Texte intégral
France 3 : Mardi 26 août 1997
E. Lucet : J’aimerais savoir si votre position n’est pas un tout petit peu délicat cette année depuis que certains de vos camarades sont entrés au Gouvernement ?
L. Viannet : A ma connaissance, la CGT n’a délégué personne au Gouvernement, donc nous nous sentons très à l’aise pour …
E. Lucet : On va dire qu’ils sont quand même plus proches de vos convictions ?
L. Viannet : Ah mais ça, vous savez c’est au contenu des mesures politiques que ça se juge et que ça se pèse. Évidemment que nous avons suffisamment critiqué et nous avons suffisamment combattu les mesures qui étaient prises par les gouvernements précédents, en particulier le Gouvernement Juppé, pour ne pas souligner avec force qu’en définitive les motivations qui ont conduits les électeurs et les électrices à changer de majorité, aujourd’hui se manifestent en exigence.
E. Lucet : Mais si on dit par exemple que, par rapport au gouvernement Jospin aujourd’hui vous êtes attentiste, c’est vrai ?
L. Viannet : Attentiste de quoi ?
E. Lucet : Je ne sais pas, on a l’impression que vous êtes…
L. Viannet : Nous sommes effectivement dans l’attente d’un certain nombre de dispositions, et personnellement, j’ai eu l’occasion de dire ce matin que dans des domaines très précis, en particulier la relance économique, la relance industrielle, y compris la mise en place de la réforme de la fiscalité, je crois qu’il faut que le Gouvernement presse le pas maintenant.
E. Lucet : Revenons sur les chantiers qui vous apparaissent comme prioritaires pour cette année : est-ce que c’est vraiment réaliste de demander au Gouvernement cette année à la fois de réduire le temps de travail, d’augmenter les salaires et de créer des emplois ? Est-ce que c’est possible ça, si vite ?
L. Viannet : Moi je pars de la situation telle qu’elle est et des préoccupations de salariés telles qu’elles s’expriment. Et elles s’expriment en fonction ce qu’ils vivent. On vient de connaître un mois de juin où on a connu à nouveau une baisse de la consommation alors que tous les observateurs notent qu’il y aurait besoin de relancer cette consommation pour dynamiser l’activité économique et ouvrir des perspectives de créations d’emplois. Là, il faut prendre d’une part, et impulser d’autre part des mesures qui aillent dans ce sens. En 1996, il y a une entreprise sur deux en France qui n’a accordé aucune augmentation générale des salaires. Il y a aujourd’hui 40% des salariés qui ont leur salaire net, qui pour les uns a baissé et pour les autres a stagné. Comment voulez-vous que ça ne ressente pas et dans la consommation et dans l’activité économique ?
E. Lucet : Un avant-projet de loi vient de paraître sur l’immigration. Est-ce que vous avez le sentiment, comme certaines associations antiracistes, que le Gouvernement ne tient pas ses promesses de campagne ?
L. Viannet : Moi, je vais être franc. Je pense qu’il aurait été préférable pour tout le monde d’abroger les lois Pasqua parce qu’il aurait été beaucoup plus facile d’établir une législation qui prenne en compte les réalités d’aujourd’hui en ayant fait place nette ; d’autant qu’il faut quand même bien voir que ce sont des lois Pasqua qui avaient particulièrement pollué la situation et qui avaient conduit à des situations comme on vient de le voir par rapport aux sans-papiers. Cela étant, nous allons continuer – parce que pour le moment ce n’est qu’un projet de loi – à dire au Gouvernement qu’il doit abroger les lois Pasqua. Mais nous sommes bien conscients de la nécessité d’établir un certain nombre de règles qui doivent être claires et saines. Et pour ce qui nous concerne nous serons attentifs évidemment au rétablissement du droit du sol, au rétablissement du droit d’asile, à la régularisation des sans-papiers. Sur toutes ces questions-là je crois que ce n’est pas seulement l’abrogation des lois Pasqua, il faut préciser ce que doit être la politique d’immigration de la France pour les années à venir.
