Texte intégral
Q - L'exclusion de Charles Millon du groupe UDF de l'Assemblée, est-ce une victoire du PS ?
Jean-Jack Queyranne (PS). - Non. L'homme est, d'abord, rejeté par ses propres amis. C'est une clarification indispensable.
Q - Vos amis disent que Charles Millon pourrait perdre sa présidence en Rhône-Alpes ?
- Il s'est déroulé en juillet un évènement passé inaperçu, mais très important : Charles Millon a été systématiquement mis en minorité pour la désignation des représentants de la région dans les différents organismes extérieurs. Il n'y a donc aucun élu FN dans les lycées et dans les universités. Et tous ses vice-présidents ont été battus dans leur domaine de compétence. Cela prouve qu'il est, aujourd'hui, un président potentiellement minoritaire.
Q - Il a toujours une voix de majorité…
- Peut-être, mais un certain nombre de conseillers régionaux de droite ont déjà pris leurs distances avec lui. Et je constate que d'autres ont marqué leur défiance au cours d'un récent vote à bulletin secret. Il faut maintenant que la droite prenne ses responsabilités, et envisage rapidement une mise en minorité effective de Millon, en particulier sur le prochain budget.
Q - Le PS est-il prêt à favoriser l'accession à la présidence d'une personnalité de droite ?
- La gauche a la capacité et la légitimité pour diriger la région : nous étions à égalité de sièges et majoritaires en voix. Mais aujourd'hui, pour sauver la région, nous sommes prêts à favoriser une solution républicaine, qui mette à l'écart le FN en même temps que Millon et ses proches.
Q - Allez-vous continuer à voter systématiquement contre toutes les délibération de l'actuel exécutif ?
- Oui. Il est hors de question de venir au secours de Millon alors que le fondement même de son pouvoir, c'est une alliance avec le FN.
Q - Les manifestations d'opposition sur le terrain ne le renforcent-elles pas dans sa détermination ?
- Millon est effectivement dans une logique d'enfermement sectaire. Il veut avoir raison envers tout et contre tout. Il a confisqué la région à son service. Il essaie de se poser en victime.
Q - Si la gauche favorise une alternative républicaine, Charles Millon dénoncera l'alliance entre UDF, RPR, PC et PS.
- C'est le discours du FN. Millon, il est vrai, est de plus en plus attiré par le Front national.