Texte intégral
J.-L. Hess : Il n’y a pas beaucoup de femmes dans ce Gouvernement votre avis ? C’est un recul, ce n’est pas important ?
Nicole Notat : Je trouve que c’est un recul par rapport à ce que Jacques Chirac avait annoncé lors de la composition du premier Gouvernement. Il en avait fait un objectif important. Je pense que les femmes ont fait les frais que l’émiettement, que la répartition des tâches et des fonctions entre plusieurs personnes, sur ces champs très voisins, seraient source de dysfonctionnement et ne faciliteraient pas l’activité des personnes qui étaient nommées. Il y avait beaucoup de femmes dans ce cas et j’espère que ce n’était pas une manière de les mettre en difficulté dès le départ, mais en tout cas je constate que ce n’est pas la meilleure nouvelle dans le remaniement.
J.-L. Hess : J’ai l’impression que vous étiez satisfaite hier en apprenant ce remaniement, et notamment sur certains dossiers ?
Nicole Notat : J’étais précisément satisfaite, dans la logique de ce que j’avais dit lors de la nomination du premier gouvernement, à savoir que la composition sur les affaires sociales et le travail, induisait en elle-même de l’incohérence, de la cacophonie et des dysfonctionnements. C’était sûr que ça devait finir comme ça ! Aujourd’hui, le Gouvernement en tire les conséquences, c’était nécessaire. IL rassemble autour d’une même personne, d’une même entité, des fonctions concernant les questions sociales, du travail, de l’emploi et de la protection sociale. C’est J. Barrot qui va coiffer cet ensemble mais je crois qu’en matière d’organisation au moins, en matière de facilitation des contacts que nous devons avoir, c’est incontestablement un plus par rapport à l’équipe précédente.
J.-L. Hess : On va beaucoup parler de la Sécu la semaine prochaine, est-ce gênant que le portefeuille de la santé n’appartienne plus à E. Hubert mais qu’elle soit remplacée à quelques jours d’un débat si important ?
Nicole Notat : J’avais cru comprendre que J. Barrot était déjà devenu le suppléant d’E. Hubert depuis quelques semaines. Donc de ce point de vue, ça ne va pas le changer.
J.-L. Hess : Ce n’est pas très gentil pour l’ancien ministre de la santé…
Nicole Notat : Je n’ai rien contre l’ancien ministre de la santé, si ce n’est des désaccords que je pouvoir avoir avec elle sur certaines questions mais je ne mettrai pas E. Hubert dans la série des femmes incompétences ou qui n’étaient pas prêtes à exercer une fonction ministérielle.
J.-L. Hess : Comment voyez-vous l’acceptation du corps social au-delà du fait que vous êtes contente que les affaires sociales soient recentrées pour la négociation. Allez-vous accepter disons… toutes les couleuvres, toutes les propositions ?
Nicole Notat : Ne faisons pas de confusions. Je considère que ce gouvernement est toujours le même qu’hier avec la même politique et donc je n’attends pas de changement de politique de ce gouvernement. Ce qui m’importera, ce sera de connaître les décisions que désormais J. Barrot avec le Premier ministre prendront, sur les priorités qu’ils ont annoncées. Le premier test, ce sera lundi et mardi, quand nous saurons enfin ce que le Gouvernement a l’intention de faire en matière de réformes de la protection sociale et pas en matière de petites mesures comme c’est trop souvent le cas, d’éponger des déficits de façon artificielle, de ponctionner une nouvelles fois les assurés sociaux, les ménages, sans s’attaquer aux réformes en profondeur.
J.-L. Hess : A. Juppé a promis que la réforme de la Sécurité sociale ne serait pas qu’un « seul replâtrage ».
Nicole Notat : C’est une promesse, j’attends de voir des actes.
J.-L. Hess : On avait un certain regard critique ce matin en voyant la manière dont les politiques réagissaient sur la composition du gouvernement et de l’autre côté, les syndicats assez satisfaits dans l’ensemble de la manière dont les choses se resserraient, surtout sur le dossier des affaires sociales.
Nicole Notat : On avait un certain regard critique ce matin en voyant la manière dont les politiques réagissaient sur la composition du gouvernement et de l’autre côté, les syndicats assez satisfaits dans l’ensemble de la manière dont les choses se resserraient, surtout sur le dossier des affaires sociales.
Nicole Notat : En fonction du point où l’on est, on n’a pas forcément les mêmes préoccupations. Je ne fais pas de politique politicienne à partir de la composition d’un gouvernement. Ce qui m’importe, c’est de voir comment les questions qui sont aujourd’hui celles que la CFDT porte avec force et qui me semblent être au cœur des préoccupations de la société – l’exclusion, le chômage, les garanties de la protection sociale – ce qui m’importe c’est de voir comment le Gouvernement se prépare, dans son organisation et dans ses décisions, à faire face à ces vrais problèmes. C’est en fonction de ces décisions que je jugerai si la nouvelle organisation est un gage de nouvelle efficacité, ce que j’espère. En principe, elle devrait l’être. Mais ça ne préjuge pas des décisions qui seront prises et en tout cas pas de l’accueil que nous leur réserverons car il faut les connaître avant de se prononcer.