Déclarations de M. Nicolas Sarkozy, secrétaire général du RPR et président par intérim, sur le programme du RPR pour l'élection européenne : faire le choix de la France et de l'Europe, de l'union de l'opposition, de l'alternance au socialisme et du soutien à la politique européenne du Président de la République, Nice le 3 mai 1999, Le Mans le 6, Saint-Quentin le 11.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Nicolas Sarkozy - secrétaire général et président par intérim du RPR

Circonstance : Campagne électorale pour l'élection européenne : à Nice le 3 mai 1999, au Mans le 6, à Saint-Quentin le 11

Texte intégral


Discours de Nicolas Sarkozy, Nice le 3 mai 1999

Mes Chers amis,

Voici qu'arrive pour nous la deuxième étape de cette campagne européenne. La première a consisté à amortir le choc du retrait de Philippe Seguin. Nos électeurs comme nos militants ont été secoués. C'était naturel. C'était prévisible. Adversaires et partenaires ont tenté d'en profiter. Nous avions un genou à terre. C'était une opportunité heureuse pour eux. Pas forcément très digne mais c'est ainsi. Se plaindre n'aurait servi à rien. Il fallait redresser la tête, se remettre debout, faire face, partir en campagne. C'est ce que nous avons fait.

À 6 semaines du rendez-vous du 13 juin, l'enjeu prioritaire de ce scrutin apparaît clairement : qui de la liste socialiste ou de la liste d'union de l'opposition que nous conduisons avec Alain Madelin sera en tête ? Nous sommes, en effet, les seuls à pouvoir contester la première place à François Hollande. Nulle autre liste ne le peut ou ne le veut. Je m'adresse donc directement à tous ceux qui, dans notre pays, ne sont pas socialistes, à tous ceux qui espèrent une alternance, à tous ceux qui, dans le passé, ont été déçus par une opposition pas assez déterminée, pas assez solide, pas assez courageuse, bref, à tous ceux qui, avec nous, feront le choix de l'Europe de la modernité et de la liberté contre l'Europe du socialisme.

À tous ceux-là, je leur dis : rejoignez-nous, aidez-nous, soutenez-nous, nous avons besoin de chacune et de chacun d'entre vous pour qu'après avoir gagné les élections législatives en France, les socialistes n'emportent pas aussi l'Europe.

Imaginez avec nous, si seulement nous réussissons à contester à François Hollande sa première place, les formidables conséquences que cela aurait pour notre vie politique intérieure. Pour nos électeurs, après tant de défaites, ce serait enfin une victoire pour l'opposition, ce serait une prime ainsi reconnue à ceux qui parmi nous ont fait le choix de l'union. Pour la France, ce serait l'espérance d'une autre politique qui, seule, pourra la préparer aux enjeux du XXIe siècle. Pour l'Europe, l'étreinte socialiste se desserrerait. Ils ont déjà la majorité des gouvernements au conseil européen, la présidence de la commission à Bruxelles, nous n'allons pas en plus leur abandonner la majorité au Parlement européen.

Alors, ce soir, de Nice, devant vous mes amis niçois, mes amis de ce magnifique département des Alpes-Maritimes, je lance un appel à la mobilisation, au rassemblement, à l'union contre les socialistes. Aidez-nous à faire de notre liste le rassemblement de l'opposition unie. Avec vous, nous serons victorieux le 13 juin. Avec vous, nous construirons l'avenir. Avec vous, nous allons fonder les premiers éléments de la reconquête.

Vous l'avez compris, dans cette campagne nous aurons un adversaire prioritaire : le socialisme, car c'est lui qui fait prendre du retard à la France.

Quel meilleur exemple de retard que celui de la question des retraites : voilà que le gouvernement, alors qu'il dispose déjà du rapport Rocard depuis 1992, du rapport Briet depuis 1995 et du rapport Charpin en 1999, décide courageusement d'engager une nouvelle réflexion… D'analyse en rapport, de rapport en concertation, de concertation en réflexion, rien n'a jamais été concrètement fait par les socialistes sur ce sujet aussi essentiel ! Si ils continuent à ne rien faire, qui paiera vos retraites demain ? Car il réside bien là le choix ! Mentir en ne faisant rien. Ce sont les retraités qui auront alors le réveil le plus douloureux. Dire la vérité et agir. C'est cela le véritable choix social, car c'est le seul qui assurera la pérennité de nos régimes de retraites.

Quel meilleur exemple, de retard aussi que celui des 35 heures : alors que désormais, il est clairement prouvé, démontré et vérifié que ce n'est pas lorsqu'on travaille moins qu'il y a moins de chômeurs, bien au contraire. Savez-vous qu'en durée annuelle, c'est en France et en Allemagne que l'on travaille le moins ? Mais il existe une vraie différence entre les socialistes allemands et les socialistes français : eux reconnaissent que la réduction du temps de travail est en grande partie responsable de l'augmentation du chômage qu'ils ont connue alors que François Hollande et ses amis persévèrent, eux, dans l'erreur.

Quel meilleur exemple de retard ensuite que celui du montant de la dépense publique ? Il faut rappeler une vérité simple et en tirer les leçons pour l'avenir : oui, notre pays dépense trop. Son administration est trop lourde. C'est ce qui explique que nous avons les impôts les plus élevés et les charges les plus lourdes. Voilà la vraie raison qui fait de nous les champions du chômage en Europe ! Il faut sortir de ce cercle infernal en exigeant d'abord de l'État qu'il se consacre efficacement aux missions qui sont les siennes : sécurité intérieure et extérieure, justice, éducation et solidarité sociale. Ici encore, l'exigence de vérité doit s'imposer aux responsables politiques.

Quel meilleur exemple de retard enfin que la politique d'immigration menée par le gouvernement socialiste, caractérisée par une régularisation massive des sans-papiers, il est vrai curieusement approuvée par Charles Pasqua. Politique humainement irresponsable, car permettant tous les amalgames y compris les plus odieux.

L'attention que nous devons à François Hollande ne doit pas nous faire oublier ses alliés et quels alliés !

– Il y a d'abord le parti communiste français, tout droit sorti du Jurassic parc de l'idéologie la plus archaïque. Il n'existe en Europe qu'un seul parti qui ne craint pas de s'appeler communiste, c'est le nôtre, si je puis me permettre ce possessif. En Italie, en Espagne, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, les communistes se sont débaptisés dans la foulée de la chute du mur de Berlin. Tous ont considéré que, sachant sur le communisme ce que le monde entier sait maintenant, il était décidément impossible de se dénommer communiste. Tous sauf Robert Hue. Lui, apparemment, cela ne le gêne pas. C'est pas bon signe. Pas plus pour Lionel Jospin qui n'est apparemment pas gêné d'avoir trois communistes dans son gouvernement, seul gouvernement en Europe à avoir des communistes dans une majorité. Qu'il me soit permis de dire que cette spécificité française, les Français s'en seraient bien passés ! Cela devrait au moins conduire François Hollande à être plus discret dans les leçons qu'il semble vouloir donner à la terre entière. Quand on gagne les élections grâce à un accord explicite avec les communistes et, de surcroît, en profitant implicitement des triangulaires dues au front national, la discrétion me semble être pour François Hollande une recommandation minimum mais impérative !