RMC : Mardi 2 septembre 1997
Source :
P. Lapousterie : Le hasard a voulu que vous soyez en Angleterre au moment où Lady Diana est morte à Paris.
L. Viannet : Tout à fait, j’étais plus précisément en Écosse. Comme tout le monde, j’ai été ému en apprenant la nouvelle, mais j’ai été particulièrement impressionné par la force avec laquelle la population a exprimé sa stupéfaction et sa douleur. Je dois dire qu’on a du mal à imaginer, lorsqu’on est en France, à quel point elle pouvait avoir une aura dans la population. Mais d’une façon très large, du chauffeur de taxi au bagagiste, tout le monde se disait catastrophé.
P. Lapousterie : Il y a quelques jours, vous aviez le même ton intraitable comme s’il n’y avait pas eu de changement de majorité et de gouvernement.
L. Viannet : C’est peut-être la façon dont vous avez perçu ce que j’ai pu dire. Mais j’ai un ton de syndicaliste qui se situe par rapport aux problèmes, par rapport aux besoins des salariés tels qu’ils les expriment eux-mêmes, par rapport à l’analyse que nous faisons de la situation et qui prend en compte, évidemment, comment gouvernement ou patronat se situent en regard de ces problèmes.
P. Lapousterie : Cela ne change rien pour vous ?
L. Viannet : J’espère bien que ça va changer mais ça ne change rien quant à mon état d’esprit et à la conception que j’ai du rôle que doit jouer le syndicalisme aujourd’hui, aussi bien en France qu’en Europe, qu’au niveau international. Il y a véritablement besoin devant la gravité des problèmes que rencontre le monde du travail, que le syndicalisme se donne les moyens de peser beaucoup plus fort sur l’évolution de la situation, sur les choix qui sont faits. Et, à mon avis, ce sera une des grandes questions pour les semaines, les mois et les années à venir.
P. Lapousterie : Les Français – et donc les salariés – semblent plus conciliants que vous. Ils donnent l’impression de vouloir donner un peu de temps à M. Jospin pour voir les premiers effets de sa politique.
L. Viannet : Ce n’est pas un problème d’être pressé. A mon avis, la question qui est posée aujourd’hui, c’est qu’en fait, nous sommes à un moment où il faut effectivement, à quatre mois du changement de gouvernement, que les décisions viennent sur des grandes questions, sur des choix qui vont effectivement déterminer l’évolution de la situation de l’avenir sur le plan industriel, sur le plan fiscal, sur le plan de la relance d’un dynamisme économique. Et il faut que les décisions viennent parce que, c’est vrai on a changé de gouvernement, mais les problèmes restent sur la table. On ne peut pas oublier qu’au mois de juin par exemple, la consommation a chuté d’une façon spectaculaire, que le niveau du chômage reste au-delà d’un seuil plus que préoccupant, ce qui nécessite justement des mesures.
P. Lapousterie : Jusqu’à présent, le gouvernement Jospin 100 jours, ça vous paraît convenable ?
L. Viannet : Le Gouvernement, sur la durée qui est la sienne aujourd’hui, a pris un certain nombre des mesures qui structurent la politique à venir et c’est là où, effectivement, un certain nombre de questions se posent. En revanche, sur d’autres problèmes, je pense au plan emplois-jeunes dont la partie emplois publics est maintenant connue, il y a des choses intéressantes. J’imagine bien que pour un jeune qui galère ou qui s’interroge sur la façon dont il va pouvoir entrer dans la vie active, voir la perspective d’une durée d’emploi qui n’a plus rien à voir avec les CES, cela représente un espoir. Mais il y a quand même des points d’interrogation comme : quid du comportement patronal devant les perspectives de contrats à durée déterminée institutionnalisés sur lesquels le patronat va dire qu’il veut aussi bénéficier d’une telle possibilité. Et là, je dois dire que nous serons particulièrement vigilants.
P. Lapousterie : Quand vous entendez Madame Notat qui déclare qu’elle apprécie la bonne pratique et la bonne méthode du Gouvernement, que pensez-vous ?
