Texte intégral
Q - Ne méritez-vous pas mieux qu'un Pacs avec Arlette ?
C'est Cohn-Bendit qui vous a inspiré cette question ! Pour aider les mobilisations sociales, j'aime mieux faire un Pacs avec la militante Arlette qu'avec le Premier ministre Lionel. Nous sommes dix fois plus proche de Lutte ouvrière que de la majorité plurielle. Il y a certes trop de désaccords pour fusionner nos deux partis, mais nos discours politiques sont si ressemblants que l'absence de liste commune ne serait pas comprise.
Q - Ne s'agit il pas plutôt d'une alliance de circonstance, pour tenter de dépasser les 5 % et avoir quatre députés ?
Ce n'est pas une manoeuvre électoraliste. Avec Lutte ouvrière, nous pensons que, pour la première fois depuis 30 ans, l'extrême gauche peut faire une percée électorale. Parce que la gauche plurielle déçoit et que la droite est décomposée. Les électeurs se détermineront non seulement par rapport à la conception de l'Europe, mais aussi sur le bilan de deux ans de gouvernement Jospin. Le PCF et les Verts sont tiraillés entre leur opposition affichée à Maastricht et leur solidarité avec une politique gouvernementale directement liée aux accords européens, qui accentuent les exclusions sociales.
Q - Si vous avez voté contre Maastricht, Arlette, elle, s'est abstenue
Il y a eu un désaccord. Elle ne voulait pas se prononcer contre Maastricht pour ne pas se retrouver dans le même camp que la droite nationaliste et chauvine. Et a ainsi complètement sous-estimé l'importance d'une opposition de gauche à Maastricht.
Q - Contrairement à vous, également, Arlette ne prend pas part au mouvement anti-FN, comme Ras l'Front.
Sur l'opposition au fascisme, le soutien aux sans-emploi, aux sans-logis, aux sans-papiers, nous avons un accord de fonds - même si Lutte ouvrière ne participe pas à la construction de mouvements sociaux - LO consacre l'essentiel, pour ne pas dire l'exclusivité, de ses forces à une intervention politique en entreprise.
Q - Comment allez-vous expliquer à vos électeurs une alliance avec une organisation dont vous critiquiez, il y a encore quelques mois, les méthodes sectaires et staliniennes ?
Si LO n'est pas une secte stalinienne, nos désaccords sont anciens et portent sur le type de fonctionnement politique. Celui de leur organisation est hérité des premières années de la IIIe Internationale [qui a rassemblé de 1919 à 1943 les PC autour de l'URSS]. Par exemple. Nos congrès sont publics, alors que ceux de LO restent à huis clos. Mais nous ne demandons pas a nos électeurs d'adhérer à Lutte ouvrière, ni à la Ligue.
Q - A Lutte ouvrière, il y a le mystérieux Robert Barcia, dit « Hardy », le leader clandestin, qui a fondé et dirigé des entreprises privées ?
Paradoxe, les militants de LO sont plus connus de la police que ceux de la LCR, puisqu'elle présente près de 1 000 candidats et suppléants à toutes les élections législatives. Quant à Hardy, qui doit être le plus vieux dirigeant de LO, j'ignorais sa profession, mais ce n'est certainement ni un Doumeng [l'ex-milliardaire du parti communiste] ni un Dumas. Connus ou inconnus, les dirigeants de LO, comme ceux de la LCR, ont un casier judiciaire vierge, et, par les temps qui courent, c'est l'essentiel.
Q - Pourquoi vos tentatives de liste commune avec les Verts et le PCF ont-elles échoué ?
Les Verts ne voulaient s'allier avec personne. Et la direction du parti communiste tenait trop à préserver la solidarité gouvernementale. Pourtant, sa base militante est opposée à la politique de Jospin. Nous savons que des cellules du PCF sont prêtes à voter pour notre liste aux européennes. Un bon score nous aidera à rassembler la gauche radicale, anticapitaliste, féministe et écologiste dans le grand parti que nous voulons construire.