J'ai vu que le même François Hollande pérorait beaucoup sur l'opposition et ses divisions. J'y reviendrai sur ce sujet, je lui recommande de faire bien attention au retour de bâton. L'histoire de la paille et de la poutre est toujours d'une actualité brûlante s'agissant d'une majorité gouvernementale qui ploie sous le poids des incohérences, d'un parti communiste qui n'est même pas capable d'être solidaire de nos soldats engagés dans le conflit du Kosovo. Alors que tous les démocrates devraient se retrouver autour de cet objectif indispensable qui consiste à mettre un terme aux déportations massives organisées par le dernier dictateur stalinien d'Europe, Milosevic, le PCF, ministres en tête, manifeste le soir venu contre la politique gouvernementale à laquelle ils ont pourtant participé tout au long de la journée. Rompre l'union nationale sur un tel sujet, manifester de tels désaccords sur une question aussi grave, donner ce spectacle de la discorde alors que l'on est censé gouverner ! Ce n'est pas une discorde, c'est un divorce. Alors pour le moins, en matière d'union, un bon conseil à François Hollande : restez bien discret !

– Et que dire du troisième pilier de cette étrange majorité gouvernementale ? Dany le rouge devenu depuis Dany le vert. Celui-là même qui a montré, lors de cette révolution de pacotille que fut 1968, qu'il n'avait pas compris grand-chose au XXe siècle, veut maintenant expliquer aux Français comment l'on va construire l'Europe du XXIe. Merci bien ! Les Français ont déjà donné. Ce n'est pas celui qui expliquait, il y a 30 ans, « qu'il était interdit d'interdire », qui va nous expliquer comment remettre de l'ordre dans les 125 cités où la police ne peut pénétrer, comment ramener la paix dans nos collèges et nos lycées de banlieue, comment remettre la famille au coeur de notre société, comment transmettre à nos enfants les valeurs qui sont les nôtres et qui portent comme noms : le travail, le mérite, la patrie, l'effort, la générosité, la solidarité.

– Face à cette majorité plurielle éclatée, j'aurais souhaité pour vous, pour nous, pour l'opposition et, finalement, pour la France, une opposition rassemblée, le plus largement, le plus complètement, sur une seule et même liste. J'ai tout tenté dans ce but. Notre programme européen aurait été bien simple à établir, c'est celui de Jacques Chirac, toute la politique européenne du président de la République, rien que sa politique. C'était le message de clarté, de l'efficacité, de la raison, nos amis de Démocratie Libérale ont répondu spontanément et volontairement à cet appel. Ils sont avec le RPR des artisans de l'union. François Bayrou ne l'a pas voulu. Grâce à Alain Madelin, il y aura une liste de l'opposition unie. Je la conduirai. Je l'aurais souhaitée plus large. Cela n'a pas été possible. Je le regrette. A nous maintenant de faire preuve d'esprit de responsabilité. Il ne faut pas insulter l'avenir. Je conduirai donc le débat des idées avec force. J'expliquerai tout au long de cette campagne pourquoi parler de l'Europe en oubliant la France est une erreur, pourquoi vouloir faire de la France une région de l'Europe est un contresens historique, pourquoi l'Europe fédérale est une idée dépassée.

Oui, c'est bien une idée qui appartient au passé car le fédéralisme, que l'on pouvait peut-être comprendre alors que la communauté européenne ne comptait que 6 pays, de niveau économique, social et même culturel équivalent, ne peut, bien évidemment, pas s'appliquer à une Europe aujourd'hui à 15 et demain peut-être, à 18, 19 ou 20 pays.

Lequel parmi vous accepterait que des soldats français soient envoyés au Kosovo contre l'avis même de la France à la suite d'une simple décision prise à la majorité des autres états européens ?

Ce débat est essentiel. Je le conduirai sans exclure les personnes, sans anathème, sans attaque personnelle bien sûr. Avec le souci constant de ne rien faire qui rende plus difficile le nécessaire retour dans le giron de l'union de tous ceux qui ne l'ont pas voulu avant le 13 juin et qui seront dans l'impérieuse nécessité de le retrouver après.

Dans cette campagne, et cela sera notre seconde spécificité, nous parlerons de l'Europe et de la France. Car c'est bien une erreur magistrale que celle qui vise à opposer l'une à l'autre, l'Europe et la France, car nos destins sont liés.

Je veux dire à ceux qui refusent l'Europe ou tout simplement qui ont peur de l'Europe :

Imagine-t-on ce que serait la France aujourd'hui sans l'Europe ? Sans la P.A.C ? Sans l'Europe spatiale avec Ariane ? Sans l'Europe aéronautique avec Airbus ? Sans l'Europe de la monnaie avec l'euro, qui nous a rendu une partie de notre souveraineté monétaire ? C'est grâce à l'euro qu'aujourd'hui nos industriels sont protégés des trop fameuses dévaluations compétitives qui ont failli porter un coup fatal à certaines de nos industries comme celle du textile, ou de la pâte à papier. Quand la lire italienne perdait 15 à 20 % de sa valeur, cela voulait dire que les prix du textile français étaient augmentés d'autant, donc notre industrie mise en péril, et des milliers d'emplois menacés.

C'est grâce à l'Europe que notre agriculture a pu résister à la concurrence extérieure et, notamment, à celle des fermiers américains. Il n'y aurait plus d'agriculteurs français sans la PAC. Notre agriculture est aujourd'hui la deuxième du monde.

C'est grâce à l'Europe que de nombreux secteurs comme les télécommunications et l'électricité ont été ouverts à la concurrence, pour le plus grand bénéfice du consommateur qui a vu les prix baisser.

C'est grâce à l'Europe que nous connaissons à l'intérieur de la communauté la paix. C'est là où il n'y a pas d'Europe organisée qu'il y a encore des guerres sur notre continent.

S'il n'y avait pas eu la construction européenne et le Marché commun, un Français sur quatre aujourd'hui ne travaillerait pas pour l'exportation parce ce que l'essentiel de nos exportations se fait en Europe.

D'ailleurs, si vous n'en êtes pas convaincus, alors regardez le monde ! Partout dans le monde, l'union fait la force : en Amérique latine, l'équivalent de l'Europe s'appelle le Mercosur ; en Amérique du Nord, l'équivalent de l'Europe s'appelle l'Alena ; en Asie pacifique, il s'appelle l'APEC. Partout, se constituent de grands ensembles économiques au sein desquels on ouvre les frontières, on fait des marches uniques pour être plus forts. Voilà pourquoi nous voulons l'Europe et la France.

Mais il faut aller plus loin. Avec Alain Madelin, nous voulons pour la France le mieux-disant européen. Nous voulons pour notre pays ce qu'il y a de mieux en Europe.

