Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense et interviews à France-inter, France 2 et TF1 le 14 juillet 1997, sur la présentation du char Leclerc lors du défilé de la Fête nationale, la réforme des armées, la suppression du service national et sur la privatisation de Thomson.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Fête nationale du 14 juillet 1997

Média : France 2 - France Inter - Site web TF1 - Le Monde - Télévision - TF1

Texte intégral

Date : 14 juillet 1997
Message du ministre de la défense

Fête nationale (cinquantenaire de la mort du maréchal Leclerc – présentation du char Leclerc)

Pour nos armées engagées dans une réforme profonde, ce 14 juillet est marqué par un double symbole : le cinquantenaire de la mort du maréchal Leclerc, héros de la libération de la France, et le défilé du premier groupe d’escadrons du char de nouvelle génération Leclerc.

En cette « année Leclerc », nos armées célèbrent à la fois la tradition – tradition de défi humaniste à l’opposé du conformisme, l’esprit du serment de Koufra – et la modernité, celle des armements illustrant le niveau technologique atteint par la France, servis par des hommes compétents à la disponibilité totale. Un même lien unit ce passé glorieux à la défense du futur : celui du combattant français, toujours porteur des couleurs de la liberté et des valeurs républicaines de la France, patrie des droits de l’homme. Aujourd’hui défilent ensemble, avant le grand tournant de la professionnalisation, soldats appelés et soldats engagés, porteurs d’un même espoir.

Appelés – Engagés (hommage)

À ces appelés, il faut rendre l’hommage qui leur revient : ils ont fait l’essentiel d’une armée tournée, pendant un demi-siècle, vers la menace majeure d’un adversaire potentiel puissant et surarmée. C’est à ces générations d’appelés que notre pays doit aussi, en grande partie, la paix et la prospérité maintenues depuis 1945. À ces engagés qui porteront, demain, le poids de notre défense, il faut affirmer solennellement qu’ils peuvent compter sur le soutien de toute la nation, dont ils sont partie intégrante.

Lien armée-nation

La suppression du service militaire, la suspension de la conscription, ne pourront relâcher le lien indissoluble entre la nation et son armée, indispensable au service de la République.

À tous les soldats français qui, loin de nous en ce jour de fête nationale, portent dans le monde les couleurs de la paix et de la liberté au péril de leur vie, particulièrement en Afrique, au Proche-Orient et dans les Balkans, nous redisons que leurs concitoyens sont solidaires de leur courageux engagement et fiers de l’image qu’ils donnent de la France.


Date : 14 juillet 1997
Source : France Inter

France Inter : Le président de la République s’est invité en quelque sorte hier à la réception que traditionnellement le ministre de la défense donne en l’honneur des armées à l’Hôtel de Brienne. Il a prononcé un discours sans aspérités au regard de la cohabitation.

Ministre de la défense : Je l’ai invité ! Je l’ai invité comme l’avait fait mon prédécesseur l’année dernière parce qu’il m’a semblé que c’était en effet une très bonne occasion de rencontre entre le chef des armées et ceux qui vont faire la célébration nationale sur le Champs-Élysées.

France Inter : Il ne vous a pas semblé que par sa présence, il voulait manifester justement qu’il était le chef des armées dans une période où le Gouvernement aurait peut-être un peu tendance à empiéter sur son pré-carré ?

Ministre de la défense : Tout ceci e paraît totalement dénué de fondement.

France Inter : Et pourtant, il y a eu des déclarations, des décisions en ce qui concerne l’OTAN…

Ministre de la défense : Déclarations de qui ?

France Inter : Du ministre des affaires étrangères ?

Ministre de la défense : Ce n’est pas exact. Il y a un complet accord entre le président de la République et le Gouvernement sur cette question depuis la première minute.

France Inter : Et en ce qui concerne la conscription ? On croyait la professionnalisation irréversible. Or, vous employez à dessein le terme de « suspension du service militaire.

Ministre de la défense : Il était déjà dans le projet de loi présenté par le Gouvernement précédent.

