Texte intégral
Mes chers jeunes compagnons,
Merci d'être ici, de nouveau rassemblés dans le cadre de cette « année européenne des jeunes » du RPR que vous avez voulue, conçue et organisée.
Merci d'être partis depuis, longtemps en avant-garde, sans attendre le feu vert des uns ou les recommandations des autres.
Merci d'avoir compris, peut-être les premiers, que la campagne européenne n'était pas une affaire de boutique, mais une grande et belle opportunité de nous battre sur nos convictions.
Et, merci d'avoir souhaité que je vienne à votre rencontre.
Mes chers jeunes compagnons,
Parce que vous êtes l'avenir de notre mouvement, parce que vous détenez, à ce titre, une part de l'avenir de la France, c'est vers vous que je me tourne, une fois encore, dès lors que nous sommes à la veille d'un grand rendez-vous.
Je sais que vous ne recherchez ni postes ni sinécures, que vous n'avez aucun pré carré à défendre, aucun privilège à préserver… je sais que votre engagement ne souffre aucune arrière-pensée.
Vous croyez à la politique parce que vous croyez à la démocratie et à la République parce que vous croyez en la France.
Mais la politique, justement, vous voulez en faire autrement.
Pour exprimer des idées.
Pour servir un idéal.
Vous avez choisi notre rassemblement parce que vous croyez à l'échange, parce que vous savez le débat nécessaire, parce que vous voulez vous adresser aux Français pour les persuader de la justesse des chemins que vous leur proposez.
Vous voulez vous-mêmes comprendre, pour pouvoir, ensuite, d'autant mieux expliquer et convaincre.
Eh bien, ces élections européennes qui se profilent, elles vont être un enjeu à votre mesure ! Car le défi à relever est simple et immense à la fois.
Il faut transformer ces élections, les transformer enfin, en un grand, un vrai, un indispensable rendez-vous démocratique.
Parce que l'Europe n'aura pas d'avenir sans démocratie, sans que les peuples et d'abord le nôtre, la comprennent, y adhèrent et y prennent toute leur part.
Or, la France n'a pas d'avenir sans l'Europe. Et l'Europe n'a pas de dessein sans la France. Il faut donc que la relation de la France à l'Europe soit enfin clarifiée, comprise et assumée.
Et c'est à vous, c'est à nous de conduire cet effort si nécessaire d'explication et de conviction.
Sur la route qui conduit à cet objectif, mes chers compagnons, vous allez rencontrer bien des obstacles.
1. Vous allez avoir, d'abord, à lutter contre le scepticisme et le poids des habitudes.
Et les habitudes, en la matière, elles ne sont guère reluisantes…
Les élections européennes ne ressemblent à aucune autre consultation. Parmi nos rendez-vous politiques, elles sont demeurées une sorte d'exception, en forme de récréation.
C'est un événement qui paraît ne pas prêter à conséquence. Qu'on ne prend pas vraiment au sérieux. Avec un mode de scrutin, la proportionnelle nationale qui autorise toutes les fantaisies. Alors, on en profite souvent pour s'ébrouer, se divertir et même se dissiper… On y parle de tout et de rien. Et cela en arrive, parfois, à donner… – comment dirais-je –- l'impression d'un certain désordre, impression qui n'est pas totalement injustifiée.
Beaucoup parmi les électeurs, parmi ceux-là même qui s'astreignent à un choix réfléchi et responsable dans les autres élections, s'estiment fondés à surtout y faire valoir leur humeur du moment. Ils y sont d'autant plus enclins qu'ils ont, généralement, une offre en termes de listes qui permet d'exprimer toute la gamme des humeurs possibles.
Le comportement des partis n'est pas moins « original ».
– Les uns, en souhaitant à toute force passer à la toise du suffrage, entendent surtout affirmer leur identité ou, plus simplement encore, rappeler leur existence ;
– d'autres saisissent l'occasion pour remplir tel ou tel critère de la loi de financement des partis et s'assurer ainsi des rentrées ultérieures…
Du coup, bien des élections européennes tiennent, si l'on ose dire, de l'élection partielle généralisée, mais d'une élection partielle qui tournerait au simulacre.
D'ailleurs, si c'était sérieux, on se préoccuperait davantage des suites de l'élection. Or, qui se souvient qu'il y a cinq ans, on a donné 12 % des suffrages à une liste « Bernard Tapie » ? Et à peu près autant à une liste « Villiers » ? Qui pourrait dire à quoi cela a bien pu servir ?
Alors, il y a bien quelques rabat-joie relayés par quelques médias qui expliquent, non sans mérite, à qui veut les entendre que l'Europe et, plus précisément, le Parlement européen, c'est très important. Mais dès l'élection passée, on n'en entend plus parler…
On ne s'étonnera pas, dès lors, que les conséquences politiques des élections européennes soient généralement assez imprévisibles. Quoique à peu près toujours aberrantes.
Plus précisément encore, elles s'apparentent à un vrai jeu de massacre… Ou, n'ayons pas peur des mots, à un véritable attrape-nigaud.
