Texte intégral
Mes chers Amis,
Je suis heureux de venir une nouvelle fois à votre rencontre. On s'en souvient peut-être - c'était il n'y a pas si longtemps - c'est à Strasbourg que j'avais choisi de commencer ma campagne pour l'élection au suffrage direct du Président du Rassemblement Pour la République.
Aujourd'hui, je ne suis pas seul. Je suis en compagnie d'Alain Madelin, Président de Démocratie Libérale. Et c'est une autre échéance que je veux évoquer avec vous. Une échéance qui se rapproche à grands pas. Une échéance cruciale, non seulement pour l'opposition mais surtout pour la France et l'Europe.
Pour cette échéance, et parce qu'elle est importante, nous avons fait, sans hésitation, le choix de l'union. Union avec nos partenaires de Démocratie Libérale, dont je salue la participation à cette réunion commune. Union avec tous ceux qui se reconnaissent dans le combat que nous menons pour une Europe de la liberté et de la responsabilité face aux risques d'une Europe socialiste.
Cette union, elle est également symbolisée par la présence à cette tribune de nombreux élus et responsables de l'opposition en Alsace : les parlementaires Bernard Schreiner, André Schneider, Joseph Ostermann, les vice-présidents du conseil régional Jean-Paul Heider, André Reichardt, Robert Grossmann, le président et le secrétaire départemental de Démocratie Libérale, Henri Bretz et Gérard Dehaye. Tous, je les salue et je les remercie de leur engagement. Et je n'oublie pas, dans mes remerciements, Olivier Dannemuller, notre nouveau secrétaire départemental adjoint qui a pris une part très active dans l'organisation de cette rencontre. Comme Alain Madelin, comme moi, ils ont la conviction, quelles que soient les spécificités des uns et des autres que l'union est la seule bonne réponse à l'enjeu des élections européennes.
Il faudra que les électeurs eux-mêmes ne s'y trompent pas. L'enjeu politique du scrutin, il est entre la liste socialiste et nous. Dès lors - je le dis sans agressivité mais parce que c'est la vérité - toute voix se reconnaissant dans l'opposition qui ne se porterait pas sur notre liste, ne sera une bonne nouvelle que pour les Socialistes. Cela sera d'autant plus regrettable que le scrutin du 13 juin marquera un tournant. Un tournant pour une construction européenne qui ne peut plus continuer de fonctionner sur un mode exclusivement technocratique, qui l'éloigne des peuples et l'écarte de ses véritables objectifs.
La démission de la Commission de Bruxelles sanctionne à l'évidence les dérèglements d'un système où plus personne n'arrive plus à s'y reconnaître. Où les peuples d'Europe et d'abord le nôtre ne savent plus qui décide, qui contrôle, qui légifère. Ce système, fondé sur le rétrécissement progressif du rôle des nations, sur le transfert indéfini et désordonné de nouvelles compétences aux instances bruxelloises, sur la méfiance à l'égard des Parlements, qu'ils siègent à Paris ou à Strasbourg, d'ailleurs, arrive à bout de souffle. La grenouille a voulu se faire aussi grosse que le boeuf. Et elle a subi le même sort que dans la fable.
Certains en tirent la surprenante conclusion qu'il faut continuer à la nourrir. Ils appellent de leurs voeux sa métamorphose en un gouvernement européen, dirigé par un président de l'Europe élu au suffrage universel, sans qu'on sache au juste, au demeurant, s'il serait chez de l'Etat ou chef de gouvernement. Mais on ne va pas s'embarrasser de ce genre de détails...
L'important, c'est d'en finir avec les gouvernements nationaux, avec les parlements nationaux. Et cela à l'heure même où la Commission admet son échec à maîtriser l'administration communautaire. Et cela à l'heure même où le Parlement Européen est dans la ligne de mire d'une polémique naissante sur les conditions de son fonctionnement. Prisonniers de leurs rêves, certains continuent de faire des grands moulinets sur les vertus du super-Etat fédéral. A grands renforts de publicité, ils perçoivent dans les évènements actuels, l'avènement d'une opinion publique européenne, dont l'influence supposée nous conduirait inéluctablement vers un régime parlementaire. Ce n'est plus de la politique, c'est de la mystique !