France Inter : Alors, comment…

Ministre de la défense : Simplement quand je le dis, on le remarque, c’est tout. J’en suis heureux.

France Inter : Comment voyez-vous les choses ?

Ministre de la défense : Il est très simple de montrer que le choix de la professionnalisation a répondu à une analyse des enjeux de sécurité de la France. Ces enjeux ont de façon aveuglante changé au début de la décennie 90 avec la fin de la guerre froide. Le type de conflit dans lequel la France aura à s’engager – et j’en dirai un mot – suppose une armée qui puisse se déplacer rapidement et intervenir au service des principes et des intérêts pour lesquels parle la France pour mener des actions au terrain. Ceci conduit donc à opter pour une formule d’armée professionnelle. Déjà, depuis 6 ou 7 ans, depuis cette nouvelle situation stratégique s’est révélée, elle a évolué. De nouveaux risques peuvent apparaître. De nouveaux partenaires peuvent poser de nouveaux défis de sécurité à la France. C’est la raison pour laquelle dès la première minute où cette option a été prise par le président de la République et par le précédent Gouvernement, il a été entendu qu’on pourrait, le cas échéant, lorsque les menaces éventuellement changeraient, revenir à la conscription. C’est la raison pour laquelle dans le projet de loi jusqu’à présent en discussion, était maintenu le principe du recensement avec par conséquent les obligations pour les jeunes Français qui s’y rattachent, sera maintenu.

France Inter : Quid du rendez-vous « citoyen » ? Il ne faisait pas l’unanimité y compris dans les rangs de l’ex-majorité ?

Ministre de la défense : J’ai reçu comme je m’y étais engagé l’ensemble des groupes parlementaires des deux assemblées. J’ai noté avec beaucoup d’intérêt la diversité des points de vue avec un certain nombre d’objectifs de base, c’est-à-dire mettre les jeunes Français devant leurs responsabilités de défense, leur permettre de choisir, s’ils le souhaitent, des carrières de défense et plus généralement rendre fiable justement un éventuel retour à la conscription. Nous avons plusieurs choix de modalité pour répondre à ces objectifs. Je vais faire un choix que je proposerai au Gouvernement dans les deux semaines qui viennent.

France Inter : C’est l’échéancier ? C’est très court en fait !

Ministre de la défense : Oui, nous souhaitons que cette question soit réglée avant la fin de l’année. Ce sera un des premiers projets de loi qui sera examiné par le Parlement, qui seront examinés par le Parlement au début de la prochaine session. Et donc, quand on fait le compte à rebours, nous avons besoin de définir les principes de ce projet de loi dans la quinzaine qui vient.

France Inter : Vous avez dans votre portefeuille de ministre un autre dossier qui fait beaucoup parler de lui en ce moment, c’est celui des restructurations militaires. Avant-hier, on a appris par un communiqué du Gouvernement que la vente de gré à gré de Thomson était arrêtée.

Ministre de la défense : Non, c’était une privatisation. Ce n’était pas une privatisation de gré à gré. C’est une procédure que nous avons arrêtée.

France Inter : Oui, il va même falloir faire quelque chose. Alors, vous avez employé le terme de « participation de l’État majoritaire ou déterminant » …

Ministre de la défense : Nous avons employé l’expression, j’y tiens un peu parce qu’elle contribue à la définir, d’actionnariat public déterminant. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’une privatisation et que ce Gouvernement croît au rôle d’une état actionnaire dynamique qui fait avancer les entreprises, qui les fait réussir et qui est capable de conclure des alliances y compris européennes. Il y a une organisation qui s’appelle Airbus et qui le démontre depuis un quart de siècle.

France Inter : Oui, avec Airbus, c’est un cas. D’ailleurs on pourra peut-être en parler…

Ministre de la défense : J’aimerais surtout que l’on parle des hommes et des femmes de la défense. C’est pour eux que je suis venu ce matin.

France Inter : C’est quand même un dossier chaud.

