Déclaration de M. François Fillon, porte-parole du RPR, sur la vision du RPR en phase avec celle du président Chirac concernant l'avenir de la construction européenne, Le Mans le 6 mai 1999.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Meeting pour les élections européennes 1999, au Mans le 6 mai 1999

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Chers amis,


Dans moins de 6 semaines vous allez devoir choisir vos représentants au Parlement européen.

Rarement une élection européenne ne se sera déroulée dans un contexte aussi difficile !

La crise yougoslave et l'engagement militaire de la France aux côtés de l'OTAN assombrissent les enjeux politiques de cette élection d'autant que tous les candidats y font référence pour justifier leurs positions et leurs projets.

La multiplication des listes (20), à droite comme à gauche ne contribue pas à clarifier les choix.

La démission de Philippe Séguin de la présidence du RPR et son retrait de la compétition électorale européenne a encore renforcé le trouble dans les esprits.

C'est dire si cette réunion du Mans, l'une des toutes premières de la campagne de la liste RPR/DL, est attendue par les observateurs, par les concurrents, par les électeurs qui cherchent des repères pour une campagne qui les a presque tous perdus !

En bien, ils ne seront pas déçus !

Ils vérifieront ce soir que la force, la dynamique, l'efficacité, l'union sont de notre côté : improvisée en moins de huit jours cette réunion rassemble au Mans plus de mille personnes. C'est un test qui ne trompe pas : L'opposition à Lionel Jospin et à la politique de sa majorité plurielle, elle est ici, ce soir, aux côtés de Nicolas Sarkozy.

Les électeurs sarthois de l'opposition ont choisi leur camp. Ils ont compris que la seule liste, à droite, qui pouvait incarner leur colère comme leur espoir, c'est celle que tu conduis, Nicolas.

Ils ont sur ce point emboîté le pas de leurs élus puisque la très grande majorité des conseillers généraux, des conseillers régionaux et des maires de l'opposition ont décidé de rejoindre le comité de soutien que je préside avec Pierre Hellier, Jacques Chaumont, Marcel Pierre Cléach, le président de DL Philippe Chevreul et le secrétaire départemental du RPR Dominique Le Mener.

Absent de la Sarthe aujourd'hui, Roland du Luart, président du conseil général a choisi de nous adresser un message de soutien et d'amitié…

Pour moi ce choix ne faisait pas de doute !

La ligne politique incarnée par le RPR et DL dans cette élection est la seule qui permette à la fois d'approfondir une Union européenne nécessaire, de renforcer notre identité et notre cohésion nationale et de préparer l'alternance à la gauche en France comme en Europe.

Ceci dit, nous vous devons, je vous dois quelques explications !

Chacun sait, que Philippe Séguin est mon ami et que j'ai choisi depuis longtemps de le suivre.

J'ai choisi de le suivre parce qu'il incarne pour moi un courant de pensée et une éthique :

Le courant de pensée c'est celui d'un gaullisme moderne qui cherche à réaliser la synthèse entre l'efficacité économique et la solidarité qui fonde notre pacte républicain.

L'éthique c'est celle qui consiste à faire passer les convictions avant l'ambition, les idées avant les écuries et les clans.

Mon amitié est intacte et mes convictions renforcées.

Son retrait est un geste personnel et un acte politique.

Si nous n'étions pas à 6 semaines des élections européennes nous pourrions prendre ce soir le temps d'en parler et d'en tirer les conséquences politiques qui s'imposent.

Mais nous sommes à six semaines des élections européennes.

Nous sommes à six semaines d'une élection dont les enjeux pour l'Europe, pour la France et pour l'opposition sont considérables.

J'ai dit devant les cadres de notre mouvement ce que m'inspirait la décision de Philippe Séguin. Je n'y reviendrai pas. Pas maintenant. Je suis désormais engagé dans la bataille des européennes aux côtés de Nicolas Sarkozy et d'Alain Madelin et je compte bien y jouer tout mon rôle.

