Texte intégral
Q - Après le Pacs, la colère des lycéens : Lionel Jospin perd-il la main ?
Jean-Pierre Raffarin : « Lionel Jospin a tendance à ne rien régler. Sa force, ce fut, surtout, son habilité. Mais l'habileté n'est porteuse que lorsque les vents sont favorables. Or, le talent en politique, c'est de rester attractif quand tout va mal. Jospin a besoin de démontrer qu'il est capable d'être un vrai capitaine dans la tempête. Pour le moment, je le trouve plutôt crispé. Sur sa capacité à gérer les crises, mon pronostic est plus que réservé. »
Q - Faites-vous partie des opposants qui sourient des difficultés du Premier ministre ?
- « Non. Car la colère des jeunes est trop profonde. Je suis de ceux qui sont prêts à tout aider à leur insertion. Je ne suis pas un opposant systématique. Il faut conjuguer le libéral et le social. »
Q - C'est un credo libéral, ça ?
- « Oui. Un libéralisme purement économique, c'est une idée dépassée. Les libéraux veulent un État différent, un État meilleur. Ils militent, contrairement à la caricature qu'on donne d'eux, pour une politique humaniste. Derrière Alain Madelin, nous entendons incarner cette modernité. »
Q - L'avenir de l'opposition est-il « à droite toute » ?
Sûrement pas. La course à droite n'est pas la course gagnante. Ce serait méconnaître, sinon, la complexité de notre société, qui mêle valeurs de droite et comportements de gauche. Une certitude : si nous nous enfermons dans un débat droite-gauche, nous ne sommes pas près de revenir au pouvoir. Les électeurs réclament une France équilibrée. C'est le message de Giscard : on a tort de ne pas l'écouter davantage. »
Q - Vous avez vécu, au Sénat l'échec de votre ami René Monory…
- « Je regrette les conditions du départ de René Monory. Ce fut injuste. Mais la leçon est claire et dépasse le cadre du Sénat : il n'y aura pas d'avenir pour les centristes et les libéraux s'ils ne resserrent pas leurs liens. Ou bien nous serons de simples satellites du mouvement gaulliste ou bien nous parlerons d'égal à égal au sein de la nécessaire Alliance. Aujourd'hui, nous souffrons tous de l'atomisation de l'opposition. »
Q - Êtes-vous prêt à appuyer, pour les européennes de juin 1999, une liste d'union que conduirait Philippe Séguin ?
– « Les talents de Philippe Séguin ne sont pas en cause. L'évolution de sa pensée est positive. Mais il reste à rassembler l'opposition autour d'une véritable sincérité européenne. »