Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, sur l'action du SETRA (Service d'études techniques des routes et autoroutes), Paris le 24 novembre 1998.

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Circonstance : Trentième anniversaire du Service d'études techniques des routes et autoroutes, Paris le 24 novembre 1998

Texte intégral

Madame, Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,

En premier lieu, je tiens à vous dire que je suis très heureux de participer à cet anniversaire. Ma présence parmi vous se veut être un encouragement et un geste d'amitié, en particulier au personnel du SETRA (le Service d'Études Techniques des Routes et Autoroutes) que je n'avais pas encore eu l'occasion de saluer jusqu'à présent.

Parmi tous les services qui forment notre ministère, que représente le SETRA, et plus généralement quel est l'apport de ce service à la politique routière que le Gouvernement souhaite mettre en place et à la Nation ?

Le SETRA est un service qui a acquis une réputation mondiale dans les années 1970, en bâtissant et en diffusant tout un corps de doctrine dans les domaines des techniques routières et d'ouvrages d'art ainsi que de l'informatique de gestion.

Par la suite, dans les années 80, la France a connu plusieurs mutations majeures qui ont rendu nécessaire une sérieuse révision de la mission, du positionnement et des méthodes de travail du SETRA :

  • d'une part, la décentralisation qui a modifié le rôle de l’Etat et donc celui de ses services techniques ;
  • d'autre part, la montée en régime de la construction européenne et de la normalisation : jusqu'alors, le SETRA élaborait des guides méthodologiques valables sur le territoire national ; en passant aux normes, il a dû travailler en partenariat avec et pour l'échelon européen ;
  • Enfin, la troisième mutation à prendre en compte fut le développement de la capacité de proposition technique des entreprises.

L'effort de recentrage stratégique correspondant a alors été engagé et mené à bien par l'ensemble des équipes du SETRA, dont la compétence et le dévouement méritent encore une fois d'être salués. Ces efforts se manifestent aussi bien dans la dynamique introduite par le SETRA en matière d'innovation technique, que dans le resserrement des liens de ce service avec l'ensemble des acteurs de la route, aussi bien intérieurs qu'extérieurs au ministère.

Le haut niveau de performance atteint par le SETRA est et doit être maintenu. C'est un enjeu essentiel pour la mise en œuvre de la politique routière, c'est un enjeu essentiel pour notre ministère.

Permettez-moi en effet de rappeler le poids que représente le secteur des routes dans l'économie nationale et dans la vie quotidienne de nos concitoyens. M. Christian LEYRIT. le Directeur des Routes, qui a par ailleurs su faire évoluer sur plusieurs points importants la politique routière du ministère, nous le rappelle souvent à juste raison.

Le domaine routier fait en effet travailler plus de 1 500 entreprises françaises pour un chiffre d'affaires de 48 milliards de francs, soit près de 34 % du chiffre d'affaires du secteur des travaux publics. Il représente 2,6 millions d'emplois, soit plus de 10 % des actifs.

Les enjeux économiques sont donc considérables. Mais avec 8000 morts par an sur nos routes, les enjeux de sécurité ne le sont pas moins.

La route est et restera le mode de transport le plus utilisé pour de nombreux types de déplacement Parce que chacun est concerné, le tribut payé à l'insécurité n'est pas acceptable. Je veux remercier le travail engagé par Mme MASSIN pour remporter cette victoire de la vie contre la mort.

Il nous faut répondre aux exigences de sécurité et de qualité des infrastructures exprimées par nos concitoyens.

Je suis convaincu que ces exigences passent par une politique d'entretien de notre patrimoine routier digne de ce nom, C'est pourquoi j'ai fait en sorte que le budget pour 1999 consacré à ce domaine soit en augmentation notable : + 6,2 %.

Et cela concerne évidemment le SETRA. Votre service en effet s'intéresse particulièrement aux systèmes de gestion du réseau routier, qui indiquent aux DDE les délais opportuns de renouvellement des chaussées, les seuils à partir desquels les travaux d'entretien deviennent urgents. Le SETRA élabore également des préconisations en matière d'entretien des dépendances : fauchage, signalisation, balisage, assainissement.

Il est également très impliqué dans les démarches de Qualité de l'entretien menées par les DDE.

Il va sans dire - et je le souligne en sachant la part qui a été, M. PERRET, la vôtre dans la mise en œuvre de ces orientations - que je souhaite que le SETRA continue à développer son activité dans ces domaines.

Par ailleurs, la sécurité passe par la cohérence globale des réseaux : en effet, pour l'usager peu importe la domanialité de la voie. Qu'il soit sur une route nationale ou départementale, l'usager ne veut pas voir de différence.