Je suis engagé à leurs côtés, d'abord parce qu'ils défendent la même conception de l'Europe que moi, celle d'une union d'Etats, respectueuse des Nations et fondatrice d'un nouveau mode d'organisation politique, économique et social qui devra plus au 21e siècle qu'à celui qui se termine avec son cortège de haine et de conflit.

Je suis engagé à leurs côtés, parce que nous partageons la même impatience de voir l'opposition combattre la gauche et ses fausses bonnes idées qui sont en train de planter la France dans la compétition mondiale !

Je suis engagé à leurs côtés parce qu'ils défendent la même ligne politique que celle qu'aurait défendu Philippe Séguin.

Je suis engagé aux côtés de Nicolas Sarkozy, parce que j'ai appris à le connaître durant les 21 mois que nous venons de partager à la direction du RPR.

Je veux vous le dire :

C'est un formidable combattant !

Il a su remettre en marche l'organisation militante du RPR avec une détermination et une efficacité qui font mon admiration.

Il est aujourd'hui le seul qui puisse garantir à toutes les tendances du mouvement gaulliste leur juste place et la prise en compte de leurs convictions dans le projet politique du RPR.

Enfin nul ne peut nier son courage et son sens du devoir !

Il y a moins de deux semaines il n'était pas candidat à cette élection européenne. Aujourd'hui il a pris la tête de la seule véritable liste de l'opposition dans des conditions qui n'étaient pas franchement optimales et il s'apprête à livrer un formidable combat pour nous, pour nos convictions, pour l'alternance, pour notre pays !

Oui Nicolas, tu peux compter sur mon engagement sans réserves et sans arrières pensées !

Tu peux d'autant plus y compter que les enjeux du 13 juin sont vitaux pour tous ceux qui enragent de voir la France perdre du temps à l'ombre d'une cohabitation émolliente, conduite par une majorité plurielle dont l'alliance électorale est l'unique préoccupation.

Le siècle qui s'annonce sera radicalement différent de celui que nous allons quitter sans beaucoup de regret tant il a été marqué par la violence et la souffrance des hommes.

Il sera différent parce que son départ correspond à une double révolution :

Une révolution spatiale : le monde dans lequel chacun d'entre nous doit se mouvoir a changé de dimensions. Il est plus petit et la compétition y est totale ! La mondialisation et l'unification européenne nous placent sous le régime unique de la compétition. Il ne sert à rien de le regretter, gémir n'a jamais apporté de solution !

Une révolution temporelle : les nouvelles technologies de l'information font battre plus vite le coeur du monde. Aujourd'hui, dans le conflit du Kosovo, la télévision et l'Internet sont des armes aussi redoutables que les missiles ou les bombes.

Le vrai changement, c'est que les effets de cette double révolution sont désormais perceptibles par chacun d'entre nous. Ils sont perceptibles ici, dans ce département de la Sarthe.

Si nous ne nous étions pas battu pour accueillir à Allonnes les Japonais de NTN, ils se seraient installés ailleurs en Europe et nous aurions perdu plus de mille emplois directs et autant sans doute d'emplois indirects.

Si notre région est candidate pour accueillir la chaîne de fabrication du gros porteur d'Airbus c'est parce qu'elle a su se donner les moyens de rivaliser avec Hambourg, Séville ou Toulouse.

Si j'ai voulu que la Sarthe et les Pays de la Loire soient pionniers dans l'usage des nouvelles technologies de l'information à l'école, au collège et au lycée c'est parce que l'avenir de nos enfants va se jouer autour de la maîtrise de ces outils qui placent l'intelligence devant la force de production.

Cette révolution a deux conséquences principales :

Elle exige que nous mettions en place l'organisation politique, économique et sociale la plus efficace pour rester aux premiers rangs de la compétition mondiale.