Je forme un rêve pour les Français, celui qui permettrait à notre pays d'avoir chacun des atouts de nos partenaires européens. Je rêve pour les consommateurs français qu'ils aient demain le taux de TVA des Allemands 15 % au lieu de 20,6 %, le taux marginal d'impôts sur le revenu des Anglais 40 % au lieu de 56,8 %, les charges sociales des Italiens, la sécurité des Danois, la réussite des Allemands et des Anglais pour l'emploi des jeunes – nous avons plus de 50 % de jeunes de moins de 25 ans au chômage, soit 50 % de plus qu'au Royaume Uni et 100 % de plus qu'en Allemagne, nous sommes, en la matière, les derniers de la classe, la dette des administrations publiques anglaises, 50 % du PIB au lieu de 60 %, la rentabilité des investissements des entreprises hollandaises, 18 % au lieu de 16 %. Je souhaite que l'Europe fixe un plafond maximal de charges fiscales et sociales susceptibles d'être prélevées sur une personne physique. Je souhaite que l'État ne puisse jamais prélever plus de la moitié du revenu total d'un contribuable. Ce serait en quelque sorte le 6e critère de Maastricht.

Je forme une ambition pour les Européens, que nous construisions l'Europe européenne qu'a toujours souhaitée le général de Gaulle, celle qui saura assurer par elle-même et pour elle-même sa sécurité ! L'Europe de la défense, quelle formidable ambition. Je comprends parfaitement que l'on considère comme irritant, voire comme humiliant, que les Américains aient une telle part de la sécurité de l'Europe. Mais, si on veut que cela ne soit plus le cas, alors il faut davantage d'Europe et pas moins d'Europe.

– Plus d'Europe d'abord pour construire une industrie européenne de l'armement. A quoi servirait que chacun dans son coin construise ses hélicoptères, ses chars, voire ses avions ?

– Plus d'Europe pour élaborer un schéma européen de sécurité. Les 15 pays de la communauté ont été frappés par l'essor du trafic d'héroïne dans les années 90. Tous les pays de la communauté savent que la criminalité ne se préoccupe plus des frontières nationales : les trafics de stupéfiants, d'armes, de véhicules volés ou le blanchiment d'argent ne peuvent être combattus que par une coopération étroite et forte. Je propose donc la création d'une autorité de police commune, prolongeant, développant et amplifiant les missions actuelles d'Europol.

– Plus d'Europe pour établir une véritable préférence communautaire. Que veut dire l'Europe de la défense si chacun des 15 pays européens peut acheter en dehors de l'Europe ce que l'Europe fabrique pour les Européens ?

Je forme une espérance pour les Européens que nous construisions l'Europe sociale conforme au modèle de société qui est le nôtre.

L'Europe sociale, c'est d'abord celle qui refusera le dumping social entre les 15 nations. Le moins-disant social est contraire à toute la philosophie politique qui nous inspire. L'homme n'est pas une matière première dont on essaierait de diminuer le coût à l'infini. Chaque être humain a le droit de vivre sa vie comme une grande ambition. Chaque vie est originale et doit être respectée car unique. Chaque homme doit être considéré dans sa dignité d'être humain, quels que soient sa race, son statut, son origine géographique. Le gaullisme fait de l'homme sa seule querelle, son unique ambition, son grand dessein. La liberté, ce n'est, pas l'anarchie. Les règles sont nécessaires pour encadrer le marché, le réguler, lui donner la transparence nécessaire, pas pour l'étouffer, l'écraser de charges ou l'encombrer de réglementations inutiles, tatillonnes et finalement contre-productives.

L'Europe sociale que nous voulons, c'est celle du travail pas de l'assistance, c'est celle de la promotion pas du nivellement, c'est celle du salaire pas celle du minimum vital, c'est celle de la vraie solidarité pas celle de la compassion à bon compte.

L'idée centrale étant la reconnaissance en chaque homme d'un être humain unique, à qui l'on doit faire confiance en lui donnant les moyens, par une formation adaptée, de faire vivre sa famille avec le fruit de son activité même si cette activité est une activité sociale. Si tout travail mérite un salaire, je veux dire ma conviction que toutes les allocations exigent en contrepartie une activité. Je considère qu'il y a mieux à faire, en la matière que de mobiliser les inspecteurs du travail contre les cadres qui travaillent trop.

Refaire de la France un pays où l'on puisse travailler, créer des richesses, entreprendre, innover, donner sa chance à chacun.

Refaire de la France, le pays où l'emploi pour tous : de la générosité, de la motivation, de la jeunesse, de la récompense, de la modernité, voici notre ambition.

Dans cette campagne, il y aura donc ceux qui vous diront :

– choisir l'Europe car la France ne compte plus. Vous leur direz non.
– choisir la France seule contre l'Europe. Vous leur direz non.
– choisir les socialistes. Vous leur direz non, car on a malheureusement vu ce dont ils étaient capables pour la France !

Alors, ce soir à Nice, je vous le demande avec toute la force de mon énergie :

Faites le choix de la France et de l'Europe. Faites le choix de l'opposition unie. Faites le choix de l'alternance au socialisme. Faites le choix de l'Europe de Jacques Chirac.

Le 13 Juin, c'est ensemble que nous récolterons les fruits de notre travail. Je veux vous offrir la victoire que vous méritez. Je compte sur vous. Vous pouvez compter sur nous.


Discours Nicolas Sarkozy, Le Mans (Sarthe) 6 mai 1999

Mes Chers Amis,

Voici qu'arrive pour nous la troisième étape de cette campagne européenne. La première a consisté à amortir le choc du retrait de Philippe Séguin. Nos électeurs comme nos militants ont été secoués. C'était naturel. C'était prévisible. Adversaires et partenaires ont tenté d'en profiter. Nous avions un genou à terre. C'était une opportunité heureuse pour eux. Pas forcément très digne, mais c'est ainsi. Se plaindre n'aurait servi à rien. Il fallait redresser la tête, se remettre debout, faire face, partir en campagne. C'est ce que nous avons fait.

La seconde a été pour nous la construction d'une véritable équipe de 87 candidats.

Nous avons voulu que cette liste soit à l'image de ce que nous souhaitons pour l'opposition : renouvelée puisque 87 % sont de nouveaux candidats, proches des réalités locales, puisque nous avons privilégié les élus de terrain, équilibrée géographiquement, puisque chaque région est représentée parmi les 35 premiers candidats, féminisée, plus que majoritairement, puisque nous présentons 48 femmes sur 87 candidats, et illustrant concrètement la réalité vivante de l'Union, avec nos partenaires de Démocratie Libérale.

À 6 semaines du rendez-vous du 13 juin, l'enjeu prioritaire de ce scrutin apparaît clairement : qui de la liste socialiste ou de la liste d'union de l'opposition, que nous conduisons avec Alain Madelin sera en tête ? Nous sommes, en effet, les seuls à pouvoir contester la première place à François Hollande. Nulle autre liste ne le peut ou ne le veut. Je m'adresse donc directement à tous ceux qui, dans notre pays, ne sont pas socialistes, à tous ceux qui espèrent une alternance, à tous ceux qui, dans le passé, ont été déçus par une opposition pas assez déterminée, pas assez solide, pas assez courageuse, bref, à tous ceux qui, avec nous, feront le choix de l'Europe de la modernité et de la liberté contre l'Europe du socialisme.

A tous ceux-là, je leur dis : rejoignez-nous, aidez-nous, soutenez-nous. Nous avons besoin de chacune et de chacun d'entre vous pour qu'après avoir gagné les élections législatives en France, les socialistes n'emportent pas aussi l'Europe.

