et de ses autres partenaires d'Afrique.