Elle exige que nous portions plus d'attention à l'homme qui craint de se voir broyé dans cette mondialisation qui peut pourtant lui éviter la plupart des maux du 20e siècle.

L'organisation politique, économique et sociale la plus efficace, c'est tout l'enjeu du débat de cette élection européenne :

La première idée c'est qu'on ne construira pas le gouvernement du 21e siècle, celui de la société de l'information, de la société de l'intelligence avec les recettes du 19e siècle et encore moins avec celles du 20e qui n'ont guère engendré que la violence et l'asservissement de l'homme, que ce soit à des pouvoirs totalitaires ou à la société industrielle.

Voilà qui donne un coup de vieux à ceux qui veulent bâtir une Europe fédérale sur le modèle des Etats-Unis d'Amérique ou de la CEI.

Non seulement ils défendent une conception irréaliste de l'Union européenne, qu'aucun des Etats membres ne souhaite, qu'il est exclu de réaliser à 15 et encore moins à 19 ou à 22, mais ils ne se rendent surtout pas compte que cette conception d'un super Etat européen, avec ses super règlements, ses super impôts, ses super fonctionnaires est très exactement le contraire du modèle d'organisation qu'impose la mondialisation de l'économie.

Là où il faudrait de la réactivité, de la souplesse, de la capacité d'adaptation ils nous proposent de la rigidité, de l'uniformité de la contrainte comme on le voit avec l'affaire de la chasse.

Là où il faut réduire les charges qui pénalisent l'innovation, laisser chaque peuple exprimer son génie propre pour mieux gagner la bataille de l'intelligence, de l'imagination, ils veulent nous imposer le carcan d'une législation fédérale appliquant à la PME italienne reine de la débrouille les mêmes règles que celles qui régissent les grands conglomérats allemands. Ils veulent nous imposer le poids d'une administration lointaine, incontrôlée, arrogante, inefficace, qui ne ferait qu'amplifier les maux dont nous souffrons déjà.

Ils imaginent une Europe où les régions auraient remplacé les Etats, où les forces françaises pourraient être engagées dans un conflit sans que le peuple français l'ait voulu ou pire contre son gré, une Europe contrainte d'effacer les différences nationales au profit d'une standardisation des cultures dont on pressent qu'elle ne pourrait être qu'américaine.

A l'opposé de ces schémas dépassés nous voulons organiser une vraie complémentarité, une vraie subsidiarité entre l'échelon européen dont nous avons besoin pour nous protéger contre l'hégémonie américaine, pour nous assurer un grand marché européen qui seul permettra d'asseoir des grandes entreprises européennes capables de rivaliser dans tous les domaines avec celles des Etats-Unis, du Japon ou demain la Chine.

Il s'agît de ne confier à Bruxelles que ce que Paris ferait moins bien.

L'établissement d'un grand marché unique en est un exemple.

Pourquoi les Etats-Unis dominent-ils le marché de l'informatique et particulièrement du logiciel ? Parce qu'un logiciel vendu sur le marché américain est amorti avant même d'aborder les autres marchés mondiaux.

Pourquoi l'industrie d'armement américaine est-elle la première du monde ? Parce que quand l'armée américaine commande un avion, elle en achète un millier d'exemplaires. Quand Dassault produit un Rafale c'est pour en vendre 150 à l'armée de l'air. Les frais de développement sont pourtant les mêmes dans les deux cas.

On pourrait multiplier les exemples ! Citer l'automobile ou les industries culturelles !

Oui l'Europe doit être un grand marché sur lequel s'exerce la préférence communautaire parce que c'est bon pour la France, c'est bon pour la Sarthe qui y défendra mieux ses emplois !

Mais il n'est nul besoin pour cela d'abandonner notre identité, nos traditions, nos racines, notre histoire et notre drapeau.

Ce n'est pas de soustraction que nous avons besoin c'est d'addition.