Car réfléchissons un instant ; on nous dit : « la semaine dernière, l'Europe est devenue démocratique ! ». Cela donnerait donc à penser qu'elle ne l'était pas jusqu'ici. Or, on ne l'avait jamais entendu dire ! Au contraire, quand nous le disions, nous, les mêmes nous traitaient de mauvais européens.
En réalité, ces formes d'Européisme inconditionnel expliquent les relents d'euroscepticisme, d'euro-allergie que nous constatons çà ou là. Dès lors que certains estiment que tout ce qui vient de Bruxelles est parfait, il ne faut pas s'étonner que d'autres pensent que tout ce qui en vient est à jeter aux chiens.
Eh bien, nous rejetons également ces manières de voir ! Comme nous rejetons les propositions des socialistes qui, prisonniers de leur idéologie, persévèrent à réclamer davantage de fonctionnaires, davantage de moyens, davantage de prélèvements comme unique remède au malaise des institutions européennes. Quel que soit le mal dont le patient est atteint, les socialistes et leurs alliés n'ont ainsi qu'une ordonnance à prescrire : augmentez le nombre de technocrates européens, accroissez les moyens de la Commission, levez un impôt européen, l'Europe vous fera une bonne politique !
Nous ne nous retrouvons dans aucune de ces médications. Nous pensons que l'Europe n'est pas victime d'une crise de croissance mais d'une crise de légitimité. Il faut arrêter de la rêver. Il faut la faire fonctionner. Et dire au service de quels objectifs.
Nous, nous voulons une Europe qui mette l'emploi au coeur de tout. Qui libère les énergies au lieu de les entraver. Qui encourage le travail au lieu de le dissuader. Qui stimule l'investissement au lieu de pénaliser l'entreprise. L'Europe que nous voulons ce n'est pas l'Europe des 35 heures, des 350 000 emplois publics multipliés par 15, de l'alourdissement des charges qui pèsent sur l'emploi.
Nous voulons une Europe qui soit une véritable grande puissance. Plutôt que de s'occuper de tout, de réglementer le sel de Guérande, de limiter l'exercice de la tauromachie, de s'en prendre au fromage au lait cru, que sais-je encore, l'Europe doit s'occuper de l'essentiel, c'est-à-dire de prendre en charge son propre destin.
Il s'agit de se battre pour donner à l'Europe une défense commune afin d'assurer la paix. Tant qu'elle s'en remettre à d'autres pour régler les conflits qui menacent la stabilité du continent, elle restera un nain politique.
Il s'agit de se battre pour assurer la sécurité à l'intérieur des frontières de l'Union. Mais comment bâtir une politique de l'immigration commune, lutter ensemble contre les grands fléaux de la drogue, du banditisme, de la délinquance organisée, quand la France fait cavalier seul sur la voie du renoncement, même si son gouvernement le couvre de propos lénifiants ou rassurants ?
Il s'agit de se battre pour développer les politiques communes qui vont façonner l'Europe du XXIème siècle : l'environnement, l'agriculture, la culture, l'éducation...
Mais se battre pour l'environnement, ce n'est pas désigner l'énergie nucléaire - qui contribue à l'indépendance énergétique de l'Europe - à la vindicte populaire, comme le font contre toutes raisons, les écologistes des deux côtés du Rhin.
Et se battre pour l'éducation, ce n'est pas se servir de l'Europe comme un prétexte pour favoriser le nivellement par le bas, ainsi que le ministre de l'éducation nationale n'a pas craint de le faire en ouvrant une voie d'accès à l'Ecole normale supérieure qui exonère du concours d'entrée.
