Texte intégral
Alain Juppé : « Rassembler autour de nos valeurs »
« (…) Soucieux de l'unité de notre Rassemblement et persuadé qu'il a toutes les qualités requises pour donner l'impulsion souhaitée, je vous appelle, toutes et tous, à faire confiance à Philippe Séguin. Il sait qu’il peut compter sur mon concours. La tâche qui nous attend, avec lui et autour de lui, c’est difficile. Je n'en évoquerai pas ici tous les aspects. Je dirai seulement un mot de ce qui a toujours été, à mes yeux, le plus important : nos idées (…)
Il nous faut, par exemple, renouveler notre approche du problème du chômage et marquer fortement notre volonté d'emprunter les chemins d'une nouvelle croissance (…)
Il nous faut convaincre les Français que la compétitivité, et donc le travail, l'esprit d'initiative et l'esprit de conquête sont la source de toute richesse et donc de tout emploi (…)
De même nous faut-il inventer une nouvelle démocratie qui sache répondre aux aspirations apparemment contradictoires de nos concitoyens. Besoin d'autorité, d’un côté, que seul un État fort et décidé peut satisfaire en n’hésitant pas à faire respecter la loi et l'ordre. Besoin de participation aussi, qui suppose une vraie redistribution des rôles et des compétences entre l'Administration « en haut » et les citoyens dits « de base » (...)
Dans cette remise en question, sans tabous ni conservatisme, nous aurons besoin, néanmoins, de quelques repères (...) Et d'abord, nos valeurs (...) Valeurs de la République (...) Valeurs de l'humanisme (...) Valeurs du patriotisme (...)
Notre ambition doit être de rassembler autour de ces valeurs le plus grand nombre possible de Françaises et de Français, même - je dirais surtout - quand ils se sont éloignés de nous parce qu'ils ont cru, à tort ou à raison, que nos convictions s'affadissaient. A cette reconquête de l'opinion, je suis prêt. Mais je dis avec la même vigueur que je ne suis pas prêt à des alliances électorales avec des états-majors de partis qui, eux, n'ont cessé, dans leurs paroles et dans leurs actes, de bafouer ces valeurs (...)
Deuxième repère : nos institutions (...) Je partage l'analyse de ceux qui pensent que faire de la cohabitation non plus I' exception mais, en quelque sorte, la règle, c'est pervertir notre Constitution (...) Il est donc légitime de s'interroger sur la réforme de nos institutions (...)
Troisième repère : l'Europe (...) Je n'ai pas manqué de souligner combien l'Union européenne, telle qu'elle est, est imparfaite(...) Mais nous serions nombreux à ne pas nous reconnaître dans un discours systématiquement anti-européen, passéiste et réducteur.
Voici venu le moment, chers Compagnons, de commencer une nouvelle étape dans la longue course du gaullisme à travers le siècle.
Laissez-moi jeter un instant encore le regard sur ces vingt dernières années au cours desquelles j'ai essayé de donner, comme vous, une grande part de moi-même à notre Rassemblement pour la République (...)
Comment, chers Compagnons, les liens tissés entre nous pendant ces vingt années pourraient-ils disparaître ou simplement se distendre ?
C'est une vie que nous avons en commun et qui - quoiqu'il arrive - restera notre histoire.
Je vous remercie pour toutes les joies que vous m'avez données.
Je vous remercie pour l'enthousiasme partagé de nos grandes rencontres.
Je vous remercie pour l'amitié pudiquement exprimée clans un échange de regards ou dans les quelques lignes d'un message posté au plus fort de la tempête.
Et je vous remercie, surtout, pour ce que vous allez faire. Je vous remercie pour l'avenir.
Je vous remercie pour l'unité qui s'exprime aujourd'hui autour de Philippe Séguin.
Je vous remercie pour votre fidélité à Jacques Chirac, pour l'engagement à ses côtés dans les cinq ans qui viennent et en 2002 lorsqu'il s'agira de le porter à nouveau vers la victoire.
Et pour finir, puisqu'il faut bien finir, je vous remercie d'être ce que vous êtes pour la République et pour la France.
Edouard Balladur : « Faire preuve de courage et de lucidité »
« (...) Le mouvement gaulliste, celui-là même qui, surgi des heures les plus sombres de notre Histoire, a permis à notre pays de renouer avec son destin et de restaurer la République, est, une fois de plus, à la croisée des chemins.
Ou bien il s'enferme dans le culte nostalgique de sa grandeur passée, et son déclin est alors certain. Ou bien, comme il en a le devoir, il s’engage dans la voie du renouveau, et alors il conserve toutes ses chances de rassembler tous ceux pour qui la grandeur de la France n'est pas un vain mot (...)
