Texte intégral
Le Parisien
Robert Hue demande au Gouvernement « d’accélérer ». C’est aussi votre vœu ?
Marie-George Buffet
Je crois, comme Robert Hue d’ailleurs, que le Gouvernement a travaillé durant ces quinze premiers mois. Il y a des avancées qu’il faut mesurer. Par exemple : les 35 heures, les emplois jeunes (dont 15 000 dans le secteur Jeunesse et Sports), la loi contre l’exclusion. On entendait souvent les gens dire : « Tous les mêmes ». On l’entend moins aujourd’hui. Mais soyons lucides : il reste des souffrances, des urgences. Celles et ceux qui les vivent attendent du Gouvernement qu’il avance au plus vite sur les réponses à leurs difficultés…
Le Parisien
Donc, le Gouvernement doit accélérer ?
Marie-George Buffet
Ne nous enfermons pas dans une formule ! Pensons d’abord à ce que veulent des millions de Français qui sont confrontés à des problèmes précis. Pour eux, il ne s’agit pas de gérer, mais de réformer.
Le Parisien
A quoi attribuez-vous la crise en Russie ? Au virage libéral ou à l’héritage soviétique ?
Marie-George Buffet
Aux deux. Au poids du passé s’ajoute cette extraordinaire fuite en avant ultralibérale. On veut faire avaler aux Russes des mesures qui sont tout le contraire d’une politique sociale. Or, on ne peut redresser un pays sans penser, d’abord, au bien-être de ses habitants.
Le Parisien
Une partie des électeurs FN viennent des rangs de la gauche et, notamment, du P.C. …
Marie-George Buffet
C’est par désespérance qu’à une époque des électeurs de gauche ont rejoint le vote FN. Mais, face au discours de haine et d’exclusion, il faut être sans concessions : tout ce qui vise à flatter les thèses des lepénistes ne peut que renforcer le FN. En même temps, ne perdons pas de vue que la lutte contre l’extrémisme a une forte dimension sociale. Tout ce qui peut créer de la solidarité, du lien social, de l’espoir doit être encouragé.
Le Parisien
Avec le recul, comment analysez-vous l’enthousiasme que le Mondial a provoqué en France ?
Marie-George Buffet
C’est une grande bouffée de bonheur. D’accord, cela ne va pas régler tous les problèmes du pays, mais il s’est passé quelque chose d’important. Les Françaises et les Français se sont reconnus dans leur équipe. Elle incarnait à la fois l’unité, la diversité, la possibilité de gagner ensemble. Ces drapeaux tricolores brandis sur les Champs-Elysées et dans les cités, c’était une manière de dire : « La France, c’est quelque chose ! » Mais ça été dit dans la joie, sans nationalisme, sans exclure personne. Un souffle a été donné, et il ne faut le laisser retomber. Dans cet esprit, nous nous apprêtons à lancer un grand projet avec les associations. L’idée de départ est de continuer à faire vivre cet esprit Coupe du monde. Cela pourrait déboucher sur une belle fête du sport et des jeunes en septembre 1999.
Le Parisien
Marie-George Buffet
Cela sera un stand de plus, où le débat aura lieu. Et un vrai débat (rires)…
Le Parisien
Jusqu’où comptez-vous mener la lutte contre le dopage ?
Marie-George Buffet
Je suis très déterminée. Le dopage touche à présent des sportifs de plus en plus jeunes. Il faut savoir qu’une majorité de contrôles positifs concerne le sport amateur. Des jeunes de quinze ans ont connu de graves accidents. Ce ne sont pas deux ou trois disciplines qui sont touchées, mais des dizaines. L’ampleur du fléau nécessite de s’attaquer à ses causes et, en premier lieu, de ne pas laisser l’argent dicter ses règles au sport.
Le Parisien
Le combat pour les droits des femmes passe-t-il par une inscription dans la Constitution de la parité hommes-femmes ?
Marie-George Buffet
Oh ! Oui. Partout, il faut, et le plus possible, avancer vers une représentation à parité hommes-femmes. Une loi est nécessaire parce qu’elle est le moyen de faire en sorte que les acquis gagnés par les femmes ne puissent pas être remis en cause. La décision de réformer la Constitution pour pouvoir inscrire la parité dans la loi est, je pèse mes mots, un évènement historique.