Déclaration de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, sur le soutien du RPR à la politique gouvernementale et la préparation des élections législatives de 1998, Paris le 5 mai 1996.

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Circonstance : Convention des cadres et élus du RPR à Paris, Palais des congrès, le 5 mai 1996

Texte intégral

Mes Chers Compagnons,

Il y a tout juste un an, grâce à ses immenses qualités personnelles et à votre soutien déterminé, enthousiaste, désintéressé et inébranlable, Jacques CHIRAC était élu, par une large majorité de Français, Président de la République.

Chacune et chacun d’entre nous se souvient de l’immense joie qui fut la nôtre.

Mais, à la différence de ce que nous avions connu dans d’autres temps, cette joie ne se traduisit ni par le mépris, ni par la revanche. Il y a à cela une raison simple : ça n’est pas dans la nature des Gaulliste dont le service du pays est la seul motivation.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, à deux jours du 7 mai, si nous sommes fiers et heureux de constater qu’en un an Jacques CHIRAC a formidablement répondu aux espérances et aux attentes qui étaient les nôtres, nous avons décidé de célébrer cet anniversaire en travaillant, tout simplement, à la poursuite des missions qui nous incombent désormais.

C’est dans ce cadre que je souhaite vous livrer quelques réflexions sur notre Mouvement pour le passé et surtout pour l’avenir.

La vie de notre Mouvement de mai 1995 à mai 1998, peut s’organiser entre quatre étapes successives.

La premières s’est ouverte avec la victoire présidentielle. Il s’agissait, en quelque sorte, de l’assumer. C’est ce à quoi  nous avons travaillé jusqu’au soir de nos Assises du 15 octobre dernier.

Il fallait tout d’abord rassembler les Gaullistes, au sein desquels l’élection primaire du premier tour de la présidentielle n’avait pas été sans laisser de traces, même si l’union du deuxième tour avait été exemplaire.

Il fallait ensuite passer de l’esprit de conquête à celui de réussite. Ça n’est pas la même chose. Après nous être battus, parfois depuis plus de vingt ans pour certains d’entre nous, pour faire gagner Jacques CHIRAC, nous allions désormais contribuer à la réussite de son premier septennat.

Enfin nous devions nous doter dix-neuf ans après la fondation du RPR, d’un nouveau président qui assume la responsabilité de la vie nouvelle de notre Mouvement.

Au soir de nos assises, ces buts étaient largement atteints. Chacune et chacun de nos militants avait pu le constater : à Chessy, nous étions tous rassemblés dans l’enthousiasme pour engager un nouveau combat mené par Alain JUPPÉ, dont l’élection et le discours avaient parfaitement illustré notre union et notre élan vers l’avenir.

Au lendemain de ces Assises de la victoire, nous avons entamé notre deuxième étage : prendre pleinement en charge notre responsabilité de première formation politique de la majorité, en menant à bien deux missions indissociables : soutenir et proposer, dans un environnement économique, social, budgétaire, financier délabré par deux septennats et dix ans de gouvernement socialistes.

Bien sûr, mes Chers Compagnons, nous aurions pu nous dire que soutenir la politique du Gouvernement n’était pas, dans un tel contexte, particulièrement gratifiant, d’autant plus qu’à notre époque, face aux micros, aux plumes et aux caméras, mieux vaut toujours un commentaire acide qu’une approbation argumentée...

Je continue pourtant de penser que lorsque l’on a la chance d’avoir pour Président de la République Jacques CHIRAC, Alain JUPPÉ pour Premier ministre, bon nombre des notes au Gouvernement, une large majorité l’Assemblée et au Sénat, il faudrait être schizophrène ou bien peu courageux pour ne pas soutenir, voire critiquer, la politique qui est la nôtre, aller l’expliquer sans relâche à nos concitoyens et les convaincre de son bien-fondé.

C’est le choix que nous avons fait, mes Chers Compagnons. C’était celui de la cohérence, du courage et de l’efficacité.

C’était celui également de la fidélité au Gaullisme, qui ne rime pas avec opportunisme mais avec conviction.

Qu’il s’agisse d’expliquer l’achèvement des essais nucléaires ou de résister à la vague des grèves de décembre, vous avez été, à chaque fois, présents, déterminés, convaincants.

En contrepartie de cet engagement, je pense que notre Mouvement vous a apporté les moyens de faire votre devoir : argumentaires désormais largement diffusés, campagnes de tracts et affiches à raison d’une par mois en moyenne, séminaires de formation intensifiés – près de 160 journées au total depuis juin dernier – déplacements d’orateurs nationaux accrus – plus de 180 en moins d’un an – pour animer vos réunions.

Loin de rebuter nos militants, ce choix du soutien intensif a été très bien accueilli. Les renouvellements comme les adhésions nouvelles en témoignent puisque nous sommes en progression constante depuis mai 1995. Sur les quatre premiers mois de l’année, le taux de renouvellement 1996 est ainsi supérieur de 6 % au taux de 1995 ; et nous avons aujourd’hui franchi, mes Chers Compagnons, le seuil des 151 000 adhérents.