Il est ainsi fortement déconseillé à tout homme politique responsable de se lancer dans une pareille aventure, où il n'y a que des coups à prendre.
Tant il est vrai que s'agissant des ambitions personnelles, les européennes ressemblent plutôt au cimetière des éléphants…
Eh bien pourtant, nous allons y aller !
Quelles que soient les difficultés.
Quitte à ramer à contre-courant.
Quitte à être caricaturés…
Nous allons y aller.
Parce que les Gaullistes ne peuvent pas faire l'impasse. Parce que tout nous incite à prendre nos responsabilités :
– les pouvoirs nouveaux reconnus au Parlement européen ;
– le fait que nous ne pouvons plus admettre que la démocratie soit absente des nouveaux lieux de pouvoir et ne continue à fonctionner que là où la réalité des enjeux décline.
Et tout cela, déjà nous devons l'expliquer à nos compatriotes.
Nous l'avons dit lors de nos Assises :
Le divorce entre les Français et la chose publique est largement lié à une crise de la représentation. Les responsables publics doivent adapter en conséquence leurs méthodes et comprendre, qu'avant même de formuler des solutions alternatives, ils ont le devoir de proposer des grilles de lecture et d'explication aux problèmes de notre société.
Nous souhaitons donc prendre une part active et responsable à la réunion des conditions du débat démocratique (…). Nous voulons contribuer à l'effort de pédagogie que les Français sont en droit d'attendre sur les défis que doit relever notre pays. » Nous entendons y contribuer et y contribuer, d'abord, s'agissant de cette question aussi cruciale que complexe qu'est l'Europe. Il est hors de question, en effet, que nous n'usions pas du nouvel espace de démocratie, certes encore bien insuffisant, qui est ouvert à Strasbourg. L'enjeu de cette élection est de faire du Parlement européen l'un des vecteurs d'un fonctionnement plus démocratique de l'Union ? Nul plus que moi, qui me suis efforcé de revaloriser le rôle du Parlement français ne saurait être sensible à une telle perspective.
Il est hors de question que nous acceptions plus longtemps que les peuples – et en particulier le nôtre – soient tenus à l'écart de la construction européenne… On peut admettre que cela ait eu un sens, dans le passé. Mais aujourd'hui, c'est un contresens.
Alors, nous ne nous laisserons pas imposer leur loi par ceux qui disent que, l'Europe, ça ne se discute pas, que ça ne se débat pas. Parce que les temps ont changé. Et ce qui était prudence nécessaire est devenu atermoiement dangereux.
Au demeurant, nous savons bien pourquoi, dans le processus européen, c'est une démarche empirique, technique, qui a prévalu, dès l'origine, sur l'élaboration d'un véritable projet politique.
Cette démarche était dictée par les circonstances historiques de l'après-guerre. Si, au sortir du conflit, alors que ressentiments et rancoeurs étaient encore vivaces parmi les peuples européens, on avait affiché un objectif politiquement ambitieux, la machine ne se serait jamais mise en route. On avait d'ailleurs d'autant moins de raisons de préciser un tel projet que les circonstances de la guerre froide en dispensaient largement. Le libéralisme politique et économique faisait office alors, face au communisme, d'idéal unificateur.
Et, d'ailleurs, à la seule occasion où les gouvernements européens de l'époque sortirent de leur schéma initial, ils subirent, avec l'échec du traité instituant la Communauté européenne de défense, un revers si cuisant qu'ils revinrent vite à leur pratique antérieure.
On a donc commencé par l'économie : la mise en commun du charbon, de l'acier ; la politique agricole commune.
On a poursuivi par la finance : la liberté de circulation des capitaux et des marchandises, la constitution d'un grand marché.
On a continué avec la monnaie : le système monétaire européen, puis l'euro.
Et on nous a proposé une nouvelle étape avec la libre circulation des personnes et toutes les conséquences qu'elle implique pour l'immigration, le droit d'asile, le franchissement des frontières, la sécurité intérieure.
L'Europe avance, nous dit-on, en conséquence. Mais parce qu'on en est resté à la démarche initiale, on ne nous dit jamais dans quel but. Et c'est tout juste si l'on consent à nous indiquer par quel chemin.
Tant qu'il ne s'agissait que de transférer quelques compétences sectorielles, ce flou artistique était encore admissible. Mais, à partir du moment où la mécanique d'intégration absorbe, progressivement, un nombre croissant de domaines essentiels à la vie des pays membres, on est légitimement en droit de réclamer de l'Europe qu'elle formule vraiment ses objectifs et qu'elle adapte la forme de ses institutions en conséquence.
Il est nécessaire de procéder à cette indispensable clarification et de le faire maintenant. Car on ne gagne rien à la reporter à d'hypothétiques rendez-vous ultérieurs. À continuer d'ignorer l'exigence d'établir un projet politique pour l'Europe, on court le risque de subir la construction européenne comme une fatalité imposée de l'extérieur, là où il existe l'opportunité de la saisir comme une chance pour maîtriser notre destin.
