Texte intégral
3,1 milliards de dollars à l’Ukraine pour la fermeture de la centrale de Tchernobyl avant l’an 2000 (1) : c’est sans doute le chiffre à retenir du sommet des sept pays les plus riches, consacré à la sécurité nucléaire, qui, pour le reste, s’en est tenu à des déclarations d’intention. « La sûreté nucléaire doit passer avant toute autre considération ». Cette forte phrase devrait, en toute logique – et bien que les chefs d’État occidentaux n’en aient pas soufflé mot – conduire à la libération immédiate, avec les excuses des autorités russes, d’Alexander Nikitine (2). Réunis pour la première fois sur le territoire d’un pays tiers, en Russie, à moins de deux mois d’élections présidentielles qui s’annoncent difficiles pour leur chouchou, les chefs d’État occidentaux – Jacques Chirac en tête, avec la jovialité appuyée qu’on lui connaît – en ont profité pour réaffirmer de façon soutenue, leur soutien à Boris Eltsine. Était-ce nécessaire, alors que chaque jour apporte son lot d’atrocités et de morts eu Tchétchénie ?
Atrocités encore, au Liban cette fois, où un candidat au poste de Premier ministre (c’est de Shimon Pérès qu’il s’agit) tente d’éviter le retour au pouvoir du Likoud – et le sabordage du processus de paix qu’il suppose – en menant la politique préconisée par ses adversaires conservateurs ! Le bombardement des villages libanais par l’aviation israélienne serait-il moins abject que celui des villages israéliens par le Hezbollah libanais ? Nous ne le pensons pas. Il faut le dire : il n’y a pas de solution militaire. Chaque bombe, surtout quand elle frappe la vie et les biens des pauvres gens, alimente la haine. On ne peut en attendre qu’un renforcement de l’influence du Hezbollah, dans le camp libanais, et des « faucons », dans le camp israélien.
Israël doit cesser ses bombardements meurtriers. C’est autour d’une table, et le plus vite sera le mieux, que se négocieront le désarmement des milices opérant au Liban, et – conformément à la résolution 425 de l’ONU – le retrait des troupes israéliennes du Sud Liban.
Plus que jamais, la paix est due aux petites victimes de Cana.
1 Objet d’un marchandage acharné depuis des années, la fermeture de la centrale de Tchernobyl a été annoncée à plusieurs reprises… Cette fois sera-t-elle la bonne ? Attendons pour croire…
2 Officier de marine retraité, Alexander Nikitine est incarcéré au secret depuis le 6 février pour avoir dénoncé les risques de pollution radioactive liés aux 52 sous-marins atomiques russes stockés dans la péninsule de Kola. Accusé de trahison, il risque la peine de mort. Les Verts ont écrit à Jacques Chirac, à Boris Eltsine et à l’ambassade de Russie en France pour demander sa libération.