Imaginez avec nous, si seulement nous réussissons à contester à François Hollande sa première place, les formidables conséquences que cela aurait pour notre vie politique intérieure. Pour nos électeurs, après tant de défaites, ce serait enfin une victoire. Pour l'opposition, ce serait une prime ainsi reconnue à ceux qui parmi nous ont fait le choix de l'union. Pour la France, ce serait l'espérance d'une autre politique qui, seule, pourra la préparer aux enjeux du XXIe siècle. Pour l'Europe, l'étreinte socialiste se desserrerait. Ils ont déjà la majorité des gouvernements au Conseil européen, la présidence de la commission à Bruxelles, nous n'allons pas en plus leur abandonner la majorité au Parlement européen.

Alors, ce soir, au Mans, devant mes amis de ce superbe département de la Sarthe, je lance un appel à la mobilisation, au rassemblement, à l'union contre les socialistes.

Aidez-nous à faire de notre liste le rassemblement de l'opposition unie. Avec vous, nous serons victorieux le 13 juin. Avec vous, nous construirons l'avenir. Avec vous, nous allons fonder les premiers éléments de la reconquête.

Vous l'avez compris, dans cette campagne nous aurons un adversaire prioritaire : le socialisme, car c'est lui qui fait prendre du retard à la France.

Quel meilleur exemple de retard que celui de la question des retraites : voilà que le gouvernement, alors qu'il dispose déjà du rapport Rocard depuis 1992, du rapport Briet depuis 1995 et du rapport Charpin en 1999, décide courageusement d'engager une nouvelle réflexion… D'analyse en rapport, de rapport en concertation, de concertation en réflexion, rien n'a jamais été concrètement fait par les socialistes sur ce sujet aussi essentiel ! Si ils continuent à ne rien faire, qui paiera vos retraites demain ? Car il réside bien là le choix ! Mentir en ne faisant rien. Ce sont les retraités qui auront alors le réveil le plus douloureux. Dire la vérité et agir, c'est cela le véritable choix social, car c'est le seul qui assurera la pérennité de nos régimes de retraites.

Quel meilleur exemple de retard aussi que celui des 35 heures : alors que désormais, il est clairement prouvé, démontré et vérifié que ce n'est pas lorsqu'on travaille moins qu'il y a moins de chômeurs, bien au contraire. Savez-vous qu'en durée annuelle, c'est en France et en Allemagne que l'on travaille le moins ? Mais il existe une vraie différence entre les socialistes allemands et les socialistes français : eux reconnaissent que la réduction du temps de travail est en grande partie responsable de l'augmentation du chômage qu'ils ont connue alors que François Hollande et ses amis persévèrent, eux, dans l'erreur.

Quel meilleur exemple de retard ensuite que celui du montant de la dépense publique ? Il faut rappeler une vérité simple et en tirer les leçons pour l'avenir : oui, notre pays dépense trop. Son administration est trop lourde. C'est ce qui explique que nous avons les impôts les plus élevés et les charges les plus lourdes. Voilà la vraie raison qui fait de nous les champions du chômage en Europe ! Il faut sortir de ce cercle infernal en exigeant d'abord de l'Etat qu'il se consacre efficacement aux missions qui sont les siennes : sécurité intérieure et extérieures, justice, éducation et solidarité sociale. Ici encore, l'exigence de vérité doit s'imposer aux responsables politiques.

Quel meilleur exemple de retard enfin que la politique d'immigration menée par le gouvernement socialiste, caractérisée par une régularisation massive des sans-papiers, il est vrai curieusement approuvée par Charles Pasqua. Politique humainement irresponsable, car permettant tous les amalgames y compris les plus odieux.

L'attention que nous devons à François Hollande ne doit pas nous faire oublier ses alliés. Et quels alliés !

Il y a d'abord le Parti Communiste Français, tout droit sorti du Jurassic Parc de l'idéologie la plus archaïque. Il n'existe en Europe qu'un seul parti qui ne craint pas de s'appeler communiste, c'est le nôtre, si je puis me permettre ce possessif. En Italie, en Espagne, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, les communistes se sont débaptisés dans la foulée de la chute du mur de Berlin. Tous ont considéré que, sachant sur le communisme ce que le monde entier sait maintenant, il était décidément impossible de se dénommer communiste. Tous sauf Robert Hue. Lui, apparemment, cela ne le gêne pas. C'est pas bon signe. Pas plus pour Lionel Jospin qui n'est apparemment pas gêné d'avoir trois communistes dans son gouvernement, seul gouvernement en Europe à avoir des communistes dans une majorité. Qu'il me soit permis de dire que cette spécificité française, les Français s'en seraient bien passé ! Cela devrait au moins conduire François Hollande à être plus discret dans les leçons qu'il semble vouloir donner à la terre entière. Quand on gagne les élections grâce à un accord explicite avec les communistes et, de surcroît, en profitant implicitement des triangulaires dues au Front national, la discrétion me semble être pour François Hollande une recommandation minimum mais impérative !

J'ai vu que le même François Hollande pérorait beaucoup sur l'opposition et ses divisions. J'y reviendrai. Sur ce sujet, je lui recommande de faire bien attention au retour de bâton. L'histoire de la paille et de la poutre est toujours d'une actualité brûlante s'agissant d'une majorité gouvernementale qui ploie sous le poids des incohérences d'un parti communiste qui n'est même pas capable d'être solidaire de nos soldats engagés dans le conflit du Kosovo. Alors que tous les démocrates devraient se retrouver autour de cet objectif indispensable qui consiste à mettre un terme aux déportations massives organisées par le dernier dictateur stalinien d'Europe, Milosevic, le PCF, ministres en tête, manifeste le soir venu contre la politique gouvernementale à laquelle ils ont pourtant participé tout au long de la journée. Rompre l'union nationale sur un tel sujet, manifester de tels désaccords sur une question aussi grave, donner ce spectacle de la discorde alors que l'on est censé gouverner ! Ce n'est pas une discorde, c'est un divorce. Alors pour le moins, en matière d'union, un bon conseil à François Hollande : restez bien discret !

Et que dire du troisième pilier de cette étrange majorité gouvernementale ? Dany le rouge devenu depuis Dany le vert. Celui-là même qui a montré, lors de cette révolution de pacotille que fut 1968, qu'il n'avait pas compris grand-chose au XXe siècle, veut maintenant expliquer aux Français comment l'on va construire l'Europe du XXIe. Merci bien ! Les Français ont déjà donné. Ce n'est pas celui qui expliquait, il y a 30 ans, « qu'il était interdit d'interdire », qui va nous expliquer comment remettre de l'ordre dans les 125 cités où la police ne peut pénétrer, comment ramener la paix dans nos collèges et nos lycées de banlieue, comment remettre la famille au coeur de notre société, comment transmettre à nos enfants les valeurs qui sont les nôtres et qui portent comme noms : le travail, le mérite, la patrie, l'effort, la générosité, la solidarité.

