Texte intégral
Préparer l’avenir
En 1993, les Français ont donné une victoire massive à la droite et au centre. Ils ont confirmé leur choix en 1995, mais ils nous ont retiré leur confiance en 1997. Se demander pourquoi n’est pas un exercice vain ou masochiste. Les causes de notre échec, si nous en prenons bien conscience, nous permettront de préparer l’avenir. Elles sont d’ordre multiple, mais l’une l’emporte sur toutes les autres : les Français ont eu le sentiment que la politique menée n’était pas suffisamment différente d’une politique socialiste, ils ont eu le sentiment que nous n’étions pas fidèles à notre message de liberté et d’initiative pour tous. Finalement, ils se demandaient quelle était l’identité profonde, et véritable de l’ancienne majorité. C’est cette identité qu’il nous faut retrouver : quel avenir voulons-nous pour la France, quel message lui adresser ? A l’heure où la mondialisation unifie sur tout la planète les échanges, les techniques, les comportements, la France doit appliquer chez elle les recettes de liberté qu’elle n’a que trop tardé à mettre en œuvre, ce qui explique ses échecs, son chômage élevé, la désespérance de sa jeunesse, la crise de son système de protection sociale. Le message de l’opposition doit être un message de liberté pour tous : liberté de disposer des fruits de son travail, liberté d’organiser sa vie personnelle, liberté d’embaucher, liberté de gérer la protection sociale, flexibilité du droit du travail, il n’y a aucune raison pour que la France reste de tous les grands pays du monde, la plus attachée à un système du passé caractérisé par un chômage plus élevé, par des dépenses collectives supérieures à la moitié du produit national et des impositions qui lui sont presque égales, des entreprises qui demeurent nationalisées sous le prétexte qu’elles assureraient mieux ainsi le service public, par un système d’enseignement étatique rigide alors qu’il faut davantage de décentralisation, par des effectifs de fonctionnaires plus importants que partout ailleurs par rapport à l’ensemble des actifs, des systèmes de retraite menacés. C’est tout l’Etat-providence qu’il faut réformer, dans ses structures et d’abord dans nos mentalités afin de retrouver une croissance forte et durable, d’offrir du travail à tous et de lutter contre le chômage. Ce sera une œuvre de longue haleine. Il ne faudra pas seulement imagination et sens des responsabilités, il faudra aussi du courage. Je suis convaincu que les Français sont prêts à adopter cette voie nouvelle, et enfin, à faire, de manière durable, l’expérience d’une plus grande liberté. Cette expérience commencée en 1986 a été interrompue, recommencée en 1993, et a nouveau interrompue. Il nous faut installer la liberté dans les esprits, pour que la France profite de la mondialisation dans les meilleures conditions. C’est le grand enjeu de la génération qui vient.