Quand nous disons que nous ne voulons pas d'un président européen élu au suffrage universel, ce n'est pas pour nous démarquer des fédéralistes et justifier nos divisions, c'est parce qu'un président européen élu au suffrage universel c'est la fin de la France et que ça nous n'en voulons pas !

L'Europe occidentale est en paix depuis cinquante ans : elle le doit à l'Union européenne qui lui a fourni le projet commun dont elle avait besoin après deux guerres mondiales nées en Europe. Elle le doit à l'Union européenne qui a su rassembler des Nations sans les opprimer, sans vouloir les fondre dans une sorte d'empire moderne. Aurait-elle procédé autrement qu'elle serait aujourd'hui dans la situation de l'Europe orientale fédérée par la force du communisme dans un ensemble dont la désintégration ne génère que violence et haine.

Quel contraste entre ceux qui ont respecté les nations, qui n'ont pas voulu réécrire l'histoire, et ceux qui ont cru à la force des idéologies, des structures, des institutions pour construire un homme nouveau et n'ont obtenu que la misère et la guerre !

Si nous rejetons les fédéralistes et les eurolâtres, nous n'avons que peu de choses en commun – si ce n'est l'amour de notre pays – avec ceux qui refuse de voir les changements du monde et qui prônent le repli sur soi confondant le nationalisme source de bien des maux du siècle qui s'achève et la Nation, communauté d'histoire et d'intérêts qui ne survivra que si elle sait se redéfinir dans le nouvel espace de la mondialisation.

Qui peut vraiment défendre aujourd'hui le repli sur soi ?

Qui peut vraiment, aujourd'hui, lorsque l'Internet réuni plusieurs centaines de millions d'hommes et de femmes à travers la planète, en direct et pour presque rien, prétendre que la France peut encore se protéger avec des douaniers, des règlements et des taxes ?

Qui peut croire que la monnaie européenne est réversible ?

Qui peut croire qu'à l'heure des grandes alliances mondiales la France a d'autre alternative que d'adhérer au projet européen ?

L'Europe c'est notre seule chance d'équilibrer l'Allemagne. Rien ne serait pire que la constitution d'une Europe allemande dont la France serait écartée. Que nous resterait-il ? Une alliance avec l'Espagne et le Portugal ? Une union des pays méditerranéens ?

L'Europe c'est notre seule chance d'éviter la domination du monde par les seuls Etats-Unis d'Amérique. Qu'on ne se méprenne pas, je n'ai rien contre les Etats-Unis. C'est un pays formidable dont nous avons bien des choses à apprendre et qui nous a porté secours deux fois déjà. Mais le monde a besoin d'équilibre et il ne peut se satisfaire de la domination politique, économique, militaire et même culturelle d'une seule puissance, fut-elle démocratique.

L'Europe c'est notre seule chance de voir l'influence de la France, son exemple, son message continuer de rayonner sur le monde.

Le fédéralisme et le nationalisme sont des enfants du 20e siècle.

Ils ne sauraient constituer des clés pour entrer dans le prochain millénaire.

La liste que tu conduis, Nicolas, est la seule qui ait pris la mesure des changements intervenus dans le monde et qui propose un mode de construction européenne pragmatique. Loin des débats idéologiques dépassés, tu nous invites à faire fonctionner l'Europe avec pragmatisme en rejetant les vieilles lunes.

La liste que tu conduis, Nicolas, est la seule qui soit réellement en phase avec la vision de l'Union européenne du Président de la République quand il déclarait avec Helmut Kohl le 9 juin 1998 que le débat sur le fédéralisme est sur le débat « dépassé parce que la construction européenne a pris un tour original qui ne permet pas de l'assimiler à une organisation existante. « L'objectif de la politique européenne n'a jamais été et ne peut être d'édifier un Etat central européen, c'est-à-dire une Europe organisée de manière centralisée. Tous nos efforts doivent plutôt viser à créer une Union européenne forte et capable d'agir, tout en préservant la diversité des traditions politiques, culturelles et régionales « 9 juin 1998 Jacques Chirac et Helmut Kohl.