Face à cette majorité plurielle éclatée, j'aurais souhaité pour vous, pour nous, pour l'opposition et, finalement, pour la France, une opposition rassemblée, le plus largement, le plus complètement, sur une seule et même liste, j'ai tout tenté dans ce but. Notre programme européen aurait été bien simple à établir, c'est celui de Jacques Chirac, toute la politique européenne du président de la République, rien que sa politique. C'était le message de clarté, de l'efficacité, de la raison. Nos amis de Démocratie Libérale ont répondu spontanément et volontairement à cet appel. Ils sont avec le RPR des artisans de l'union. François Bayrou ne l'a pas voulu. Grâce à Alain Madelin, il y aura une liste de l'opposition unie. Je la conduirai. Je l'aurais souhaitée plus large. Cela n'a pas été possible. Je le regrette. A nous maintenant de faire preuve d'esprit de responsabilité. Il ne faut pas insulter l'avenir. Je conduirai donc le débat des idées avec force. J'expliquerai tout au long de cette campagne pourquoi parler de l'Europe en oubliant la France est une erreur, pourquoi vouloir faire de la France une région de l'Europe est un contresens historique, pourquoi l'Europe fédérale est une idée dépassée.

Oui, c'est bien une idée qui appartient au passé car le fédéralisme, que l'on pouvait peut-être comprendre alors que la communauté européenne ne comptait que 6 pays, de niveau économique, social et même culturel équivalent, ne peut, bien évidemment, pas s'appliquer à une Europe aujourd'hui à 15 et demain peut-être, à 18, 19 ou 20 pays.

Lequel parmi vous accepterait que des soldats français soient envoyés au Kosovo contre l'avis même de la France à la suite d'une simple décision prise à la majorité des autres états européens ?

Ce débat est essentiel. Je le conduirai sans exclure les personnes, sans anathème, sans attaque personnelle bien sûr. Avec le souci constant de ne rien faire qui rende plus difficile le nécessaire retour dans le giron de l'union de tous ceux qui ne l'ont pas voulu avant le 13 juin et qui seront dans l'impérieuse nécessité de le retrouver après.

Dans cette campagne, et cela sera notre seconde spécificité, nous parlerons de l'Europe et de la France. Car c'est bien une erreur magistrale que celle qui vise à opposer l'une à l'autre, l'Europe et la France, car nos destins sont liés.

Je veux dire à ceux qui refusent l'Europe ou tout simplement qui ont peur de l'Europe :

Imagine-t-on ce que serait la France aujourd'hui sans l'Europe ? Sans la P.A.C ? Sans l'Europe spatiale avec Ariane ? Sans l'Europe aéronautique avec Airbus ? Sans l'Europe de la monnaie avec l'euro, qui nous a rendu une partie de notre souveraineté monétaire ? C'est grâce à l'euro qu'aujourd'hui nos industriels sont protégés des trop fameuses dévaluations compétitives qui ont failli porter un coup fatal à certaines de nos industries comme celle du textile, ou de la pâte à papier. Quand la lire italienne perdait 15 à 20 % de sa valeur, cela voulait dire que les prix du textile français étaient augmentés d'autant, donc notre industrie mise en péril, et des milliers d'emplois menacés.

C'est grâce à l'Europe que notre agriculture a pu résister à la concurrence extérieure et, notamment, à celle des fermiers américains. Il n'y aurait plus d'agriculteurs français sans la PAC. Notre agriculture est aujourd'hui la deuxième du monde.

C'est grâce à l'Europe que de nombreux secteurs comme les télécommunications et l'électricité ont été ouverts à la concurrence, pour le plus grand bénéfice du consommateur qui a vu les prix baisser.

C'est grâce à l'Europe que nous connaissons à l'intérieur de la communauté la paix. C'est là où il n'y a pas d'Europe organisée qu'il y a encore des guerres sur notre continent.

S'il n'y avait pas eu la construction européenne et le Marché commun, un Français sur quatre aujourd'hui ne travaillerait pas pour l'exportation parce ce que l'essentiel de exportations se fait en Europe.

D'ailleurs, si vous n'en êtes pas convaincus, alors regardez le monde ! Partout dans le monde, l'union fait la force : en Amérique latine, l'équivalent de l'Europe s'appelle le Mercosur ; en Amérique du Nord, l'équivalent de l'Europe s'appelle l'Alena ; en Asie pacifique, il s'appelle l'APEC. Partout, se constituent de grands ensembles économiques au sein desquels on ouvre les frontières, on fait des marches uniques pour être plus forts. Voilà pourquoi nous voulons l'Europe et la France.

Mais il faut aller plus loin. Avec Alain Madelin, nous voulons pour la France le mieux-disant européen. Nous voulons pour notre pays ce qu'il y a de mieux en Europe.

Je forme un rêve pour les Français, celui qui permettrait à notre pays d'avoir chacun des atouts de nos partenaires européens. Je rêve pour les consommateurs français qu'ils aient demain le taux de TVA des Allemands 15 % au lieu de 20,6 %, le taux marginal d'impôts sur le revenu des Anglais 40 % au lieu de 56,8 %, les charges sociales des Italiens, la sécurité des Danois, la réussite des Allemands et des Anglais pour l'emploi des jeunes – nous avons plus de 50 % de jeunes de moins de 25 ans au chômage, soit 50 % de plus qu'au Royaume uni et 100 % de plus qu'en Allemagne, nous sommes, en la matière, les derniers de la classe, la dette des administrations publiques anglaises, 50 % du PIB au lieu de 60 %, la rentabilité des investissements des entreprises hollandaises, 18 % au lieu de 16 %. Je souhaite que l'Europe fixe un plafond maximal de charges fiscales et sociales susceptibles d'être prélevées sur une personne physique. Je souhaite que l'État ne puisse jamais prélever plus de la moitié du revenu total d'un contribuable. Ce serait en quelque sorte le 6e critère de Maastricht.

Je forme une ambition pour les Européens, que nous construisions l'Europe européenne qu'a toujours souhaitée le général de Gaulle, celle qui saura assurer par elle-même et pour elle-même sa sécurité ! L'Europe de la défense, quelle formidable ambition. Je comprends parfaitement que l'on considère comme irritant, voire comme humiliant, que les Américains aient une telle part de la sécurité de l'Europe. Mais, si on veut que cela ne soit plus le cas, alors il faut davantage d'Europe et pas moins d'Europe.

– Plus d'Europe d'abord pour construire une industrie européenne de l'armement. A quoi servirait que chacun dans son coin construise ses hélicoptères, ses chars, voire ses avions ?

– Plus d'Europe pour élaborer un schéma européen de sécurité les 15 pays de la communauté ont été frappés par l'essor du trafic d'héroïne dans les années 90. Tous les pays de la communauté savent que la criminalité ne se préoccupe plus des frontières nationales : les trafics de stupéfiants, d'armes, de véhicules volés ou le blanchiment d'argent ne peuvent être combattus que par une coopération étroite et forte. Je propose donc la création d'une autorité de police commune, prolongeant, développant et amplifiant les missions actuelles d'Europol.

– Plus d'Europe pour établir une véritable préférence communautaire. Que veut dire l'Europe de la défense si chacun des 15 pays européens peut acheter en dehors de l'Europe ce que l'Europe fabrique pour les Européens ?

Je forme une espérance pour les Européens que nous construisions l'Europe sociale conforme au modèle de société qui est le nôtre.