Nous avons donc l'intention de nous lancer dans un immense effort pédagogique pour expliquer l'Europe, ce qu'elle est, ses réussites et ses insuffisances, ce qu'elle pourrait être pour la mettre, enfin, vraiment, au centre du débat. Un débat clair et honnête.
Ces élections doivent être un vrai moment de vraie démocratie.
Nous considérons que c'est notre devoir d'agir pour qu'il en soit ainsi. Je considère que c'est mon devoir.
2. Il va donc vous falloir surmonter la force de l'habitude et le scepticisme… Mais il n'y aura pas que cela.
Vous allez devoir vous heurter, aussi, à ceux qui se complaisent dans des débats désormais sans objet.
Vous le savez, vous, vous le sentez : à l'occasion de ces élections européennes, ce qui est en jeu, c'est l'avenir. Ça n'est pas le passé.
C'est l'avenir de l'Europe. C'est l'avenir de la France.
Certains vont pourtant chercher à entretenir de vieilles querelles…
Campant sur des positions radicalement contradictoires, ils vont s'en tenir à des slogans, à des clichés, à des formules vides de sens.
Ils vont user et abuser des grands mots creux dont ils seront d'ailleurs bien en peine d'expliquer le sens.
Et, de fait, à chaque rendez-vous européen, on a de la peine à éviter deux écueils : une sorte d'euro-béatitude d'un côté, une véritable euro-allergie de l'autre.
Pour les uns, tout ce qui vient de l'Europe, tout ce qui se présente sous la marque « Europe » doit être accepté, applaudi, encensé. Aucune discussion, aucune critique n'est possible sous peine de lézarder un processus érigé en cathédrale.
Parce qu'ils se croient les porteurs exclusifs de l'idéal européen, ceux-là se prétendent le seul parti de l'Europe. Et tous les autres sont forcément rejetés dans les ténèbres de l'enfer ou au mieux, dans les épreuves du purgatoire… Ceux-là s'estiment en effet investis de la mission de combattre ceux qu'ils désignent comme des adversaires de leur cause. Et, en particulier, ceux qui croient que l'Europe doit être construite jour après jour, que ses enjeux doivent être débattus, ses finalités appréciées de manière contradictoire, pour être mieux précisées et adaptées aux réalités humaines et politiques ; bref tous ceux qui pensent qu'elle ne peut être que le résultat de l'action patiente de Nations qui ont librement décidé d'oeuvrer ensemble…
Il n'est pas jusqu'à la vision de l'Histoire, développée à l'appui de ces thèses, qui ne soit erronée. Car l'Histoire de l'Europe est tout sauf linéaire.
On a dit très justement que le marché commun avait été conçu par des hommes qui n'auraient sans doute pas pu le réaliser et qu'il avait été mis en oeuvre par des hommes qui ne l'auraient peut-être pas ainsi négocié.
Et, si deux approches différentes de l'Europe ont pu parfois se heurter, le temps a montré que ces thèses apparemment inconciliables pouvaient se rapprocher sous la pression conjuguée de la réalité et des nécessités.
Et pourtant, certains continuent, à l'inverse des précédents, à prêter à la construction européenne des arrière-pensées diaboliques.
Ceux-là ne veulent pas entendre parler de l'Europe.
Parce qu'ils ont décidé, une fois pour toutes, que, quel que soit le chemin qu'elle se choisira, l'Europe menace notre Nation, ses fondements, ses spécificités…
S'appuyant sur telle ou telle des erreurs qui a pu être commise à tel ou tel moment du processus, ils trouvent bien parfois de quoi nourrir leur argument.
Pour autant, eux aussi font un contresens fondamental. Et en particulier ceux qui se réfèrent aux positions du général de Gaulle.
Le général de Gaulle n'a jamais été opposé à l'Europe. Il en aura même été, à bien des égards, l'artisan le plus énergique et le plus efficace.
C'est lui qui a été à l'origine de la réconciliation franco-allemande, fondement de la construction européenne. C'est lui qui a permis, à la France, d'entrer dans la communauté économique européenne.
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que le général de Gaulle ne voulait pas de n'importe quelle Europe. Il voulait une Europe qui reprit l'essentiel de l'ambition de la France, son aspiration à l'indépendance, sa volonté de défendre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sa vocation à incarner un modèle culturel, politique, social qui lui soit propre.
Mais, lorsque l'Europe ne correspond pas à cette ambition, il faut se garder de la tentation d'en condamner l'idée, mais bien plutôt redoubler d'efforts pour l'imposer.
Et là se trouve une autre des idées forces de notre campagne à venir.
Nous le disons donc, à la fois à ceux qui nous reprochent nos tiédeurs supposées et à ceux qui nous accusent de revirements inventés.
