Texte intégral
Question :
La commande pluriannuelle de 48 Rafales pour l’armée de l’Air va-t-elle être annoncée prochainement ?
Réponse :
Le gouvernement est pleinement conscient de l’importance que revêt le programme Rafale pour l’efficacité de notre armée de l’Air et pour nos capacités aéronavales. Nous connaissons l’impact de cette commande dans les chances d’exportation du programme. Comme je l’ai déjà annoncé, nous sommes au travail pour conclure une commande pluriannuelle à un coût bien négocié. Il y a une convergence complète entre le ministère de la Défense et le ministère de l’Économie quant au nécessaire réalisme de la facture.
Question :
Le principe de la pluriannualité ne soulève t-il pas des objections à Bercy ?
Réponse :
Il y a aujourd’hui onze programmes d’armement qui donnent lieu à des commandes pluriannuelles et il y en aura d’autres en 1999. Notre gouvernement, alors que les précédents n’avaient fait qu’en parler, a réellement mis en pratique cette formule, réaliste pour l’État acheteur et pour l’industrie.
Question :
Après la réalisation de l’étape préliminaire, la construction du laser Mégajoule par le Commissariat à l’énergie atomique va-t-elle pouvoir entrer dans sa phase décisive ?
Réponse :
À l’issue de la revue des programmes accomplie par le gouvernement, le Premier ministre a fait une déclaration qui a valeur d’engagement sur l’exécution de la loi de programmation de six ans votée en 1996. Cela est valable pour tous les types d’investissements et notamment pour le programme de simulation des essais nucléaires. Le montant des crédits affectés annuellement à cette opération tient compte à la fois des contraintes économiques et de l’importance de ce programme pour notre force de dissuasion.
Question :
Le complexe balistique installé autour de Bordeaux joue depuis des années un rôle majeur dans l’élaboration des missiles de notre force de dissuasion. Cet ensemble n’est-il pas aujourd’hui un peu disproportionné par rapport au programme de missiles M 51 ?
Réponse :
Je suis très attentif à l’avenir de ce complexe, dont nous avons amplement discuté avec le président du Conseil régional, Alain Rousset. À mes yeux, cet ensemble de sites représente un atout considérable pour la technologie française, et nous devons le consolider. Dans cette perspective, il faut notamment favoriser la complémentarité entre les activités civiles et militaires. Et il faut rechercher des thèmes nouveaux de projets qui permettront d’assurer la pérennité de cet ensemble. Il y a du travail à faire. Mais je dois souligner que les décisions récemment mises en œuvre dans les industries de défense française constituent des avancées très importantes pour assurer l’avenir de la technologie française dans ce domaine. Elles ont permis une optimisation de l’action des entreprises concernées. Après une longue période d’immobilisme, le gouvernement de Lionel Jospin est parvenu, dès sa première année, à remettre les choses sur les rails.
Question :
Mais le périmètre et les frontières des entreprises concourant aux missiles de la force de dissuasion n’ont-ils pas été fondamentalement modifiés ?
Réponse :
De nouvelles évolutions sont peut-être à venir.
Question : De quel type ?
Réponse :
On le saura le moment venu. Dans ce domaine, quand on annonce les choses à l’avance, elles ne se font pas. Je constate simplement que ce qui rapproche la gauche et les chefs d’entreprise dans ce domaine, c’est que les uns et les autres mesurent les risques du changement et de l’immobilisme. Ils savent qu’à la longue, l’immobilisme est mortel.
Question :
Que va faire le gouvernement pour compenser la disparition des sites militaires de Hourtin et de Rochefort et pour limiter l’effet des suppressions d’emplois à la fonderie de Ruelle et au Centre d’essais des Landes ?
Réponse :
Si l’on parle des réductions d’emplois au Centre d’essais de Biscarosse, il faut aussi prendre en compte la nette augmentation des effectifs de Cazaux. Et l’on ne peut pas évoquer la disparition du centre de formation des marins d’Hourtin – conséquence inéluctable de la suppression de la conscription – sans rappeler que 600 emplois vont être créés dans l’agglomération bordelaise, du fait de la professionnalisation des armées. De même dans l’agglomération rochefortaise, avec le remplacement de l’école de fourriers par aucune école de gendarmerie, et à Angoulême, avec la professionnalisation des régiments du train et d’infanterie de marine. Il s’agit donc plus de gérer une réaffectation des sites concernés qu’une déperdition globale d’emplois, qui n’existe pas au niveau régional. Tout cela explique d’ailleurs la sérénité avec laquelle ont été accueillies les 350 mesures de restructuration annoncées en début d’été.
Je rappelle en outre que nous avons mis en place à cette occasion des moyens financiers importants – 700 millions de francs pour 1999 – gérés par une délégation aux restructurations de la défense, qui se déploie sur le terrain. Tous les partenaires et décideurs locaux concernés peuvent rencontrer le délégué interministériel, ses représentants régionaux, voire moi-même dans certains cas. Dans chacun des sites concernés, une stratégie active de développement économique et de valorisation des emprises militaires est déjà en action. Mais je rappelle surtout que la professionnalisation va permettre 28 000 embauches de jeunes chaque année, à des niveaux de qualification très divers.
Question :
Ne craignez-vous pas que l’industrie de défense française se retrouve isolée par rapport à un pôle germano-britannique ?
Réponse :
Le gouvernement a indiqué sa préférence pour la constitution d’un ensemble permettant de faire jouer, à l’échelle européenne, les compétences entre les capacités industrielles britanniques, allemandes et françaises. Il n’y a pas, à notre avis, d’autre chemin à suivre. Permettez-moi cependant de souligner que le vaste regroupement engagé à l’échelle nationale entre Aérospatiale, Matra Haute Technologie et Dassault nous met à l’abri de tout isolement. Ce sont plutôt nos partenaires britanniques et allemands qui souffriraient des inconvénients d’une union partielle. Car tout le monde sait que la véritable force de frappe européenne ne peut résulter que d’un rassemblement à trois.