L'Europe sociale, c'est d'abord celle qui refusera le dumping social entre les 15 nations. Le moins-disant social est contraire à toute la philosophie politique qui nous inspire. L'homme n'est pas une matière première dont on essaierait de diminuer le coût à l'infini. Chaque être humain a le droit de vivre sa vie comme une grande ambition. Chaque vie est originale et doit être respectée car unique. Chaque homme doit être considéré dans sa dignité d'être humain, quels que soient sa race, son statut, son origine géographique. Le gaullisme fait de l'homme sa seule querelle, son unique ambition, son grand dessein. La liberté, ce n'est, pas l'anarchie. Les règles sont nécessaires pour encadrer le marché, le réguler, lui donner la transparence nécessaire, pas pour l'étouffer, l'écraser de charges ou l'encombrer de réglementations inutiles, tatillonnes et finalement contre-productives.

L'Europe sociale que nous voulons, c'est celle du travail pas de l'assistance, c'est celle de la promotion pas du nivellement, c'est celle du salaire pas celle du minimum vital, c'est celle de la vraie solidarité pas celle de la compassion à bon compte.

L'idée centrale étant la reconnaissance en chaque homme d'un être humain unique, à qui l'on doit faire confiance en lui donnant les moyens, par une formation adaptée, de faire vivre sa famille avec le fruit de son activité même si cette activité est une activité sociale. Si tout travail mérite un salaire, je veux dire ma conviction que toutes les allocations exigent en contrepartie une activité. Je considère qu'il y a mieux à faire, en la matière que de mobiliser les inspecteurs du travail contre les cadres qui travaillent trop.

Refaire de la France un pays où l'on puisse travailler, créer des richesses, entreprendre, innover, donner sa chance à chacun.

Refaire de la France, le pays où l'emploi pour tous : de la générosité, de la motivation, de la jeunesse, de la récompense, de la modernité, voici notre ambition.

Dans cette campagne, il y aura donc ceux qui vous diront :

– choisir l'Europe car la France ne compte plus. Vous leur direz non.
– choisir la France seule contre l'Europe. Vous leur direz non.
– choisir les socialistes. Vous leur direz non, car on a malheureusement vu ce dont ils étaient capables pour la France !

Alors, ce soir au Mans, je vous le demande avec toute la force de mon énergie :

Faites le choix de la France et de l'Europe.
Faites le choix de l'opposition unie.
Faites le choix de l'alternance au socialisme.
Faites le choix de l'Europe de Jacques Chirac.

Le 13 Juin, c'est ensemble que nous récolterons les fruits de notre travail. Je veux vous offrir la victoire que vous méritez. Je compte sur vous. Vous pouvez compter sur nous.


Discours Nicolas Sarkozy, Saint-Quentin (Aisne) - 11 mai 1999


Mes Chers Amis,

Voici qu'arrive pour nous la troisième étape de cette campagne européenne. La première a consisté à amortir le choc du retrait de Philippe Séguin. Nos électeurs comme nos militants ont été secoués. C'était naturel. C'était prévisible. Adversaires et partenaires ont tenté d'en profiter. Nous avions un genou à terre. C'était une opportunité heureuse pour eux. Pas forcément très digne, mais c'est ainsi. Se plaindre n'aurait servi à rien. Il fallait redresser la tête, se remettre debout, faire face, partir en campagne. C'est ce que nous avons fait.

La seconde a été pour nous la construction d'une véritable équipe de 87 candidats.

Nous avons voulu que cette liste soit à l'image de ce que nous souhaitons pour l'opposition : renouvelée puisque 87 % sont de nouveaux candidats, proches des réalités locales, puisque nous avons privilégié les élus de terrain, équilibrée géographiquement, puisque chaque région est représentée parmi les 35 premiers candidats, féminisée, plus que majoritairement, puisque nous présentons 48 femmes sur 87 candidats, et illustrant concrètement la réalité vivante de l'Union, avec nos partenaires de Démocratie Libérale.

À 5 semaines du rendez-vous du 13 juin, l'enjeu prioritaire de ce scrutin apparaît clairement : qui de la liste socialiste ou de la liste d'union de l'opposition, que nous conduisons avec Alain Madelin sera en tête ? Nous sommes, en effet, les seuls à pouvoir contester la première place à François Hollande. Nulle autre liste ne le peut ou ne le veut. Je m'adresse donc directement à tous ceux qui, dans notre pays, ne sont pas socialistes, à tous ceux qui espèrent une alternance, à tous ceux qui, dans le passé, ont été déçus par une opposition pas assez déterminée, pas assez solide, pas assez courageuse, bref, à tous ceux qui, avec nous, feront le choix de l'Europe de la modernité et de la liberté contre l'Europe du socialisme.

A tous ceux-là, je leur dis : rejoignez-nous, aidez-nous, soutenez-nous. Nous avons besoin de chacune et de chacun d'entre vous pour qu'après avoir gagné les élections législatives en France, les socialistes n'emportent pas aussi l'Europe.

Imaginez avec nous, si seulement nous réussissons à contester à François Hollande sa première place, les formidables conséquences que cela aurait pour notre vie politique intérieure. Pour nos électeurs, après tant de défaites, ce serait enfin une victoire. Pour l'opposition, ce serait une prime ainsi reconnue à ceux qui parmi nous ont fait le choix de l'union. Pour la France, ce serait l'espérance d'une autre politique qui, seule, pourra la préparer aux enjeux du XXIe siècle. Pour l'Europe, l'étreinte socialiste se desserrerait. Ils ont déjà la majorité des gouvernements au Conseil européen, la présidence de la commission à Bruxelles, nous n'allons pas en plus leur abandonner la majorité au Parlement européen.

Alors, ce soir, en Picardie, devant mes amis de ce superbe département de l'Aisne, je lance un appel à la mobilisation, au rassemblement, à l'union contre les socialistes. Aidez- nous à faire de notre liste le rassemblement de l'opposition unie. Avec vous, nous serons victorieux le 13 juin. Avec vous, nous construirons l'avenir. Avec vous, nous allons fonder les premiers éléments de la reconquête.

Vous l'avez compris, dans cette campagne nous aurons un adversaire prioritaire : le socialisme, car c'est lui qui fait prendre du retard à la France.

Quel meilleur exemple de retard que celui de la question des retraites : voilà que le gouvernement, alors qu'il dispose déjà du rapport Rocard depuis 1992, du rapport Briet depuis 1995 et du rapport Charpin en 1999, décide courageusement d'engager une nouvelle réflexion… D'analyse en rapport, de rapport en concertation, de concertation en réflexion, rien n'a jamais été concrètement fait par les socialistes sur ce sujet aussi essentiel ! Si ils continuent à ne rien faire, qui paiera vos retraites demain ? Car il réside bien là le choix ! Mentir en ne faisant rien, ce sont les retraités qui auront alors le réveil le plus douloureux. Dire la vérité et agir, c'est cela le véritable choix social, car c'est le seul qui assurera la pérennité de nos régimes de retraites.

Quel meilleur exemple de retard aussi que celui des 35 heures : alors que désormais, il est clairement prouvé, démontré et vérifié que ce n'est pas lorsqu'on travaille moins qu'il y a moins de chômeurs, bien au contraire. Savez-vous qu'en durée annuelle, c'est en France et en Allemagne que l'on travaille le moins ? Mais il existe une vraie différence entre les socialistes allemands et les socialistes français : eux reconnaissent que la réduction du temps de travail est en grande partie responsable de l'augmentation du chômage qu'ils ont connue alors que François Hollande et ses amis persévèrent, eux, dans l'erreur.