L. Viannet : Elle a le droit. Je ne vois pas pourquoi je jugerais la façon dont elle apprécie le Gouvernement.
P. Lapousterie : Et que les 35 heures payées 39, c’est impossible ?
L. Viannet : Cela, c’est autre chose. Ça n’a plus rien à voir avec la façon dont elle apprécie le Gouvernement. Je crois que nous sommes aujourd’hui dans une situation, compte tenu des salaires en France, où, si le Gouvernement mettait le petit doigt dans la définition d’un processus de réduction de la durée du travail qui amputerait sur le salaire – donc sur le pouvoir d’achat des salariés -, il irait exactement à l’encontre de l’objectif qu’il faut fixer comme l’objectif central, c’est-à-dire une réduction rapide de la durée du travail, suffisamment ample et générale pour déboucher sur des créations d’emploi. C’est déjà sur cet objectif-là qu’il faut bien s’entendre.
P. Lapousterie : Mais que pensent les Français et les salariés lorsque l’on entend ce capharnaüm syndical sur ce point stratégique ?
L. Viannet : Nous disons des choses différentes mais je ne crois pas que ce soit perçu encore comme un capharnaüm. Il y a des points sur lesquels tout le monde se retrouve ; par exemple sur ce que doivent être les caractéristiques de cette mesure de réduction de la durée du travail, c’est-à-dire rapides, importantes, générales, ne fermant pas la porte pour aller vers les 32 heures. Ce sont des points sur lesquels toutes les grandes centrales syndicales sont d’accord. Ensuite, N. Notat dit : il faut que les salariés participent. Je considère que le rôle d’un syndicat, ce n’est pas d’entrée de jeu de dire au patronat : voilà ce que nous sommes prêts à concéder parce que ce sont d’abord des questions qui regardent les salariés. Voilà le genre de décisions qui, à mon avis, ne peuvent pas se passer du jugement des salariés.
P. Lapousterie : Que faut-il ? Augmenter les salaires d’abord ou trouver de l’emploi pour le plus de monde possible ?
L. Viannet : Il ne faut surtout pas mettre en opposition les salaires et l’emploi.
E. Lucet : On peut faire les deux : augmenter les salaires et multiplier le nombre d’emplois disponibles ?
L. Viannet : Mais bien sûr que l’on peut faire les deux. Depuis vingt ans en France, le partage entre les salaires et les profits s’est fait constamment au détriment des salaires au point qu’aujourd’hui, la majorité des entreprises en France disposent d’une capacité d’autofinancement, d’une trésorerie, de possibilités qui montrent à quel point les dégâts sur la politique salariale sont importants, ce qui se traduit sur la consommation. Parce que l’on parle beaucoup de la concurrence mondiale, de l’exportation ; c’est vrai que c’est une réalité existante mais il ne faut quand même pas oublier que l’essentiel des activités économiques du pays repose sur la consommation intérieure.
P. Lapousterie : Sur Air France, M. Gayssot déclare refuser la privatisation. Le Gouvernement hésite. Votre sentiment ?
L. Viannet : Je pense que le ministre des Transports vient de réaffirmer une position qu’il avait déjà explicitée de façon très claire. Je me dis que s’il éprouve le besoin de le faire avec autant de netteté, c’est peut-être que tout le monde ne partage pas cette opinion. Pour ce qui concerne la CGT, nous avons une position très claire : nous sommes pour stopper le processus de privatisation dans ce pays.
France Inter : Lundi 8 septembre 1997.
S. Paoli : Pour réduire le chômage, qui reste en cette rentrée la préoccupation principale des Français, pensez-vous qu’il faille donner la priorité à la réduction du temps de travail ou à la relance du pouvoir d’achat, c’est-à-dire l’augmentation des salaires ? Un sondage de l’institut CSA que publie ce matin La Tribune indique que la France est partagée : 47% des personnes interrogées considèrent que la future Conférence nationale sur l’emploi, les salaires et la réduction du temps de travail doit renforcer le pouvoir d’achat afin de stimuler la consommation ; l’autre moitié des Français interrogés, 46% souhaite voir les partenaires sociaux et le Gouvernement s’entendre sur une réduction du temps de travail.