Mais il est vrai que ce n’est pas parce que nous assumons la responsabilité du pouvoir qu’il faut devenir sourd et silencieux aux préoccupations des Français, bien au contraire.

C’est justement pour éviter cet écueil que notre Mouvement est resté, à l’écoute de nos concitoyens, un lieu de dialogue, de débat, de réflexion et de proposition.

Aucune autre formation politique nationale ne peut présenter un tel bilan : de l’Europe au service national, des certificats d’hébergement à la réforme de l’État, de la famille à l’éducation de la réforme de la sécurité sociale à la participation, nous n’avons cessé, entre nous et avec les Français, de débattre et de proposer.

Et pourtant, pour ne prendre qu’un seul exemple, certains s’accordaient à penser que sur l’Europe, thème qu’Alain JUPPÉ nous avait demandé en priorité d’inscrire à nos débats, nous allions ennuyer nos militants ou les diviser, en un mot, échouer.

Chacun reconnaît aujourd’hui que le débat a passionné et a été passionnant et que nous avons donné à cette occasion une magistrale leçon de vie démocratique dans une formation politique de Gouvernement, comme une très pertinente leçon de Gaullisme à propos de l’Europe.

Oui, mes Chers Compagnons, cette deuxième étape a été franchie une nouvelle fois, grâce à vous, dans de bonnes conditions, avec efficacité et volonté.

La troisième étape débute aujourd’hui. Elle nous conduira jusqu’à l’ouverture de la campagne électorale de 1998. C’est donc dès maintenant que nous devons préparer une victoire qui ne nous sera pas donnée exclusivement sur notre capacité à faire campagne mais surtout sur notre aptitude à répondre pour le présent et pour l’avenir aux attentes de nos concitoyens.

II nous faut donc conforter encore les moyens mis à votre disposition.

C’est pourquoi nous lançons solennellement aujourd’hui la mise en œuvre de nos contrats d’objectifs, formule originale et efficace, définissant de nouvelles relations entre le Centre national et nos fédérations.

Pierre BEDIER, notre délégué général aux fédérations, a consacré à son élaboration, avec vous, beaucoup de temps. Je tiens, en votre nom, à l’en remercier très chaleureusement.

C’est également dans le but d’être toujours plus actifs et plus présents que nous lançons une campagne permanente d’adhésion.

Conçue par Philippe BIRAND, cette campagne doit nous conduire – si chacun d’entre vous, comme j’en suis convaincu se mobilise – à élargir et à développer l’assise notre Mouvement.

Troisième axe enfin pour renforcer encore notre action : continuer à promouvoir la politique gouvernementale avec une campagne intitulée « la France repart,, entamée hier dans la presse et destinée à conforter chez nos concitoyens l’idée, qui fait son chemin, qu’après quatorze ans de présidence et dix ans de gouvernement socialistes, il fallait procéder d’abord à de dures difficiles remises en ordre si l’on voulait permettre à notre pays de repartir sur de bonnes bases et que, désormais, un nouveau départ s’annonce.

Nous poursuivrons ces actions de soutien avec ardeur d’ici 1998 en nous appuyant bien évidemment sur vous, grâce aux contrats d’objectifs.

Préparer la victoire de 1998, c’est aussi réfléchir et arrêter, le moment venu, les thèmes sur lesquels nous solliciterons la confiance de nos concitoyens.

Avoir un bon bilan – et nous l’aurons – n’est en effet pas suffisant.

Lors d’une échéance électorale, il faut savoir répondre aux attentes du lendemain, d’autant plus – et Jacques CHIRAC nous montre une fois de plus excellemment la voie – que nos concitoyens attendent de nous une capacité d’écoute plus forte que jamais, une capacité d’écoute qui prouve que nous ne sommes pas uniquement là pour les convaincre mais tout autant pour les entendre et les comprendre.

Nous devons être le reflet de ce qui est trop souvent encore leur mal-vivre et savoir transformer ensuite en actes leurs attentes.

C’est à ce prix, qui est l’honneur de la démocratie, que nous saurons ensuite, à travers les quelques dizaine, de groupes de travail que nous avons mis en place, préparer les idées et les projets que nous présenterons à nos concitoyens lorsque sera venu le moment de solliciter leur confiance.

Tel est le travail essentiel qu’accomplissent les membres de la Commission exécutive présents ici à mes côtés, délégués généraux, secrétaires nationaux, et les Présidents de nos groupes de réflexion.

Je tenais aujourd’hui à les en remercier, en votre nom à tous, très amicalement.

Je sais aussi que vous avez a cœur d’enrichir cet effort de votre expérience d’élus ou de cadres du Mouvement et de relayer sans cesse sur le terrain nos propositions pour les confronter aux attentes des Français.

Enfin, compte tenu du nombre d’échéances électorales qui ponctueront 1998 (législatives, régionales, cantonales, sénatoriales), nous avons à accomplir un travail intense, tant au niveau national que local, de prospection et de préparation de nos candidats.

Frédéric de SAINT-SERNIN et son équipe s’y sont investis avec talent depuis plusieurs mois et nous sommes dès maintenant prêts à engager, le moment venu, les procédures internes et externes de désignation de nos candidats.