Au-delà de ses responsabilités propres sur les autoroutes et sur les routes nationales, c'est à l’Etat de veiller et d'aider à la cohérence globale des réseaux.

Dans cette recherche d'une mise en synergie et en cohérence des différents maîtres d'ouvrage et des acteurs de la route, qui doit bien entendu respecter les prérogatives de chacun, le SETRA joue également un rôle essentiel.

Sans pour autant paraître sous-estimer d'autres dimensions, je voudrais souligner l'importance de la mise en place d'institutions comme l'Association pour la qualification des équipements de la route ou le Comité Français pour les Techniques Routières, par lesquelles se manifeste la volonté de partenariat de l'ensemble des acteurs de la route à l'avancement des connaissances et des savoir-faire.

Car les techniques et leurs finalité évoluent. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut passer à côté des aspect environnementaux de la route, des aspects d'insertion dans le paysage des nouvelles infrastructures. Ces aspects-là, le SETRA doit participer activement à leur meilleure prise en compte.

De même, on ne pose plus aujourd'hui le problème d'une nouvelle infrastructure comme on le faisait autrefois. Aujourd'hui, on parle en terme de service proposé par tel ou tel mode de transport. Et quand on pose les questions de façon différente, on obtient souvent des réponses différentes ! Il est sûr que parler en terme de "service" des nouvelles infrastructures va modifier la conception des routes. Là aussi, le SETRA a un rôle évident à jouer.

Bien entendu, ces sujets ne se traitent pas seulement à l'intérieur de l'hexagone.

Dans le domaine de l'international, le SETRA n'est pas non plus en reste, II s'implique en effet depuis de nombreuses années dans les activités de l'AIPCR, l'association mondiale de la route.

Il assure l'indispensable veille technique en suivant de près l'évolution des techniques routières dans le monde.

Enfin et surtout, il travaille de plus en plus à l'échelle européenne, que ce soit dans le domaine de la normalisation ou dans celui de la recherche. Ainsi par exemple a-t-il participé aux récentes normes sur les équipements de retenue (les glissières) ou, dans le domaine de l'exploitation de la route, à celle sur les échanges de messages routiers.

L'innovation dans le domaine routier matérialisée par des chartes d'innovation signées entre mon ministère et les diverses organisations professionnelles est particulièrement appréciée des entreprises. C'est un exemple original de partenariat entre le secteur public et le secteur privé dans lequel le SETRA s'est fortement impliqué et qui constitue un élément important de la compétitivité des entreprises à l'exportation.

Je note également avec satisfaction que le SETRA situe pleinement son action dans le cadre du réseau scientifique et technique du Ministère. Il doit en effet exister une forte solidarité entre les Centres d’Etudes Techniques de l’Équipement, le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, les différentes écoles du ministère et les Services techniques centraux dont fait partie le SETRA.

Je souhaite donc profiter de cette journée pour souligner cette synergie, pour saluer cette volonté de faire ensemble. Le rôle du SETRA comme "tête de réseau technique", voit son importance ainsi renforcée dans cette collaboration. Son bon exercice est indispensable pour que soit assumé de façon satisfaisante le rôle technique de l’Etat dans le domaine routier. Il est clair que cela implique le maintien d'équipes dont la compétence et la technicité se situent au plus haut niveau.

Je ne peux que me réjouir enfin que cet effet de réseau permettre que des compétences forgées dans le domaine des infrastructures routières puissent être valorisées dans le domaine ferroviaire comme en témoigne le concours apporté à RFF par le SETRA sur le TGV Est.

Dans un contexte où l'on entend parfois des doutes sur la raison d'être du service public, j'estime que le SETRA constitue un exemple de service public adapté à notre monde d'aujourd'hui, et autour duquel devrait se faire naturellement l'unanimité. Le SETRA a su s'adapter aux mutations des années 80, il sait et saura s'adapter aux nouvelles exigences de la société, notamment en matière de qualité d'environnement, de maîtrise des coûts des projets, d'écoute des usagers, de promotion de l'innovation.

Cette vocation de service public, on la retrouve également dans votre volonté de servir tous les acteurs de la route : l’Etat bien sûr, mais aussi les différents maîtres d'ouvrage, les maîtres d'œuvre des services déconcentrés, des collectivités territoriales, les bureaux d'études privés et les entreprises.

C'est finalement grâce à tout cela que les usagers de la route peuvent rouler en France sur des infrastructures routières de grande qualité.

Je vous remercie vivement, Mesdames et Messieurs, pour tout le travail accompli ; je vous remercie aussi de votre accueil et je forme aujourd'hui des vœux pour que le SETRA poursuive sa route dans la qualité.