Texte intégral
Mes chers compagnons,
Ce n'est pas de l'Europe, de la France dans l'Europe, de ce que l'Europe peut faire pour la France que je suis venu vous entretenir.
Tout cela, ce sont les intervenants qui l'évoqueront. En vous donnant, ainsi, les moyens d'assumer le rôle qui va vous revenir dans les prochaines semaines.
Il se passera ainsi, à Lille, ce qui se passera simultanément aujourd'hui dans neuf autres régions que celle-ci, à Clermont-Ferrand, à Caen, à Châlons-en-Champagne, à Besançon, à Limoges, à Marseille, à Amiens, à Poitiers et à Lyon. Et ce qui se passera samedi prochain dans treize autres régions. Puisque ce sont plus de quatre mille cadres de notre mouvement qui seront ainsi concernés. Aucun mouvement politique, à la veille du tout prochain rendez-vous des Français avec le suffrage universel, n'aura probablement consenti, dans ses profondeurs, un tel effort de préparation.
D'autant qu'il va encore vous revenir de démultiplier cet effort. En faisant passer ce que vous avez recueilli ici, auprès de chacun de nos militants.
Justement, pour ma part, je suis venu vous parler de la campagne qui s'annonce et, précisément, du rôle qui va vous revenir.
La démocratie, mes chers compagnons, c'est un système qui ne fonctionne de manière satisfaisante que dans la mesure où les électeurs sont éclairés, dans la mesure où ils peuvent se prononcer sur la base d'une réflexion et non sur une humeur ou une impression.
Tout autre situation conduit à une perversion de la démocratie. On garde alors les apparences de la démocratie, mais on n'est plus vraiment en démocratie.
Il en va ainsi notamment quand on privilégie l'image par rapport au fond. Quand on se laisse prendre au superficiel et aux paillettes. Dans ce cas, on peut attirer le chaland. Mais on ne convainc pas le citoyen. On a connu ça avec ce qu'on a appelé les années fric et les années frime... Avec les aventures de tels ou tels, promis, nous disait-on, aux plus hautes destinées et qui se sont retrouvés dans le caniveau...
Notre vocation à nous, en tant que mouvement politique se situant dans la ligne de l'exemple donné par Charles de Gaulle, est tout à fait différente. Nous avons choisi, dès l'origine, la démocratie et la République. En d'autres termes, notre confiance dans le suffrage universel se fonde sur un préalable : celui de l'information du citoyen sur les enjeux auxquels la France, donc lui-même, se trouvent confrontés.
Notre conception est encore confortée par l'évolution de la législation sur le financement des partis politiques et des campagnes : désormais, vous le savez, dans un souci de transparence, l'essentiel du financement est assuré sur fonds publics. Ce qui signifie que le fonctionnement du RPR est assuré par les fonds apportés par des contribuables qui ne pensent pas forcément comme nous.
Nos frais de siège, la « Lettre de la Nation », nos campagnes sont payés, pour l'essentiel, par des contribuables socialistes, communistes, UDF, écologistes ou Front national.
Voilà qui nous crée des devoirs particuliers.
Un mouvement politique, aujourd'hui, dans un tel contexte, a une véritable mission de service public à assumer. Avant même de dire ce qu'est sa vision des choses, il doit mettre le citoyen en mesure d'apprécier et de comprendre. Avant même de proposer son propre choix, il doit donner au citoyen la capacité de choisir.
C'est en tout cas l'idée que nous nous faisons dans notre rôle. Et ce rôle, il est d'autant plus nécessaire quand il s'agit d'une matière à la fois aussi complexe et aussi essentielle que l'Europe.
Mes chers compagnons,
Depuis plusieurs décennies, la dimension européenne, la décision européenne s'immiscent chaque jour davantage dans notre quotidien.
Un grand nombre des décisions nous concernant sont prises au niveau européen. Un grand nombre de décisions que nous continuons de prendre au niveau national ne peuvent pas tenir compte du contexte européen. Enfin, décisions au niveau national et au niveau européen sont étroitement interdépendantes.
Et, pourtant, que savons-nous de l'Europe ? Que savent nos concitoyens de l'Europe ? À peu près rien, ou si peu...
L'Europe reste, épisodiquement, l'occasion de l'affrontement de théories contradictoires...On échange des mots savants en guise de visions contradictoires de son avenir. On s'échine à s'interroger sur le point de savoir s'il est utile ou non de la construire.
Et pendant que nous nous épuisions en de telles querelles franco-françaises, l'Europe se fait, se construit, se renforce, sans que nous puissions, occupés que nous sommes à discuter du sexe des anges, peser vraiment sur son évolution.
Alors, le temps est venu de dire qu'il ne s'agit plus de se demander s'il faut faire ou non l'Europe, ni comment il faut la faire, mais de se demander au service de quels objectifs il faut la mettre...Et voilà qui nécessite, qui justifie l'effort d'explication auquel nous sommes appelés. Le moment est venu d'aller expliquer aux français, en toute objectivité, honnêtement, sereinement, ce qu'est l'Europe, comment elle est organisée, comment les décisions y sont prises, en quoi elle influe sur la vie de chacun et chacun d'entre nous.