Quel meilleur exemple de retard ensuite que celui du montant de la dépense publique ? Il faut rappeler une vérité simple et en tirer les leçons pour l'avenir : oui, notre pays dépense trop. Son administration est trop lourde. C'est ce qui explique que nous avons les impôts les plus élevés et les charges les plus lourdes. Voilà la vraie raison qui fait de nous les champions du chômage en Europe ! Il faut sortir de ce cercle infernal en exigeant d'abord de l'État qu'il se consacre efficacement aux missions qui sont les siennes : sécurité intérieure et extérieures, justice, éducation et solidarité sociale. Ici encore, l'exigence de vérité doit s'imposer aux responsables politiques.

Quel meilleur exemple de retard enfin que la politique d'immigration menée par le gouvernement socialiste, caractérisée par une régularisation massive des sans-papiers, il est vrai curieusement approuvée par Charles Pasqua. Politique humainement irresponsable, car permettant tous les amalgames y compris les plus odieux.

L'attention que nous devons à François Hollande ne doit pas nous faire oublier ses alliés. Et quels alliés !

Il y a d'abord le Parti Communiste Français, tout droit sorti du Jurassic Parc de l'idéologie la plus archaïque. Il n'existe en Europe qu'un seul parti qui ne craint pas de s'appeler communiste, c'est le nôtre, si je puis me permettre ce possessif. En Italie, en Espagne, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, les communistes se sont débaptisés dans la foulée de la chute du mur de Berlin. Tous ont considéré que, sachant sur le communisme ce que le monde entier sait maintenant, il était décidément impossible de se dénommer communiste. Tous sauf Robert Hue. Lui, apparemment, cela ne le gêne pas. C'est pas bon signe. Pas plus pour Lionel Jospin qui n'est apparemment pas gêné d'avoir trois communistes dans son gouvernement, seul gouvernement en Europe à avoir des communistes dans une majorité. Qu'il me soit permis de dire que cette spécificité française, les Français s'en seraient bien passé ! Cela devrait au moins conduire François Hollande à être plus discret dans les leçons qu'il semble vouloir donner à la terre entière. Quand on gagne les élections grâce à un accord explicite avec les communistes et, de surcroît, en profitant implicitement des triangulaires dues au Front national, la discrétion me semble être pour François Hollande une recommandation minimum mais impérative !

J'ai vu que le même François Hollande pérorait beaucoup sur l'opposition et ses divisions. J'y reviendrai. Sur ce sujet, je lui recommande de faire bien attention au retour de bâton. L'histoire de la paille et de la poutre est toujours d'une actualité brûlante s'agissant d'une majorité gouvernementale qui ploie sous le poids des incohérences d'un parti communiste qui n'est même pas capable d'être solidaire de nos soldats engagés dans le conflit du Kosovo. Alors que tous les démocrates devraient se retrouver autour de cet objectif indispensable qui consiste à mettre un terme aux déportations massives organisées par le dernier dictateur stalinien d'Europe, Milosevic, le PCF, ministres en tête, manifeste le soir venu contre la politique gouvernementale à laquelle ils ont pourtant participé tout au long de la journée. Rompre l'union nationale sur un tel sujet, manifester de tels désaccords sur une question aussi grave, donner ce spectacle de la discorde alors que l'on est censé gouverner ! Ce n'est pas une discorde, c'est un divorce. Alors pour le moins, en matière d'union, un bon conseil à François Hollande : restez bien discret !

Et que dire du troisième pilier de cette étrange majorité gouvernementale ? Dany le rouge devenu depuis Dany le vert. Celui-là même qui a montré, lors de cette révolution de pacotille que fut 1968, qu'il n'avait pas compris grand-chose au XXe siècle, veut maintenant expliquer aux Français comment l'on va construire l'Europe du XXIe. Merci bien ! Les Français ont déjà donné. Ce n'est pas celui qui expliquait, il y a 30 ans, « qu'il était interdit d'interdire », qui va nous expliquer comment remettre de l'ordre dans les 125 cités où la police ne peut pénétrer, comment ramener la paix dans nos collèges et nos lycées de banlieue, comment remettre la famille au coeur de notre société, comment transmettre à nos enfants les valeurs qui sont les nôtres et qui portent comme noms : le travail, le mérite, la patrie, l'effort, la générosité, la solidarité.

Face à cette majorité plurielle éclatée, j'aurais souhaité pour vous, pour nous, pour l'opposition et, finalement, pour la France, une opposition rassemblée, le plus largement, le plus complètement, sur une seule et même liste. J'ai tout tenté dans ce but. Notre programme européen aurait été bien simple à établir, c'est celui de Jacques Chirac, toute la politique européenne du président de la République, rien que sa politique. C'était le message de clarté, de l'efficacité, de la raison, nos amis de Démocratie Libérale ont répondu spontanément et volontairement à cet appel. Ils sont avec le RPR des artisans de l'union. François Bayrou ne l'a pas voulu. Grâce à Alain Madelin, il y aura une liste de l'opposition unie. Je la conduirai. Je l'aurais souhaitée plus large. Cela n'a pas été possible. Je le regrette. À nous maintenant de faire preuve d'esprit de responsabilité. Il ne faut pas insulter l'avenir. Je conduirai donc le débat des idées avec force. J'expliquerai tout au long de cette campagne pourquoi parler de l'Europe en oubliant la France est une erreur, pourquoi vouloir faire de la France une région de l'Europe est un contresens historique, pourquoi l'Europe fédérale est une idée dépassée.

Oui, c'est bien une idée qui appartient au passé car le fédéralisme, que l'on pouvait peut-être comprendre alors que la communauté européenne ne comptait que 6 pays, de niveau économique, social et même culturel équivalent, ne peut, bien évidemment, pas s'appliquer à une Europe aujourd'hui à 15 et demain peut-être, à 18, 19 ou 20 pays.

Lequel parmi vous accepterait que des soldats français soient envoyés au Kosovo contre l'avis même de la France à la suite d'une simple décision prise à la majorité des autres états européens ?

Ce débat est essentiel. Je le conduirai sans exclure les personnes, sans anathème, sans attaque personnelle bien sûr. Avec le souci constant de ne rien faire qui rende plus difficile le nécessaire retour dans le giron de l'union de tous ceux qui ne l'ont pas voulu avant le 13 juin et qui seront dans l'impérieuse nécessité de le retrouver après.

Dans cette campagne, et cela sera notre seconde spécificité, nous parlerons de l'Europe et de la France. Car c'est bien une erreur magistrale que celle qui vise à opposer l'une à l'autre, l'Europe et la France, car nos destins sont liés.

Je veux dire à ceux qui refusent l'Europe ou tout simplement qui ont peur de l'Europe :

Imagine-t-on ce que serait la France aujourd'hui sans l'Europe ? Sans la P.A.C ? Sans l'Europe spatiale avec Ariane ? Sans l'Europe aéronautique avec Airbus ? Sans l'Europe de la monnaie avec l'euro, qui nous a rendu une partie de notre souveraineté monétaire ? C'est grâce à l'euro qu'aujourd'hui nos industriels sont protégés des trop fameuses dévaluations compétitives qui ont failli porter un coup fatal à certaines de nos industries comme celle du textile, ou de la pâte à papier. Quand la lire italienne perdait 15 à 20 % de sa valeur, cela voulait dire que les prix du textile français étaient augmentés d'autant, donc notre industrie mise en péril, et des milliers d'emplois menacés.

