Texte intégral
R. Bussières : En tant que ministre déléguée à l'action humanitaire vous étiez hier au côté du Premier ministre lors de sa visite au Rwanda, quelles sont vos impressions ?
L. Michaux-Chevry : Je crois qu'il n'y a pas de mots, pas d'adjectifs pour qualifier l'horreur qui se vit actuellement au Rwanda. À l'horreur de ce spectacle de corps entremêlés et à cette odeur qui vous poursuit depuis l'aéroport.
R. Bussières : Par quoi faut-il commencer et qu'allez-vous faire de plus ?
L. Michaux-Chevry : Vous savez depuis le 9 avril, la France s'est mobilisée, nous avons créé un pont aérien pour apporter des secours. La situation est très grave et je pense déjà à l'avenir parce que je crois qu'à la rentrée on va oublier le Rwanda. Je crois que ce qui était indispensable, c'était de préparer la culture de la paix. On trouve des enfants perdus, orphelins ou égarés qui ont été ramassés par les militaires français. Il faudrait rapidement apporter à ces enfants outre la nourriture, la tendresse, le goût du jeu pour qu'ils oublient ce spectacle d'horreur.
R. Bussières : E. Balladur a regretté hier l'absence d'une action commune de l'Union Européenne, pensez-vous qu'il soit possible de créer une structure commune ?
L. Michaux-Chevry : Je crois que c'est indispensable compte tenu de l'ampleur de la catastrophe. On parle du Rwanda mais en Somalie, en Angola, c'est la même chose. Je crois qu'il est nécessaire que la communauté internationale prenne une décision d'action d'intervention commune.
R. Bussières : B. Kouchner disait hier que la communauté internationale ne s'était préoccupée du Rwanda qu'avec l'apparition du choléra, que pensez-vous de ce devoir d'ingérence ?
L. Michaux-Chevry : Moi, je suis juriste et je suis très prudente, je crois que personne ne pouvait arrêter, ce qui s'est passé. Je crois que c'est difficile comme cela dans un salon parisien de régler des problèmes qui sont très profonds à l'intérieur d'un pays. Je crois que si la communauté internationale s'était mobilisée dès le début autour de la France, la situation dramatique du choléra n'aurait pas eu cette ampleur.