Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à Radio France internationale le 26 septembre 1997, sur l'élargissement de l'OTAN à l'Europe centrale et sur la nécessité d'une relation forte entre l'OTAN et la Russie.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture à New York de la 52ème assemblée générale des Nations unies le 22 septembre 1997

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Question : Monsieur le ministre, vous avez participé ce matin à la première réunion de l’OTAN avec les Russes en marge des Nations unies, qu’est-ce que vous diriez de cette réunion ?

Réponse : Je dirais que c’est très important que cette réunion ait eu lieu parce qu’à partir du moment où l’OTAN a décidé de s’élargir à d’autres pays en Europe centrale, la France considérait qu’il fallait à tout prix que cette modification de l’équilibre stratégique en Europe soit complétée, en quelque sorte contrebalancée, par une relation forte entre l’OTAN et la Russie pour que la Russie n’ait pas le sentiment que c’était une entreprise agressive. Ce n’est pas du tout le cas. Donc, il faut que la Russie, dans une structure nouvelle, ce qui est le cas, soit associée comme un grand partenaire très important de l’équilibre des choses en Europe à tout ce qui concerne l’avenir de la sécurité sur ce continent. C’est très important que cette réunion dit eu lieu et que l’ensemble des membres de l’Alliance plus M. Primakov, au nom de la Russie, aient pu échanger leurs vues.

Question : Avez-vous le sentiment que c’est la France qui est un peu arrivée à ce résultat ?

Réponse : C’est la France et l’Allemagne manifestement qui ont été les moteurs de cette idée, à un moment donné très importante pour le président Eltsine, qui sinon aurait peut-être eu à faire face à une réaction extrêmement hostile en Russie, ce qui aurait été le contraire de ce que l’on recherche, puisque l’on recherche un avenir pour l’Europe de coopération dans la sécurité.

Question : Alors justement les Russes pour cette première participation demandent que l’OTAN ne soit pas l’instrument du maintien de la paix en visant manifestement des régions comme la Bosnie, mais que ce soit l’ONU. Qu’est-ce que vous en dites ?

Réponse : Il peut y avoir des opérations du maintien de la paix à l’ONU, j’en ai parlé beaucoup dans mon discours devant l’assemblée générale, mais il peut y avoir aussi des opérations OTAN. Donc, il peut y avoir des approches différentes. Ce conseil est fait pour en parler. Ce qui est important, c’est qu’il y ait un cadre pour que ce type d’échange ait lieu. Quant à la Bosnie, il ne faut pas exagérer la différence d’approche puisque manifestement aujourd’hui toutes les puissances engagées dans la mise en œuvre des accords de Dayton continuent à agir dans le même sens. C’est cela l’essentiel.