Texte intégral
La Provence : Pourquoi semblez-vous préférer votre épouse Jany à Bruno Mégret pour conduire la campagne des européennes au cas où vous-même ne pourriez le faire ?
Jean-Marie Le Pen : Comme vous le savez, je suis Breton. Quand le marin est en mer, c’est sa femme qui dirige la maison. Si pour une raison inique et à cause de lois scandaleuses je suis empêché de conduire cette campagne, je pense que la femme qui porte mon nom est très bien placée pour le faire. J’ai la faiblesse de croire que le nom de Le Pen est emblématique du combat du FN. Et j’ai la faiblesse de croire que les électeurs partagent mon point de vue.
La Provence : Autrement dit, vous n’envisagez pas de laisser Bruno Mégret vous remplacer.
Jean-Marie Le Pen : Bruno Mégret a bien d’autres choses à faire dans sa carrière politique que d’être tête de liste aux européennes. Il a d’ailleurs déjà fait acte de candidature pour les élections municipales de Marseille de 2001. J’estime que c’est un combat autrement plus intéressant que d’aller au Parlement européen et qu’il a tout à fait raison de choisir cette voie.
La Provence : Vous avez semblé très en colère lorsqu’il a exprimé publiquement son désir de conduire la liste.
Jean-Marie Le Pen : L’impression du président du Front national n’a pas à être discuté. Et je n’entends pas que quiconque le fasse. En revanche, il est tout à fait légitime qu’il y ait des points de vue différents, voire même des divergences au sein de notre mouvement. Mais au bout du compte, c’est moi qui décide.
La Provence : Au-delà des élections européennes du printemps 99, n’est-ce pas plutôt la présidentielle de 2002 qui se prépare ?
Jean-Marie Le Pen : Si Bruno Mégret a eu une seconde cette idée-là, il a fait une grave erreur d’appréciation.
Je me sens en pleine forme et c’est vrai – la presse l’a d’ailleurs fait très aimablement remarquer ces derniers jours – que j’aurai alors presque 74 ans mais je ne vois pas ce qui m’empêcherait de ma présenter devant les Français si j’en ai les capacités physiques et intellectuelles ; Mon combat n’est pas terminé. Bruno Mégret a de quoi assouvir d’autres ambitions que celle-ci.
La Provence : Vous avez toujours dit que si votre inéligibilité était confirmée, vous n’iriez pas en cassation. Maintenez-vous votre position ?
Jean-Marie Le Pen : Je l’ai dit c’est vrai. Mais je peux changer d’avis et choisir ne autre stratégie. La cassation est suspensive, ce qui me permettrait, tout compte fait, d’être candidat au printemps. Rien n’est figé, je prendrai la décision qui me semblera la meilleure.
En attendant, je rappelle à qui veut l’entendre, qu’il n’y a dans mon mouvement, ni n° 2 ni n° 3 ni n° 4 et que si le Front national en est aujourd’hui là où il est c’est grâce à moi. A bon entendeur…