Interview de M. Alain Richard, ministre de la défense, dans "L'Union" du 14 novembre 1998, sur la réforme de l'armée, l'importance du rôle des appelés pendant la période de transition et le recrutement d'engagés et de volontaires.

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Question : L’armée peut-elle fonctionner sans appelés tant qu’elle n’est pas complètement professionnalisée ?

Réponse : Les appelés font marcher la défense tous les jours. Nous avons commencé la réforme militaire avec 200 000 appelés et on va la finir dans quatre ans, en 2002, avec zéro appelé. Nous descendons par paliers. Aujourd’hui, il y a 130 000 appelés. Ils ont de très nombreuses fonctions techniques, logistiques de formation, d’entretien de matériel. Mais ils ont réussi une fonction de combattant. Quant au nouveau personnel engagé, il est indispensable que nous le fassions monter de façon progressive. D’une part, on ne trouve pas forcément dans de bonnes conditions de recrutement les quelque 80 000 engagés qui sont nécessaires au rééquilibrage. D’autre part, même si on y arrivait, on aurait ensuite un phénomène de classes d’âge très déséquilibrées qui rendrait la gestion difficile. Mais, aujourd’hui, les appelés sont strictement nécessaires.

Question : Quelle est actuellement la place des appelés dans l’armée ?

Réponse : Les jeunes appelés tiennent des fonctions essentielles dans l’aptitude au combat des unités. Ils sont encore présents dans pratiquement toutes les formations de l’armée de Terre dans des proportions variables. Les régiments complètement professionnalisés ont encore cinq à dix appelés comme spécialistes, notamment des moniteurs de sports et des informaticiens. La centaine de régiments de l’armée de Terre en activité en 1998 sont en cours de professionnalisation. Vous avez en général une unité de combat totalement professionnelle sur les quatre. On passera, dans le cas général, à deux sur les quatre en 1999. Donc, vous aurez des régiments qui resteront durablement mixtes avec une ou deux compagnies d’appelés et une ou deux compagnies d’engagés. Nous sommes en train de faire la transition dans des conditions stables.

Question : Comment comptez-vous réussir la professionnalisation de l’année ?

Réponse : La professionnalisation ne pourra être réussie que si nous parvenons à réaliser chaque année la progression du nombre des engagés, schématiquement 8 000 par an. Ces emplois sont demandés. Il y a de nombreuses candidatures, et valables. La deuxième condition du succès, c’est l’effort de rajeunissement à travers le départ en cours de militaires professionnels, et en particulier de cadres. Pour compléter le dispositif, nous recrutons aussi des volontaires. Nous allons vers un effectif de 27 000 volontaires pour des emplois de courte durée, de un an à cinq ans, dans des fonctions d’exécution, qui compléteront le dispositif. Le taux de renouvellement sera de 9 000 par an. D’ici 2000, 2001, les armées recruteront 28 000 jeunes par an.

Question : Quel sentiment vous inspire la polémique sur la réhabilitation des mutins de 1917 ?

Réponse : Je crois que le Premier ministre a tout dit sur le sujet. J’observe qu’aux deux séances de questions parlementaires, aucun député de l’opposition n’a souhaité relancer le débat.