Nous pensons que les traités en vigueur ne scellent ni la fin de l'Histoire, ni la disparition de la France. C'est leur faire beaucoup d'honneur. C'est leur donner un poids, une portée qu'ils n'ont pas. C'est oublier que lorsque la volonté politique s'affirme, que le peuple s'exprime, que le sentiment national se manifeste, les traités s'adaptent ou se modèlent au gré des exigences du temps.
Reste que le traité de Maastricht, hier, celui d'Amsterdam, aujourd'hui, quelles que soient leurs imperfections, sont notre loi commune. Ils engagent désormais la Nation. Ils nous engagent. Et c'est dans le cadre fixé par ces conventions internationales que nous devons envisager notre réflexion aussi bien que placer notre action. L'heure n'est donc pas à la nostalgie. Elle est au réalisme, à la lucidité, au courage, à ces vertus qui permettent d'asseoir une grande politique, parce que fondée sur une juste perception des rapports de force.
L'heure n'est pas non plus à la contemplation d'une Europe idéale, fût-elle celle de nos rêves. Il ne s'agit pas de rechercher la pureté du diamant. Il ne s'agit pas de renier nos origines, nos racines, notre histoire, de trahir l'esprit du gaullisme. Il s'agit de se battre en prenant acte des succès obtenus comme des batailles perdues, en tenant compte des évolutions survenues.
Sans esprit de revanche, car l'Histoire ne repasse pas les plats. Sans honte, car les Français n'attendent de nous ni reniement de nos convictions, ni repentir de nos positions.
De quoi, d'ailleurs, devrions-nous nous excuser ?
De la contribution irremplaçable du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Jacques Chirac ?
D'avoir fait entrer la France dans le marché commun ?
D'avoir proposé, les premiers, la création d'une Europe politique ?
D'avoir hâté la réalisation du marché unique ?
D'avoir défendu, dans les négociations du GATT, l'identité commerciale et culturelle de l'Union européenne ?
D'avoir pointé du doigt les carences et les failles de l'Europe telle qu'elle s'édifie ?
D'avoir dit avant les autres que le déficit démocratique devait être résorbé ? Que la banque centrale devait avoir un contrepoids politique ? Que la gestion de l'euro devait mettre l'emploi au coeur de ses objectifs ? Que l'Europe ne pouvait demeurer muette et passive dans le domaine de la politique étrangère et de la défense ?
Nous n'avons aucun complexe à avoir, ni pour hier, ni pour aujourd'hui, ni pour demain. Nous devons cesser de paraître subir l'Europe. Nous devons dire quelle Europe nous voulons. Et agir pour faire prévaloir notre vision du continent.
Comme la France, notre mouvement doit être inspirateur. Comme la France, notre mouvement doit être acteur, moteur d'une Union européenne dont il lui revient, une fois encore, de contribuer à préciser le projet politique.
Notre ambition pour l'Europe ne nous interdit pas, je dirais même, nous crée le devoir de porter un message original et de le traduire en actes. D'anticiper les défis à relever.
Alors, mes chers jeunes compagnons, soyez indifférents à tous ceux qui, pour des raisons contradictoires, jetteront sur vous l'anathème, l'exclusive, l'ostracisme, l'excommunication parce qu'ils se trompent de combat.
Nous devons faire l'Europe des dix prochaines années, pas défaire celle des dix derniers mois. Et, de même, nous devons faire l'Europe en y apportant notre pierre et pas attendre qu'elle se construise toute seule.
Alors, inutile de croiser le fer avec ceux qui, pour un motif ou un autre, sont et seront hors-sujet.
En revanche, nous devrons répéter, marteler que le problème n'est pas de savoir si l'on est pour ou contre l'Europe. Que ce débat n'a plus aucun sens.
Le problème est de savoir quelle Europe nous voulons.
Et qu'on compte sur nous pour le dire… Parce que, ce qu'il y a à dire, est au coeur de notre engagement.
3. Poids des habitudes, scepticisme, querelles d'un autre âge… C'est déjà beaucoup, mais ça n'est pas tout. Vous allez encore vous heurter à ceux qui s'obstinent à ignorer où à feindre d'ignorer, l'interpénétration, pourtant manifeste, des enjeux européens et des enjeux nationaux.
Cela peut paraître étonnant. Mais c'est ainsi.
Et vous avez sans doute lu et entendu comme moi, avec beaucoup d'étonnement, qu'aux dires de certains, les élections européennes n'avaient aucune portée intérieure.
Je n'ai pas rêvé. Je l'ai lu. Ça a été dit, écrit.
Ce qui signifie, j'imagine, que la vie des Français ne sera affectée en rien par ce qui pourrait se décider à Strasbourg, au Parlement européen.
Ce qui signifie plus généralement, j'imagine, que ce qui se passe au niveau européen n'a aucune conséquence en France.
Ce qui signifie encore, j'imagine, que l'Europe et la France, ça n'a aucun rapport. Ou que, à tout le moins, on peut découper en tranches ce qui concerne l'Europe, d'un côté, ce qui concerne en France, de l'autre.
Mais comment peut-on dire des choses pareilles ?