Ministre de la défense : Ce n’est le dossier du 14 juillet, permettez-moi de vous le dire.

France Inter : Qu’est-ce que cela veut dire « déterminant » ?

Ministre de la défense : Vous le verrez mais « déterminant », cela veut dire quelque chose en français. ? Pas besoin de vous donner plus d’explications. Cela veut dire l’actionnaire public…

France Inter : C’est secret-défense ?

Ministre de la défense : (…) Quand on est dans un dossier sur lequel on a des responsabilités, on ne bavarde pas et soyez sûre que ceux qui sont sur le dossier ne parlent pas et que ceux qui parlent ne sont pas dans le dossier. Mais pour vous répondre d’un mot, un « actionnariat public déterminant », cela veut dire un actionnaire qui pèse, qui prend ses responsabilités sur les décisions stratégiques de l’entreprise. Chacun comprend cela, notamment les principaux intéressés.

France Inter : On regarde effectivement surtout Thomson parce qu’il en était question avant-hier mais il y a les restructurations industrielles dans le secteur militaire, c’est très large.

Ministre de la défense : Oui, on s’en occupe. Et on ne fait pas de déclaration prématurée ou incontrôlée. On traite les problèmes.

France Inter : Bien, je ne vais pas insister alors !

Ministre de la défense : Non, non, je voudrais vous parler des hommes et des femmes de la défense.

France Inter : Des hommes et des femmes ou des matériels ?

Ministre de la défense : Des hommes et des femmes.

France Inter : On a un petit peu le sentiment que le 14 juillet a d’abord un côté « exhibition » …

Ministre de la défense : Non, la grande majorité des gens qui l’observent n’ont pas du tout ce sentiment. Et je pense que c’est un des taux d’audience les plus élevés de toutes les émissions portant sur un objet d’intérêt national, cela prouve que les Français font confiance à leur défense et qu’ils s’en sentent proches.

France Inter : De ce côté-là, vous ne vous inscrivez pas du tout en rupture par rapport à vos prédécesseurs.

Ministre de la défense : Je pense que nous avons à servir l’intérêt national et que cela peut être fait aussi bien – j’espère un tout petit mieux – par un gouvernement de gauche que par un gouvernement de droite. J’espère que cela ne surprend personne.

France Inter : La grande vedette de ce défilé, cela va être le char Leclerc.

Ministre de la défense : Si l’on raisonne en termes de « vedette », oui. C’est une grande réussite technologique, oui. Et contrairement à ce que chacun peut croire, c’est un genre d’outils de défense qui peut limiter les pertes humaines.

France Inter : Faut-il en parler comme le symbole des armées des années 2000 ?

Ministre de la défense : À coup sûr. Il y a 170 et quelque pays aux Nations unies. Ils ne sont pas tous dans les mêmes rôles. La France a choisi et mon rôle, ma mission est de faire qu’elle soit en position d’assumer pleinement ce choix, d’être un des tout premiers pays qui exerce des responsabilités au niveau mondial. On n’a pas un siège au Conseil de sécurité des Nations unies sans assumer une série d’autres responsabilités. Entre les différents pays, il y aura donc des clivages qui se feront suivant le type de matériels et le type d’outils de défense qu’ils savent maîtriser. Nous nous devons d’être dans les premiers sur ce point, c’est ce qui nous permet d’avoir la parole au niveau mondial. Le char Leclerc est une illustration des choix de matériel et donc des choix d’investissement que nous avons encore à faire pour les années qui viennent.

France Inter : C’est un superbe bijou mais c’est un bijou cher.

Ministre de la défense : Ce sont des choix !

France Inter : Donc, pour le rentabiliser, il faut déjà que la France l’achète.

Ministre de la défense : Je peux vous dire qu’un gouvernement de gauche n’abordera pas les décisions en matière de défense, c’est-à-dire les décisions « clé » en matière de présence internationale du pays uniquement par le biais de l’intendance.