Et ce ne sont pas les socialistes et leurs alliés communistes et verts qui vont nous fournir le mode d'organisation politique, économique et social capable de défendre nos intérêts dans la compétition mondiale. Ils font même très exactement le contraire !

Les 35 heures obligatoires, partout, en même temps ; le gel des salaires qui les accompagne, l'accroissement des dépenses publiques et des charges qui vont avec, l'arrêt des grands travaux publics nécessaire à la modernisation du pays, les vrais faux emplois publics sans avenir et sans espoir, la tergiversation élevée au rang de méthode de gouvernement pour régler les grands dossiers comme celui des retraites, les réformes de sociétés qui divisent profondément la nation comme le PACS… Le mensonge d'Etat en Corse comme dans l'affaire des écoutes téléphoniques de l'Elysée. On dirait que nos socialistes s'ingénient à faire le contraire de tous les grands pays développés.

Comme l'a dit avec bonheur le Chancelier allemand Schroëder :  « Les 35 heures en France, c'est une bonne nouvelle pour les travailleurs… allemands ».

La bonne santé de l'économie mondiale ne doit pas nous tromper. Si le chômage baisse en France, il reste cependant plus élevé que dans la plupart des grands pays. Pire, il y touche plus durement qu'ailleurs les jeunes qui risque de constituer une génération sacrifiée.

Il le restera si nous ne changeons pas de politique, et surtout au premier signe de ralentissement de la croissance mondiale c'est notre pays qui subira le premier et le plus violemment les effets de la crise parce qu'il n'aura pas su mettre à profit les bonnes années pour se réformer, pour gagner des places, pour parfaire sa forme et son entraînement.

Nicolas, l'enjeu de ces élections c'est aussi de donner le signal de l'alternance politique en France.

L'alternance politique en France c'est la réduction de la dépense publique et la baisse des impôts.

C'est la libération des énergies et le soutien à la création et à l'innovation.

C'est la création de vrais emplois dans le secteur privé en lieux et places des ersatz que constituent les emplois jeunes.

C'est l'adaptation de la formation aux besoins de l'économie et à l'évolution des technologies.

Ah ! Je sais ce que vous allez me dire : « voilà une vieille rengaine que vous entonnez à chaque élection pour mieux l'oublier quand vous êtes majoritaire ».

Et bien cette politique en rupture avec celle du gouvernement Jospin c'est très exactement celle que je conduis à la région des Pays de la Loire avec ma majorité.

Baisse des impôts pendant trois ans.

Multiplication par deux des investissements dans les grands équipements structurant pour assurer le développement économique futur.

Soutien à l'embauche des jeunes dans le secteur privé. (Le contrat 3500)

Modernisation massive des lycées et de la formation professionnelle.

Doublement des recrutements d'apprentis.

Mise en place d'un réseau de transmission de données à haut débit et création d'une université virtuelle pour faire de l'égalité des chances autrement qu'un slogan pour syndicaliste.

Cette politique que je voudrais voir mon pays conduire, cette politique que je rêve de voir mon pays conduire, je la mène ici, en Pays de La Loire, avec une majorité parfaitement soudée, à l'image de celle que les électeurs de l'opposition voudraient nous voir former au plan national.

Cette union de l'opposition, je veux témoigner que tu as tout fait, Nicolas, pour qu'elle soit démontrée à l'occasion de cette élection européenne.

Tout aurait dû conduire à faire l'union !

A commencer par la guerre au Kosovo qui appelait un sursaut d'unité.

Comment justifier, quand la France est engagée dans une guerre pour le rétablissement des droits de l'homme en Europe, au Kosovo, que la majorité présidentielle donne le spectacle de la division ?

Et qu'on ne vienne pas me dire que cette crise justifie nos divergences sur l'évolution de la construction européenne.