Le courage et la lucidité consistent à faire en sorte que notre pays se mette à l’école du monde et se donne les moyens, pour reprendre la formule du général de Gaulle, d'épouser son siècle. La vérité, c'est qu'un choix est offert à notre pays entre le culte exclusif de l'exception française et la volonté de la grandeur française. Le gaullisme, c'est l'obsession de la grandeur de la France (...) Aujourd'hui, l'exception française, ce sont des dépenses publiques sans cesse croissantes, des impôts sans cesse plus lourds, des acquis sociaux sans cesse consolidés, des emplois publics sans cesse plus nombreux, une aspiration au changement sans cesse contrariée par le refus des réformes. Ayons donc le courage d'identifier nos maux et d'y porter remède ! C'est la condition pour que notre pays renoue avec la grandeur. Telle doit être notre unique ambition. Les gaullistes doivent relever ce défi, ils doivent assumer leur devoir de courage et de lucidité.
Ces vertus de courage et de lucidité, nous devons aussi en user dans l'analyse de la situation politique nouvelle à laquelle nous sommes confrontés.
Nous venons d'essuyer une défaite électorale sévère (...) Nous devons assumer pleinement les principes et les idées qui sont les nôtres, qui fondent notre identité et dont nous devons être fiers : la liberté, la Nation, la justice. Nous devons être les plus déterminés des opposants parce que nous croyons d'expérience que le socialisme conduit notre pays à l'immobilisme et au déclin. Nous devons en notre sein donner l'exemple de la tolérance, du respect mutuel et de l'ouverture (...)
Je souhaite que nous nous mettions sans tarder au travail et que nous jetions les bases d'un projet pour l'avenir. Peut-être les échéances électorales seront-elles plus rapprochées que nous ne le supposons.
Efforçons-nous d'être prêts. Et serrons les rangs autour du Président de la République qui est le garant de l'intérêt national (...)
Je forme le vœu qu'à cette occasion, chacun de nos militants puissent librement s'exprimer. C'est la meilleure garantie du respect de notre identité. Il est temps de l’assumer. Nous croyons à la liberté et à l'esprit d'initiative ; nous croyons à la responsabilité et au mérite ; nous croyons à la dignité des personnes ; nous croyons que le dialogue, le contrat, la participation sont la meilleure voie pour garantir le succès des réformes et la justice sociale ; nous croyons qu'il n’y a pas d'alternative pour notre pays à la construction d'une Europe forte et unie. Je forme le vœu que ces convictions, qui correspondent aux besoins de notre pays, soient reconnues et partagées par le plus grand nombre. Cela dépend de nous (...) »
Charles Pasqua : « Le renouveau des idées gaullistes »
« (...) Il nous faut inventer un nouveau Rassemblement, imaginer puis construire ce grand mouvement populaire, national, républicain, humaniste, sans lequel notre pays n'aurait rapidement le choix qu’entre le déclin et l'aventure.
C'est à cette tâche que notre compagnon Philippe Séguin a entrepris de s'atteler avec la force, le caractère, les convictions, qui le désignent tout naturellement aux yeux des Français pour incarner le renouveau des idées gaullistes et leur entrée de plain-pied dans le XXIe siècle (…)
Il entend transformer profondément [notre mouvement], l'ouvrir à tous ceux qui partagent sur l'essentiel les mêmes valeurs, permettre et organiser en son sein le débat et la concurrence des idées et des hommes.
C'est bien ainsi, j'en suis certain, que nous pourrons devenir le creuset d'une force politique nouvelle. Le creuset d'une force politique nouvelle, démocratique, ouverte, au sein de laquelle pourront se reconnaître, dialoguer, concourir, toutes celles et tous ceux qui partagent avec nous la même idée de l'Homme, le même goût de la France et les valeurs de notre République. Ce qui vous est proposé, c'est donc bien de bâtir le Rassemblement du XXIe siècle afin qu'il devienne la première force politique de notre pays, et ce, dès les échéances électorales de 1998 ! (...)
Il s'agira d'abord et surtout, chacun le comprend bien, de débattre et de choisir la politique autour de laquelle nous entendons appeler les Français à se rassembler de nouveau derrière nous (...)
Soutenir le Président de la République, soutenir Jacques Chirac, chaque fois que l'essentiel sera en jeu, défendre les institutions de la Ve République, ouvrir un grand débat pour redéfinir une ligne politique fidèle aux valeurs que nous sommes réunis pour incarner, reconstruire un grand mouvement populaire dont tous les responsables seront élus par tous les militants, et où la liberté d'expression sera la règle, voilà la tâche qui nous incombe pour les mois qui viennent.
Et pour ce qui me concerne, je suis décidé, à l’intérieur notre mouvement, comme à l'extérieur, à défendre, avec tous ceux qui les partagent, les valeurs qui tout au long de ma vie ont toujours été les miennes et auxquelles rien - je dis bien rien - ne me fera renoncer parce que je continue d’être convaincu qu'au-delà du socialisme et du libéralisme, il y a quelque chose d’autre qui pour moi exprime l'amour de la patrie et de la République et qui s’appelle tout simplement le gaullisme (...) »