France Inter : Cela nous ramène un petit peu à la déclaration du chef de l’État hier qui disait qu’il tenait beaucoup à la réforme des armées et qu’il ferait prochainement le point avec vous. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Ministre de la défense : Cela veut dire qu’un projet de grande réforme qui concerne plus d’un demi-million de femmes et d’hommes au service du pays doit se développer sur 6 ans et qu’il faut régulièrement faire le point. Le Gouvernement a exprimé de la façon la plus nette avec l’approbation de la majorité dans la déclaration de politique générale que nous poursuivrions, nous mènerions et que nous tenterions de réussir cette réforme de la professionnalisation, donc, nous sommes au travail et nous sommes au travail avec le chef de l’État.

Fête nationale (revue navale – présence du secrétaire d’État aux anciens combattants)

France Inter : 14 juillet… 14 juillet cela veut dire pour beaucoup les feux d’artifice, cela veut dire aussi le défilé. Il n’y en a pas qu’à Paris. On a un petit peu tendance à penser qu’il n’y a que les Champs-Élysées. On a évoqué tout à l’heure le défilé de Toulon. Il y aura pour la première fois un représentant du Gouvernement.

Ministre de la défense : Oui, nous avons retenu, le Premier ministre sur ma proposition, a souhaité que le secrétaire d’État auprès de moi, Jean-Pierre Masseret, représente le Gouvernement à la revue navale et à la fête du 14 juillet à Toulon pour indiquer que la présence maritime de la France, son rôle mondial à travers notre marine, est aussi un élément « clé » de notre mission militaire.

Plus largement, je voudrais dire que si les Français, je crois, s’intéressent à ce défilé, s’il y a un courant de sympathie qui passe entre le système de défense, les hommes et les femmes de la défense et les Français, c’est parce qu’ils savent qu’il y a d’abord dans l’engagement ou dans le service des jeunes qui sont appelés, une dimension à la fois de dévouement et de professionnalisme qui compte beaucoup dans le sentiment de sécurité des Français… et d’autre part, qu’ils savent que les forces armées sont à leur service quotidien dans de nombreuse dont ils bénéficient chacun dans son coin, qu’il s’agisse de la sécurité en mer et de la lutte contre la pollution, qu’il s’agisse de la sécurité en montagne, qu’il s’agisse de l’intervention dans les urgences humanitaires ou dans les catastrophes naturelles. La défense, c’est aussi tout cela et c’est le moment simplement de tirer son chapeau aux gens qui la font vivre.

France Inter : Mais en ce qui concerne Toulon, on peut penser qu’il y a un message spécial à l’intention du maire quand même !

Ministre de la défense : C’est une grande ville de la République.


Date : 14 juillet 1997
Source : France 2

France 2 : Monsieur le ministre de la défense, qui a eu la gentillesse de venir nous rejoindre. Depuis tout à l’heure on a vu qu’il y a des enjeux de plus en plus sophistiqués, qui sont tout à fait extraordinaires. Pour cette raison-là, fallait-il impérativement professionnaliser l’armée.

Ministre de la défense : (…) Il y a 170 pays à l’ONU, ils ont de niveaux de responsabilité différents, la notion de grande puissance existe encore, nous l’avons et elle nous impose de nous placer dans la compétition militaire à un niveau qui est un niveau de maîtrise de très haute technologie. C’est donc une priorité que suit la France depuis bien des années et qui aboutit à ce qu’aujourd’hui nous sommes à la tête d’un potentiel technologique et scientifique lequel a d’ailleurs des retombées civiles importantes, donc il n’est pas question d’arrêter ça. Si nous voulons rester un des grands pays capables de parler dans le monde entier, il faut que nous ayons des matériels comme ceux-là.

France 2 : alors est-ce que le délai de 2002 sera respecté ?

Ministre de la défense : Alors, par ailleurs, il y a un objectif de professionnalisation qui répond à une autre nécessité, c’est la mobilité de nos forces armées. (…) Les lieux d’action peuvent être très différents, il faut donc une mobilité. (…)

Rendez-vous citoyen (concertation politique – proposition au Gouvernement)

France 2 : Le rendez-vous citoyen, que va-t-il devenir, va-t-on le maintenir pendant cinq jours ou va-t-il avoir autre chose ?