L. Viannet : Êtes-vous toujours en colère contre Mme Aubry ? Avez-vous reçu une invitation de sa part ?
S. Paoli : Cela a au moins permis de clarifier un peu l’ordonnancement des rendez-vous qui vont débuter cette semaine et qui vont se poursuivre, alors que les informations publiées par la presse la semaine dernière donnaient le sentiment d’une certaine pagaille.
L. Viannet : Avez-vous un rendez-vous ou pas ?
S. Paoli : Nous avons l’engagement – parce que ce n’est pas seulement vrai pour la CGT : sur les rendez-vous officiels, toutes les confédérations vont être convoquées. Je pense que cette semaine, les dates seront fixées.
L. Viannet : L’été dernier, déjà, vous souhaitiez rencontrer les responsables du Gouvernement.
S. Paoli : Je pense qu’il y a un certain nombre de rencontres qu’on appelle abusivement officieuses – abusivement, parce que ce sont quand même les mêmes interlocuteurs qui se rencontrent. Il ne faut quand même pas pousser ! Nous arrivons à un moment où, maintenant, il faut décider, il faut construire, il faut prendre des initiatives et des décisions. Dans cette phase-là, effectivement, il y a maintenant nécessité d’organiser des rencontres très officielles de façon que le Gouvernement d’une part, les organisations syndicales d’autre part, puissent à la fois faire part de leurs positions et peut-être essayent de prendre en compte les arguments des uns et des autres.
S. Paoli : Arrivez-vous tous en bon ordre de bataille ? Les syndicats se sont-ils concertés entre eux ? Avez-vous, sur la réduction du temps de travail, une sorte de plate-forme commune ou bien reste-t-elle à définir ?
L. Viannet : Nous allons y travailler dur tous les jours qui viennent, puisque la CGT a proposé qu’effectivement, les organisations syndicales fassent un effort pour essayer de se retrouver, sinon sur des positions identiques tout au moins sur des positions convergentes à propos des dossiers essentiels. Nous avons fait la proposition d’une rencontre au mois d’août. Moi, j’aurais préféré qu’on puisse avoir une rencontre tous ensemble. Je me félicite qu’avant cette conférence, nous puissions avoir des rencontres bilatérales qui sont maintenant décidées avec toutes les confédérations qui sont également parties prenantes de la conférence. Cela va quand même aider.
S. Paoli : Il y aura une rencontre entre FO et la CFDT ?
L. Viannet : Cela regarde et l’une et l’autre de ces organisations. Pour ce qui est de la CGT, nous allons avoir une rencontre avec toutes les organisations et nous allons travailler dans cet esprit, c’est-à-dire à partir de l’idée que, dans la situation dans laquelle nous sommes, le syndicalisme – en tout cas, c’est vraiment l’état d’esprit de la CGT – a intérêt à tout faire pour que les choses bougent mais bougent dans le bon sens, c’est-à-dire dans le sens de la prise en compte des intérêts des salariés et du monde du travail.
S. Paoli : Mais vous savez d’avance que ça va être dur : ne serait-ce que sur la réduction du temps de travail, les positions des syndicats sont diverses.
L. Viannet : Elles sont diverses mais elles ont beaucoup de points communs, de points d’accroche qui doivent permettre de parvenir à dégager quels sont les objectifs essentiels que l’on se fixe dans ce dossier. Est-ce qu’on est d’accord pour que l’objectif essentiel soit de parvenir à ce que la mesure de réduction de la durée du travail contribue de façon efficace à développer les créations d’emplois ? Si on est d’accord avec cet objectif essentiel – moi, à la lecture des positions des uns et des autres, je sens bien que c’est un point qui rassemble – alors, on se trouve d’accord sur la nécessité que cette mesure soit rapide, générale, très large. Il faut que, dans le processus à construire de discussion et de concertation, il y ait des dispositions très précises qui fassent bien le lien entre la réduction de la durée du travail et la création d’emplois. Du même coup, cela veut dire aussi, par rapport au sondage de La tribune, que pour ce qui nous concerne, il n’y a pas de choix entre la réduction de la durée du travail et l’augmentation du pouvoir d’achat pour relancer la consommation : il faut les deux. On a besoin des deux.