De même, l’élaboration des contrats d’objectifs nous a permis de planifier notre budget et de prévoir, dès maintenant, les moyens de financement de nos campagnes dans le cadre des dispositions législatives et réglementaires qui régissent désormais les formations politiques et leurs activités.

En outre, nous renforcerons encore très prochainement notre capacité à soutenir activement nos candidats, et tout particulièrement nos sortants qui, au Parlement comme sur le terrain, ont mené sans faillir le combat de la majorité.

Comme vous le voyez, mes Chers Compagnons, nous sommes ainsi en mesure de préparer efficacement la victoire de 1998.

Ce sera la quatrième étape à accomplir pour notre Mouvement, dans cette première partie du mandat présidentiel de Jacques CHIRAC.

Comme vous, je n’irai en ce qui concerne cette échéance, ni crainte, ni doute. J’ai la sereine conviction que les résultats positifs de notre action seront au rendez-vous, que notre projet répondra aux attentes de nos concitoyens et que le travail accompli, comme la mobilisation intense de nos candidats et de nos militants, nous conduira à la victoire.

Lorsque sera venu le moment du choix pour nos concitoyens, soyons assurés qu’ils se diront à notre égard : « ils ont été courageux, volontaires, sérieux, efficaces. Ils ont réparé les fondations de notre pays que les socialistes avaient sapées en quatorze ans de présidence et dix ans de gouvernement. Certes, ce fut dur et difficile, nous avons dû consentir des sacrifices mais ils n’ont pas été vains. Alors, nous pouvons leur renouveler notre confiance pour récolter avec eux les fruits de ce que nous avons semé. »

Cette victoire est indispensable car elle permettra à Jacques CHIRAC de poursuivre la mise en œuvre du projet sur lequel il a été élu et qui pourra, dès lors, trouver, sur la durée du septennat, son total accomplissement – la phase de redressement ayant été menée à bien – avec le soutien d’une majorité dynamique, loyale et fidèle.

Cette victoire se réalisera dans l’union des deux familles qui constituent la majorité.

Qu’il soit bien clair, sur ce point, que nous aspirons à être demain, comme aujourd’hui, la première force de soutien, de réflexion et de proposition de cette majorité. Nous aspirons à le demeurer à l’Assemblée, au Sénat et dans tout le pays.

Nous le serons par l’efficacité,

Cette saine émulation, cette loyale concurrence ne porteront cependant jamais atteintes à la solidité de notre union : le passé récent en témoigne. À chaque élection partielle, le RPR s’est fait un point d’honneur de respecter intégralement les règles de l’union à l’intérieur de la majorité. Quelles que soient les circonstances, quels que soient les candidats, nous avons imposé d’une manière inflexible les choix de l’union de la majorité. Il en sera de même en 1988 pour nous, comme, j’en suis sûr, pour nos partenaires.

Mes Chers Compagnons, il y a presque un an, Jacques CHIRAC devenait Président de la République.

En un an, quelle distance déjà accomplie sur le chemin du redressement si l’on songe aux erreurs, aux fautes, à l’inertie, au laxisme des deux septennats socialistes, qu’il a fallu corriger sans relâche avec votre courageux soutien.

La chance de notre Mouvement et de notre majorité aura été d’avoir pour chef Alain JUPPÉ.

Compétent, lucide, volontaire, courageux, loyal, concret, Alain JUPPE a entamé avec son équipe gouvernementale la tâche si difficile de redresser notre pays. Il a aussitôt été la cible privilégiée de la coalition hétéroclite mais hargneuse des opposants comme des conservatismes et des archaïsmes de toutes sortes.

Quoi qu’on ait dit de lui, quoi qu’on lui ait fait, il a tenu. Il a montré, comme Jacques CHIRAC un an auparavant, que ce qui fait les Gaullistes ce ne sont ni les modes ni les sondages : ce sont les convictions.

Merci, Alain JUPPÉ, de nous avoir donné cette leçon de Gaullisme.

Notre Mouvement, mes Chers Compagnons, a une fois de plus, depuis le 7 mai 1995, fait la preuve, grâce à vous, de sa capacité à s’adapter, à se renouveler et à constituer l’exemple de ce que doit être une grande formation politique française au moment où les regards commencent à se tourner vers le siècle suivant.

C’est tout simplement parce qu’il est toujours autant gaulliste, en sachant épouser l’avenir tout en confortant ses racines.

N’est-ce pas d’ailleurs l’une des raisons majeures pour lesquelles Jacques CHIRAC pénètre à grands pas dans le cœur et l’esprit de nos concitoyens, par ses exceptionnelles capacités à projeter vigoureusement la France dans l’avenir sans pour autant rompre les liens qui ont fait notre Histoire et notre identité ?

En un an, Jacques CHIRAC a rendu à notre pays son rayonnement international.

En un an, il a courageusement installé la France sur la voie du redressement.

En un an, il a donné à la fonction présidentielle, sans lui ôter sa dignité, proximité et disponibilité.

En un an, il nous a rendu tout simplement heureux et fiers d’être Français.