Aujourd'hui, l'Europe est dans tout. Je veux dire par là qu'elle influe sur tous les domaines de notre vie quotidienne.
Et à l'inverse, il n'est plus un domaine de l'actualité nationale où l'on puisse prendre une décision sans avoir à tenir compte des règles ou, à tout le moins, du contexte européen.
Alors, tout ce qui tend à séparer artificiellement le débat politique national du débat politique européen est absurde et dangereux.
On ne peut pas traiter, d'un côté, l'Europe et, de l'autre côté, la France. Cela revient à ignorer la réalité la plus concrète…
Cela revient à ignorer, sous-estimer la dimension européenne des problèmes.
Et justement, un des grands problèmes de l'Europe, c'est qu'il y a beaucoup trop de gens qui pensent de cette manière…
Mais alors, comment convaincre que l'Europe peut et doit être lieu de démocratie, que le déficit démocratique européen peut et doit être résorbé, si on se résignait à penser qu'il n'y a pas diverses options possibles au niveau européen et que, de toute façon, ce qui s'y passe n'a aucune répercussion réelle sur la vie nationale et peu ou pas d'effet sur la vie des gens !
Alors, à nous de persuader nos compatriotes que le choix n'est pas neutre, que le choix est le même au niveau européen et au niveau national, et que de ce choix dépend la société dans laquelle nous souhaitons vivre…
Oui, le choix aujourd'hui, le choix désormais est entre une Europe sociale-démocrate et une Europe de la liberté, de la responsabilité et de la solidarité. Entre une Europe frileuse, rabougrie, soumise à la tutelle américaine, chiche en innovation, en développement et en emploi, et une Europe ambitieuse, généreuse, ayant la volonté et les moyens de jouer un rôle dans le monde, faisant du développement, donc de la lutte contre le chômage une ardente priorité.
L'Europe à laquelle nous destinent les socialistes, nous en avons sous les yeux la préfiguration… Et les Français ne doivent pas se laisser prendre aux descriptions chamarrées qu'ils nous en livrent…
Car on ne peut prétendre bâtir une Europe qui assure la croissance et l'emploi et conduire en France une politique qui la bride et la décourage.
On ne peut prétendre bâtir une Europe qui accroisse sa sécurité intérieure alors qu'on laisse en France prospérer les zones de non-droit.
On ne peut prétendre édifier une Europe qui soit l'égale des grands de ce monde, une Europe qui soit une puissance planétaire alors qu'on réduit de manière drastique, en France, les crédits du ministère des affaires étrangères ou qu'on ampute l'effort de défense.
On ne peut prétendre démocratiser l'Europe quand, dans le même temps, on refuse l'élargissement du contrôle parlementaire sur l'élaboration des normes bruxelloises.
L'Europe que nous proposent les socialistes, ce n'est que le décalque de la France qu'ils nous préparent.
C'est un super-État, avec de super-impôts et de super-contraintes. L'Europe social-démocrate, celle que M. Jospin et ses alliés vantent à longueur de journée, c'est celle des réglementations, des taxes, des impôts, de la bureaucratie incontrôlée. Une Europe qui, au-delà des déclarations d'intention, se fiche comme d'une guigne de combler son déficit démocratique. Une Europe qui, par inertie, ne met pas les Nations qui la composent en situation de tirer le meilleur parti possible de la mondialisation. Une Europe qui, par inconséquence, ne se donne pas les moyens de se préparer à assumer sa sécurité collective.
Ne croyez pas que je caricature ou que je sois animé d'un souci obsessionnel de m'opposer.
L'Europe des impôts ? Il suffit de lire, dans le texte, M. Moscovici, notre ministre des affaires européennes. Que dit-il ? Il dit ceci : « Il faudra bien un jour se poser la question de savoir si une Europe qui veut se structurer dans le domaine économique, qui veut intervenir dans le domaine de la culture, de l'éducation, n'aura pas besoin d'un budget plus important. Pourquoi ne disposerait-elle pas, à terme, de ressources différentes, d'un impôt européen ? » Et allez donc !
On ne pourra pas dire qu'on n'a pas été prévenus !
L'Europe de la réglementation ? Comment s'étonner que les socialistes s'en satisfassent par avance ? Cela correspond si bien à leurs méthodes.
L'Europe de la technocratie ? Il suffit de regarder l'attitude du Garde des Sceaux pendant le débat sur la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité d'Amsterdam pour constater qu'elle a de beaux jours devant elle. Mme Guigou a balayé d'un revers de main les amendements que nous avions déposés et dont le seul but était de rapprocher l'Europe du citoyen.
De quoi s'agissait-il ? D'améliorer le contrôle du Parlement sur l'élaboration des normes européennes, de renforcer le contrôle de constitutionnalité des règlements et directives d'associer le peuple ou ses représentants à la décision de transférer des compétences à l'Union européenne.
