Déclaration de M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur et président du Mouvement des Citoyens, en réponse à une allégation de M. Cohn-Bendit sur son action pendant la guerre d'Algérie, Paris le 22 janvier 1999.

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Usant de mon droit de réponse, je tiens à apporter les précisions suivantes :

Sur les ondes de France Inter ce matin à 8h, Daniel COHN-BENDIT m'accuse d'avoir eu un passé de dirigeant du groupe Patrie et Progrès. C'est ce qu'on appelle une calomnie pure et simple. Car je n'ai jamais appartenu à ce groupe. Si tel avait été le cas, je ne le cacherais par car ceux qui le composaient, des gaullistes de gauche, étaient des gens estimables même si leurs thèses étaient totalement irréalistes.

Ce qui est sous entendu par Daniel COHN-BENDIT et même pas sous entendu puisqu'il l'a déclaré au journal « l'Alsace » le 14 janvier, c'est que j'aurais été partisan de l'Algérie française dans ma jeunesse. C'est le contraire qui est vrai : sous-lieutenant en Algérie, j'ai choisi de combattre l'OAS d'avril à juillet 1962 comme chef de cabinet du Préfet d'Oran pour aider à l'avènement d'une Algérie indépendante liée à la France par des liens d'amicale et fraternelle coopération. La seule organisation à laquelle j'ai adhéré pendant le déroulement de mes études supérieures a été l'UNEF de 1957 à 1960.

Mais tout cela n'est pour Daniel COHN-BENDIT que le prétexte pour flétrir ce qu'il appelle, je le cite « la xénophobie anti-boche » à droite mais aussi à gauche.

On remarquera que le mot « boche » n'est employé que par le seul COHN-BENDIT qui se pose ainsi en victime et à ma connaissance par personne d'autre.

Quant à moi, je ne retire rien de ce que j'ai dit sur TF1 le dimanche 10 janvier 1999 : Les Verts sont allés chercher COHN-BENDIT en Allemagne pour faire des voix. Dans mon esprit l'Allemagne n'a pas de connotation péjorative. L'Allemagne reste aussi pour moi le pays de la musique, de la poésie et de philosophie.

Si COHN-BENDIT était de Bruxelles, j'aurais dit : les verts sont allés le chercher en Belgique pour faire des voix.

Que penser de tout cela ? Héraut de la pensée unique libérale-libertaire, Daniel COHN-BENDIT et ses thuriféraires ne se posent en victime que dans un seul but : pouvoir jouer les procureurs.

Ils sont atteints du syndrome de ce que Pierre-André TAGUIEFF appelle drôlement le « j'accusisme » d'après le titre de l'article « j'accuse » d'Emile Zola dans le journal l'Aurore. Simplement il n'y a pas aujourd'hui d'affaire Dreyfus et n'est pas Emile ZOLA qui veut.

Mobilisant l'essentiel des médias, à quelques exceptions près, le mouvement libéral-libertaire lance une campagne visant à discréditer ceux qui peuvent faire obstacle à son hégémonie, à commencer par moi-même.

Il serait plus honnête de permettre le débat entre les thèses libérales-libertaires et celles de la gauche républicaine. Mais c'est justement ce débat là qu'on veut étouffer !

Si ces attaques fondées sur les prétextes les plus spécieux quant ils ne sont pas entièrement fabriqués visent simplement à savoir si je suis bien rétabli, que mes amis se rassurent et que mes adversaires et ennemis se désolent : ma santé, n'a jamais été meilleure. Mais il s'agit évidemment d'autre chose.