Editorial de M. François Fillon, porte-parole du RPR, dans "La Lettre de la nation Magazine" du 4 décembre 1998, sur la rénovation du RPR, intitulé "Stratégie gagnante".

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Média : La Lettre de la Nation Magazine

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Il y a quelques mois, alors que le scepticisme continuait de dominer la scène politique, Philippe Séguin précisait que le RPR était en chantier et que le jour où les bâches seraient retirées chacun pourrait mesurer le travail réalisé et la capacité des gaullistes à mener le combat. Les faits lui donnent raison, Si l'heure n'est pas encore au satisfecit, un constat s'impose : sa stratégie, centrée sur trois objectifs – rénovation interne, opposition ferme au gouvernement, organisation de la droite républicaine – commence à être payante. Elle peut être, demain, gagnante.
Cette rénovation, chacun d'entre nous y a contribué. Elle nous a permis d'établir un projet fixant nos valeurs et notre identité politique. Deux rendez-vous réussis ont récemment participé à la définition de ce socle intellectuel sur lequel nous pouvons reconstruire : la Convention sur l'Europe et celle sur le monde du travail. Sur ces sujets, le RPR s'est montré ouvert au débat et offensif dans ses propositions. Il a fait la démonstration qu'il voulais animer l'Europe sans défaire la France et développer la compétitivité économique sans renoncer à la solidarité.
Cette rénovation s'est ensuite poursuivie par une modernisation de nos structures. Il fallait ouvrir le mouvement et faire confiance aux militants et aux adhérents. L'élection du président, les 12 et 13 décembre, constituera le symbole de cette entreprise de démocratisation.
Mais cette rénovation devait être prolongée par une critique percutante et argumentée de l'action gouvernementale. La philosophie qui anime cette critique est simple. Nous sommes convaincus que le mondialisation constitue l'élément décisif du monde contemporain. Il contraint la France à une politique courageuse et innovante. Or le gouvernement s'emploie à mener le pays dans la voie de la facilité et des vielles recettes. Les 35 heures, les 350 000 faux emplois publics, le maintient de la pression fiscale, la passivité sur l'avenir de la sécurité sociale ou les retraites, la régularisation irresponsable des clandestins constituent les pièces d'un puzzle baroque, démagogique et, en définitive, néfaste pour la France.
L'affaire du PACS et celle des sans-papiers démontrent qu'il n'y a aucune raison de faire de cadeaux à un gouvernement qui navigue à vue entre les récifs de sa propre majorité et avec pour seul cap, l'élection présidentielle.
Mais attention, la légèreté de nos adversaires ne fait pas notre crédibilité.
Face à une gauche querelleuse, la droite républicaine doit, plus que jamais, présenter le visage d'une force sérieuse et organisée. Les trois dernières législatives partielles remportées par ses candidats constituent, à ce titre, un signe prometteur.
Sérieuse, c'est à dire soucieuse de mener un travail de fond pour élaborer un programme de gouvernement. C'est l'objet des prochaines conventions de l'Alliance. Organisée, c'est à dire capable de conjuguer ses talents et ses idées dans la bataille électorale. A cet égard, les élections européennes doivent être abordées comme un tremplin pour l'avenir. Nous avons, à cette occasion, la possibilité d'animer ensemble une campagne pour la France et l'Europe. Face à une gauche divisée, nous pouvons démontrer à nos compatriotes dans quel camp se situent l'efficacité et l'ambition.
Notre mouvement est donc en position favorable. Sa stratégie commence à être récompensée. Continuons, car j'en ai l'intime conviction, cette stratégie est gagnante !