Nous sommes les premiers à dire qu'elle s'est faite trop longtemps en dehors des peuples, qu'elle leur est trop étrangère, qu'elle est trop complexe, trop ésotérique. Nous sommes les premiers à dire qu'elle souffre d'un déficit démocratique ; que nous vivons un étrange paradoxe où la démocratie continue à vivre au niveau national, où les décisions se font moins nombreuses, et ne réussit pas à s'imposer au niveau européen où, par la force des choses, le pouvoir se fait plus effectif. Mais faut-il vraiment que nous attendions patiemment que les institutions se réforment, que les comportements changent ? Ou faut-il que nous agissions ? Que nous prouvions le mouvement en marchant ?
Notre réponse ne peut évidemment faire aucun doute. Nous ne pouvons rester l'arme au pied. C'est à nous de réintégrer les peuples dans le circuit... Et nous n'y parviendrons qu'en leur donnant les moyens de la compréhension et de la maîtrise des choses.
Et voici donc toute la trame de notre campagne ainsi dessinée. Notre rôle, votre rôle en tant que membres du Rassemblement pour la République, notre rôle en tant que composante de la liste d'union de l'opposition aux prochaines élections européennes, il est d'abord et avant tout de présenter l'Europe, de l'expliquer, d'en restituer l'histoire, d'en analyser les problématiques, d'en situer les enjeux. Avant même de dire pour qui il faut voter – c'est-à-dire pour nous – il faut faire oeuvre de pédagogie.
Expliquer aux français pourquoi l'Europe n'est pas une affaire de spécialistes, pourquoi il faut qu'ils se la réapproprient, qu'ils en maîtrisent les données pour pouvoir, enfin, influer sur son destin.
Oui. Voilà ce que vous allez devoir faire à titre principal. Voilà ce que j'attends de vous.
Il faut en finir avec une situation absurde, insupportable, où l'Europe n'est qu'une sorte de parenthèse quinquennale, puisqu'on ne feint de s'en occuper que tous les cinq ans, mais qu'on la laisse, le reste du temps, entre les mains de spécialistes, entre les mains de technocrates, entre les mains de gens qui sont censés savoir, mais qui n'ont aucune légitimité.
Je sais l'importance de l'effort que je vous demande. Je sais l'effort que je demande à l'ensemble des adhérents de notre mouvement. Effort à conduire département par département, circonscription par circonscription, canton par canton, conjointement avec nos amis de Démocratie Libérale et tous ceux qui voudrons bien participer à l'union de l'opposition.
Je ne vous demande pas moins que d'organiser une réunion d'information au moins dans chacune des quelque 36 000 communes de notre pays...
Oui, voilà notre objectif : une commune une réunion 36 000 communes 36 000 réunions.
Je sais que c'est difficile. Je sais que le défi est difficile à relever. Mais si je suis ici aujourd'hui, c'est pour vous dire que je compte sur chacune et chacun d'entre vous pour y parvenir.
Après tout, moi aussi je mouille ma chemise. Et je m'efforce de vous donner l'exemple. J'ai siégé à l'Assemblée nationale plus de vingt ans durant. Je l'ai présidée pendant plus de quatre ans. Je crois, sincèrement, l'avoir bien servie. Nul ne lui est probablement plus attachée que je le suis moi-même.
Si je choisis d'aller siéger au Parlement européen, au risque d'abandonner mon mandat national, c'est parce que j'ai le sentiment que c'est une nécessité politique.
Nécessité politique ; d'abord, parce que, pour entraîner nos électeurs, si nous voulons un Parlement européen susceptible de collaborer loyalement et efficacement avec les Parlements nationaux, si nous voulons un Parlement européen qui fasse vraiment de la politique et contribue à combler le déficit démocratique européen, si nous voulons un Parlement européen auquel les gens s'intéressent et que suivent, enfin, les médias, il faut des leaders politiques nationaux ?
En tout cas, c'est notre analyse. C'est mon analyse. Et c'est pourquoi je me suis porté candidat.
Je ne me suis pas porté candidat pour préparer une candidature au premier tour de l'élection présidentielle, je ne me suis pas porté candidat pour affirmer ou conforter l'identité de notre mouvement qui n'en a nul besoin, je me suis porté candidat parce que c'est l'intérêt des idées que nous portons, parce que je crois, immodestement peut-être, que cela va dans le sens de la meilleure défense des intérêts de notre pays...
Vous aurais-je assez dit combien ces journées sont importantes ? Combien il est important que vous tiriez le meilleur parti possible du travail qui va être accompli ici, comme dans chacun des autres forums ?... Je compte à la fois sur votre sérieux et votre enthousiasme.
J'entends dire, vous aussi sans doute, que je me suis lancé dans cette campagne en traînant les pieds. N'en croyez pas un mot... Cette campagne, je l'entame avec foi. Avec toute la force de mes convictions. J'en attends autant de chacune et chacun d'entre vous.
Ce combat, il nous faut le gagner.
Pour ce qu'il est, d'abord.
Et parce qu'il peut être une étape décisive de la reconquête !