Texte intégral
JDD : Tout est bien qui fini bien?...
Jacques Godfrain : Oui, parce que nous avons parfaitement suivi notre ligne de conduite. Nous sommes intervenus à la demande des autorités locales menacées par une intervention extérieure, dans la mesure où nous avions des accords de défense avec elles.
JDD : Pourtant à LCI vous aviez expliqué que « La France interviendra chaque fois qu’un pouvoir démocratiquement élu est destitué par un coup d’État »
Jacques Godfrain : Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai parlé d’« agression extérieure ». Pour que la France intervienne, il faut trois conditions : qu’il y ait agression extérieure : contre un pouvoir démocratique, et que cet État nous demande d’intervenir.
JDD : Au début de l’aventure de Bob Denard, Alain Juppé avait dit que la France n’interviendrait pas. S’agissait-il de cacher nos intentions du gouvernement français ? a-t-il cédé aux pressions de chefs d’État africains?
Jacques Godfrain : La France n’avait pas à prendre les devants. Lorsque Alain Juppé a parlé, nous n’avions pas encore reçu la demande d’intervention du Premier ministre comorien. Maintenant il est vrai que c’était la crédibilité de la France qui était en cause et que nous attendions cet appel du gouvernement comorien. J’étais à Bamako à ce moment-là pour la Conférence des ministres sur le franc CFA. Une dizaine d’entre eux sont venus me dire « alors qu’est-ce que vous faites aux Comores ? »
JDD : En d’autres circonstances Bod Denard a été utilisé par la France dans des « coups tordus », êtes-vous sûr qu’aucun service français ne l’a aidé cette fois ?
Jacques Godfrain : À ma connaissance, non. À la connaissance du gouvernement, non plus. Il n’y a aucune raison qu’un service travaille « intuit personae ». Bod Denard a été condamné par la justice française, nous n’avons pas de raison de nous intéresser à lui. Et puis arrêtons d’en faire un idéaliste ! Ce n’est pas l’aventurier de Malraux, ni Lawrence d’Arabie. Chaque fois qu’il a fait un coup en Afrique il y a eu mort d’hommes. Aux Comores, il a du sang sur les mains avec l’assassinat du Président Abdallah. Quand on fait larmoyer dans les chaumières sur le sort de ce vieux mercenaire, ça n’émeut plus personne.
JDD : Que risque-t-il aujourd’hui ? Pour la France, il n’a fait que se dérober au contrôle judiciaire.
Jacques Godfrain : Il est chez le juge d’instruction. Attendons de voir si les Comores portent plainte.
JDD : Pour vous l’intervention française est exemplaire ?
Jacques Godfrain : Tout à fait. Notre attitude est imparable. Aucun reproche ne peut nous être fait puisque toutes les précautions juridiques ont été prises. Sur le plan opérationnel, l’action des militaires et des gendarmes français a été menée de main de maître. Quant au traité de coopération, il a repris son cours normal. C’est la rentrée scolaire aux Comores et nous avons relancé des programmes importants sur le plan scolaire.