Texte intégral
« Ouvrir les fenêtres » - Bernard Stasi
La France étouffe, par manque de politique. Les causes de ce mal sont connues : l’impuissance des gouvernements successifs devant le chômage, la corruption, l’individualisme, le phénomène de l’exclusion qui rejette un nombre croissant d’individus en dehors de toute vie sociale ; le libéralisme économique, aussi, qui privilégie, pour l’évolution de la société, le libre jeu des forces économiques au détriment de l’action politique.
Il y a, aussi, une cause plus profonde à ce désintérêt pour la politique, à ce rejet de la politique : c’est la fin de la politique : c’est la fin de la guerre civile idéologique entre Français. La France est passée d’un extrême à l’autre : à l’affrontement manichéen a succédé un ronronnement gestionnaire. La politique française est passée de la violence à l’ennui.
Faute de vrais débats, l’espace politique est envahi par des discours qui sont la négation du débat démocratique, des discours de rejet, de repli sur soi, de refus de l’autre.
Oui, la France étouffe, par manque de politique, les Français ont de plus en plus besoin de politique. Ils ont besoin de politique pour comprendre. Le monde est de plus en plus complexe, l’avenir de plus en plus imprévisible. La politique a pour vocation de donner des repères, des explications, des « grilles de compréhension ».
Les Français ont besoin de politique pour être plus unis. Paradoxalement, le débat politique, lorsqu’il respecte certaines règles, est un facteur de cohésion sociale, il contribue à unir une société.
Il permet aussi de prendre conscience des valeurs communes qui, au-delà des divergences, sont le fondement et constituent le ciment de la communauté nationale.
Les Français ont besoin de politique pour avoir des raisons d’espérer. Mais la politique, c’est le refus de la fatalité. Elle doit susciter, chez les citoyens, le sentiment que s’ils le veulent, l’avenir sera moins sombre qu’ils ne le redoutent.
Nous attendons beaucoup de vous, JDS, pour nous éclairer. Qu’attendez-vous, vous-mêmes, de ce grand centre, que peut-il apporter aux jeunes de notre pays ?
Réinventer la politique pour faire mieux vivre la démocratie, pour résoudre le tissu déchiré de la communauté nationale, pour rendre l’espoir aux Français, cela ne me semble pas une tâche indigne des JDS.
Philippe Douste-Blazy
« Le gouvernement auquel nous appartenons n’est pas une équipe de muets du sérail, moins encore d’eunuques… Si nous, au CDS, avons eu l’honneur d’être choisis en nombre pour siéger dans l’équipe d’Alain Juppé, je suis convaincu que c’est bien parce que nous représentons, au sein de la majorité, une famille de pensée, une formation politique qui compte.
Dans l’histoire politique des cinquante dernières années, jamais un pouvoir n’a réuni autant d’atouts dans ses mains tant de moyens pour gouverner. Alors que nous devrions profiter de cette force pour réformer, pour refonder le pacte républicain, tout se passe au contraire comme si nous n’avions pas mieux à faire que de nous chamailler. Nous avons avec le président de la République le grand projet de réduire la fracture sociale qui affecte la France. Restaurer l’emploi et assainir nos finances publiques – avec Jacques Barrot et Jean Arthuis nous y prenons la plus grosse part – cela a été entamé voici plus de deux ans. Certains seraient bien inspirés de ne pas renier ce qui a été fait parce que le gouvernement d’Edouard Balladur a remis la machine France sur les rails.
Nous devons éviter deux écueils. Le premier est celui qui consiste à se plaindre que les choses ne vont pas assez vite. Il ne suffit pas de déterminer la nature de la maladie pour obtenir une guérison immédiate. La thérapie dont la France a besoin sera forcément longue. Notre majorité est également affligée d’un mal plus pervers. Elle est malade de l’élection présidentielle. Il n’est pas un leader qui ne pense en permanence à cette échéance décisive. Ces petits jeux provoquent des conflits de personnes qui font le plus souvent perdre de vue l’essentiel.
Nous avons une responsabilité dans la montée du Front national. Le temps est venu de nous donner les moyens de contrer les tentations d’intolérance et de xénophobie. Les peurs et les angoisses qui affectent beaucoup de nos compatriotes doivent et peuvent être guéries avec d’autres méthodes. Nous devons nous remobiliser sur le terrain, dans les syndicats, dans les associations, au contact direct des Françaises et des Français.
Avec François Bayrou, avec notre génération qui vous précède de bien peu, nous sommes décidés à « mouiller notre chemise » et à montrer l’exemple. Mais rien ne sera accompli si chacune et chacun d’entre vous n’accepte pas de s’engager personnellement et pleinement. Croyez en tout cas que c’est le vœu le plus cher du secrétaire général du CDS et que, dans ces nouveaux combats, les JDS pourront compter sur ma complète disponibilité et mon entier soutien. »