Ministre de la défense : Notre objectif est que les jeunes soient mis en présence des responsabilités de la défense. Cela peut se faire de plusieurs façons et j’ai écouté les propositions et les remarques de l’ensemble de la représentation nationale, parce que c’est un sujet sur lequel je ne veux pas qu’il y ait de coupure entre majorité et minorité, nous travaillons pour l’ensemble de la communauté. Je vais faire des propositions au Gouvernement dans la quinzaine qui vient, afin que nous apportions une solution la plus acceptable possible et la plus justifiée possible au regard des besoins de défense qui sera soumise au Parlement dès la rentrée de septembre.

France 2 : Pouvez-vous déjà nous dévoiler un tout petit coin du voile, ce sera quoi ?

Ministre de la défense : Non, parce que le débat à l’intérieur du Gouvernement va se dérouler dans les quinze jours qui viennent mais j’ai encore quelques jours de travail pour mettre au point des propositions.

Simplement le principe est clair, le service militaire aujourd’hui n’est plus justifié par rapport à l’emploi que nous pouvons avoir de nos forces armées. Il peut le redevenir, parce que les situations de danger dans lesquelles se trouve la France peuvent changer dans dix ans ou dans vingt ans, c’est la raison pour laquelle en tout cas on maintiendra le recensement des jeunes.

Et d’autre part, il y a des multiples moyens pour que les jeunes qui ne font pas de l’armée leur métier, se sentent participants à l’effort de défense. Je constate qu’il y a une attente importante dans la jeunesse, sous les formes de volontariat, sous les formes de préparations militaires facultatives. Il y aura sans doute des propositions importantes pour eux.

France 2 : Alors, Monsieur le ministre une dernière question, nous sommes à côté du char Leclerc, il était prévu d’en équiper à 1 200 ou 1 400 exemplaires l’armée française et le chiffre est réduit à 450. Pourquoi ? C’est parce que il est trop cher ?

Ministre de la défense : Oui, c’est parce que l’analyse de nos besoins de présence dans un certain nombre de théâtres conduit à penser que ce nombre est satisfaisant. C’est une décision qui a été prise depuis déjà plusieurs années. L’objectif qu’auront nos forces à l’avenir c’est d’apporter des solutions au service de la paix dans des situations difficiles. C’est ce qu’elles font aujourd’hui.

J’étais en Bosnie hier, j’ai tenu à marquer que le Gouvernement avait bien à l’esprit le rôle et le dévouement de nos militaires dans une situation aussi difficile que celle de la Bosnie et, nous avons fait des progrès considérables, c’est pour ça qu’on n’en parle plus.

Nous verrons revenir les soldats qui étaient au Congo et qui ont admirablement réussi leur mission de mise en sécurité de l’ensemble des ressortissants, et qui ensuite sont partis, c’est-à-dire qu’il n’y a eu aucune ingérence dans le conflit intérieur congolais. Tout cela, il faut je crois bien le souligner, il vient de femmes et d’hommes qui ont un dévouement, un professionnalisme important.

Il y a aussi la marine. Comme vous le savez, un membre du Gouvernement, pour la première fois depuis bien longtemps assistera à la revue navale à Toulon ce matin, j’ai demandé à Jean-Pierre Masseret qui est secrétaire d’État auprès de moi, d’y représenter le Gouvernement, le Premier ministre a approuvé cette proposition.

Tous ces hommes, toutes ces femmes travaillent avec un sens profond du service de la nation, ce que nous faisons aujourd’hui, ce que vous faites et je vous en remercie, c’est aussi un moyen de démontrer que l’ensemble de nos concitoyens en sont conscients, apprécient, expriment leur confiance à ceux qui sont à leur service souvent dans des conditions difficiles depuis la dissuasion. Nous avons des hommes quelque part dans un sous-marin aujourd’hui, qui manifestent une vigilance pour le cas où, jusqu’à ces situations exposées que nous connaissons en passant par des missions de service public, le sauvetage en mer, les actions humanitaires quand il y en a besoin. Je crois que ce lien entre l’ensemble de notre pays, l’ensemble de nos concitoyens et les militaires qui sont à leur service est un lien fort qu’il nous faut vraiment bien exprimer.