Rien qui bouleverse l'économie générale du traité. Juste une série d'aménagements de nature à combler – Ô, encore modestement ! – ce fameux déficit démocratique de l'Europe. Mais c'était encore trop.
En vérité, lorsqu'il ne s'agit que de disserter à perte de vue sur la dimension démocratique de l'Europe, les socialistes et leurs alliés sont en première ligne. Mais lorsqu'il faut en tirer les conséquences pratiques, ils sont aux abonnés absents.
Oui, mes chers jeunes compagnons,
Il va falloir dire, répéter qu'enjeux nationaux et enjeux européens sont étroitement liés.
Vous démontrerez ainsi que parler de l'Europe, ce n'est pas évoquer l'avenir d'une abstraction ; ce n'est pas discuter du sexe des anges ; c'est se pencher sur les sujets qui font le quotidien des Français. C'est parler de l'emploi, de la croissance, de la sécurité, de la modernisation de la vie publique.
Et ce faisant, vous démontrerez que nos seuls adversaires dans cette élection sont les socialistes et leurs alliés… Parce que l'Europe qu'ils nous préparent, elle n'a guère d'avenir.
4. Il vous faudra donc convaincre qu'une autre Europe est possible. Et dire, sans agressivité ni démagogie, à quoi elle doit ressembler.
L'Europe que nous voulons, elle doit nous aider à organiser la mondialisation, à en tirer le meilleur parti possible. Elle doit démultiplier nos efforts pour encourager la croissance et l'emploi. Elle doit accompagner notre modernisation tout en nous permettant de préserver notre modèle social.
L'Europe que nous voulons doit nous aider à apporter des réponses aux défis que nous ne pouvons pas relever seuls : la sécurité collective, la défense du continent, la protection de notre environnement, la préservation de nos identités culturelles.
Nous voulons que l'Europe s'occupe d'abord de l'essentiel, c'est-à-dire qu'elle mette l'emploi au coeur de tout. Car, ni la France, ni ses voisins ne résisteront indéfiniment au chômage de masse. Un chômage de masse qui ne saurait être endigué par l'accroissement de la charge fiscale, par la multiplication des déficits publics, par le miracle de la réduction unilatérale et uniforme des temps de travail, par la prolifération des obstacles structurels à l'emploi.
Nous voulons, nous, que la politique européenne soit mise au service de la croissance. Et que cet objectif imprègne tous les aspects de l'action de l'union, qu'ils soient monétaire, fiscal, budgétaire ou commercial.
Nous voulons donc profiter de la mise en oeuvre de l'euro pour convaincre qu'une politique économique différente de celle qui inspire les gauches « plurielles » est possible et souhaitable :
– en favorisant une coordination des investissements publics dans les secteurs créateurs d'emploi ;
– en aidant les entreprises à se moderniser, comme le font les États-Unis dans le domaine des autoroutes de l'information ;
– en encourageant un effort collectif de recherche des marchés extérieurs à l'Union ;
– en allégeant les impôts et des charges de toute nature qui entravent la compétitivité des entreprises et aboutissent à des distorsions de concurrence, y compris à l'intérieur de l'Europe ;
– en assurant la pérennité d'une politique agricole commune dont le bilan est largement positif.
Encore faut-il que ces efforts, prioritaires, se déploient dans l'intérêt de l'ensemble de l'Europe. Cela ne sera possible que si l'euro est un outil au service de nos emplois, de la même manière que le dollar est un instrument au service de l'emploi américain.
À cet égard, nous ne cesserons de plaider pour que les missions de la banque centrale européenne dépassent la seule défense de la stabilité des prix.
Cela suppose qu'émerge, parallèlement, un véritable contrepoids politique chargé de coordonner les politiques des États membres et de vérifier la conformité de l'action de la banque centrale aux objectifs assignés.
Car l'Europe n'a évidemment de sens que si elle s'édifie autour d'un modèle de société qui lui soit propre, engagée dans une compétition pacifique, mais âpre avec d'autres ensembles ayant une conception différente de l'économie de marché.
L'Union européenne ne saurait être l'espace du moins disant social. Le marché unique ne saurait faire obstacle au maintien de services publics nationaux exerçant des activités collectives au moindre coût et assurant l'égalité des territoires. De la même manière, l'harmonisation des règles de la protection sociale doit nous protéger des risques de régression.
Je vais reprendre, pour bien me faire comprendre, une image que j'ai déjà utilisée à plusieurs reprises : un grand marché européen sans une équivalence globale des coûts sociaux, donc des règles sociales, c'est aussi équitable qu'un terrain de football sur lequel une équipe rentre à quatre ou cinq joueurs et l'autre avec son effectif au complet. Il est donc urgent d'y remédier si nous ne voulons pas que devant une partie aussi déséquilibrée le public se mette à siffler.
L'Union européenne ne saurait être non plus un espace ouvert à tous les vents. Pour préserver son modèle social, l'Europe doit se doter des armes lui permettant de défendre hardiment ses intérêts commerciaux sur le marché mondial. Il y aurait un paradoxe insupportable à ce que, puissance économique et financière de premier rang, l'Europe ne puisse pas contribuer à fixer les conditions du commerce mondial, et que celles-ci soient déterminées, quasi-unilatéralement, par les États-Unis d'Amérique.