C'est pourtant bien ce qu'on voudrait nous faire croire !

La guerre du Kosovo suscite les analyses les plus invraisemblables.

Pour les uns elle aurait pu être évitée si l'Union européenne avait été plus intégrée.

Pour les autres elle illustre au contraire les dangers de l'intégration.

Pour les uns elle justifie la construction d'une véritable défense européenne.

Pour les autres toute intervention militaire aux côtés des américains est illégitime et condamnable.

J'ai envie de leur donner, à tous, ce soir, un conseil amical : taisez-vous !

Des hommes meurent, des femmes et des enfants sont traités comme des animaux, des soldats risquent chaque jour leur vie.

Taisez-vous !

Vous aurez tout le temps d'utiliser ces tristes évènements pour justifier vos ambitions et vos délires idéologiques.

Il n'y a que deux choses à dire aujourd'hui.

Les droits de l'homme doivent être rétablis au Kosovo et nous sommes solidaires du président de la République qui a pris la décision courageuse de faire entendre la voix de la France dans un combat pour la morale et la démocratie en Europe.

Quand les armes se tairont, quand les réfugiés du Kosovo auront retrouvé leurs foyers, alors il sera temps de débattre de la défense européenne et des conditions de l'élargissement de l'Union à l'ensemble des états du continent.

Mais il faudra, alors, aller au fond des choses :

Dire qu'il n'y aura pas de défense européenne si l'OTAN reste le coeur du système de sécurité européen.

Dire qu'il n'y aura pas de défense européenne sans un effort financier considérable de la part des membres de l'Union européenne.

Dire qu'il n'y aura jamais de système de sécurité crédible en Europe sans que la Russie y soit associée d'une manière ou d'une autre.

Voilà les questions qu'il faudra poser. Je ne suis pas sûr que tous ceux qui s'agitent aujourd'hui sur le sujet y aient pensé.

Mais le Kosovo n'était pas la seule raison de faire l'union.

Il y en avait bien d'autres :

La cohabitation et la nécessité après l'échec de la dissolution de faire bloc derrière le président de la République.

L'attente de nos électeurs qui a 80 % la souhaitaient cette liste d'union.

Le devoir de rendre l'espoir à tous les Français qui refusent d'accepter que la gauche s'installe au pouvoir quand nos idées triomphent partout dans le monde.

Le retrait de Philippe Séguin a démontré qu'il n'était pas l'obstacle à l'union.

François Bayrou a refusé la main tendue. Il en portera la responsabilité.

En attendant notre liste qui réalise l'union avec Démocratie Libérale sera le 13 juin la seule qui puisse incarner l'alternance.

C'est autour de cette union que pourra se construire la majorité de gouvernement de demain.

Cette majorité de gouvernement, le pays l'attend pour mener une politique hardie de modernisation de l'Etat, pour placer la France en pôle position des pays développés, pour engager la baisse des impôts nécessaires pour stopper l'hémorragie d'entreprises, de chercheurs, d'ingénieurs qui s'en vont créer les emplois dont la France a besoin au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis.

Mais cette majorité de gouvernement devra aussi répondre à l'angoisse croissante de millions de français qui souffrent du chômage, de l'insécurité, de la violence, de la peur de l'avenir pour eux et pour leurs enfants.

Elle devra rétablir l'égalité des chances entre tous les Français qui doivent pouvoir vivre de leur travail et pas de l'assistance publique généralisée.

Elle devra rétablir l'ordre républicain en Corse comme dans les banlieues de nos villes.

Elle devra surtout convaincre qu'elle veut placer l'homme au coeur de sa politique.

Nicolas, la France, tu le sais, n'est pas une Nation comme les autres. Elle a donné au monde une formidable leçon d'humanisme, elle a inspiré tous les combattants de la liberté, tous les peuples opprimés, tous les héros de la résistance aux totalitarismes.

Ce message-là, Nicolas, c'est le nôtre, c'est le tien !