 

Date : 14 juillet 1997
Source : TF1 - extraits

TF1 : Alors, Monsieur le ministre une première impression pour votre premier 14 juillet ? Satisfait ?

Ministre de la défense : L’émotion quand même. C’est un moment de la République auquel on ne peut pas être insensible mais je crois que si la France fait sa démonstration militaire le jour du 14 juillet, cela veut aussi dire la profondeur du sens de la République pour nous.

TF1 : Le thème cette année est l’armée des années 2000. Pour vous, est-ce un mariage entre la compétence des hommes, la technicité du matériel et j’allais ajouter pour le financier que vous être la bonne gestion des deniers publics ?

Ministre de la défense : Oui, vous comprenez bien que dans le monde tel qu’il est formé maintenant, certains pays maîtrisant des capacités et des technologies supérieures à celles des autres ont du coup une capacité supplémentaire, une capacité supérieure à s’exprimer dans le monde. Pour nous, c’est un enjeu « clé ». Il faut ajouter que toute cette technicité a aussi des retombées civiles très importantes.

La France est un grand pays scientifique en partie à cause de son effort de défense mais comme vous le dîtes très justement, il y a les hommes et les femmes qui servent tous les jours. Nous ferons aussi une manifestation particulière pour les militaires qui reviennent du Congo. Partout nous avons des missions pacifiques, des missions de rétablissement d’une vie normale, d’une vie démocratique et de préservation des plus faibles.

Dans ces situations troublées qui sont après la fin de la guerre froide, qui se sont multipliées et le dévouement à la disponibilité des gens, nous voulions le montrer aujourd’hui à travers toute une série d’aspects de ce défilé.

TF1 : Alors, ce sera une armée professionnelle. Le Gouvernement ne revient pas sur ce grand principe. Mais comment allez-vous garder ce à quoi le Gouvernement tient – et aussi beaucoup de Français – ce lien armée-nation, puisque le service national est suspendu ?

Ministre de la défense : Ce que vous faite aujourd’hui – il faut en remercier – ce que beaucoup de moyens d’information font – et ce sera un de mes devoirs d’être étroitement à votre contact – permettent de manifester de multiples façons l’attachement des français à leur défense et le sentiment de responsabilité qu’ils ont à l’égard des jeunes particulièrement. Comme vous le savez, nous comptons maintenir le recensement militaire de manière à ce que si un jour, c’était nécessaire la conscription puisse être reprise. Nous tenons aussi à donner aux jeunes une formation et ce sera un partenariat entre l’éducation nationale et la défense de manière à ce qu’ils comprennent mieux les enjeux de la défense.

J’étais encore avant-hier à une session de l’Institut des hautes études de la défense nationale pour les jeunes volontaires qui désirent se former aux enjeux de défense. Nous prévoyons aussi de mettre une assistance particulière sur une formation militaire facultative des jeunes qui le souhaitent, car comme vous le savez dans le système professionnalisé, nous aurons besoin de réservistes pour les nécessités d’opérations plus importantes.

TF1 : Le rendez-vous citoyen lui a définitivement disparu de vos projets ?

Ministre de la défense : J’ai consulté l’ensemble des groupes parlementaires et je tiens à dire qu’ils ont tous fait preuve d’un très grand esprit de dialogue et d’une volonté de faire converger les volontés majorité et opposition sur cette question. Après cet ensemble de consultations, je mets au point une proposition que je vais faire au gouvernement dans les deux semaines qui viennent. Les objectifs exacts de notre projet de loi sur ce sujet seront connus au début du mois d’août de manière à ce que le Parlement puisse y travailler et statuer au mois de septembre.