C'est dire que nous voulons que l'Europe soit une véritable grande puissance. Qu'elle s'assume pleinement. Qu'elle maîtrise son destin. Qu'elle soit tout simplement européenne, c'est-à-dire qu'elle ne remette pas aux autres le soin de décider de son avenir.
Alors, très logiquement, nous attendons de l'Europe qu'elle assure sa sécurité collective. Car l'Europe, cela doit être avant tout une garantie de paix. De paix sur le sol du continent. Et nous ne saurions nous résoudre à l'idée que la paix en Europe, que la paix dans le monde relève, pour l'essentiel, de la seule responsabilité des États-Unis. Nous prenons évidemment acte de l'attachement de nos partenaires européens à l'OTAN et nous entendons, sous certaines conditions – liées à une plus juste répartition des pouvoirs –, participer pleinement à sa rénovation qui doit permettre l'affirmation d'une identité européenne de défense. Mais ayons bien conscience que l'Union européenne ne pourra plus longtemps se soustraire à ses devoirs. Si elle veut simplement exister, elle doit élaborer une politique de défense et une politique étrangère originales, crédibles et respectées.
Nul ne doit se méprendre en effet. Si nous voulons l'Europe, c'est pour qu'elle cesse enfin d'être un nain politique. Dans un monde qui, après l'effondrement du bloc communiste recherche encore ses nouveaux équilibres, l'Europe doit se constituer en un ensemble indépendant et libre de ses choix. L'affaire irakienne et celle, d'une brûlante actualité, du Kosovo illustrent le chemin qui reste à parcourir. Ce qui implique, à l'évidence, de donner un contenu concret à l'objectif d'élargissement de l'Union à l'Est et au Sud. Une démarche d'adhésion résolue, mais réaliste des nations d'Europe centrale et orientale est évidemment indispensable. Elle ne peut être réussie que si l'objectif politique – mettre fin à la division du continent – prévaut sur un processus technocratique d'acceptation de l'acquis communautaire, quitte à prévoir des phases de transition pour ce qui concerne l'intégration économique.
Cela est d'autant plus nécessaire, urgent que nombre des aspirations à satisfaire concernent à la fois l'Est et l'Ouest du continent.
Il en est ainsi, notamment, de la protection de l'environnement qui se joue en réalité à l'échelon de l'Europe tout entière. Les nations ne peuvent agir seules pour lutter contre la déforestation, contre l'effet de serre, contre les pollutions, contre la mauvaise gestion des ressources en eau, contre les risques nucléaires qui, contrairement à ce que prétendent Mme Voynet et son collègue allemand, ne résident pas en Europe de l'Ouest, mais en Europe de l'Est. C'est là que notre effort doit être concentré en faveur d'une sécurité qui intéresse tous les Européens. L'Union européenne peut et doit fournir en ces domaines une véritable valeur ajoutée.
C'est également à l'échelle de l'Europe que doit être appréhendée la lutte contre les grands fléaux. Il faut construire l'Europe de la santé, de la sécurité sanitaire et alimentaire comme l'ont souligné les carences constatées au moment de la crise de la vache folle.
C'est enfin l'Union européenne qui doit être le garant de la diversité culturelle du continent. L'Europe est riche de la diversité de ses cultures et de ses langues. Face à une mondialisation qui comporte un risque évident d'uniformisation, nous devons lutter pour préserver nos spécificités culturelles. Les biens culturels ne sont pas des marchandises parmi d'autres. Leur particularité justifie un régime dérogatoire par rapport aux règles habituelles du commerce. C'est la responsabilité de l'Union européenne que de contribuer à en faire prendre conscience, d'une part, en défendant l'exception culturelle dans les négociations internationales, d'autre part, en conduisant les actions nécessaires à la vitalité de la création européenne.
Car, en définitive, l'Europe est un projet de civilisation original qui n'est réductible à aucun autre. Un projet de civilisation lié à une conception de la nation, de la démocratie, de la liberté de l'homme et de son épanouissement dans la société.
C'est bien pourquoi, faire l'Europe, pour nous, c'est faire progresser la démocratie. C'est l'enrichir d'une nouvelle dimension. Ce n'est pas, cela ne peut signifier, éclipser la citoyenneté française ou distendre le lien national.
Et à cet égard, il est nécessaire, urgent, de réformer les institutions européennes. Il s'agit de remédier aux défauts d'une construction encore trop confuse et lointaine : il s'agit de se préparer à la perspective d'une Europe politique.
Le système institutionnel de l'Union doit ainsi tendre vers une plus grande efficacité et s'appuyer sur une légitimité démocratique accrue. C'est dans cet esprit que nous proposons l'élaboration d'une constitution européenne ou, si l'expression effraie, d'une codification des règles de fonctionnement de l'Europe.