C'est grâce à l'Europe que notre agriculture a pu résister à la concurrence extérieure et, notamment, à celle des fermiers américains. Il n'y aurait plus d'agriculteurs français sans la PAC. Notre agriculture est aujourd'hui la deuxième du monde.

C'est grâce à l'Europe que de nombreux secteurs comme les télécommunications et l'électricité ont été ouverts à la concurrence, pour le plus grand bénéfice du consommateur qui a vu les prix baisser.

C'est grâce à l'Europe que nous connaissons à l'intérieur de la communauté la paix. C'est là où il n'y a pas d'Europe organisée qu'il y a encore des guerres sur notre continent.

S'il n'y avait pas eu la construction européenne et le Marché commun, un Français sur quatre aujourd'hui ne travaillerait pas pour l'exportation parce ce que l'essentiel de exportations se fait en Europe.

D'ailleurs, si vous n'en êtes pas convaincus, alors regardez le monde ! Partout dans le monde, l'union fait la force : en Amérique latine, l'équivalent de l'Europe s'appelle le Mercosur ; en Amérique du Nord, l'équivalent de l'Europe s'appelle l'Alena ; en Asie pacifique, il s'appelle l'APEC. Partout, se constituent de grands ensembles économiques au sein desquels on ouvre les frontières, on fait des marches uniques pour être plus forts. Voilà pourquoi nous voulons l'Europe et la France.

Mais il faut aller plus loin. Avec Alain Madelin, nous voulons pour la France le mieux-disant européen. Nous voulons pour notre pays ce qu'il y a de mieux en Europe.

Je forme un rêve pour les Français, celui qui permettrait à notre pays d'avoir chacun des atouts de nos partenaires européens. Je rêve pour les consommateurs français qu'ils aient demain le taux de TVA des Allemands 15 % au lieu de 20,6 %, le taux marginal d'impôts sur le revenu des Anglais 40 % au lieu de 56,8 %, les charges sociales des Italiens, la sécurité des Danois, la réussite des Allemands et des Anglais pour l'emploi des jeunes – nous avons plus de 50 % de jeunes de moins de 25 ans au chômage, soit 50 % de plus qu'au Royaume uni et 100 % de plus qu'en Allemagne, nous sommes, en la matière, les derniers de la classe, la dette des administrations publiques anglaises, 50 % du PIB au lieu de 60 %,la rentabilité des investissements des entreprises hollandaises, 18 % au lieu de 16 %. Je souhaite que l'Europe fixe un plafond maximal de charges fiscales et sociales susceptibles d'être prélevées sur une personne physique. Je souhaite que l'État ne puisse jamais prélever plus de la moitié du revenu total d'un contribuable. Ce serait en quelque sorte le 6e critère de Maastricht.

Je forme une ambition pour les Européens, que nous construisions l'Europe européenne qu'a toujours souhaitée le général de Gaulle, celle qui saura assurer par elle-même et pour elle-même sa sécurité ! L'Europe de la défense, quelle formidable ambition. Je comprends parfaitement que l'on considère comme irritant, voire comme humiliant, que les Américains aient une telle part de la sécurité de l'Europe. Mais, si on veut que cela ne soit plus le cas, alors il faut davantage d'Europe et pas moins d'Europe.

– Plus d'Europe d'abord pour construire une industrie européenne de l'armement. À quoi servirait que chacun dans son coin construise ses hélicoptères, ses chars, voire ses avions ?

– Plus d'Europe pour élaborer un schéma européen de sécurité les 15 pays de la communauté ont été frappés par l'essor du trafic d'héroïne dans les années 90. Tous les pays de la communauté savent que la criminalité ne se préoccupe plus des frontières nationales : les trafics de stupéfiants, d'armes, de véhicules volés ou le blanchiment d'argent ne peuvent être combattus que par une coopération étroite et forte. Je propose donc la création d'une autorité de police commune, prolongeant, développant et amplifiant les missions actuelles d'Europol.

– Plus d'Europe pour établir une véritable préférence communautaire. Que veut dire l'Europe de la défense si chacun des 15 pays européens peut acheter en dehors de l'Europe ce que l'Europe fabrique pour les Européens ?

Je forme une espérance pour les Européens que nous construisions l'Europe sociale conforme au modèle de société qui est le nôtre.

L'Europe sociale, c'est d'abord celle qui refusera le dumping social entre les 15 nations. Le moins-disant social est contraire à toute la philosophie politique qui nous inspire. L'homme n'est pas une matière première dont on essaierait de diminuer le coût à l'infini. Chaque être humain a le droit de vivre sa vie comme une grande ambition. Chaque vie est originale et doit être respectée car unique. Chaque homme doit être considéré dans sa dignité d'être humain, quels que soient sa race, son statut, son origine géographique. Le gaullisme fait de l'homme sa seule querelle, son unique ambition, son grand dessein. La liberté, ce n'est, pas l'anarchie. Les règles sont nécessaires pour encadrer le marché, le réguler, lui donner la transparence nécessaire, pas pour l'étouffer, l'écraser de charges ou l'encombrer de réglementations inutiles, tatillonnes et finalement contre-productives.

L'Europe sociale que nous voulons, c'est celle du travail pas de l'assistance, c'est celle de la promotion pas du nivellement, c'est celle du salaire pas celle du minimum vital, c'est celle de la vraie solidarité pas celle de la compassion à bon compte.

L'idée centrale étant la reconnaissance en chaque homme d'un être humain unique, à qui l'on doit faire confiance en lui donnant les moyens, par une formation adaptée, de faire vivre sa famille avec le fruit de son activité même si cette activité est une activité sociale. Si tout travail mérite un salaire, je veux dire ma conviction que toutes les allocations exigent en contrepartie une activité. Je considère qu'il y a mieux à faire, en la matière que de mobiliser les inspecteurs du travail contre les cadres qui travaillent trop.

Refaire de la France un pays où l'on puisse travailler, créer des richesses, entreprendre, innover, donner sa chance à chacun.

Refaire de la France, le pays où l'emploi pour tous : de la générosité, de la motivation, de la jeunesse, de la récompense, de la modernité, voici notre ambition.

Dans cette campagne, il y aura donc ceux qui vous diront :

– choisir l'Europe car la France ne compte plus. Vous leur direz non.
– choisir la France seule contre l'Europe. Vous leur direz non.
– choisir les socialistes. Vous leur direz non, car on a malheureusement vu ce dont ils étaient capables pour la France !

Alors, ce soir à Saint-Quentin, je vous le demande avec toute la force de mon énergie :

Faites le choix de la France et de l'Europe.
Faites le choix de l'opposition unie.
Faites le choix de l'alternance au socialisme.
Faites le choix de l'Europe de Jacques Chirac.

Le 13 Juin, c'est ensemble que nous récolterons les fruits de notre travail. Je veux vous offrir la victoire que vous méritez. Je compte sur vous. Vous pouvez compter sur nous.