Interview de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre mer et chef de file du PS en région Rhône Alpes, dans "Le Parisien" du 3 septembre 1998, sur l'exclusion de Charles Millon du groupe UDF de l'Assemblée nationale, et sur sa détermination à favoriser une "solution républicaine" pour sauver la région en mettant à l'écart le Front National, Charles Millon et ses proches.

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Circonstance : Exclusion de M. Charles Millon du groupe UDF de l'Assemblée nationale le 2 septembre 1998

Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - L'exclusion de Charles Millon du groupe UDF de l'Assemblée, est-ce une victoire du PS ?

Jean-Jack Queyranne (PS). - Non. L'homme est, d'abord, rejeté par ses propres amis. C'est une clarification indispensable.

Q - Vos amis disent que Charles Millon pourrait perdre sa présidence en Rhône-Alpes ?

- Il s'est déroulé en juillet un évènement passé inaperçu, mais très important : Charles Millon a été systématiquement mis en minorité pour la désignation des représentants de la région dans les différents organismes extérieurs. Il n'y a donc aucun élu FN dans les lycées et dans les universités. Et tous ses vice-présidents ont été battus dans leur domaine de compétence. Cela prouve qu'il est, aujourd'hui, un président potentiellement minoritaire.

Q - Il a toujours une voix de majorité…

- Peut-être, mais un certain nombre de conseillers régionaux de droite ont déjà pris leurs distances avec lui. Et je constate que d'autres ont marqué leur défiance au cours d'un récent vote à bulletin secret. Il faut maintenant que la droite prenne ses responsabilités, et envisage rapidement une mise en minorité effective de Millon, en particulier sur le prochain budget.

Q - Le PS est-il prêt à favoriser l'accession à la présidence d'une personnalité de droite ?

- La gauche a la capacité et la légitimité pour diriger la région : nous étions à égalité de sièges et majoritaires en voix. Mais aujourd'hui, pour sauver la région, nous sommes prêts à favoriser une solution républicaine, qui mette à l'écart le FN en même temps que Millon et ses proches.

Q - Allez-vous continuer à voter systématiquement contre toutes les délibération de l'actuel exécutif ?

- Oui. Il est hors de question de venir au secours de Millon alors que le fondement même de son pouvoir, c'est une alliance avec le FN.

Q - Les manifestations d'opposition sur le terrain ne le renforcent-elles pas dans sa détermination ?

- Millon est effectivement dans une logique d'enfermement sectaire. Il veut avoir raison envers tout et contre tout. Il a confisqué la région à son service. Il essaie de se poser en victime.

Q - Si la gauche favorise une alternative républicaine, Charles Millon dénoncera l'alliance entre UDF, RPR, PC et PS.

- C'est le discours du FN. Millon, il est vrai, est de plus en plus attiré par le Front national.