Il est temps, en effet, de sortir des ambiguïtés actuelles. Personne ne sait exactement qui fait quoi en Europe. Personne ne sait qui décide, qui contrôle, qui sanctionne.
Or, aucune organisation, aucune structure ne peut survivre ni prospérer : cinq ans que les responsabilités des uns et des autres soient précisées. A fortiori dans un espace qui se prétend démocratique…
Tel est pourtant bien le paradoxe dans lequel l'Europe se complaît. Et dont les conséquences pour son devenir ne peuvent être que néfastes.
Ainsi, faut-il songer à clarifier les compétences entre l'Union, d'une part, et les États, d'autre part. L'expérience comme la raison doivent nous conduire à suggérer une énumération limitative des compétences exercées en commun, les États gardant la pleine et entière maîtrise des domaines non-définis.
Ainsi, faut-il songer à organiser des mécanismes simples de codécision entre le Conseil des ministres, le Parlement européen et la Commission.
C'est au premier qu'il revient d'assurer la direction politique de l'Europe, puisqu'il incarne l'union des États et donc la primauté des Nations souveraines. C'est au deuxième qu'il appartient de contrôler, en liaison avec les parlements nationaux, l'action des organes exécutifs de l'Union, puisqu'il représente les peuples. C'est à la troisième enfin de se recentrer sur des tâches d'exécution et d'administration qui constituent le coeur de sa légitimité, plutôt que de rechercher à toute force de nouvelles prérogatives.
Enfin, il faut songer à améliorer l'association des peuples à la construction européenne. Il est, à cet égard, urgent de faire entendre leurs voix dans l'élaboration d'une législation qui les concerne chaque jour davantage dans leur vie quotidienne, sans qu'ils en ressentent forcément la justification. C'est là tout le sens de l'action que nous entendons conduire au Parlement européen. Mais il convient aussi de donner aux parlements nationaux le moyen de s'exprimer collectivement sur les questions qui interfèrent avec les domaines essentiels de la vie des Nations. En leur confiant, sous des formes à déterminer, des responsabilités éminentes, s'agissant, en particulier, du respect du principe de subsidiarité.
Mes chers compagnons, mes chers jeunes compagnons,
Bientôt, et ensemble, nous allons partir à la rencontre des Français. Chacun sait désormais ce que nous avons l'intention de leur dire.
Nous leur expliquerons que l'Europe n'est ni un culte qu'on célèbre, ni une hérésie qu'on éradique, mais un débat politique qu'on conduit au quotidien, inséparable du débat national.
Or, la réalité politique, c'est que treize gouvernements de l'Union sur quinze sont aujourd'hui dirigés par des majorités sociales-démocrates. Si, d'aventure, le futur Parlement européen devait être dominé par les forces de gauche, celles-ci détiendraient l'essentiel des leviers du pouvoir en Europe.
Cette perspective est, pour nous, inacceptable.
La réalité politique, c'est que les citoyens doivent se réapproprier l'Europe. En commençant par la connaître et la comprendre.
Nous entendons y contribuer.
L'Europe ne peut plus demeurer une sorte de parenthèse quinquennale dans notre vie publique. Elle doit être une réalité quotidienne.
Il est temps d'oublier les querelles du passé et de mettre en oeuvre le maître-mot que nous donne Jacques Chirac : faire en sorte que les Français se réconcilient avec l'Europe, faire en sorte qu'ils se réconcilient sur l'Europe et bâtir une Europe unie des États.
Il est temps en effet de dire à nos concitoyens que l'Europe n'est pas un alibi au renoncement national, mais le levier qui doit favoriser la modernisation du pays.
Il est temps de dire haut et fort que l'Europe n'est pas condamnée à rester une machine bureautique, anonyme et lointaine, plus occupée à réglementer qu'à décider, mais qu'elle peut, qu'elle doit devenir une création originale, respectueuse de la diversité et de la souveraineté des peuples qui la composent.
Cette Europe-là, nous savons que les socialistes et leurs alliés sont incapables de la promouvoir. Parce qu'elle ne correspond ni à leur rêve, ni à leur culture, ni à leur pratique gouvernementale. Parce que leur ambition se limite à exporter, vers l'Union européenne, la triste politique qu'ils appliquent dans notre pays.
Cette Europe unie des États, mes chers compagnons, c'est, en définitive, à l'opposition de la proposer à nos compatriotes.
En tous cas, c'est celle que nous proposerons.
Nous n'ignorons pas que la tâche est immense.
Nous n'ignorons pas – je l'ai dit – que nous aurons contre nous le scepticisme, la force des habitudes, les adeptes des clichés en tous genres.
Nous n'ignorons pas que nous serons la cible d'attaques multiples et souvent douloureuses.
Mais nous sommes résolus. Nous avons pour nous la force de nos convictions.
Alors, portés par votre enthousiasme, je suis convaincu, mes chers jeunes compagnons qu'une fois encore, elle suffira à nous mener à la victoire.