Texte intégral
Le Parisien : Qui de Jacques Chirac, candidat déclaré à l'élection présidentielle, ou d'Édouard Balladur, candidat potentiel soutiendrez-vous ?
Michel Giraud : En conscience, Édouard Balladur.
Le Parisien : Pour quels motifs ?
Michel Giraud : Pour des raisons de fond. Tous les Français que je rencontre me disent combien ils souhaitent des changements, mais sans cassure ni déchirement. La politique d'Édouard Balladur nous a déjà permis d'accomplir des réformes importantes. C'est vrai qu'il reste beaucoup à faire, mais nous ne réussirons à accélérer la démarche que si nous savons conjuguer l'écoute et la persévérance, la concertation et l'initiative législative. En matière sociale, toute méthode directive ne peut conduire qu'à des blocages altérant le partenariat social.
Le Parisien : Faut-il voir dans ce propos une critique implicite de la rupture de politique préconisée par jacques Chirac, dont vous avez été très proche durant des années ?
Michel Giraud : Mes sentiments demeurent intacts, mais je suis convaincu que la réussite d'une politique de l'emploi nécessite que soient bien affirmées les compétences et les missions de chacun des acteurs économiques et sociaux. Je refuse le tout État, car l'histoire nous apprend que cette tentation conduit à de graves échecs. Rien ne peut remplacer le dialogue social. L'entreprise et les salariés sont au coeur de toute action dynamique en faveur de la formation et de l'emploi. Résoudre les problèmes passe par le succès de l'entreprise, qui dépend lui-même de l'évolution du rôle et des conditions de travail des salariés. J'ajoute que la mise en oeuvre d'une telle politique justifie notre engagement européen.
Le Parisien : En somme, vous souhaitez, avec Édouard Balladur, poursuivre dans la même voie ?
Michel Giraud : En vingt mois, nous avons stoppé la dégradation du chômage. Nous sommes passés d'une situation où la France perdait beaucoup d'emplois à une situation où elle en crée. Plus de 200 000 à la fin de l'année 1994. Au-delà de ces grandes tendances positives, il y a des réussites reconnues : le chômage des jeunes a baissé, les contrats d'apprentissage et d'alternance sont en forte augmentation, le chèque service, qui peut être utilisé par tous les Français, connaît un grand succès. Mais notre action s'inscrit et ne peut s'inscrire que dans la durée. Les Français comprennent bien que vingt mois ne permettent pas d'effacer quatorze ans de gestion hasardeuse. En revanche, ils ont désormais de vraies raisons d'espérer.
Le Parisien : Ne risquez-vous pas, dans ces conditions, de voir votre tâche compliquée tant à la région qu'au RPR ?
Michel Giraud : Elle n'est jamais simple, mais la réflexion et le débat s'imposent à la veille de l'échéance présidentielle. Les Français le sentent bien. Je m'y impliquerai avec le souci qui a toujours été le mien : convaincre et rassembler. Et surtout, demain comme hier, je mettrai toute mon énergie à favoriser l'Union. Par nature certes, mais aussi parce que nos institutions imposent le respect du fait majoritaire.