Texte intégral
La Voix du Nord : Vous tenez congrès dans une région présidée par une autre formation écologiste. Quelle sera votre stratégie lors des élections régionales de mars prochain ?
Brice Lalonde : La nouveauté du mouvement écologiste, c’est qu’il a éclaté. Parce que les Verts de Madame Voynet et de Madame Blandin ont préféré faire alliance avec les socialo-communistes plutôt qu’avec les autres membres de la famille. Nous nous retrouvons en quelque sorte orphelins de l’Entente écologiste.
Nous, nous avons toujours privilégié l’alliance avec les écologistes sur celle avec les autres formations politiques. Désormais, la question est de savoir si nous maintenons une indépendance politique absolue. Ou si nous nous rapprochons de l’opposition parce que, les Verts étant allés avec la gauche, il nous paraît difficile de rester isolés.
Pour autant, nous ne jugerons la droite attirante que si elle dispose d’un projet enthousiaste et moderne. Notre vœu serait de contribuer à sa rénovation.
La Voix du Nord : À considérer la liste des invités – Madelin, Vasseur, Borloo, Panafieu –, ce congrès paraît malgré tout celui du ralliement à la droite. Quelle place allez-vous occuper entre le RPR et l’UDF ?
Brice Lalonde : C’est très difficile de rallier plusieurs partis à la fois. Pour simplifier le paysage politique, disons pourtant qu’il y a d’un côté les étatistes – Madame Voynet est du nombre – et de l’autre les libéraux : nous sommes de ceux-là. S’il pouvait se créer en France une force qui défende le libéralisme politique, pas seulement économique, nous serions heureux de participer à sa construction. C’est pourquoi nous avons invité à notre congrès Monsieur Madelin, l’un des rares à se dire libéral depuis toujours. Cela nous fera plaisir de dialoguer avec lui.
Cela dit, nous ne sommes pas capables de dire exactement ce qui se passe dans l’opposition. Nous n’en sommes qu’un élément… Mais nous sommes l’autre écologie, la moderniste, celle qui se marie avec l’économie, celle qui crée des emplois. Et cette écologie-là doit être le fer de lance d’un nouveau parti en France, le parti du mouvement.
La Voix du Nord : Au sin du gouvernement de la gauche plurielle, Dominique Voynet paraît mieux défendre les intérêts écologiques que vous-même par le passé. Que pensez-vous de ce premier bilan ?
Brice Lalonde : C’est encore un peu tôt… Pour l’instant, Madame Voynet a détruit beaucoup d’emplois par ses combats et je n’ai toujours pas saisi l’aspect positif de son action. Elle est opposée aux autoroutes, aux aéroports, aux canaux, aux voies de TGV. Pour un ministre en charge de l’aménagement du territoire, cela fait beaucoup. Elle est contre Superphénix, mais sans fixer la date de la fermeture. En revanche, il faut reconnaître qu’elle a su prendre la bonne mesure lors du pic de pollution dans la capitale.
À Génération écologie, les effets d’annonce non suivis des faits, nous avons appris à nous en méfier. Peut-être faut-il lui laisser encore du temps. Peut-être devrait-elle aussi tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Car nous avons compris qu’elle était pour la marijuana. Apparemment, le message n’est pas clair…