Deux exemples parmi d'autres, pris dans le flot de l'actualité. Mais deux exemples qui nous montrent que l'Europe est aujourd'hui dans tout. Qu'il n'est pas un domaine de notre vie quotidienne qui ne soit peu ou prou concerné par son intervention. Et qu'il est donc vain, dérisoire, archaïque de dissocier enjeux nationaux et enjeux européens, politique intérieure et politique européenne. Tout cela est aujourd'hui étroitement imbriqué et ne peut être découpé en tranches. Si l'Europe est dans tout, elle nous concerne tous quand bien même elle nous paraîtrait lointaine, complexe, obscure ou confuse. Et parce qu'elle nous concerne tous, nous ne devons pas nous en remettre à d'autres pour décider de son avenir.
Nous avons donc le devoir de ne pas traiter l'élection du 13 juin à la légère. Cette élection est aussi un tournant qui doit permettre d'en finir avec les mauvaises habitudes françaises en la matière.
Il faut nous mobiliser, dans les semaines à venir, pour convaincre nos concitoyens que cette élection est un vrai rendez-vous démocratique et non pas, pour reprendre la formule qu'une tête de liste aimait à employer quand il ne briguait pas les suffrages, un « piège à cons ».
Il faut nous mobiliser, dans les semaines à venir pour faire prendre conscience aux Français que le Parlement Européen n'est pas un parlement d'opérette, mais que les nouveaux traités lui donnent des prérogatives nouvelles. Le temps où le Parlement Européen faisait du tapage en chahutant le Président de la République, votait des résolutions sans effet, servait de refuge aux recalés du suffrage universel, c'est fini.
Il faut donc nous mobiliser pour assurer une représentation française capable d'y défendre les intérêts de la France en Europe. Si j'ai choisi d'être tête de liste, c'est pour siéger ici même, à Strasbourg ; c'est pour oeuvrer à l'édification d'une Europe démocratique, proche des Français ; c'est parce que je crois que seuls des élus du peuple peuvent contrôler une technocratie dont les dérives ne sont plus tolérées ; c'est parce que je pense qu'il est temps que les leaders nationaux s'investissent vraiment au Parlement Européen.
Il faut nous mobiliser, enfin, pour persuader nos compatriotes que le véritable enjeu des élections européennes ne se situe pas dans la poursuite d'un débat dépassé entre partisans des Etats-Unis d'Europe et tenants d'un nationalisme étriqué, entre pro et anti-européens.
Cette querelle-là n'a plus lieu d'être. L'Europe Unie des Etats voulue par le Président de la République, Jacques Chirac, s'impose naturellement comme une construction originale et nécessaire.
Le vrai choix de cette élection européenne, il est, je le répète, entre une Europe de la liberté et de la responsabilité et une Europe socialiste. Si les socialistes et les sociaux-démocrates devaient dominer l'ensemble des institutions européennes - Conseil européen, Commission de Bruxelles et Parlement de Strasbourg – il existerait alors un vrai risque de voir l'Europe mise au service d'une politique socialiste.
Cela nous n'en voulons à aucun prix... Et nous avons avec le scrutin du 13 juin, une occasion de le manifester.
Cette élection, elle peut donc être une étape importante de notre vie politique nationale ; une étape qui ne manquera pas d'être abondamment commentée.
Aidez-moi donc à rassembler le maximum de Françaises et de Français autour de notre liste et à conjurer le risque de dispersion des suffrages en expliquant sans relâche les significations profondes de cette élection tant sur le plan européen que sur le plan national.
Elle peut constituer un moment fort du débat démocratique, un appel à construire une Europe politique, respectueuse de la diversité des nations qui la composent, soucieuse de démultiplier leurs atouts à l'heure de la mondialisation.
Elle peut être le reflet à la fois de notre volonté de défendre les intérêts de la France en Europe et de dégager une forte ambition européenne pour notre pays.
Elle peut constituer un avertissement adressé à la majorité plurielle qui en est à l'évidence incapable, tant elle est enfermée dans ses contradictions internes et murée dans ses certitudes idéologiques.
Elle peut donc être le signe annonciateur qu'il est décidément temps de changer de cap.
C'est à vous d'en convaincre nos compatriotes. Et c'est à vous qu'il incombe, en dernier ressort, d'en décider.