S. Paoli : Vous voulez tout, le beurre, l’argent du beurre et même séduire la crémière !
L. Viannet : Je crois que si on avait tenu ce raisonnement-là à tous les chefs d’entreprise, en particulier aux dirigeants des grands groupes qui, depuis treize ans ont accumulé des sommes absolument considérables au point que tous les experts admettent que les capacités d’autofinancement des entreprises, et en particulier des plus grandes, sont aujourd’hui à un niveau record qu’on n’a jamais connu depuis des années, peut-être n’en serions-nous pas là. Ce n’est pas un hasard si, depuis treize ans par exemple, le partage entre ce qui est consacré aux salaires, tout confondu, et ce qui est consacré aux profits, a bougé, a perdu 9% en ce qui concerne les salaires. Ils s’en sont allés dans les profits, la spéculation financière, dans tous ces mouvements de capitaux qu’on nous présente comme inéluctables et qui aboutissent à déstabiliser l’économie.
S. Paoli : Vous aurez beaucoup de travail dans les jours qui viennent : France Télécom ce matin, avec l’ouverture du tiers du capital aux salariés ; Air France : on parle d’une ouverture du capital. Les socialistes avaient promis qu’il n’y aurait pas du tout de privatisation, même pas d’ouverture de capital.
L. Viannet : Évidemment que ça va conduire beaucoup de salariés et d’électeurs à s’interroger sur la conception qu’ont les uns et les autres du respect des engagements et des promesses électorales. Mais ce n’est pas tout à fait mon souci : cela regarde le Parti socialiste.
S. Paoli : Vous n’y êtes pas indifférent, tout de même ! Ce réalisme de gauche dont on parle, qu’est-ce que ça veut dire ?
L. Viannet : Bien sûr que je n’y suis pas indifférent. Mais j’essaie de partir de ce que sont les besoins. Je dis, concernant l’ouverture du capital, que ce soit à Air France ou France Télécom, qu’il ne faut pas tricher avec l’opinion publique. L’ouverture du capital, c’est un sas qui peut permettre à tout moment d’ouvrir sur la privatisation complète. Ce n’est pas la peine de se raconter des histoires ! C’est ça, la réalité. Cela ne nous amène pas à baisser les bras. C’est un sujet de conflit avec le Gouvernement.
S. Paoli : Vous dites qu’on va vers des privatisations ?
L. Viannet : Je dis que l’ouverture du capital, telle qu’elle est conçue, alors qu’on ne sait même pas ni pour l’une ni pour l’autre de ces entreprises ce que doit être la stratégie industrielle, ce que sont les perspectives de recherche, de coopération, comment on va développer, avant même d’avoir discuté de tout ça, on dit « on ouvre le capital », comme si c’était une religion. C’était d’ailleurs la stratégie de Blanc à Air France ! La priorité des priorités, c’était la privatisation, c’est-à-dire la possibilité pour le capital privé de venir puiser la manne que représentent ces grandes entreprises.
S. Paoli : Êtes-vous prêt à ouvrir des discussions en dehors de tout débat idéologique ? Est-ce qu’aujourd’hui, ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour les salariés et donc bon pour l’emploi ?
L. Viannet : Dans la prise de position qui la nôtre, par rapport à la place et au rôle du service public, à l’importance de ce que représentent les investissements publics pour relancer la machine économique et pour créer des emplois, je ne vois pas ce qu’il y a d’idéologique dans ce débat. Nous disons que se priver des atouts que représentent nos grandes entreprises publiques qui ont une responsabilité et une mission par rapport au développement de la société, par rapport à la réponse aux besoins des usagers aujourd’hui, c’est commettre une faute. Le Gouvernement est en train, là, de commettre une faute. Nous allons continuer de nous battre, c’est-à-dire que, y compris s’il y a ouverture de capital, nous allons nous battre pour qu’il y ait de nouveaux droits pour les salariés, pour les syndicats, pour les comités d’entreprise, de façon à empêcher que les gestions que nous avons connues et qui ont abouti à de véritables catastrophes financières, soient beaucoup plus sous le contrôle et des salariés et des usagers.